Une des images les plus fortes de la nuit d’élection de Barack Obama a été les larmes de Jesse Jackson.
Les larmes de celui qui voit le rêve d’une vie s’accomplir.
Né en Caroline du Sud en 1941, Jesse Jackson est un politicien et pasteur baptiste, catalogué évangélique de gauche (il fit la couverture de Christianity Today), démocrate de toujours et ardent partisan des droits civiques, pour lesquels il s’est battu dès l’époque de Martin Luther King.
Il était présent à Memphis au côté de King lorsque ce dernier fut assassiné, le 4 avril 1968.
4 avril 1968, Jesse Jackson à la droite de Martin Luther King
Héritage des Droits civiques
Il avait été, depuis, de tous les combats pour l’amélioration des droits civiques et de la condition des afro-américains, au nom desquels il s’était présenté en 1984 et 1988 pour l’investiture démocrate aux élections présidentielles. Que de chemin parcouru depuis ces terribles années d'après-guerre où la ségrégation dominait encore partout, interdisant dans les Etats du Sud les mariages "inter-raciaux" jusqu'à la fin des années 1960! (voir les chapitres 4 et 8 de Militants de la Bible).
Après les murs à détruire, le temps des ponts
Nul mieux que Jesse Jackson ne pouvait apprécier, 40 ans après la mort du pasteur Martin Luther King, la valeur symbolique exceptionnelle de la victoire de Barack Obama.
Ces larmes disaient le souvenir de ceux qui sont morts pour le rêve, le rappel des souffrances subies pour faire avancer la cause, et la délivrance ressentie à la victoire du premier président afro-américain de l’histoire des Etats-Unis.
Dans le Paris Match de cette semaine, Jackson est interviewé sur deux pages par Régis Le Sommier (pages 94 et 95). Il souligne qu’Obama « a construit des ponts avec les murs» abattus par les militants des Droits civiques.
Jesse Jackson aura fait le trait d’union entre l’horizon de l’utopie, de la déclaration prophétique (Martin Luther King) et l’horizon de la réalisation (Barack Obama), en jouant ce rôle ingrat, intermédiaire, de porte-parole de la ‘minorité noire’, rôle qui l’a d’ailleurs conduit, pendant un temps, à critiquer Obama, pas assez ‘noir’, trop lisse à ses yeux.
Mais Jackson avait fait son temps, il fallait passer le relai, et le vieux leader l’a non seulement compris, mais il l’a accepté avec d’autant plus de joie qu’Obama a réalisé l’utopie de King. Obama a dépassé le rôle de leader communautaire, et accompli le rêve universaliste (dépassement de la couleur de peau) porté par Martin Luther King. Cela ne veut pas dire que tout racisme a disparu: mais ce dernier a perdu la partie.
De la race en Amérique
Pour mesurer ce que représente ce basculement, je ne saurais trop recommander, à ceux qui ne l’ont pas encore acheté, ce merveilleux petit livre, qui retranscrit, en français et en anglais, le fameux discours de Philadelphie tenu par Obama le 18 mars 2008.
C’est peut-être le plus grand discours politique fait aux Etats-Unis depuis Martin Luther King. S’il y a un livre à acheter sur les Etats-Unis, c’est aujourd’hui celui-là…. Sachant que le message universaliste et républicain qu’Obama défend ici a certaines choses à nous apprendre à nous autres Français, enlisés dans le cynisme et le conservatisme (de gauche autant que de droite).
Commentaires
le journal l'a montré.
c'est un homme dur d'habitude. Là il a pleuré.
Sûr que c'était énorme pour lui, cet élection.
Dieu a donné JESSE JACKSON de vivre cette experience qui est pour lui une grace venant de Dieu.
Les larmes que vous avez vu ne sont rien d'autre que les larmes MARTIN LUTHER KING et tous ceux qui sont morts pour cette vision pour ce reve qui voyait le jour, LA PROPHETIE
S'ACCOMPLISSAIT