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Barack Obama n'est pas le candidat des noirs

images-1.jpegIl y a encore deux mois, Ted Stanger, journaliste américain adopté par Paris, expliquait urbi et orbi que McCain gagnerait car Obama susciterait trop de réactions racistes.

Aujourd'hui, le même Ted Stanger affirme partout qu'Obama, tout compte fait, va gagner.

Mais juste à cause de la crise, hein?.... Hum, c'est cela, oui... à voir...

images.jpegA l'appui de la thèse d'Obama comme candidat des noirs, nous avons...

-une flopée de sondages qui confirment la forte mobilisation des afro-américains derrière le candidat démocrate;

-le ralliement de Colin Powell, le premier afro-américain à avoir été secrétaire d'état;

-le ralliement à Obama de plusieurs grandes figures religieuses évangéliques afro-américaines, habituellement plutôt républicaines, comme le pasteur de megachurch Kirbyjon Caldwell (Houston), très proche du cercle Bush (il a marié Jenna Bush);

 

Beaucoup de "blancs" séduits

Pourtant, l'évidence est là: l'appui même inconditionnel des afro-américains à la candidature Obama est loin de suffire à son élection.

Tous les sondages montrent en continu, depuis mai 2008, qu'une fraction importante de l'électorat "blanc", y compris parmi les républicains modérés et le public des jeunes évangéliques, se montre séduit par Obama, apprécié pour sa compétence, sa sincérité, ses valeurs familiales (il ne traîne pas derrière lui le parfum d'adultère de McCain) et la force tranquille de ses convictions, y compris chrétiennes (n'oublions pas qu'Obama est un converti, bien plus fervent que McCain).

portraitMLK.gifL'électorat raciste existe encore, certes, mais il est loin de "faire la pluie et le beau temps": l'Amérique a fait du chemin depuis Martin Luther King (au sujet duquel je signale ce site commémoratif : http://www.martinlutherking.fr/)

 

Tendance installée de longue date

Alors, au vu de la constance de ces sondages, je trouve fort indélicat, pour ne pas dire plus, d'attribuer à la seule crise financière la popularité conquérante actuelle d'Obama.

Pour ma part, j'étais convaincu bien avant la crise financière que ce candidat avait décidément ses chances, et les récents sondages ne font que confirmer une tendance installée de longue date.

La crise financière ne saurait constituer la principale explication d'une éventuelle (probable) victoire d'Obama. D'ailleurs, la seule fois où le ticket McCain-Palin a dépassé Obama dans les soudages, c'est durant les 7 jours qui ont suivi le déclanchement de la crise financière (mise sous tutelle de Fanny Mae et Freddy Mae).

 

CM Capture 1.jpg

Course en tête

ct-lghome.gifBeaucoup ont négligé le phénomène de masse qui touche largement le public "blanc", y compris les blancs évangéliques (cf. le dernier numéro de Christianity Today). Un mouvement pourtant très net, constant, qui se dessine depuis mai dernier en faveur d'Obama.

Si ce dernier l'emportait, ce ne serait ni uniquement grâce aux noirs (qui certes le soutiennent), ni uniquement grâce à la crise financière (qui certes le favorise), mais avant tout à un talent politique hors du commun, fondé une compétence, un charisme, et sur une approche universaliste limpide qui tourne le dos aux explications ethnicistes.

Une posture qui l'a conduit, depuis plusieurs mois, à faire la course en tête, balayant un à un les oiseaux de mauvais augure qui le sous-estimaient.

Commentaires

  • Du milieu évangélique s'élèvent assez régulièrement des prophètes prédisant l'avenir en politique. Nous avons eu par exemple, Bernard Blessing, qui a prophétisé qu'Hillary Clinton serait la prochaine présidente des USA, et Pierre Daniel Martin, qui lui avait prédit l'arrivée au pouvoir d'évangéliques dans l'entourage du Président Chirac, et la probable conversion de ce dernier si l'Eglise priait assez.

    S'expliquer les motivations qui poussent ces hommes à des déclarations publiques non moins régulièrement démenties, ne demande pas une connaissance du coeur humain spécialement profonde : Convoitise de gloire, de célébrité, d'admiration de ses semblables en rendent compte amplement. Puis, lorsque la prophétie s'avère fausse à l'évidence, le prophète s'éclipse dans un silence radio total, pour en ressurgir quelques mois plus tard avec une nouvelle annonce.

