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Enquête dans les guichets de l'immigration

images.jpgDepuis plusieurs années, l’accueil des migrants fait débat en France.

 

Certains (notamment autour de Nicolas Sarkozy) appuient l’idée qu’il est temps de filtrer davantage (demandes de visas, de carte de séjour) au nom d’une immigration choisie.

D’autres estiment qu’en choisissant cette voie, la France renie une de ses valeurs fondatrices, le principe d’égalité.

 Respect de la dignité

 Quelle que soit la position prise dans ce débat, il me semble qu’il devrait être possible de se mettre d’accord sur un principe intangible: un accueil digne des demandes (quelle que soit la réponse qu’on leur donne ensuite), dans le respect de la personne.

Les droits de l’homme, cela commence ici: respecter le migrant, le sans papier, comme un frère en humanité, un égal en dignité. Ce qui veut dire concrètement:

 

-prendre le temps d’écouter

-faire preuve de politesse

-expliquer les droits

-éviter tout autoritarisme discrétionnaire (du style: changer les règles en cours de route pour empêcher la personne d’obtenir le titre demandé)

 

Ces procédures et précautions élémentaires devraient être non-négociables, elles devraient faire consensus. Or, sont-elles respectées en France aujourd’hui? Pas toujours, loin s’en faut.

 

images.jpegAu-delà des impressions subjectives ou des discours idéologiques, un chercheur au CNRS a mené l’enquête dans les guichets de l’immigration (qui régulent les demandes des migrants en France). Son nom est Alexis Spire (ci-contre). Basé à Lille, ill a effectué un long travail de terrain, s’est même fait embaucher lui-même comme guichetier intérimaire.

 Le titre de son ouvrage, paru l'an dernier, est Accueillir ou reconduire, enquête sur les guichets de l'immigration (Paris, ed. Raison d'agir, 2008)

 

Logiques bureaucratiques et dérives discrétionnaires

413-2GeAXxL._SL500_AA240_.jpgCe livre est remarquable. J’en recommande très vivement la lecture. Il permet de comprendre comment des logiques bureaucratiques (faire du chiffre) en viennent à saper ce respect de la demandeuse ou du demandeur, tout en illustrant l’importance persistante du facteur humain (mais pas toujours pour le meilleur): malgré les consignes, des disparités existent d’un bureau à l’autre, au gré des humeurs des responsables locaux tentés par le pouvoir discrétionnaire.

 Au terme de ce livre, le citoyen comprend mieux le formatage auquel sont soumis les guichetières et guichetiers (qui n’ont souvent pas choisi d’être à ce poste et qu'on forme à la va-vite), mais aussi les frustrations considérables des migrants et réfugiés confrontés, trop souvent, à un accueil glaçant et déshumanisant où «les Algériens» sont des «BZ».

 

Pour se mettre l’eau à la bouche, quelques sites proposent des résumés et/ou bonnes feuilles de l’ouvrage.

Voir par exemple...

 LDH Toulon

Le Monde (Laeticia Van Eekhout)

Commentaires

  • Je signale également, dans la même veine ethnographique, l'enquête (en cours) de Sarah Mazouz sur le processus administratif de naturalisation, également très parlante. Elle a notamment fait un article dans la Revue Française de Sociologie : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2007-4-p-723.htm
    Un autre, en accès libre, sur le site de la revue Mouvements :
    http://www.mouvements.asso.fr/spip.php?article50

  • Le lien vers le site de Mouvements est erronné, je le corrige :
    http://www.mouvements.info/Des-Francais-pas-tout-a-fait-comme.html

  • .

    Merci pour le lien vers cette intéressante étude de Sarah Mazouz

  • Ah l'immigration... Une question difficile. D'autant plus que les présupposés idéologiques rendent impossible tout réel débat sur ce sujet. Dès qu'un individu prend position, d'une façon ou d'une autre, sur cette question, il est soit taxé de "facho", soit d'irresponsable qui veut accueillir toute la misère du monde en France, par le camp opposé.

    Pourquoi un tel manichéisme qui empêche tout débat ? Pourquoi sur ce sujet (et sur bien d'autres, mais c'est particulièrement vrai sur celui-ci) cherche-t-on a avilir ceux qui pensent différemment de nous ? Quand est-ce que l'immigration entrera-t-elle vraiment au coeur du débat démocratique français ? Pourquoi ne peut-on pas en parler, discuter des lignes de conduite à avoir, à la fois des structures néxcessaires pour un meilleur accueil des plus nécessiteux que des limites à mettre en place et des mesures à prendre pour lutter contre l'immigration clandestine. Tout cela évidemment basé sur un principe fondamental : quelle que soit la situation, et même si une expulsion s'avère nécessaire - et elle l'est parfois - la dignité humaine de la personne de l'immigré est à respecter avant tout.

    Pour ma part, je me demande parfois : si la chose est possible au niveau institutionnel (je ne sais pas si c'est le cas, vous devez savoir ça mieux que moi), la meilleure solution ne serait-elle pas de traîter le cas de chaque personne au cas-par-cas ?

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