Dans les débats sur la laïcité, un intéressant cas d'école vient d'être évoqué par Stéphanie Le Bars, journaliste au quotidien Le Monde. Sur le blog qu'elle consacre au fait religieux et à la laïcité, elle décrit une récente affaire autour d'une "réaffectation" d'une cadre de la mairie de Conflans-St-Honorine (Yvelines), Nadine Lalanne, responsable de 72 agents. La raison? Une distribution privée, mais "sur le lieu et dans le temps de travail" (précise la Mairie) de pruneaux d'Agen et d'un calendrier biblique portant deux logos, celui des Associations Familiales Protestantes et celui d'une Eglise baptiste.
Le cadeau n'a pas plu à un employé... qui s'est plaint, tardivement, à son syndicat. Fichtre! Ce dernier a fait l'enquête et alerté le maire socialiste Philippe Esnol.
L'affaire, qui promet des suites judiciaires, est traitée aussi dans le quotidien La Croix et l'hebdomadaire La Vie, et met en jeu la définition même de la laïcité dans l'administration. Jusqu'où la religion, en France, devient-elle taboue?
Commentaires
L'affaire semble effectivement symptomatique d'un retour vers le combisme.
Pas drôle du tout.
"Intéressant cas d'école ?"
Personnellement, j'y verrais plutôt une dérive inquiétante d'une laïcité agressive et intolérante.
Évidemment, le sénateur-maire (PS) Philippe Esnol est un soutien de Manuel Valls, grand "laïque" sectaire.
Ah ah ah
Il ne lui reste qu'à rebaptiser le nom de la commune pour reprendre le nom de Confluent de Seine et Oise, le référence à un saint constitue une propagande catholique permanente insupportable
Ce serait intéressant de savoir s'il est encore possible de fêter la galette des rois ! Un collègue juif ou musulman à t il le droit d'amener des gâteaux pour les fêtes respectives ?
Pour vous c'est peut-être un "intéressant cas d'école" mais pour la personne concernée c'est un profond drame humain. Par conséquent, une dénonciation plus ferme de la part du fervent défenseur de la laïcité que vous êtes aurait été la bienvenue.
Cet article me déçoit de vous M. Fath...
Réponse à "un étudiant": je me situe ici en tant que chercheur.
Pour la recherche et la réflexion commune, cette affaire est vraiment passionnante, car elle soulève des questions de fond, appelées à faire jurisprudence.
Cela ne signifie pas qu'à titre personnel, je sois indifférent à la situation. Je mesure la douleur et la déception de ce que peut vivre la personne mutée. Mais j'essaie de ne pas mélanger les plans. Par ailleurs, je n'ai pas non plus tous les éléments en main (il semblerait qu'il y ait aussi eu distribution de versets dans le cadre professionnel? A vérifier). Avant de "dénoncer", il faut réfléchir et s'informer à différentes sources.
Affaire à suivre en tout cas. Chercher à faire la lumière est plus ingrat qu'une dénonciation rapide, mais à terme, cela fait davantage avancer les choses.
Et quand bien même, où est le sens de la mesure, le bon sens, la modération de "l'autorité laïque" dans toute cette affaire ? Quant au sens de l'apaisement et de la concorde "républicaine"... (tous n'ont d'ailleurs plus que ce dernier adjectif à la bouche, qui tend ainsi à devenir par analogie synonyme de gargarisme).
On nous rétorquera, bien sûr, que, dans le contexte actuel, "c'est de bon aloi", que "nul n'est censé ignorer la loi", etc. : bienvenue dans l'univers des censeurs sûrs d'eux-mêmes, des robots beaux-parleurs, des hygiaphones automatiques et des concepteurs d'usines à gaz de règlements fumeux (1 cas d'école = 1 loi nouvelle, qui se ramifiera ensuite en amendements, vive le jeu de l'oie).
"... Alors - On ne salue plus - A demandé le commandant – Non - On ne salue plus - A répondu l'oiseau - Ah bon - Excusez moi je croyais qu'on saluait - A dit le commandant - Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper - A dit l'oiseau" (Jacques Prévert - Quartier Libre, extraits).
Soit-dit en passant : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public." (Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État. Titre Ier : Principes - Article 1).
Or, dans les VI Titres et les 43 articles qui constituent le texte intégral de ladite loi, rien de ce que qui est évoqué dans ce "cas d'école" ne me paraît manifestement de nature à constituer une violation caractérisée d'une ou de plusieurs des dispositions légales en question.
