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36% des sondés déclarent croire en Dieu (France 2011, sondage Harris)

priere01.jpgUn nouveau sondage sur les croyances des Français (Harris Interactive) a produit aujourd'hui les résultats suivants, publiés dans les colonnes du Parisien et repris dans tous les journaux français:

36% de croyants, 34%d'athées, 30% qui "flottent".

 

Question: quelle est la tendance, docteur ?

 

Aussi curieux que cela puisse paraître, peu de sondages précédents ont répondu à des questions aussi directes que dans celui-ci.

Mais en "grattant" un peu, on s'aperçoit que le sondage actuel (réalisé sur un panel plus réduit que les panels CSA et IFOP) a le mérite de clarifier une configuration déjà perceptible avant: la croyance en Dieu est très clairement minoritaire en France.

 

En 4 ans: de 32 à 34% d'athées déclarés

D'après ce sondage Harris Interactive, seul un Français sur trois environ (36%) déclare croire en Dieu.

34%, soit presqu'autant, se déclarent athées. Ce dernier montant est légèrement supérieur (de deux points, ce qui est peu et reste dans la marge d'erreur) aux données de décembre 2006. Ces données vieilles de 4 ans avaient déjà été produites par un sondage de Harris Interactive (publiées à l'époque dans The Financial Times), qui comptabilisait 32 % de Français se déclarant athées.

 Ces résultats ne sont possibles que si les catholiques déclarés (un Français sur deux) ne croient pas tous en Dieu. Constat largement confirmé il y a quatre ans par un sondage CSA "Le Monde des religions" (publié en janvier 2007), qui montrait que seul un catholique sur deux (52%) estimait l'existence de Dieu "certaine ou probable".

Ce qui n'a pas dû beaucoup faire plaisir aux autorités catholiques...

 

Les chiffres tombés aujourd'hui ne sont pas forcément incontestables. Mais ils sont sérieux et confirment une tendance lourde: la France se sécularise. Point de "retour de Dieu", en tout cas pas sur le mode d'une croyance collective "à l'ancienne".

De 32% d'athées en 2006, on passe à 34% d'athées aujourd'hui (données Harris dans les deux cas). Voilà une population qui ne "croit" pas en Dieu, mais qui "croît" lentement, et mériterait sans doute plus d'intérêt des sociologues des religions. Une population qui clame bien fort aujourd'hui ses droits, à l'image d'un Michel Onfray, qui a publié aujourd'hui un billet sur ce thème dans le quotidien Le Monde.

 

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Bien qu'en progression très lente, l'athéisme est cependant loin de tout balayer sur son passage.

Tout se passe comme si ceux qui croyaient avant par habitude ou par conformisme s'éloignent aujourd'hui durablement, par millions. En revanche, le tiers de croyants déclarés exprime aujourd'hui sa foi sur des modes plus personnels, plus argumentés, plus affirmés, comme l'illustrent notamment le dynamisme, chez les chrétiens français, du Renouveau charismatique catholique et du protestantisme évangélique (on pourrait aussi donner en exemple, chez les musulmans, d'un renouveau de la pratique parmi les jeunes).

Entre les deux pôles, près d'un Français sur trois "flotte": c'est d'abord vers ce vivier que publicitaires, évangélistes, prédicateurs, missionnaires, maîtres à penser et apôtres de différentes étiquettes (y compris non-religieuses) concentrent leurs efforts.

 

 

Commentaires

  • Quand on demandait à Einstein s'il croyait en Dieu, il répondait : "Dites-moi ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j'y crois".

  • Pour Laurent Delahousse hier midi sur France 2 : "4 Français sur 10" = "4%". Bon, passé ce détail technique nous était annoncé un reportage "grand format" qui devait donc nous éclairer sur cette question de la foi (ou de son absence) chez nos contemporains. Nous eûmes droit à un micro-trottoir navrant et au témoignage (poignant lorsque l'on connaît son calvaire) de Roland Giraud. Simplement affligeant.

  • Réponse à Christophe

    En effet, c'est un point clef (soulevé par Pierre Bréchon dans une conversation aujourd'hui, lors du colloque AFSR). On manque d'études qualitatives qui préciseraient ce que les répondants entendent par "Dieu". Quelles sont leurs représentations de Dieu (ou du divin)? Il y a là un vaste champ d'enquête, assez peu labouré par les sondages.

  • J'ai oublié de citer également Nietzsche qui disait : "Je ne croirai qu'en un dieu qui danse."

    Une représentation de Dieu pour le moins éloigné de celle à laquelle nous a habitué le christianisme, car plus proche de celle du Shiva des Hindous.

    En fait, pour revenir à Einstein, on peut se demander si « Dieu » est un terme dont on trouverait l'équivalent dans toutes les religions.

