Chose vue aux JO : le coaching qui a précédé l’entrée en lice de Venceslas Dabaya pour sa tentative de médaille d’or, le 12 août 2008.
En direct à la télé, j’ai pu écouter le ‘gros sermon’ du coach (dixit Eurosport). Instructif.
Venceslas l’athlète
Récapitulons d’abord.
A ma droite, Venceslas Dabaya, force de la nature, haltérophile franco-camerounais, 5e aux Jeux en 2004 sous les couleurs du Cameroun (dont il était le porte drapeau).
Humble et bosseur, il veut faire mieux.
Il tente cette fois-ci, à Pékin 2008, la médaille d’or qu’il dispute à Liao Hui.
Mais il y a un hic : pour gagner, il lui faudra soulever 197 kg, poids inouï qu’il n’a jamais soulevé, même dans des conditions optimales d’entraînement.
Le coach et son ‘sermon’
C’est alors qu’intervient, à ma gauche, le coach, entendu en direct à la télévision. C’est lui et lui seul, avec le DTN, qui a imposé à Venceslas, sans le consulter, ce poids hallucinant à soulever.
Interrogé à ce sujet sur Eurosport et dans l’Equipe, Venceslas dira avoir été un «pion» dans les mains du coach.
Et voilà ce coach qui hurle, oui qui hurle, à la face du pauvre Venceslas les paroles suivantes (en substance):
"Ce n'est pas lourd. C'est lourd au départ mais pas après. Accélère ta barre et ce sera léger".
«C’est pas lourd. C’est que dans ta tête que c’est lourd».
«Allez!! On n’a pas fait ce travail pour rien»
Rappelons qu’en soulevant un poids aussi irraisonnable, Venceslas Dabay risque presque sa vie.
Rappelons aussi que même s’il ne soulève pas ce poids, il «n’a pas fait le travail pour rien» puisqu’il sera médaille d’argent!
Cela ne rend que plus absurde, et plus injustifiable, le propos mensonger tenu par le coach.
Coaching indigne
Je veux bien que crier sur un athlète soit monnaie courante. OK pour cela.
Je veux bien qu’il faille exagérer les choses, manière de surmotiver le champion. OK encore.
Mais là, on est dans autre chose.
On est dans une sorte de ‘pousse-au-crime’ irresponsable, culpabilisant, un peu déshonorant.
Le coach bleu, avec son «gros sermon» brocardé par Eurosport, est tout simplement allé trop loin, au risque de pousser Venceslas Dabaya à se détruire.
Tout cela, dans l’indifférence tranquille des commentateurs de télévision, incapables d’exercer leur jugement critique devant cette démonstration, en direct, d’abus d’autorité.
Heureusement, Venceslas Dabaya a su, lui, rester digne, et refuser cette surenchère irresponsable et dangereuse dans laquelle voulait le jeter son coach. Il a refusé de soulever la barre, objectivement bien trop lourde pour lui.
Il reste une impression amère, avec cette question: ce type de coaching méprisant et abusif est-il un cas isolé?
On se moque de la Chine qui accable ses athlètes, mais ici, qu’a-t-on fait de la dignité de Dabaya, traité comme un «pion» tout juste bon à risquer de se briser la nuque?
Qu'est-ce que cela veut dire???
La France, une dette vis-à-vis de Dabaya
Les journalistes ont voulu nous faire croire que Venceslas a une dette vis-à-vis de la France, qui l’aurait fait progresser…
Moi je dis que la France a une dette vis-à-vis de Venceslas Dabaya, qui nous a donné une belle médaille en dépit du piètre traitement qu’il a reçu de son «coach bleu». Chapeau Venceslas!
Quant aux petits «sermons» de tyrans franchouillot-paternalistes (alléyakatapalchoix! 197kg c'est léger!), la copie est à revoir…
Commentaires
Bonjour,
J'aime les " intéllectuelles" qui n'ont jamais pratiqué un sport de compétition de leur vie.
Au lieu d'écrire des articles sur de simple image TV, venez dans un club voir comment on motive les jeunes dans un sport ou le psychologique touche 50% de la performance. Je suis près de Lyon si vous voulez découvrir ce sport.
