La Suède est aujourd'hui un des pays les plus sécularisés du monde, avec 85% de la population qui déclare ne pas croire en Dieu (Gallup). Ici comme ailleurs, le contrôle social longtemps exercé par une Eglise d'Etat (luthérienne) a provoqué un effet terre brûlée. Quand la société s'est libéralisée, la pratique religieuse régulière (aujourd'hui de 1%) s'est effondrée, particulièrement au sein de l'Église d'Etat.
Non compromis dans l'ancien système, musulmans et évangéliques pratiquent en revanche davantage, ces derniers étant étudiés par Emir Mahieddin (lien). Les catholiques, peu nombreux (moins de 120.000), se situent dans un entre-deux. C'est dans ce pays que le pape François participe aujourd'hui et demain à deux rencontres oecuméniques importantes avec les protestants luthériens.
Il rencontrera notamment Antje Jackelén, archevêque d'Uppsala, primat de l'Eglise luthérienne de Suède et ancêtre de huguenots français (photo ci-dessus), qui a beaucoup oeuvré pour permettre l'événement. Un service religieux commun, basé sur un livre de prières luthéro-catholique, sera suivi d'une rencontre publique à la Malmö Arena. Elle pointera l'importance d'interpréter ensemble l'histoire partagée depuis la Réforme protestante, dont on fête les 500 ans l'an prochain (2017).
C'est un jalon de réconciliation important, après des siècles d'histoire troublée. Ce jalon fraternel dénote aussi de l'audace, tant du côté luthérien que du côté du pape, qui a accepté l'invitation reçue, à l'occasion de la Fête de la Réformation (31 octobre), tout un symbole!
Soulignons, pour éviter les erreurs de perspective, que ces rencontres n'effacent pas, par ailleurs, des différences structurantes. Il s'agit aussi d'un pas oecuménique, non entre l'Eglise catholique d'aujourd'hui et "les protestants", mais entre l'Eglise catholique et des protestants (la Fédération Luthérienne Mondiale représente un peu moins de 10% du protestantisme mondial actuel).