Rien de contraire non plus à l'article Ier (depuis 1995) de la Constitution de 1958... Attention aux dérives quant à l'interprétation du terme laïcité sur le plan du cadre strict de son application dans le champ de la vie quotidienne des citoyens... Sans parler de l'encouragement implicite à la délation... Bref, que du beau linge... Lavé en famille dans la grande entente républicaine...
Un cadeau occasionnel - même si c'est un calendrier avec des versets bibliques - offert de particulier à particulier - et quand bien même sur le lieu et dans le temps de travail - : où est le "prosélytisme" ??? Mais peut-être les caciques "laïques-laïques"ont-ils estimé indigestes les versets bibliques, contrairement aux pruneaux d'Agen qui seraient à leur goût, allez savoir...
Guides aveugles, qui coulez* le moucheron et qui avalez le chameau ! Mt 23. 24 (* = retenez au filtre).
Pour en savoir plus, voir ici (après la pub), il y a d'abord les titres, puis l'info est développée. On y voit le fameux calendrier avec les logos et le verset biblique :
http://pluzz.francetv.fr/videos/jt_1920_paris_ile_de_france_,88854016.html
Je n'ai pas les détails de l'affaire, mais il me semble que l'affaire est sensiblement différente si la cadre a distribué systématiquement ce calendrier aux 72 personnes qu'elle encadrait ou si elle en a donné à quelques collègues avec lesquels elle avait des liens plus personnels.
Je viens juste de prendre connaissance de ce blog note et suis surprise de votre intervention M. Fath je cite : " ... Il semblerait qu'il y ait aussi eu distribution de versets dans le cadre professionnel? à vérifier ..." De votre part ce n'est pas anodin comme phrase c'est pour cela que je sors, pour la 1ère fois, de ma réserve pour donner la réelle version des faits. Il n'y a pas eu distribution mais j'ai offert une quinzaine de calendriers fin décembre 2012 à mes amies collègues qui dans le cadre privé participaient aux actions sociales et culturelles de l'AFPM Conflans/Achères. J'ai offert également ce calendrier au 1er maire-adjoint ainsi qu'à mes collègues de bureau. D'où avez-vous eu l'information que j'avais distribué des versets? parce que je peux vous affirmer que c'est faux. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont vous présentez cette affaire mais mon interview, et la seule, sur BVoltaire est très précise. Je vous conseille de la lire
Bonjour Nadine,
Je vous remercie très vivement pour votre témoignage direct, précieux et important.
Recevez tout d'abord ma sympathie personnelle la plus chaleureuse pour la mésaventure dont vous êtes victime. La mutation brutale que vous avez subie, proche de la retraite, est très difficile à encaisser et c'est à vous et à vos proches que je pense avant tout. Sachez que j'ai eu l'occasion de dire publiquement lors d'une table ronde sur la laïcité (à l'occasion de "Protestanst en fête") qu'il m'apparaissait que la mutation dont vous avez été l'objet était clairement disproportionnée par rapport aux faits reprochés.
Quant à mes deux brèves blognotes sur le sujet, ne nous méprenons pas, il n'y a pas "beaucoup à dire". Comme vous le savez je n'ai pas enquêté directement sur le sujet donc je ne pouvais pas me permettre des développements importants. Je me suis limité, par déontologie, à poser les quelques questions qu'il m'était possible de formuler, au vu des compte-rendus de presse (et du calendrier aimablement fourni par le CNEF) pour attirer l'attention sur un cas problématique : la décision très lourde du maire de la ville ne saurait passer comme une "lettre à la poste", et invite à regarder de plus près !
Quant au propos que vous citez, il n'apparaît pas dans mes blognotes mais dans un commentaire. Il fait notamment référence à un commentaire du maire de Conflans, cité dans un article du journal Le Parisien du 18 septembre 2013, consultable sur internet. Le maire affirme qu'outre la distribution du calendrier porteur de versets, l'interessée "faisait également passer à ses collègues des notes comportant des messages religieux». Vous remarquerez que je ne prends pas ces propos du maire pour argent comptant, mais que j'invite "à vérifier". Votre témoignage direct, et celui de vos collègues, est une pièce cruciale et je vous remercie encore d'avoir pris le temps de vous exprimer.
"Tout de bon à vous" comme disent les Suisses,
Sébastien Fath
Référence de l'article du Parisien :
http://www.leparisien.fr/conflans-sainte-honorine-78700/yvelines-une-cadre-municipale-sanctionnee-pour-atteinte-a-la-laicite-18-09-2013-3145767.php