Rififi en Picardie: à Montiers, dans l'Oise, l'ancien maire du village a obtenu du Tribunal Administratif d'Amiens l'annulation de l'installation d'une crèche de Noël sur la place du village (pourtant votée par le Conseil Municipal).
Cette histoire, très commentée ce matin sur le site Le Post, illustre les nouveaux enjeux de la laïcité dans une société de plus en plus sécularisée, culturellement diverse, où les impensés et les évidences hier sont aujourd'hui interrogées.
Le motif de l'ancien maire, Claude Debaye, est le suivant: "la religion doit rester dans le domaine du privé", au nom de la laïcité.
Question: le caractère "privé" de la religion est-il réellement requis de la laïcité? A ce compte là, le culte (juridiquement public) pose aussi problème... Notre ami Debaye confond peut-être ici laïcité et laïcisme.
En revanche, là où l'ancien maire touche peut-être un point sensible, c'est en questionnant la légitimité d'un financement municipal destiné à l'expression d'une identité religieuse particulière.
Sur ce point, on peut être d'accord avec lui (quitte alors à réaliser qu'il y a 1000 et 1 autres dossiers bien plus gros à traiter en matière d'atteintes à la laïcité) ou contester l'argumentation (en soulignant notamment que la crèche peut être interprétée autrement que sous l'angle purement religieux).
Il reste que le débat mérite d'être posé, et en annonce d'autres: dans de nombreux pays d'Europe, mais aussi aux Etats-Unis, la progression de la sécularisation et de la pluralisation culturelle et religieuse induisent une tendance structurelle à contester les anciennes évidences sociales qui associaient le christianisme à la "culture commune" de tous les citoyens.
Commentaires
Le tribunal administratif ayant abondé dans le même sens que Claude Debaye, vous en déduisez que son Président lui aussi confond les termes???
Et vous bien sûr vous savez de quoi vous parlez hein??
loi 1905 pour tous alors?
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20090613102925AAm3Pnp
Lieux de culte à Puteaux, exigeons l'égalité de traitement entre toutes les religions
Si au nom de la laïcité, les français refusent la crèche de Noël, que fêtent-ils en échangeant leurs cadeaux de Noël, au nom de quoi un jour de repos, et même un pont? Il faudrait supprimer les bûches de "Noël" dans toutes le pâtisseries, la dinde de Noël, les réunions de famille à l'occasion de Noël, les cadeaux aux enfants. Saint Nicolas ça ne fait pas non plus.
Et pourquoi au nom de la "laïcité? le mot laïc vient de laïos, c'est-à- dire "peuple saint", pour le distinguer de la classe sacerdotale, ça ne veut pas dire iconoclaste.
Cher "confusion",
Je n'ai pas écrit que le Tribunal administratif a "abondé dans le même sens" que Claude Debaye. Il a accédé à sa demande, ce qui ne signifie pas qu'il endosse toute l'argumentation de Claude Debaye.
Je n'ai pas non plus écrit que "son président lui aussi confond les termes".
Merci de ne pas me faire dire ce que ne n'ai pas écrit, cela évitera que votre pseudo déteigne trop sur vos propres hypothèses.
Bonjour à tous,
Décidément, on n'arrête pas le progrès dans la manière de penser en attaquant une fois de plus la symbolique, un symbole de plus qui profanerait la nécessaire laïcité. Où allons-nous de cette façon ?
Certainement pas dans une amélioration de l'idée que je me fais du "Mieux vivre ensemble".
Faudra-t-il donc ... pour que la laïcité en tout domaine soit respectée, que Mr Debaye ne se prénomme plus "Claude" ... Saint Claude .... et que tous les Saint Patrons des Métiers, tels pour les Bimbelotiers, les Tailleurs de Pierre ou les Tourneurs pour Claude notamment, soient définitivement supprimés.
Il est vrai que le ridicule ne tue pas !!!!!!!
