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Pour les anglophones, signalons cette une chaine youtube tenue par un doctorant américain, fort bien conçue, qui cherche à présenter au grand public l'état de la recherche sur les religions, loin des clichés et des fake news.
La chaîne s'intitule "Religion For Breakfast" (la religion au petit-déjeuner) et son auteur la présente dans la vidéo ci-dessous. Je remercie Alexis Artaud de la Ferrière, du GSRL (EPHE/CNRS/PSL) de me l'avoir signalée!
Amusant. Dans L'Humanité Dimanche du 28/09/2017, Jérémie Bazart (p.72-73) nous signale une recherche quantitative menée par des chercheurs suédois (équipe de Pontus Plaven-Sigray), relayée sur de nombreux sites anglophones (lien).
Au terme d'une étude portant sur 709577 publications étalées entre 1881 et 2015, les chercheurs concluent que la communication scientifique est devenue de plus en plus illisible. Davantage de phrases longues, davantage de syllabes par mots, davantage de mots rares. Une lisibilité réduite est indiquée par un faible score FRE ou par un score de NDC élevé (lire cet article en anglais pour comprendre de quoi il s'agit).
Remarque: ces conclusions ont été réalisées à partir de textes de biomédecine. Valent-elles aussi pour les sciences humaines?
C'est un très grand monsieur qui vient de nous quitter. Figure majeure et fondatrice du journalisme économique en France, ardent partisan d'une économie sociale de marché, Jean Boissonnat était aussi un homme d'action, un immense pédagogue et un intellectuel éclairé, un des rares, en France, à ne pas souffrir de l'analphabétisme économique désastreux dont font preuve la plupart de nos penseurs.
Ce fils d'ouvrier, arrivé au plus haut degré de l'expertise économique et sociale, était aussi un chrétien revendiqué, de confession catholique, qui présida notamment les Semaines sociales de France de 1995 à 2000. Outre un ouvrage co-écrit avec Christophe Grannec sur le christianisme social (lien), il avait publié en 2005 un essai intitulé Dieu et l'Europe. Non sans un certain sens du buzz (il en faut un peu, pour un vrai pédagogue!), il osait affirmer que "Dieu a fait l'Europe", mais que "l'Europe à défait Dieu" (lien).
En moins de quatre minutes, voici une excellente vidéo, irréprochable du point de vue historique, qui retrace ce qu'est la LAÏCITÉ FRANÇAISE. Réalisée en ce début de mois par l'association Coexister, elle devrait être montrée d'urgence à tous ceux et celles (politiques compris) qui agitent l'idée de laïcité sans toujours savoir de quoi ils parlent.
"Quand sa nourrice, une protestante qu'il a sauvée du massacre, s'approche du lit, le roi éclate en sanglots :
-Ah, ma nourrice, ma mie, gémit-il, que de sang et de meurtres ! Ah ! J'ai suivi un méchant conseil. Mon Dieu ! Pardonnez-le-moi, je suis perdu, je le sens bien !
-Sire, répond la nourrice, les meurtres et le sang soient sur ceux qui vous les ont fait commettre.
Le lendemain, le roi repentant expire. Persécuteur des protestants, il n'a trouvé auprès de lui, pour adoucir ses dernières heures, qu'une protestante"...
Signalons que depuis sa rénovation, qui marque un seuil qualitatif, le portail du Musée virtuel du protestantisme, géré par la Fondation Bersier, ne cesse d'étoffer ses contenus, en particulier avec de remarquables parcours pédagogiques, à conseiller pour les enseignants amenés à traiter (brièvement) de l'histoire de la Réforme, et plus généralement du rôle des protestants dans la société française.
Conçus sous la forme d'une série de vignettes synthétiques, claires, illustrées et agrémentées de bibliographie et de liens, ces parcours témoignent d'une expertise de spécialistes, mise au service d'une pédagogie au diapason du XXIe siècle.
En ces temps où l'excès d'ego et le culte du buzz poussent à la caricature, il est plus qu'utile de lire et relire l'entretien que la grande historienne Mona Ozouf (CNRS, EHESS) a accordé au magazine Sciences Humaines d'août-septembre 2014, p.24 à 27 (lien).
Auteure de Jules Ferry, la liberté et la tradition (Gallimard, 2014), elle brosse notamment un éloge de la rêverie, en ces termes:
"Aujourd'hui, l'imagination ne se nourrit plus des savoirs scolaires. Elle se gave, et peut-être se meurt, d'images devenues torrentielles. Il reste assez peu de place à l'école pour la patience et la rêverie, et donc pour l'appropriation lente de ce qui est transmis. Sur ce point, il y aurait beaucoup à dire des usages d'internet".... (SH, p.27)
Les sciences sociales ne sauraient trop prendre au sérieux la révolution des MOOCS (Massive Open Online Courses). Accessibles gratuitement à tous les internautes, les MOOCs permettent d'enseigner de façon interactive à une communauté de milliers d'apprenants organisés en réseau social.
Le n°377 du magazine Challenges consacre opportunément cette semaine un très copieux dossier à ce nouveau continent pédagogique, au sein duquel, via France Université Numérique (FUN, créé en 2013) ou Coursera (lien) on trouve d'immenses opportunités de formation, comme en "management et philosophie" (lien), "médias numériques" (lien) ou "storytelling" (lien).
Et bientôt, "religions et laïcité"? Cela viendra.