    Mais aujourd'hui, avec la facilité de l'internet, Il se trouvera toujours des critiques qui vont rappeler les ridicules bourdes du faux prophète. En lisant votre article, il m'a paru un certain parallèle dans lequel vous pourriez jouer ce rôle vis à vis de Ted Stanger. Or, j'aurais voulu savoir quelle place vous attribuez à la prédiction en sociologie. Car si annoncer le futur n'est pas son objet, l'intérêt qu'elle porte à un phénomène comme ces élections, les articles qui en résultent, prouvent que chacun cherche à faire des pronostics, le sociologue comme le journaliste. Gardant à l'esprit les mécanismes psychologiques que l'on constate chez les « prophètes » évangéliques, croyez-vous que ceux dont la profession consiste dans l'analyse rationnelle soient forcément à l'abri de ces mêmes mécanismes ? Prévoir juste cela marque toujours les esprits. Je me doute bien que, comme le journalisme, la sociologie se défend de prédire l'avenir. Cependant il semble que cela soit comme à regret. D'autre part, il est toujours dangereux de prédire. Imaginons que Barak Obama perde ces élections (cela est très improbable). Quelle claque pour Ted Stanger ! Et pas que pour lui...


    Enfin n'y voyez pas un « in cauda venenum », mais comment expliquez-vous l'existence d'un certain Docteur Hanselmann dans le champ de la sociologie ? (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_Teissier) Je ne demande pas si vous la considérez comme une véritable consoeur, puisqu'à l'évidence elle ne peut-être que répudiée par la communauté scientifique. Mais n'est-il pas significatif que s'occupant essentiellement de « prédictions », ce soit un doctorat en sociologie qu'elle ait usurpé, plutôt qu'un doctorat en astrophysique par exemple ? Est-ce que cela ne montre pas qu'instinctivement nous mesurons la valeur d'une discipline à la clarté des prédictions qu'elle est capable de fournir ?

    Gédéon Pilsett.

  • Réponse à G.P.
    Cher Monsieur, je suis bien embarrassé pour vous répondre, dans la mesure où je ne suis pas sociologue! Chaque fois qu'on m'a donné l'occasion de me présenter, je me suis toujours défini comme historien, ce que je suis, et pas comme sociologue, même si j'utilise la sociologie dans mon travail. Mon motto est celui de Pierre Chaunu, selon lequel "l'historien ne prévoit que le passé".
    Je dirais d'une façon générale qu'un chercheur en sciences sociales (sociologie, histoire, ethnologie...) ne peut "prédire", mais qu'il peut dégager des tendances susceptibles de se poursuivre à l'avenir. Il ne ferme donc pas totalement la porte à une forme de prospective, mais sans aller jusqu'à prédire, ce qui le distingue de certains prophètes, ou des charlatans de l'astrologie lucrative. Vous faites allusion à Elisabeth Tessier... Well, cette distinguée personne n'aurait jamais dû décrocher sa thèse en sociologie... Michel Mafésoli, pour ne pas le nommer, porte une lourde responsabilité dans cette dérive. Fermons la parenthèse.

  • Merci de votre aimable réponse à mon post aigre-doux. Cela me fait plaisir d'apprendre que vous vous voyez comme comme historien plutôt que comme sociologue ; les professions en -iens inspirent généralement plus de confiance que celle en -ogues ; et d'ailleurs cela rime mieux avec votre prénom. La maxime de Chaunu, pleine d'humilité, rappelle le mot de Hugo :
    Non, l'avenir n'est à personne !
    Sire, l'avenir est à Dieu !

    Eh oui, les électeurs ont le pouvoir de choisir entre deux hommes ; pas celui de savoir l'avenir qui en résultera, ni ce qu'en diront plus tard les historiens.

    Pilsett.