Personnellement, j'apprécierais une réflexion sociologique sur la distinction entre le message salvifique de Jésus et son message éthique, distinction faite par F. Lenoir dans son œuvre Le christ philosophe. En effet, selon Lenoir, c'est la sagesse de Jésus qui a ouvert la voie à cette notion de la séparation de la religion et de l'état ainsi que celles de de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Le mot grec "laos" d'où vient notre mot laïc pris dans son sens nouveau testamentaire, peut, lui aussi, aller dans se sens. Vue de cet angle-là, et en gardant en mémoire des propos dans ce même sens de philosophes athées contemporains comme J. Habermas et même Luc Ferry, quoi de plus normal que de mettre la crèche en lieux publics ? Si, c'est bien lui, Jésus, qui a introduit cette idée révolutionnaire de la dignité égale et universelle de la personne humaine concept qui est devenu le fondement même de nos sociétés libérales démocratiques, pourquoi pas célébrer sa naissance ?
Il me semble qu'on confond laïcité et laïcisme, voire anti-christianisme plus précisément anti-catholcisme. La loi 1905 est là pour garantir la liberté de culte, voire l'organiser en cas d'impossibilité. En aucun cas elle ne relègue l'expression de la foi dans la sphère privée. Et il y a un traitement différent selon les religions. Un exemple : au début du ramadan, tous les journaux en font leur une. On voit même les politiques se rendre à "la rupture du jeûne". Personne ne semble y trouver à redire. Si la même chose se produisait au début du carême, je pense qu'il y aurait des réactions.
Il faudrait une véritable réflexion sur ce qu'implique la laïcité.
Cette histoire de crèche est dans la droite ligne de la protestations de parents d'élèves il y a quelques années parce le jour de la Saint-Nicolas on avait, selon l'usage, dans une école maternelle, donné des pains-d'épices en forme de Saint-Nicolas.
Moi tout cela me laisse perplexe au regard de la tolérance.
Bien amicalement
Edmée
Tout ceci est désolant, voire même consternant !
J'imagine que les guiralndes de Noël ont dû aussi disparaître dans la commune. Surtout quand elles sont lumineuses, donc payées par le contribuable.
C'est terrible ce qu'on veut lui faire avaler, à cette pauvre laïcité. L'intolérance aun om d'une pseudo-tolérance. Moi qui pensais qu'elle consistait à laisser chacun s'exprimer, en respectant son prochain. Où était l'irrespect ?
Laïcité:"Principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l'Etat n'exerçant aucun pouvoir religieux et les églises aucun pouvoir politique" définition du petit ROBERT
Là, cette définition établie un distinguo entre deux entités: l'Etat et le Religieux.
Cela pourrait être simple à mettre en place, si l'interdépendance entre ces entités n'étaient pas aussi étroitement intriquée.
Force est de reconnaitre que la compréhension et la portée que l'on peut attribuer à la laïcité et à l'état est forcément biaisée par notre éducation. Comment un croyant traditionnaliste peut-il comprendre que l'Etat soit au dessus de son Eglise, comment un républicain farouche peut-il accepter que l'Eglise préside ou interfère dans l'exercice de son pouvoir régalien?
Il ne faut pas se tromper, au travers de cette définition se cache une guerre, guerre dont les victimes sont et seront nombreuses, l'histoire l'atteste avec force de détails.
Cette guerre est dans un premier temps sémantique.
Chaque camp fournit ses champions de la rhétorique, se drapant dans la légitimité de leur fonction auto-produite, use de la casuistique, pour définir ce qui doit être pensé, cru, accepté, toléré, condamné, détruit.
Petit exemple d'interdépendance:
La justice est débordée et affaiblie dans ses moyens.Ces magistrats, souvent mal à l'aise avec le sujet, est de plus en plus composée de personnes athées, n'a que très peu de temps à consacrer à la nuance et à l'analyse de ce sujet complexe. Il en ressort que la conséquence des jurisprudences pourrait mettre en cause certains privilèges et prérogatives.
Fort de ce risque, l'idée de "former" les juges et avocats à cette problématique a murie.
Au nom de l'intérêt commun (Etat/Religions dominantes), la nécessité d'orienter la pensée, en facilitant la tâche des magistrats, a pris forme. L'idée d'un dictionnaire qui définisse ce qui, par nature est indéfinissable, est née.