Sportivement
Yoann
Bonjour Ignare,
je pratique ce sport depuis 20 piges, dont 5 ans de haut niveau. Dabaya ne risquait pas sa vie à 197, il n'avait simplement pas pensé une seule fois avant match de tirer sur cette charge, d'autant que c'était bcp d'exploits à la fois, 1ère médaille d'or française, record du monde et olympique, titre olympique...etc, sinon, le coatch, que je connais bien, fait parfaitement son boulot, motiver son athlète et ils sont amis ds la vie.
revois ta copie malkovitch
Ne me considérant pas comme un intellectuel mais ayant pratiqué du sport en compétition, je vais me permettre de répondre. Et d'ailleurs, pas besoin de pratiquer pour critiquer certaines méthodes. Il faut juste un peu de bon sens.
Donc, quand on suspend par les bras à des espaliers une gamine de même pas 10 ans, avec des poids attachés aux chevilles, juste parce qu'elle est très grande pour son âge et qu'elle fait du basket, donc qu'il faut "l'allonger", où est le respect de la personne ? On vous répond qu'elle est douée, donc qu'elle a de l'avenir, donc une carrière (on ne parle pas de sous, de gloire et d'honneur de la France, mais on pourrait). Mais on oublie de vous dire qu'on joue avec la vie d'un être humain en devenir, qu'on fragilise à l'extrême. On oublie aussi très vite ce "surdoué" quand la blessure survient (avec le traitement subi, il ne faut pas s'étonner), bien avant que n'ait commencé la riche carrière promise.
Et quand bien même, quel est le "délai de prescription" avant qu'un sportif professionnel blessé soit oublié. Combien de grands espoirs fauchés en plein vol (parfois sur agression d'un adversaire sur un terrain en pleine compétition, ou, pire, poussés par un entraîneur inconscient), à qui on promet d'être derrière eux, qu'on ne les oubliera pas, qu'on ne sera pas ingrat ... et qui 23 mois après émargent au RMI. Et encore, les 23 mois ne sont pas le temps qu'on a mis pour les oublier. Non, ça, c'est beaucoup plus rapide. 23 mois, c'est la durée d'assurance chômage après leur licenciement.
On ne t'oubliera pas ...
P.S. Il ne faut certes pas clouer tout le monde au pilori, il y a une majorité d'éducateurs respectueux. Mais certains moins, et il est bien de le dire. Et peu importe si on constate leurs méfaits seulement à la télévision !
Réponse à Franck et Yoann
On se connaît? Je ne pense pas. Car vous sauriez alors que dans mes jeunes années, j'ai été sportif moi-aussi. Certes pas "pro", mais cycliste acharné, pendant quelques années, avant qu'un gros souci au genou ne m'oblige à revoir mes ambitions.
J'ai le souvenir de quelques étapes de plus de 200 kms, cols alpestres compris (Izoard, Vars, Galibier, Croix de Fer etc...) qui m'ont marqué, et m'ont rendu attentif aux réalités du sport, y compris du sport de compétition.
Et je maintiens que le comportement du coach de Dabaya n'était pas correct. Je connais comme vous les vertus du coaching énergique. Mais se laisser aller à signifier à un athlète que s'il ne soulève pas tel poids, il a fait "tout ça pour rien" (alors qu'il a déjà la médaille d'argent), je ne trouve pas cela très correct.
Que Dabaya se soit senti comme un "pion" confirme cette analyse, et dénote une tendance réelle dans le sport de haut niveau aujourd'hui : "chosifier" ou "marchandiser" les athlètes, sans grand égard pour l'humain qu'il y a derrière (cf. le marché des footballeurs, etc.).
Si Dabaya a passé l'éponge, et s'il reste pote avec son coach, c'est tout à l'honneur de Dabaya. Quant au coach lui-même, désolé, mais il n'a pas grandi son sport, et je ne lui confierais jamais mes enfants (mon fils fait du sport en club).
Je permet de répondre a vos commentaire car je connais venceslas Dabaya ainsi que Franck Collinot, je fais de l'halterophilie.
