D'un point de vue purement quantitatif, le djihadisme islamiste reste le premier vecteur de terrorisme des dix dernières années en Europe et en Amérique du Nord. Mais le suprémacisme blanc, alimenté de haines identitaires et de l'idéologie mortifère du "Grand remplacement", occupe sans conteste la seconde place de ce macabre podium.
Il a encore frappé samedi 14 mai 2022 à Buffalo (Etat de New Yord, USA). Un suprémaciste blanc de 18 ans, qui laisse derrière lui un Manifesto en PDF "expliquant" son geste, a tué 10 personnes. Parce qu'elles étaient noires.
En page 7 de son Manifesto (à ne pas mettre entre toutes les mains), l'assassin explique ne pas être chrétien. Il s'affirme athée. En revanche, il déclare "pratiquer bien des valeurs chrétiennes". On s'inscrit ici dans une approche identitaire, qui place les "valeurs", l'héritage, les racines, le sang, la "race", très au-dessus de la foi, de la croyance, de l'éthique transcendantale.
Verbatim :
Are you a Christian? No. I do not ask God for salvation by faith, nor do I confess my sins to Him. I personally believe there is no afterlife. I do however believe in and practice many Christian values"
On rejoint ici les thèses identitaires de plusieurs intellectuels (sic) et leaders populistes qui, en Europe, sont parfois allés jusqu'à se présenter aux élections présidentielles, comme ce fut le cas en France. Il n'y a évidemment pas de lien automatique entre ces répertoires de haine, aliments du racisme, et le passage à l'acte.
Mais il faudrait être bien naïf pour ne pas discerner une porosité entre appel à la suprémacie d'une "race" et dérapage dans la violence et le terrorisme.
Après les carnages perpétrés en Norvège (Breivik, 2011), à Charleston (2015), St Foy (2016), Pittsburg (1018), Christ Church, NZ (2019), cette nouvelle attaque terroriste invite plus que jamais à développer des travaux scientifiques de qualité sur la menace suprémaciste identitaire.