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Eglise de Pentecôte de Besançon: la France condamnée par la CEDH

51W14TW2S2L._SL500_.jpgVoici sans doute arrivé l'épilogue d'une vieille histoire douloureuse.

L'Eglise de Pentecôte de Besançon, suite au rapport parlementaire français de 1995 sur les sectes dans lequel elle figurait, a depuis été en butte à des tracasseries fiscales très pénalisantes (lourde taxation sur les dons manuels). Le dossier révélait alors un entrelac complexe de soupçons de dérives sectaires, d'identité pentecôtiste rigoriste et d'intolérances locales.

J'avais eu l'occasion d'étudier le dossier dans une contribution à l'ouvrage collectif sur les régulations locales du pluralisme religieux (dirigé par JP.Willaime et F.Fregosi, cf. ci-contre).

 

 L'affaire a rebondi de prétoire en prétoire, sur fond de difficultés croissantes pour cette communauté et son réseau d'Eglises locales (qui a largement implosé depuis).

 En fin de compte, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) a finalement délivré son verdict, le 31 janvier 2013: la France aurait violé la liberté de pensée, de conscience et de religion de cette association (ainsi que de deux autres), et condamne dès lors l'Etat français à verser 388.000 Euros à l'Eglise évangélique missionnaire (label actuel du groupe) et à son président, Eric Salaûn.

 

Cela n'empêche pas le journal Le Monde, avec l'AFP, de qualifier cette Eglise de secte, et sans guillemets s'il vous plaît... Dans un article publié le soir même de l'arrêt rendu par Strasbourg, on évoque "une secte fondée dans les années 1960 sous le nom d'Eglise évangélique de Pentecôte de Besançon" (lien)...

Heureusement pour le journal français, cette labellisation stigmatisante ne tombe pas sous le coup de la loi, sans quoi nous aurions là un nouveau dossier potentiel pour des poursuites futures!

 

Evangelical_Pentecostal_Church_of_Besançon.jpgOù ira précisément l'argent? On ne sait pas trop.

Un coup d'oeil sur le site internet de l'Eglise missionnaire de Besançon présente une "actualité" qui date... de 2006 (lien).

Le groupe pentecôtiste bisontin, incriminé en 1995, étudié de près, à l'époque, par mon collègue Laurent Amiotte-Suchet, aurait-il totalement disparu?

Reste une douloureuse affaire de rumeur sectaire et d'acharnement fiscal qui a contribué (avec d'autres affaires internes) à "plomber" le parcours d'un réseau pentecôtiste des marges, et qui a finalement tourné au désaveu de la France par l'instance européenne...

Un épisode qui nous rappelle que plus que jamais, aujourd'hui, la liberté de pensée, de conscience et de religion se décide autant à Strasbourg et Bruxelles qu'à Paris.

 

L'arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme est téléchargeable ici.

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