  • Décidément ce cher Gédéon pose toujours les bonnes questions, ou les mauvaises, c'est selon. Si je me souviens bien, pour M.P., le critère de scientificité repose dans la capacité à prédire des phénomènes. Soit on lui répond: "la sociologie est une science" et il dira "alors vous faites des prédictions, comme les gens que vous dénoncez". Soit on dit: "Non, la sociologie ne fait pas de prédiction".Et il nous dira: "donc, la sociologie n'est pas une science". Bref, on est coincés. La porte de sortie réside dans la définition qu'on donnera de la sociologie. Je reprends ici ce qu'écrit ce que dit Georg Simmel à propos de ce que peut la sociologie naissante, à la toute fin de "métropoles et mentalité", un texte de 1903: "notre devoir n'est ni d'accuser ni de pardonner, mais seulement de comprendre". Comprendre, expliquer, rendre compte, sont des tâches complexes. Les sciences sociales n'ont prétention à rien d'autre.

    Par ailleurs, G.P. écrit: "comme le journalisme, la sociologie se défend de prédire l'avenir. Cependant il semble que cela soit comme à regret". Il faut justifier une telle assertion: où a-t-il vu du "regret"? A-t-il entendu ou lu un sociologue parlant de "regret". Si c'est une impression diffuse, ce n'est pas suffisant.

    Enfin, G. P. demande si le cas de Mme Teissier "n'est pas significatif". Pour le coup, ce n'est pas du tout sociologique comme remarque. En quoi un exemple viendrait témoigner d'une tendance structurelle? Si Mme T a soutenu une thèse de sociologie c'est peut être tout simplement pour des questions de réseau social et d'opportunité avec un professeur en particulier.

  • J’ai du mal à comprendre comment on est passé de l’analyse de tendances électorales à la notion de « prophétie » ; avec tout le caractère d’arrêt divin, de « sans appel » que cette dernière implique.
    Je me souviens très bien de la note de Sébastien Fath intitulée « Obama à la conquête des religious voters » ; note dans laquelle il se posait en contradicteur de Ted Stanger qui pronostiquait une victoire de John McCain. D’un côté on avait un journaliste d’origine américaine analysant la campagne de John McCain dans l’Amérique profonde (blanche) avec ses préjugés raciaux (merci pour le lien vers l’entretien). Je note par ailleurs que si Stanger s’adressait potentiellement « à la ville et au monde », son propos est dénué de ce caractère divin que suppose l’expression Urbi et Orbi lorsqu’elle est associée à un dirigeant religieux. Il conditionne en effet son analyse au résultat des débats télévisés entre les candidats, à la situation économique du pays et, chose non négligeable, à l’argent collecté et injecté par les différents candidats dans la communication.
    De l’autre côté, on avait un historien spécialiste des questions religieuses qui pariait (non pas qui prophétisait ou décrétait) l’inverse, c’est-à-dire une victoire de Barack Obama. Cette fois-ci l’analyse était basée sur ce que j’appelle dans un commentaire le « report par défaut » des intentions de vote de l’électorat religieux (« religious voters »), électorat que le parti démocrate a du mal à fidéliser. Vue le poids de cet électorat et les efforts d’Obama à l’endroit de ce dernier, SF concluait qu’il pouvait faire la différence et conduire Obama à la maison blanche.
    Dans les deux cas donc, journaliste et historien se basaient sur des faits avérés (le poids des différents électorats) et les « perspectives envisageables », le tout conditionné à l’attrait des candidats, leurs capacités à convaincre, à surmonter certains obstacles, le contexte économique et leurs stratégies de campagne. En somme, les tendances que l’on observait alors étaient sujettes à changements. Et qu’avons-nous constaté depuis ? Que Sarah Palin a fidélisé les électeurs religieux les plus conservateurs côté républicain et que, d’une manière générale, les intentions de vote des « religious voters » vont plutôt vers Barack Obama (Pew Forum) ; que la situation économique des États-Unis s’est aggravée depuis la crise des Subprimes, avec les conséquences planétaire que nous connaissons (visionner le résumé chronologique de Reuters) ; que Barack Obama réussit à exploser les records de lever de fonds (The New York Times) laissant loin derrière le ticket McCain-Palin dont l’effet de la dernière fut de courte durée.
    D’une manière générale, les tendances ont donc été inversées et ce qui était présenté hier avec réserves, victoire de McCain (pour Stanger) et récupération du vote des croyants rendant possible une victoire d’Obama, selon SF se confirment. S’il n’y a pas lieu pour SF de revenir sur son analyse (puisque la tendance du report des intentions de vote des religious voters à destination d’Obama se confirme), Stanger se trouve dans l’obligation de revenir sur sa conclusion en prenant en compte des paramètres qu’il savait capables d’influencer le résultat final des élections. Nous en arrivons donc à la convergence d’analyses des tendances.
    Mais rien n’est gagné pour autant. Ces mêmes tendances que nous observons actuellement peuvent être influencées par des facteurs que nous connaissons mais que nous avons du mal à chiffrer. John McCain croit qu’il est toujours possible de remporter les élections, ne serait-ce qu’avec une faible avance. Pourquoi ? McCain mise sur son expérience de « battant » ayant et continue par ce moyen de mobiliser son électorat, il mise aussi sur ce que même les instituts de sondage ont du mal à saisir : le racisme latent de l’électorat blanc. Quel est le pourcentage des électeurs blancs qui refusent de dire à voix haute qu’ils ne voteront pas pour le « nigger » (le nègre) ? Difficile à dire. Ici et là, même s’il y a une guerre des chiffres, on est extrêmement prudent : on peut s’amuser à relever les conditionnels, les modaux exprimant la prudence et la probabilité (may, could) dans la presse américaine et dans les blogs (au hasard, celui-là et cet entretien avec script sur PBS Newshour). Il y a enfin dans le champ des insaisissables, les questions de géopolitique qui peuvent tout simplement bouleverser les tendances en faveur de l’un ou de l’autre candidat.
    Tout ceci me ramène donc à mon intention de départ. Est-ce « prophétiser » que d’analyser des tendances et d’anticiper où elles peuvent aboutir ? J’ai l’impression que le texte (le sujet en l’occurrence) a servi de prétexte à G.Pilsett.