Et si franck a parler comme ca a "Vence" c'est tout simplement parce q'il savait qu'il etait capable de faire cette charge, je l'ai vu tirer sur 195 c'était facile.
Vence marche comme ca c'est tout.
Je pense que vous ne pouvez pas comprendre si vous ne pratiquer pas ce sport, mais ne critiquer pas l'entraineur ni l'athlète ils ont fait ce qu'ils avaient a faire!
Réponse à Adeline,
Merci beaucoup Adeline pour ces précisions, que je considère assez décisives en effet, car vous êtes mieux placée que moi pour savoir le fond du dossier, étant très proche des intéressés.
Je vous crois donc volontiers sur le fait que la manière de parler de l'entraîneur est en fin de compte presque "normale", dans le contexte de sa relation de travail avec Venceslas. A la lumière de ce que vous écrivez, je conviens que mon analyse est donc un peu excessive dans sa formulation.
Mais j'ai quand même une question: si "Vence marche comme ça", pourquoi a-t-il réagi avec tant de défiance? Pourquoi s'est-il plaint, dans la presse, d'être un 'pion'?
Je fais l'hypothèse que les propos qu'il a essuyés avant sa tentative étaient quand même un peu "limite", sinon, je ne peux pas m'expliquer la réaction de Venceslas Dabaya dans la presse le lendemain.
N'a-t-il pas eu l'impression qu'on lui mettait trop de pression?
Lorsque Venceslas à dit qu'il était un pion dans la presse, je pense que vous n'avez pas réellement compris ce qu'il a voulu dire. Il voulait juste dire que lors de compet comme les JO les monde ou les europe lorsqu'une médaille est en jeu et que le coach connait bien son athlète, comme dabaya et franck collinot, l'entraineur fait des choix avec souvent le dtn et il laisse l'athlète dans son match dans sa bulle pour ne pas le déconcentrer.
Personne n'a mit la pression a dabaya, il etait au jeux pour l'or, c'est lui méme qui la dit, mais c'est vrai que quand vous vous rendez compte que vous avez le record du monde sur cette barre, que vous n'avez jamais tiré dessu,que si vous faite cette barre vous aurez la 1ere medaille d'or francaise, vous vous posé certaienement un tas de questions!
Mais une medaille d'argent c'est extraordinaire pour l'haltero.
Les propos de "Venceslas ont été mal interprétés.
Passionnant d'être aussi critique devant sa télévision.
Je voudrais rappeler à la personne qui a des propos acerbes face au conditionnement du Coach Collinot face à son athlète Dabaya que le sport de haut-niveau nest pas obligatoire en France (contrairement à certains pays cités, notamment la Chine).
Je voudrais aussi rappeler qu'un compétiteur haltérophile est peut-être un pion mais c'est pour mieux se concentrer face à la barre, ne penser qu'à réaliser cette charge. La tactique, c'est le rôle du coach.
Rappeler, puisque je suis l'équipe de france depuis de nombreuses années, que Collinot est coach depuis deux olympiades et n'a cassé aucun athlète contrairement aux coachs étrangers que nous avons eus (bulgares et cubains).
Rappeler aussi que Collinot défend l'intégrité physique de ses athlètes car il soutient la lutte antidopage.
Le haut niveau est l'association d'un couple entraîneur/entraîné et la confiance est maximale entre les deux hommes, Venc avait épaulé 195kg par deux fois en compétition avant les J.O, alors 2kg de plus,c'était difficile mais pas impossible.
Enfin, si vous prenez les statistiques sur la dangerosité du sport haltérophile par rapport aux autres discilplines sportives olympiques et non olympiques, vous verrez que le nombre de morts dans ce sport est d'une rareté exemplaire.
Pour terminer, si vous connaissiez un peu plus Collinot, vous trouverez un homme sensible, très proche de ses athlètes et désintéressé, d'ailleurs, il vient de démissionner de son poste d'entraîneur alors qu'en général, on se fait éjecter sur ce métier.
Cédric.
cedric et adeline on tout a fait raison.