En France, l'espace religion/laïcité, est marqué en cette fin d'année par un passage de relai d'importance à la tête du Monde des religions, le grand mensuel francophone laïque de diffusion de la connaissance sur les religions et les spiritualités.
Au terme de près de 10 ans de bons et loyaux services à la tête de la revue, l'écrivain et dramaturge Frédéric Lenoir (auteur aussi d'une thèse de doctorat en sciences sociales sur le bouddhisme) passe le témoin à Virginie Larousse. L'occasion de saluer un pédagogue souriant, intellectuel avisé et brillant communiquant qui a rendu de grands services à l'intelligence laïque du fait religieux.
Voir son site internet (ici) et son dernier édito du Monde des Religions, consultable en ligne ici.
Le numérique? Pour la diffusion du savoir, c'est une Révolution. Avec baisse des coûts et... a priori, gain en rapidité. Oui mais... Le bétisier vidéo ci-dessous rappelle que des facteurs d'environnement, de contexte, de préparation et de temps demeurent incompressibles. Le numérique, c'est cool mais pas magique!
Cette vidéo cocasse est la seconde d'une série intitulée "Sciences sociales des religions, petites leçons de méthode en vrac et en désordre". A partir d'un point de départ insolite, d'une erreur, d'un cafouillage, l'idée est d'évoquer tel ou tel problème de méthode qui peut se poser pour un chercheur.
Avec ici un exemple à partir des rushs de deux minividéos sur "Protestantisme et immigration en île de France" faites avec Marianne Guéroult du projet Mosaïc (qui a donné son autorisation pour la diffusion).
Ancien pasteur, conférencier très demandé (mais toujours abordable), devenu aujourd'hui auteur à plein temps, Eric Denimal n'est pas seulement un brillant communicateur. C'est aussi un excellent pédagogue, qui allie l'agrément d'une écriture fluide, le sens de l'anecdote et l'art de la synthèse.
Louangeur? Non, simple constat, largement vérifié par l'énorme succès d'édition de la Bible pour les nuls (déclinée en diverses versions), suivi désormais par un Le protestantisme pour les nuls (Paris, First édition, 2013) à mettre dans toutes les mains. 350 pages qui moulinent intelligemment pour tous publics, avec humour et clarté, des bibliothèques de livres et travaux souvent peu diffusés.
La valorisation de la recherche en Sciences Humaines et Sociales (SHS) affiche en France ses réussites, parmi les plus innovantes et spectaculaires, les 16 et 17 mai 2013 au salon Innovatives SHS, organisé par le CNRS.
Cube à remonter le temps, logiciel pour simuler les situations de crise, dessous de Paris dévoilés en 3D...
L'accent est sur la visualisation et la "création bien concrète" (dixit le Journal du CNRS n°272, mai-juin 2013, p.20).
Lien ici vers l'expo Innovatives SHS.
Coup de chapeau une fois de plus au magazine Sciences Humaines, qui poursuit avec bonheur son cap de démocratisation du savoir au travers, ce mois-ci, d'un grand dossier (n°30) consacré aux "penseurs de la société de Tocqueville à Saskia Sassen".
Un bel outil de référence, synthétique et pédagogique, à compléter par un détour sur le site internet de la revue, où l'on découvre aussi un portrait de la désormais très médiatique Marcella Iacub, et un retour sur l'oeuvre du philosophe Paul Ricoeur (lien).
«Il n’y a aucun mal à changer d’avis. Pourvu que ce soit dans le bon sens.»
Attribuée à Winston Churchill, la phrase s'applique fort bien au magazine Sciences Humaines, qui a réussi ce mois-ci un tour de force: changer d'avis sur sa maquette de couverture.
"C'est une décision peu commune dans l'histoire de la presse et qui restera gravée dans les annales", fait justement observer Jean-François Dortier dans son édito du numéro d'août-septembre 2012.
Maurice André (1933-2012), considéré comme le plus grand trompettiste du XXe siècle, nous a quittés le 26 février dernier.
Ce cévenol, fils de mineur, était un génie, mais aussi un travailleur acharné, et un homme qui savait réunir "culture" et "peuple". On lira la dépêche AFP et les multiples hommages qui lui sont consacrés, mais aussi le site dédié, en collaboration avec le Ministère de la Culture, où l'on découvre notamment des citations fort savoureuses, loin de tout "culturellement correct".
A la question, posée par Jacques Chancel, de savoir s'il aimait la musique contemporaine, Maurice André répondait par exemple: "Ah non, pas du tout... C'est un bruit qui me rappelle trop la mine".
Il n'est pas trop tard pour rappeler qu'on trouve toujours en kiosque l'excellente nouvelle édition (après une première version il y a 4 ans) de l'Atlas des Religions, co-édité par Le Monde et La Vie.
La richesse des cartes et des approches croisées laisse souvent pantois. On notera entre autres une prise en compte bien plus sérieuse du phénomène protestant évangélique qu'il y a 4 ans, et un souci de combiner synthèse et monographie (par pays et/ou par continent). Un tour de force à l'actif de Jean-Pierre Denis et son équipe, "must" à lire, relire, et utiliser comme outil pédagogique!
La tradition intellectuelle française ne brille pas toujours par sa capacité à vulgariser.
Le terme de "vulgarisation", qui flirte avec "vulgaire", suggère d'ailleurs une forme de mépris, ou de dédain, pour ceux et celles qui diffusent le savoir au "vulgum pecus", au grand public.
Raison de plus pour saluer l'excellente initiative des éditions du Cavalier Bleu.