Néanmoins pour légitimer un tel ouvrage il fut impératif de créer une structure, payée par le citoyen, et de l'investir de l'autorité nécessaire. Quoi de plus normal que de créer une "haute autorité du fait religieux".
Voilà le mal est fait. L'Etat reconnait la nécessite de s'occuper des religions et de les définir. Les principales Religions choisissent leur émissaire, il reste juste à définir les contours et les limites de leurs intérêts communs. La première pierre de l'édifice est posée.
Cette "haute autorité" patronnée et auto-produite par le couple Etat/Religions, soucieuse de la compréhension qui pourrait être donnée par les magistrats aux litiges de "croyances", verdicts qui pourraient remettre en cause les "grandes religions" et leur intérêts, a travaillé à la rédaction d'un dictionnaire du fait religieux.
Voilà comment une idée en 10 ans arrive sans faire de bruit. La définition de notre pensée, le contrôle de nos consciences voilà ce qui est visé. Quelle laïcité? N'est-ce pas une pensée morte avant d'avoir vécue?
D'un côté les politiques ont besoin des religieux (de leur influence et leur finance) pour trouver caution dans leur discours, et d'un autre côté les Religions ont besoin des politiques pour garder leur influence.
Pour gagner cette guerre il faut établir un stratagème. Pour le mettre en oeuvre il faut avoir la force du temps. Comment un Etat sujet à de nombreux changements de dirigeants, de politique peut-il gagner contre un adversaire qui est plus riche que lui, plus stable dans sa politique et aussi infiltré dans ses rangs? Adversaire qui a le temps de mettre en oeuvre les stratégies et ses pièges sur le long terme et qui forme les élites?. (CQFD)
Comment l'état, pourrait-il se séparer de l'influence de l'Eglise alors même que la quasi totalité de ses élites sont éduquées, cooptées, financés par des personnes influencées par des religieux ou religions? Comment se séparer de la Religion qui aide à maintenir les privilèges et les légitimisent au nom de l'unité? L'interdépendance est de fait et la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est que de façade.
La guerre de pouvoir qui unit et en même temps divise Etat et Religions. dont nous sommes souvent victimes requière notre aval. Il suffit que des avantages soient accordés au titre de tels ou tels rites religieux (pour faire plaisir à la majorité) pour que toute modification, ne serait ce que dans son appellation, soulève des protestations.
Pourquoi le "sans religion" doit il être réveillé le dimanche matin par le son des cloches appelant les croyants à leur office?
Si ce point est toléré, pourquoi s'étonner que d'autres croyants souhaite un appel au culte du haut d'un minaret?
Cette laïcité si elle était respectée remettrait sans doute en cause de nombreuses habitudes de parts et d'autres et c'est également pour cela qu'elle pose tant de problème dans son application.
Exemples:
Pourquoi ne pas renommer les différentes vacances par exemple vacances de Noël en vacances d'hiver?
De nombreux jours fériés ont des noms religieux. Pourquoi ne pas donner le même nombre de jours fériés à chaque personne et permettre à chacun de les gérer suivant ses choix sans rendre obligatoire la corrélation et la dénomination de ces dates avec des fêtes religieuses?
Le regroupement des structures du service public (hôpitaux, maisons de retraites, collèges, postes, communes,...) se justifie pour des raisons économiques, pourquoi l'Etat ne pourrait agir de la même manière avec les édifices religieux couteux en entretien, qui ne servent que pour trois ou quatre personnes? Pourquoi est-ce l'Etat qui s'occupe pour certaines religions de ces dépenses, alors que pour d'autre cette possibilité n'existe pas? Pourquoi la construction de lieux de culte auto-financés rencontre autant de problème?
La laïcité me semble à la lumière de ces quelques réflexions, une idée bien faible et malade, limitée à une compréhension partisane, largement influencée par les intérêts de quelques personnes empreintes de "bonnes intentions" et du '"bien pensé". Personnes qui, dans leurs grandes certitudes, entretiennent un système clérical, élitiste, voir oligarchique, et maintenir le commun dans l'ignorance, la crainte et la superstition.
Comme par nature l'individu aime être flatté, rassuré, dirigé, l'avenir de l'Etat et du Religieux a encore de beau jours devant lui....