  • Navré, les liens hypertextes n'ont pas suivi dans mon précédent commentaire. Je reprends ici tous ceux qui ne sont pas immédiatement disponibles sur le blog de SF:

    Pew Forum: http://pewforum.org/docs/?DocID=349;

    Reuters: http://videos.howstuffworks.com/reuters/28167-how-did-the-us-get-in-such-a-financial-mess-video.htm;

    The New York Times: http://thecaucus.blogs.nytimes.com/2008/10/19/obama-raised-record-150-million-in-september/?scp=4&sq=Obama,%20campaign%20finance,%20September&st=cse;

    Celui-là: http://www.freep.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20080920/NEWS15/80920035;

    Newshour: http://www.pbs.org/newshour/bb/politics/july-dec08/racepolitic_10-22.html.

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Je crois que c'est une chose que d'analyser l'opinion publique, de dégager les tendances et d'expliquer l'influence des candidats, et que c'en est une autre que de savoir (ou prétendre savoir) qui sera élu. Nous savons bien (rappelez-vous 2002!) qu'entre l'intention de vote et le geste électoral il y a un océan.

    Le travail d'enquête d'opinion et d'influence est très enrichissant pour mieux saisir les enjeux et - pardonnez-moi - les "mascarades" électorales.

    Ceux qui prédisent (prédire et prévoir sont tout de même deux choses distinctes) les résultats risquent fort d'être des charlatans. Et comme il n'y a qu'une chance sur deux de se tromper...

    Quant aux prévisions (je répète que c'est différent de la prédiction), Ellul juge lui qu'elle est inutile, car de toute façon toutes nos prévisions se sont toujours révélées fausses, sauf à de très rares exceptions (lire "le bluff technologique, de Jacques Ellul).

    Restons dans l'analyse (appelons-là historique ou sociologique, je m'en moque, l'analyse m'intéresse tout autant!). Et je trouve que S. Fath fait cela très bien.

  • Réponse à C.Charles,

    Le texte m'a effectivement servi de prétexte. Mais de prétexte à quoi ? Certainement pas à faire croire que Ted Stanger et son opposant se soient momentanément pris pour des prophètes. Tous, eux et les lecteurs, nous sommes d'accord que l'analyse journalistique ne relève pas de la prophétie divine.