    En effet, "Dieu" en français vient du latin "déus", et sert de traduction conventionnelle en français de l'hébreu "Elohim", pluriel de majesté d' "Eloah". Et "l'Eloah" de la Bible n'est pas un "déus" au sens où pouvait l'entendre les Latins, pas plus qu'il n'est un "kami" du shinto, ainsi que les chrétiens japonais ont traduit "Elohim" par "Kami".

    Les langues indo-européennes - dont font partie le français et son ancêtre le latin - ainsi que le japonais ne disposent en toute rigueur d'aucun terme pour désigner l'être suprême du monothéisme biblique (c-a-d sémitique, à l'origine) qu'est Elohim. L'attribution à ce dernier du mot « dieu », agrémenté d'une majuscule et de surcroît arbitrairement privé de féminin comme de pluriel, est une convention parfaitement arbitraire.
    (P.ex., pourquoi pas en français le pluriel de majesté "Dieux" plutôt que "Dieu", tout comme l'hébreu préfère "Elohim" à "Eloah" ?)
    Une telle traduction vide le mots « dieu » de son sens d'origine pour lui en attribuer un autre. Elle crée l'illusion que toutes les religions ont un « Dieu » et qu'elles ne diffèrent que par la façon de le nommer, dissimulant du même coup le fait qu'au moyen d'un même mot on désigne des réalités totalement différentes.
    Qui veut parler de « Dieu » doit être conscient de cette ambiguïté.

    En ce sens, les Juifs n'ont pas tout à fait tort d'écrire "D.ieu" en français avec un point après le D,
    comme pour bien souligner que "Traduttore, traditore!" : c-a-d qu'il s'agit d'un mot emprunté à langue du traducteur, vidé de son sens d'origine en français (en "indo-européen"), et donc qu' "Elohim" n'est pas un "dieu" (au sens premier, "païen", indo-européen du terme), et que faute de mieux, la traduction française est inadéquate pour rendre le sens plénier de l'hébreu "Elohim". Du moins, c'est là je suppose la raison de ce point en travers le mot (car sinon, la vraie raison m'en échappe).

    Aussi, la question serait sans détours si elle était écrite "Croyez-vous en D.ieu ?", et les résultats sans ambiguïtés.


    Quoiqu'il en soit, le fait est que spiritualité et/ou religion ne sont pas forcément synonymes de "théisme" : tous les gens qui sont spirituels/religieux/en quête de sens ne s'en remettent pas forcément en un ou des "Dieu(x)", comme en témoigne les religions "athées", telles que le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme, le shintoïsme…
    Du moins, ces "religions" (mais est-ce le mot ?) peuvent reconnaître une ou plusieurs divinités, mais elles n'y jouent pas le rôle que peut y jouer Dieu/Elohim (Jéhovah/Yahvé de son vrai nom) dans le christianisme (et le monothéisme en général) : ces divinités ne sont ni la valeur suprême, ni -le plus souvent- n'interviennent dans le "salut" (ou ce qui en tient lieu) des hommes.

    Ainsi, plutôt que de dire "Croyez-vous en (un) Dieu ?", il serait plus juste de dire (si l'on veut formuler la question de façon la + neutre possible) : "Adhérez-vous à l'idée d'un au-delà de soi ?".

    A tout le moins, la question "Croyez-vous en Dieu ?" se ramène au fond à : "Pensez-vous que la vie a un sens ?", "Pensez-vous qu'il y a quelque chose qui nous dépasse ? (et nous donne du sens ?)"

    Avec la question reformulée ainsi, de la première façon ou de la seconde, les catégories de "flottants" et d' "athées" (et les résultats qui s'y rapportent) seraient à revoir, voire perdraient leur significations.
    Car il apparaît à travers l'exemple des religions extrême-orientales que la quête de sens peut ainsi passer par d'autres recours que celui d'une divinité personnelle/personnifiée, ainsi que nous a habitué à le penser le monothéisme.

    Tout ceci pour dire que parmi les "athées" et les "flottants", à défaut de croire en "Dieu" (D.ieu ?), il y a en fait très probablement beaucoup de gens en quête de sens (les "athées" purs étant ceux qui se désintéressent de la question, ceux que "ça n'empêche pas de dormir"), et qui adhérent volontiers (ou seraient prêt à adhérer) à l'idée qu'il y a quelque chose qui les dépasse (d'une façon ou d'une autre), mais qui ne se reconnaissent pas forcément pour autant dans le monothéisme (qu'il s'agisse du judaïsme, du christianisme ou de l'islam) et dans les réponses qu'il propose à leurs questions. Mais comme en Occident, le monothéisme est le modèle dominant, les sondages, les questions, les réponses et leur catégorisation sont pensés en conséquences.

    D'où le fait, à mon sens, que ces sondages offrent une vision tronquée (et trompeuse) du fait spirituel en Occident, car ils se limite à une grille d'analyse propre à un fait religieux/spirituel donné (le monothéisme), et ne permettent donc pas toutes les nuances de réponse qu'implique la question de fond (l'interrogation sur le Sens dans nos sociétés).

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