L’anthropologue et académicien français René Girard est mort mercredi 4 novembre, à Stanford, aux Etats-Unis, à l'âge de 91 ans. Théoricien de la violence mimétique et de la mécanique victimaire du bouc émissaire, c'était une figure intellectuelle très brillante, et clivante.
Grand coup de chapeau à Jean Birnbaum pour l'excellent hommage rendu dans le quotidien Le Monde (lien).
A noter aussi que l'hebdo Réforme avait publié, en 2008, un long interview (lien) de cet intellectuel inclassable et anticonformiste dont l'oeuvre constitua, pour ma part, une inspiration majeure.
Commentaires
En effet, l'hommage de jean Birnbaum signalé est de grande qualité. Pour ce qui est de l'idée géniale imputée à Girard – le désir mimétique –, je ne cese d'être surpris qu'on la lui attribue. Ob la trouve, à mon sens beaucoup plus approfondie, dans la théorie des identifications, chez Freud (et notamment René Kaès) et remonte, à bien des égards, à... Aristote, au rôle des images dans la pensée, aux "projections", etc.
Chez Girard l'idée est assez simpliste et devient une sorte de "prêt-à-penser". dans le "désir" (Spinoza), il y a aussi autre chose que l'étayage sur autrui, il y a l'ouverture de tout l'horizon de l' Etre, le questionnement, l'aspiration vers la "plaine des vérités" (Platon). cela n'empêche pas d'estimer Girard et son courage quand il ne cesse de s'appuyer sur la Bible. ce point fort m'est cher car on néglige souvent que la Bible "donne à penser" plus qu'aucun autre livre. cela, Paul Ricœur, hélas non académicien, l'a, à mon sens, bien mieux montré encore. Mais chapeau bas devant celui qui nous quitte et qui va nous manquer. gef