Depuis l'ère Ronald Reagan, le robuste électorat évangélique républicain (réputé "faiseur de présidents") a souvent abordé les élections américaines sabre au clair, avec un candidat emblématique des valeurs conservatrices que les évangéliques défendent (avec beaucoup de catholiques).
Ces valeurs sont en particulier la défense de la famille traditionnelle, le refus de l'avortement et du mariage homosexuel, qui demeurent des critères de vote déterminants pour plusieurs millions d'électeurs.
Cette année, c'est différent. Pour le puissant lobby évangélique, les élections américaines 2012 apparaissent vraiment sous la signe de la valse-hésitation.
Ni Mitt Romney (à cause de son mormonisme, jugé peu compatible avec la foi chrétienne "orthodoxe") ni Newt Gingrich (avec son passé conjugual pour le moins contraire à l'éthique familiale évangélique) n'enthousiasment les électeurs.
Ces dernières semaines, on avait le sentiment que Rick Santorum pourrait devenir le "poster boy" (tête d'affiche) tant attendu des électeurs évangéliques; Chrétien conservateur, père de 7 enfants, partisan des "valeurs familiales". Bien que ce "héros catholique" ne soit pas stricto sensu rattaché à la mouvance évangélique, son conservatisme chrétien bon teint il avait tout pour plaire...
2% des revenus donnés aux organisations charitables....
Mais la révélation par Fox News Sunday, le dimanche 4 mars 2012, qu'il a donné seulement 2% de ses revenus à des oeuvres charitables en 2010 va selon toute probabilité ruiner ce statut. On en a déjà un aperçu cette semaine avec le Super Tuesday, remporté... par Romney.
Devant les interrogations posées par ce manque de générosité (2% des revenus donnés aux Charities, aux Etats-Unis, est considéré comme peu). Santorum a certes plaidé des circonstances atténuantes en raison des soins coûteux à prodiguer à Bella, sa fille atteinte de trisomie 18.
Mais l'enquête a révélé qu'avant même la naissance de Bella (âgée de 3 ans), Santorum donnait très peu (environ 2% de ses revenus, qui avoisinent le million de dollars). Par comparaison, Barack Obama et son épouse Michelle, dont les chrétiens conservateurs américains mettent régulièrement en doute l'authenticité des convictions chrétiennes, ont donné 14,2% de leurs revenus en 2010...En clair, Barack Obama donnerait, en proportion, 7 fois plus que Rick Santorum.
Pour un électorat conservateur particulièrement attaché au soutien financier des oeuvres chrétiennes, mais aussi très attentif à la cohérence entre le discours et les actes, la révélation du peu de générosité du "candidat des valeurs chrétiennes" sonne comme une condamnation sans appel.
Le siège du "poster boy" des valeurs chrétiennes est en passe de redevenir vacant, ce qui va sans doute favoriser Barack Obama, car sans mobilisation massive de l'électorat évangélique conservateur, on voit mal le Parti Républicain entraver la réélection du président actuel.
Commentaires
Voilà qui écorne un peu le poster... Rick Santorum, "héros catholique" pour certains, ne piétine pas moins les enseignements de l'Eglise catholique dans de nombreux domaines: il fait fi de l'exigence de rechercher la paix mondiale en appelant à la guerre au Moyen-Orient, et il est lié avec Erik Prince, le patron de la fameuse société de mercenaires Blackwater (lui aussi "grand chrétien"...).
http://www.lerougeetlenoir.org/les-opinantes/it-s-the-vatican-stupid