    De prétexe à dire qu'en religion circulent des individus qui eux se prennent pour des prophètes de Dieu, quoique leurs prédictions soient absolument démenties, alors ? Sans doute, cela est salutaire de le rappeler, tant qu'eux-mêmes ne confessent pas leurs errements ; s'ils le faisaient, on les en absoudrait.

    Mais de prétexte surtout à discuter comme un « évangélique ». Qui croyez-vous que soit le public de ce blog ? Probablement un petit nombre de personnes gravitant dans le milieu des sciences sociales, étudiants ou personnalités, quelques collègues ; un cercle assez restreint ; mais je parierais que le principal de la fréquentation provient d' »évangéliques » curieux des points de vue d'un observateur extérieur sur des sujets susceptibles de les intéresser.

    Or un vrai évangélique, il ne peut s'en empêcher, confronte constamment le monde terrestre et sa foi. Quand sa pensée s'arrête sur les élections américaines, instinctivement, monte en lui la question de savoir de qu'a décidé Dieu. Par exemple, Sarah Palin, qui se réclame de l'évangélisme, déclare : « Cette élection est entre les mains de Dieu... ». Naturellement Dieu n'a pas dit pas à Sarah, (ni que je sache à un autre évangélique) quel candidat il a choisi ; ni même si cette façon de décrire sa Providence est appropriée.

    Puisque l'action de Dieu nous reste fondamentalement inaccessible de quoi pouvons nous discuter sinon de nous-mêmes et de nos tentatives de deviner l'issue ? Une pensée nourrie de lectures bibliques, revient toujours à la conclusion que les efforts de l'homme restent vains à prédire un avenir que Dieu connaît déjà. Voilà, même si c'est une réflexion banale, à quel prétexe m'a servi le texte.

    Entre deux supporters qui pronostiquent l'issue d'un match de foot, et deux intellectuels qui discutent du prochain scrutin, je dis qu'il n'y a pas de différence essentielle. Sans doute l'étendue des connaissances, la profondeur d'analyse des seconds surpassent de beauoup celles des premiers, mais la psychologie, les motivations, et l'incapacité à conclure avec certitude sont identiques. Vous-même à quelques jours de l'élection dites : « Mais rien n’est gagné pour autant. » Dès lors, quand bien même l'élection ou le match donnera raison à l'un ou à l'autre, cela ne prouvera aucunement que c'est à cause de la bonté de son analyse. Le joueur qui a misé sur le 57 s'applaudit quand la roulette s'arrête sur ce nombre, bien qu'il n'y soit pour rien. Vous direz que là c'est pur hasard et non comparable ; je dis que si : la plupart des situations en science et dans la vie nous laissent aussi incertains que si elle ne dépendaient que du hasard, en dépit de notre sagesse.

    La pluie et le beau temps servent bien de prétexte aux sujets qui nous chatouillent. Pourquoi pas un blog ? Je considère que Mr Fath a brillamment passé le test évangélique, en partageant une citation favorite : « L'historien ne prévoit que le passé. » Pour ses autres compétences, je ne suis pas qualifié d'en juger.

    Cordialement

    Réponse à M. Dejean,

    J'espère que n'imaginez pas que je me fais une obsession de pourfendre la sociologie ! Les prétentions agacent toujours, mais si on insiste trop à les souligner on devient vite soi-même agaçant et prétentieux, donc je n'insiste pas.

    Tout de même, en ce qui concerne Mme Teissier vous avez fait semblant de ne pas comprendre le sens ordinaire du mot « significatif » qui n'a rien à voir ici avec la statistique. Ce qui était « signifié » c'est qu'une astrologue roule plus facilement un sociologue qu'un astronome. (Jean-Claude Pecker avait d'ailleurs fortement protesté.)

    Salutations.

    Pilsett.

  • Cher M. Pilsett,
    Merci d’avoir pris le temps de me répondre. Et merci à Sébastien Fath, dont nous sommes tous les deux les hôtes sur ce blog, d’accepter cet échange.

    Je ne vais pas ici revenir sur les différences et les subtilités entre les deux commentaires. Je souhaite juste réagir à la comparaison chercheur/supporter et m’assurer que je vous ai bien compris.

