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Mona Ozouf et l'appropriation lente des savoirs par l'imaginaire

14089596010_ozouf.jpgEn ces temps où l'excès d'ego et le culte du buzz poussent à la caricature, il est plus qu'utile de lire et relire l'entretien que la grande historienne Mona Ozouf (CNRS, EHESS) a accordé au magazine Sciences Humaines d'août-septembre 2014, p.24 à 27 (lien).

Auteure de Jules Ferry, la liberté et la tradition (Gallimard, 2014), elle brosse notamment un éloge de la rêverie, en ces termes: 

"Aujourd'hui, l'imagination ne se nourrit plus des savoirs scolaires. Elle se gave, et peut-être se meurt, d'images devenues torrentielles. Il reste assez peu de place à l'école pour la patience et la rêverie, et donc pour l'appropriation lente de ce qui est transmis. Sur ce point, il y aurait beaucoup à dire des usages d'internet".... (SH, p.27)

Commentaires

  • bjr,
    Pour quecette appropriation par l'Imaginaire se produise, il faut concevoir une théorie de l'Imaginaire anthropologique (Gilbert Durand, Bachelard, Desoille, Binswanger, Foucault) qui ne se confonde pas avec la conception du fantasme. La rêverie (dont les romans de François Dhotel sont porteurs), n'est en effet pas une évasion, mais une sorte de tâtonnement intérieur aevc le matériau du "réel", lequel comporte toujours des paramètres imaginaires. Depuis Aristote on sait qu'on ne saurait penser sans images. En France, soucieux de "clarté" et de "distinction" cartésiennes, on l'oublie souvent. D'où une véritable scission entre les deux versants de la pensée. La reprise philosophique de ces questions est sous jacente à la position de l'excellente Mona Ozouf, qui sait aussi qu'un Imaginaire "commun" et non pas exclusivement "privé" est gage d'une rencontre à travers les différences. Un pédagogue linguiste, Georges Jean, l'aura admirablement montré en faisant vivre des poèmes réputés difficiles par d'autres, à des enfants de maternelle. A l'autre bout des âges, c'est souvent par la (re)construction de cet Imaginaire que des adultes analphabètes renouent avec la dynamique de formation, à partir du sentiment de revalorisation de leur expérience supposée "banale" et "ordinaire", quand ils observent qu'elle est pleine d'harmoniques qui rejoignent les autres. La substance de la littérature n'est pas autre que celle-ci.
    De manière générale, Mona OZOUF, par ses travaux, redonne du sens à l'école, mais dans et par l'école, pas sur sa périphérie, comme on voit actuellement les maîtres déposséder de leur propre capacité à générer de la rêverie créatrice "en classe".
    salutats, gef

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