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Un pasteur évangélique primé par Jacques Chirac

nigeria2.jpgVoilà qui est typique de notre "société du spectacle": la fondation Jacques Chirac a remis son premier prix pour la prévention des conflits, le vendredi 6 novembre 2009 à Paris.

Il y avait trois récipendiaires: le coréen Park Jae-Kyu et deux Nigérians, l'imam Muhammad Ashafa et le pasteur protestant James Wuye.

 

Croyez-vous qu'on ait beaucoup parlé des primés? Que nenni.

Les médias se sont essentiellement penchés sur les échanges entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, tous deux présents.

 L'événement se prêtait pourtant bien à un tour d'horizon humanitaire qui dépasse les commentaires politiciens.

 

chirac-lefeuvre.jpgDans le cas du Nigéria, l'oeuvre et le parcours de Muhammad Ashafa et James Wuye mérite, par exemple, le détour.

A l'heure où l'on fantasme beaucoup sur un présumé "choc des civilisations", ou des religions, voilà un pasteur et un imam qui militent inlassablement pour la tolérance réciproque, le respect et le rejet absolu de la violence...

 

Dans un pays ensanglanté depuis plusieurs années par les violences inter-religieuses, voilà qui n'est pas anodin!

 

La Fondation Chirac, en la matière, a fait preuve d'un discernement qui l'honore en distinguant deux militants engagés dans un vrai, grand défi de "prévention des conflits", au coeur d'un des pays au monde où la tension islamo-chrétienne peut être potentiellement la plus forte.


Déformation professionnelle oblige, je me suis demandé d'où venait ce "pasteur Wuye".

Ashafa_and_Wuye_cropped_for_Profile.JPG.jpeg

 Le pasteur évangélique Wuye et l'imam sunnite Ashafa

  

Un pasteur converti au dialogue non-violent avec l'islam grâce (involontairement) à Pat Robertson!

 

Réponse surprise: c'est un protestant de type "évangélique".

 

Oui, vous avez bien lu, c'est un "évangélique", c'est-à-dire un de ces protestants parfois comparés (à tort ou à raison) aux islamistes, supposés jeter de l'huile sur le feu, dans les sociétés traditionnelles, par leur accent jugé excessif sur la conversion.

 

Ce pasteur est né en milieu baptiste, puis devenu catholique, puis finalement devenu pasteur évangélique.

 

images.jpegChose plus étonnante encore, que le pasteur Wuye raconte dans un article publié par The Atlantic en mars 2008, c'est en fréquentant un séminaire évangélique sponsorisé au Nigéria par Pat Robertson (un des leaders protestants fondamentalistes les plus islamophobes) qu'il a pris conscience que la haine ne menait nulle part.

 Lors de cette conférence, un pasteur lui aurait en effet glissé à l'oreille: "tu ne peux pas prêcher Jésus avec la haine dans ton coeur", phrase qui aurait provoqué un déclic et un retournement: de la violence antimusulmane au dialogue non-violent.

James Wuye est resté pasteur évangélique. Mais sa ligne a changé, le conduisant à fonder, avec Ashafa, l'Interfaith Mediation Centre.

 

nigeria2.jpgLe pasteur Wuye a participé cette année même à un forum intitulé "Evangelicals and Muslims: Conversations on Respect, Reconciliation and Religious Freedom", où il a plaidé pour davantage de compréhension mutuelle, afin de faire reculer les haines et les peurs. Wuye n'a rien d'un béni-oui-oui de salon, imprégné d'angélisme.

 

Son passé a connu la haine, la violence, le conflit meurtrier avec les musulmans. Son désormais complice, l'imam Ashafa, a vécu une histoire similaire.

 

C'est pourquoi l'oeuvre entamée par ces deux hommes mérite en effet l'estime, le soutien, voire l'admiration, d'autant qu'il leur faut, pour l'accomplir, affronter.... nombre de leurs propres coreligionnaires, ce qui n'est pas la partie la plus facile!

 

Ajoutons pour finir que cette figure évangélique illustre:

1/ que les relations évangéliques/musulmans ne sont pas nécessairement conflictuelles.

2/ Que ces relations sont beaucoup plus variées et complexes qu'une certaine vulgate à la mode veut bien le dire.

3/ Qu'une figure comme le pasteur Wuye reste quand même atypique: la méfiance, l'ignorance vis-à-vis de l'islam et l'islamophobie ouverte restent largement répandus chez les évangéliques.... entre autres milieux.

