Depuis quelques années, les Presses Universitaires de Rennes (PUR) se sont taillées une réputation de leader en matière d'édition universitaire non-parisienne.
On trouve une confirmation de plus que cette réputation est amplement justifiée, avec la publication cette année de Pluralisme religieux et citoyenneté, dirigé par Micheline Milot, Philppe Portier et Jean-Paul Willaime (Rennes, PUR, 2010 276p).
Comme cet ouvrage fait partie des sorties de l'année, je me garderai d'en proposer une fiche de lecture détaillée. En revanche, je voudrais souligner l'intérêt de la riche réflexion qui y est développée en matière d'analyse des enjeux posés par la socialisation religieuse dans les "démocraties stabilisées".
A partir d'approches nationales différentes, les auteurs dont ce volume rassemble les études mettent l'accent sur la contribution que la socialisation religieuse peut apporter à la production de la cohésion sociale et politique.
Quatre textes parmi d'autres
De mon point de vue de spécialiste du protestantisme, attentif aux comparaisons internationales, je retiendrai particulièrement quatre textes.
D'abord, la contribution de Thibaud Pierre-Louis Lavigne, qui développe l'hypothèse d'un protestestantisme évangélique comme "creuset d'une citoyenneté impliquant le pluralisme religieux" (p.87 à 97). En tant que "citoyenneté d'intégration fondée sur le témoignage" (p.91), l'appartenance évangélique contribuerait à "l'acculturation aux valeurs de l'espace national des populations" accueillies dans les communautés locales (p.95).
Quant à Jean-Paul Willaime, dans sa minutieuse comparaison franco-allemande (p.139 à 151), il souligne notamment que loin "de considérer qu'un enseignement religieux confessionnel nuit à l'éducation citoyenne des élèves, on considère en Allemagne qu'il y contribue" (p.144), à l'inverse des conceptions françaises dominantes.
Christopher Sinclair, dans son analyse du système scolaire anglais "entre judéo-christianisme, laïcité et multiculturalisme" (p. 195 à 208), apporte ensuite une analyse décoiffante des évolutions outre-Manche, où la "laïcité à la française" est parfois présentée aujourd'hui comme un "exemple à suivre"... (p.207).
Enfin, à noter la conclusion très stimulante de Philippe Portier, qui pointe entre autres, à juste titre, un "rapprochement progressif des modèles nationaux de laïcité" (p.254 et suivantes), comme j'avais eu l'occasion de le pointer dans une publication parue en 2008 autour de la comparaison des laïcités France-Amérique (“Les Eglises chrétiennes et l’Etat : modèle européen, modèle américain”, Questions Internationales-La Documentation Française, janvier-février 2008 (n°29), p.45 à 51).
Philippe Portier observe ceci : "Les régimes de séparation sont entrés dans un processus de re-publicisation des institutions religieuses; les régimes de coopération dans un processus de déconfessionalisation des institutions politiques" (p.255).
Au-delà des quatre textes relevés ci-dessus, toutes les contributions valent le détour (Micheline Milot, Kristoff Talin, Anne-Sophie Lamine, Brigitte Bleuzen, Raphaël Liogier, Nathalie Luca, Marina Chauliac, Sabrina Pastorelli, Claude Proeschel, Sébastien Tank-Storper, Aïda Kanafani).
Un livre à lire !
Commentaires
A propos de citoyenneté, je vous invite à faire un tour ici : http://www.amazon.fr/Nique-France-Sa%C3%AFd-Bouamama-Zep/dp/2953641106/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1288080368&sr=1-1 J'aimerais bien avoir votre avis sur la question. Moi, je suis profondément révolté et scandalisé : la France est devenu un pays poubelle où chacun peut déverser ses excréments et sa haine en toute impunité !