    Je ne peux pas suivre jusqu’au bout votre comparaison du chercheur au supporter de football. S’il arrive qu’il y ait des points communs entre les deux, ne serait-ce que pour la petite subjectivité humaine qui sommeille dans chaque chercheur, je dirai qu’ils évoluent sur des registres différents. L’objectif principal d’un supporter c’est de vivre une émotion, un moment fort. Si son équipe a gagné, il est content. Si l’équipe a perdu, il est tout naturellement déçu et vindicatif : il accuse et demande des têtes.

    Or, à mon sens, le chercheur va essayer de prendre du recul en mettant en retrait ses sentiments afin de comprendre et de faire comprendre. De fait, même si le chercheur a pu se fourvoyer, son analyse des faits et la conclusion qu’il en tire, j’entends par là la perspective que ces derniers dessine selon lui, ne peuvent être appréciées par le critère de « bonté de son analyse » (les deux termes me paraissent par ailleurs antinomiques). Ni par lui, ni par autrui.

    Par contre, on est donc d’accord si vous vouliez dire qu’il est dangereux pour un chercheur de présenter ses conclusions rien que pour se targuer plus tard d’avoir eu raison. Car, une telle attitude fait passer l’objectif de satisfaction personnelle avant la rigueur scientifique dont il est censé faire preuve. Dans lequel cas, dépourvu de recul critique sur son propre travail, le chercheur n’est en effet pas différent du supporter.

    Vous paraphrasez enfin que « Une pensée nourrie de lectures bibliques, revient toujours à la conclusion que les efforts de l'homme restent vains à prédire un avenir que Dieu connaît déjà ». Faut-il conclure que l’homme doit rester passif face à un destin dont il n’a aucun contrôle ? Doit-il sombrer dans l’inertie intellectuelle ? A lire la fin de votre réponse, c’est ce que je suis tenté de conclure. Ai-je raison ou non ?

    Bien cordialement,

  • Bonjour M. Charles,

    Notre échange ne résoudra pas un problème que se posent les hommes depuis qu'ils réfléchissent, et jamais franchement résolu. C'est celui de concilier la liberté de l'homme avec la souveraineté de Dieu. Les stoïciens grecs en parlaient déjà ; nos physiciens modernes tournent toujours autour, avec bien sûr un vocabulaire complètement différent, d'où ils bannissent toute allusion métaphysique, mais au fond on y reconnaît la vieille énigme. Les chrétiens issus de la Réforme, en se divisant entre Arminiens et Calvinistes, ont fait peut-être plus de philosophie que de théologie ; et sans grand succès.

    Je vous donne simplement ma position personnelle, en tant que chrétien évangélique. Non, la foi en Jésus-Christ ne demande pas la passivité de l'homme, mais au contraire l'engagement conscient de toutes ses facultés. Si j'avais eu à voter en tant que citoyen américain, il aurait été de mon devoir de m'informer le plus complètement possible sur les deux candidats et sur leurs programmes ; puis de me décider en mon âme et conscience.

    Ce travail d'information et de décision est rendu bien difficile à cause du mal attaché au coeur de l'homme (ce que les évangéliques appellent le péché). Sans lui, les candidats, les médias, exposeraient ingénument les intentions et le choix serait serein. Mais ce n'est pas le cas. Il me faudra donc essayer de discerner la valeur morale des deux candidats, lire leur biographie, leurs discours passés du temps qu'ils n'étaient pas en campagne, examiner dans quel sens ils ont voté des lois, vérifier si les accusations qui fusent de part et d'autre sont des ragots ou pas... Non seulement il faut consacrer à cela du temps, mais encore sans garantie de ne pas se tromper. Au final, que l'enquête ait été plus ou moins profonde, je voterai selon une impression. « Toute la raison se réduit à céder au sentiment... » disait Pascal dans un autre ordre d'idées.

    Pour l'évangélique, Dieu connaît absolument le fond des deux candidats ; il sait quelles intentions globales du peuple américain porteront l'un ou l'autre à la présidence ; et le proverbe que : « les peuples ont le gouvernement qu'ils méritent », même s'il n'est pas dans la Bible contient effectivement l'idée d'une justice rétributrice. Quand le chrétien évangélique a accompli son devoir électoral, il est quitte de tout ce que seule la préscience de Dieu savait déjà.