 

Des dossiers à suivre... qui m'ont conduit à créer, dans ce blog, une nouvelle "catégorie", celle des relations évangéliques-musulmans.

 

Commentaires

  • L'islamovigilance est effectivement répandue dans le milieu protestant évangélique, à raison, me semble-t-il, au vu des souffrances des chrétiens en terre d'islam. Dans les bouches des islamistes et des politiques, le couple sémantique islamophobe/phobie est du langage militant, par ailleurs transposé de la psychiatrie au politique... Faut-il leur emboîter le pas ou risquer de leur donner votre caution? Un blog comme le vôtre pourrait-il user du terme «islamophobie»-«islamophobe» avec parcimonie ou du moins, une définition claire pour tous? Une définition qui clarifierait, par exemple, si on peut, ou non, critiquer un système?

  • Bonjour LeiMeng, et merci pour votre remarque.

    Je suis assez d'accord avec vous.

    La notion d'islampophobie est effectivement parfois utilisée à tort et à travers, et il faudra que je précise, à l'avenir, ce que recouvre d'après moi ce terme.

    CEPENDANT, l'usage abusif du mot n'implique pas que le terme d'islamophobie en lui-même soit à proscrire. Il existe bel et bien une intolérance anti-musulmane excessive, caricaturale (décalque de certaines formes d'antiprotestantisme ou d'anticatholicisme). Cette intolérance frappe plusieurs milieux évangéliques, entre autres (les preuves sont nombreuses...).

    OK pour utiliser avec "parcimonie" le terme d'islamophobie (je retiens votre suggestion).

    Mais à condition qu'on ne se voile pas la face sur la réalité de l'intolérance anti-musulmane primaire dans certains milieux, qui ne saurait à mon avis être justifiée par l'intolérance brutale dont sont par ailleurs victimes nombre de chrétiens en terre d'islam (sujet sur lequel je reviendrai aussi).

    La tolérance et la compréhension que les chrétiens veulent pour eux, ils doivent l'accorder aussi aux autres.

    A suivre!

  • Entièrement d'accord avec vous M. Fath !

    On a parlé au-dessus d'une définition claire de l'islamophobie : je dirais le rejet, la peur, la haine du MUSULMAN, en tant qu'individu, et non pas de l'ISLAM en tant que religion ou idéologie. Mais pas seulement : je pense qu'un rejet absolu, sans esprit critique, de tout ce qui a trait à l'islam, est tout aussi condamnable. La Bible nous dit bien d'examiner toutes choses, et de retenir ce qui est bon en tout... ça vaut aussi pour l'islam.

    Par contre, qualifier l'islam de "religion de violence", même si personnellement je ne suis pas DU TOUT d'accord et que je pense que cette remarque relève d'une ignorance regrettable, ne relève selon moi pas de l'islamophobie, mais bel et bien de la liberté d'expression.

  • PS : Si je peux me permettre d'évoquer ici mon blog, que je fais ensemble avec un ami musulman (Hicham, un correspondant qui habite à Marrakech au Maroc) : http://jesusoumohammed.skyblog.com

    Je pense qu'il entre dans votre domaine des relations entre évangéliques et musulmans, et qu'il vous intéressera, même si son but est évidemment théologique, pas sociologique. Et par ailleurs il devrait intéresser les autres lecteurs de votre blog.

    Si cela vous pose problème que je fasse de la pub pour mon blog ici, je le comprends tout à fait, et vous pouvez supprimer ce commentaire. C'est pour cette raison que j'ai publié deux commentaires séparés.

  • @Un étudiant...: je vais de ce pas aller sur votre blog, la démarche me paraît porteuse.
    Mais permettez que je réagisse à votre dernier post: si l'islamophobie doit être définie comme «haine du musulman», alors, nom de nom, pourquoi ne l'appelle-t-on pas «musulmophobie»? C'est très moche, je sais, mais c'est plus adéquat.
    Le problème, c'est le flou entretenu par beaucoup, volontairement ou non, qui disent: l'islamophobie, c'est rejeter des personnes. Pas d'accord! C'est un artifice et rien d'autre.
    Ma foi chrétienne protestante me rend ouvert et respectueux de la personne mais vigilant quant à tous les systèmes et autres codes sociopolitiques et moraux. C'est pas la même chose.

  • Monsieur Fath vous êtes ridicule franchement. Que voulez vous prouvé avec cette info? Tout le monde sait que l'islam est l'eenemi mortel des chrétiens, et ce pasteur n'y changera rien. Arrêter de parl

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