    Quant à ma comparaison supporter/journaliste, elle n'avait pas pour but de nier la valeur du travail de journaliste (ou d'essayiste plutôt) ; mais de la ramener à une juste appréciation. Ce que je conteste c'est l'abus du mot « scientifique », qui trompe l'auditoire. Car la perception commune du terme « scientifique », l'associe à « preuve », à « démonstration », à « mathématique ». Or quand un journaliste tomberait juste trois fois de suite dans son pronostic des élections cela ne qualifierait nullement ses analyses de « scientifiques » ; elles peuvent être fines, intelligentes, justes, mais ça ne les transforme pas en applications de « lois » scientifiques. Pas de science sans lois.

    Il y a bien une science statistique, mais elle a aussi ses lois. Un échantillon bien choisi donne forcément une image juste de la population, qu'il soit de dix mille ou d'un million d'individus. Quand il y en un écart entre le sondage et le résultat, c'est que le sondage n'a pas été bien fait : les gens n'ont pas répondu sincèrement, parce qu'ils ont été influencé par ceci ou cela ; les gens qui ont accepté de répondre étaient plutôt de tel bord, etc... et là il s'agit de psychologie, donc de bien et de mal, donc de morale, donc de littérature, mais pas de « science ».

    Ceci dit c'est toujours avec plaisir que, tant en sport qu'en politique, on écoute des personnes éclairées, bien informées, capables d'extraire de la masse des tendances et de les résumer ; mais on ne les transformera pas en mandarins à blouse blanche, si le match leur donne raison. Et d'ailleurs les choses vraiment intéressantes, ne sont-elles pas précisément celles qui étaient imprévisibles ? Voilà pourquoi l'Histoire plaît, elle raconte ce qu'on aurait pas inventé soi-même.

    Cordialement,
    Pilsett.

  • Cet échange ne va pas se finir. Il y a toujours quelque chose à préciser.
    Je comprends votre argumentation sur les sentiments. Mais, avant d'arriver à une prise de décision en fonction de ces derniers, vous avez bien souligné tout le travail de recherche, d'approfondissement que vous feriez si vous deviez voter le 4 novembre. Dans lequel cas, votre "sentiment" serait le fruit d'une démarche intellectuelle. Ce dont je méfie, c'est lorsque le "sentiment" prend le pas sur le bon sens. Dans ce cas, cela relève aussi du coup de pocker (vous parlez bien de jeu de hasard plus haut). Vous conviendrez avec moi que, même en religion où le siège des émotions (le coeur) est le plus souvent mis en avant, il y a une telle subjectivité que parfois on en vient à douter des "bons sentiments" des autres. Sarah Palin partait peut-être d'un sentiment réel de révélation divine lorsqu'elle affirmait que les élections sont entre les mains de Dieu? Ou, peut-être que ce "réel" était de l'auto-suggestion?
    On ne va pas non plus refaire le débat "scientifique", pas "scientifique". Il existe en effet des journalistes qui font un réel travail afin d'éclairer l'opinion. Mais lorsque je parle de chercheur, je ne les incluais pas. De même, lorsque je dis "scientifique", il ne s'agit pas seulement de ce qui fait force de loi. Votre culture, ainsi que celle de ceux qui gravitent autour de ce blog me laisse à penser que vous aviez bien compris qu'en science sociale (observez le mot "science"), on parle de "chercheur" et de "scientifique" compte tenu de la rigueur de la démarche et du sérieux à produire un travail. Pour continuer d'éclairer l'auditoire, je soulignerai que la scientificité d'un travail ne se définit pas selon qu'il provient de ce que l'on appelle communément "science dure" ou pas.
    Merci M. Pilsett pour cet échange cordial; cela m'a permis de mieux vous comprendre. A l'avenir, je saurai qu'il faut lire entre les lignes de vos interventions. Pour une grande partie, cette discussions m'a rappelé d'autres avec des amis évangéliques, (comme vous), pour qui j'ai beaucoup de respect.
    Sébastien Fath vient de se trouver une nouvelle vocation à travers ce blog: intermédiaire en discussion entre croyants et observateurs des religions.
    Je suis certain qu'on est amener à se parler à nouveau. Donc, God speed.

  • Je ne me souviens plus de quelle manière je suis arrivée sur le blog de Sébastien FATH. En tous cas, j'en suis ravie. Car je lui ai posé une question, par une autre adresse EMail, et je n'ai toujours pas reçu de réponse. J'ai lu un 1er livre "MILITANTS DE LABIBLE AUX USA" et je viens de recevoir le 2ème : DIEU XXL. Je suis ESTOMAQUEE de la richesse de ces livres, écrit par un "jeune chercheur au CNRS".
    Je suis NEE DE NOUVEAU depuis 20 ans. Je voulais savoir si Sébastien FATH avait écrit tous ses livres, de "l'intérieur" ou de "l'extérieur". A savoir s'il est lui-même NE DE NOUVEAU, et si il s'est laissé "trouver" par Dieu. Ce qui serait merveilleux ! car généralement Dieu aime de tels "chercheurs" ! Quel autres mots pourrais-je trouver encore ! Je suis EPOUSTOUFLEE ! EMERVEILLEE ! Mais surtout que TOUTE LA GLOIRE revienne à Dieu, qui donne les capacités, l'intelligence, l'illumination !Michelle

  • En ce qui concerne l'élection de Barack OBAMA, la Bible dit que c'est Dieu qui élève TOUTES AUTORITES. Pour quelles raison Dieu pourrait-il élever Barack OBAMA à la présidence des Etats-Unis ?? ce que je crois fortement et comprends parfaitement ! La logique de Dieu n'est pas celle des hommes ! Ses pensées ne sont pas les pensées des hommes ! Dieu connait le passé des Etats-Unis ! Dieu sait tous ce que les noirs-américains ont subi, et peuvent encore subir ! Dieu connait l'histoire de l'Esclavage et Sa raison ! Elle est ECRITE dans SA PAROLE : LA BIBLE ! Mais l'affranchissement de toutes formes d'esclavage, se trouve en JESUS-CHRIST et ceux qui étaient LA QUEUE, devienne LA TETE, en Jésus-Christ. L'histoire de JOSEPH, dans la Bible, est une illustration merveilleuse de ce que Dieu fait. Il fût vendu comme esclave par ses propres frères. Il a toujours marché dans l'obéissance aux principes divins (ce qui n'est pas forcément facile et qui nous conduit souvent à ravaler sa salive et à nous en remettre à Dieu qui juge justement) et Dieu l'a conduit, après un long cheminement de souffrances, de rabaissements, à devenir le GOUVERNEUR DE PHARAON. Plusieurs années après, il y a eu la famine dans le pays de ses frères. C'est ce qui a conduit ses frères à venir chercher le secours auprès du gouverneur de Pharaon, qui n'était que leur petit frère qu'ils avaient vendu comme esclave. Comme on dit "La roue tourne". La justice de Dieu s'accomplit TOUJOURS, TOT ou TARD ! à condition que nous marchions sur le chemin du Seigneur, dans Sa Justice. Ainsi IL JUSTIFIE, un jour ! Il retourne les situations ! Normal que Dieu élève un homme METIS ! Dieu HAIT le racisme, car Il ne juge pas selon les apparences, ni selon la couleur de peau, mais selon LE COEUR ! Moitié BLANC ! Moitié NOIR ! Quelle belle démonstration du coeur de Dieu, car dans APOCALYPSE 7/9 à 12, il est stipulé qu'une grande foule, que personne ne pouvait compter, DE TOUTE NATION, DE TOUTE TRIBU, DE TOUT PEUPLE, DE TOUTE LANGUE, rendait Gloire à Jésus ! ESAIE 46/11 dit "C'est moi qui appelle de l'orient un oiseau de proie, d'une terre lointaine un homme pour accomplir mes desseins".Bien à vous. Michelle

  • Avez vous entendu parler d'un documentaire sous forme d'épisodes "Rachid au Texas" diffusé sur France 4.

    Il y a un épisode consacré à l'église, et notament à une méga church à Houston (Celle de Joel Osteen). Voici le lien :
    http://www.france4.fr/rachid-au-texas/index.php?page=article&numsite=1847&id_rubrique=1856&id_article=3902

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