Alors que la campagne présidentielle américaine n'en finit pas de toucher le fond, avec notamment la révélation de l'étonnante inconscience d'Hillary Clinton dans ses emails, et la consternante brutalité d'un Donald Trump en praticien (autoproclamé!) de l'agression sexuelle, la droite religieuse aux Etats-Unis se recompose.
Les catholiques blancs de droite votent désormais en majorité pour Hillary Clinton.... alors que seuls les évangéliques blancs de droite restent majoritairement attachés à Trump, selon un sondage du 11 octobre (lien). Même si beaucoup de leaders évangéliques se sont désolidarisés de Trump, ce qui est le cas aussi du grand magazine Christianity Today, d'autres facteurs jouent pour expliquer ce soutien.
Des ténors comme James Dobson et Falwell Jr, fans de Trump jusqu'au bout, ont leur part de responsabilité, ainsi qu'un pragmatisme à courte vue, qui voit dans Trump le restaurateur anti-système d'une Amérique prospère...
A quel prix?
Lire à ce sujet l'excellente enquête de Céline Hoyeau dans La Croix (lien).
Commentaires
Cette manière de "miser" sur un candidat à l'évidence très éloigné des confessions de foi protestantes et par conséquent évangéliques est consternante. Si l'Evangile signifiait "ordre et prospérité" avant tout, fût-ce au prix de stigmatisations et de rejets massifs de diverses catégories, cela se saurait.
Plus largement ces tendances de vote augmentent ma difficulté à comprendre l'identité américaine, puriste quand ça l'arrange et que la domination lui est assurée, poujadiste, voire fascisante quand sa suprématie et son confort semblent menacées. Ce n'est pas à dire qu'en face il y ait une option claire, loin de là, mais peut-être juste un peu plus soucieuse de ne pas écraser les plus faibles?gef
Extrait du commentaire écrit sur ce blog par "Raymond" le 05/08/2016 [je cite ci-dessous, entre guillemets], à l'article de Sébastien Fath, daté du même jour, intitulé : Le facteur religieux dans les élections présidentielles américaines (http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2016/08/05/le-facteur-religieux-dans-les-elections-presidentielles-amer-5833578.html#comments) :
« Or voilà qu'aux États-Unis, une idole de cette "intelligensia" néo-calviniste française, dont elle tient la Théologie Systématique pour un must, Wayne Grudem, vient de prendre position pour le vote Trump ! ».
Bien, mais on peut lire dans l'enquête de Céline Hoyeau (La Croix) que Sébastien Fath indique en lien dans sa note :
La liste des leaders évangéliques conservateurs qui retirent leur soutien au candidat de leur parti ne cesse de s’allonger. Dernier en date, Wayne Grudem, un théologien de renom qui, dans une sorte de mea culpa, regrette « de ne pas avoir condamné sa moralité plus sévèrement ».
Même le magazine évangélique Christianity Today s’autorise à sortir de la neutralité que lui impose son statut associatif pour dénoncer, au nom de la Bible, cet « idolâtre » impénitent et déplorer que les leaders évangéliques aient ouvert les yeux « si tardivement » sur quelqu’un qui « viole tout ce qui est sacré » pour eux.
Eh oui, tout le monde peut se trumper... Les détracteurs et les fans aussi...
Merci, cher Eric, de rappeler ce revirement de Grudem, qui est tout à son honneur.
Oui, Wayne Grudem s'est complètement distancié de Trump, et la plupart des intellectuels et big pasteurs évangéliques américains aussi.
En revanche, la "base" évangélique blanche reste aux Etats-Unis largement pro-Trump (cf. ma note du jour), ce qui pose question...
Mon cher Sébastien, à mon sens la "base" évangélique blanche aux États-Unis, qu'elle soit "WASP" ou pas, d'ailleurs, devrait peut-être méditer cet antique adage oriental, originaire de l'Asie centrale, savoureux mélange de causticité et de bon sens : "les affaires de ce monde sont comme les plats bien épicés ; à ceux qui en mangent trop poussent des dents d'âne..."
Et j'ajouterai celui-ci, qu'on pourrait considérer comme son complément naturel : "quand un âne se met à braire au fond de la vallée, sur tous les versants de la montagne ses congénères lui répondent..."
Humour zoologique et cependant non éléphantesque.
Une fois n'est pas coutume, ce ne sont pas des citations bibliques...
Eh oui, tout le monde peut se trumper... Les détracteurs et les fans aussi...
Bien sûr, se tromper est une preuve d'humanité... se montrer bassement flagorneur aussi, hélas. C'était avant qu'il fallait se désolidariser de Grudem, pas après ; avant qu'il ait fait son mea culpa ; cela aurait démontré une certaine indépendance de pensée, tandis que maintenant, applaudir Grundem, ne fait que confirmer le snobisme et la servilité des intellos évangéliques vis-à-vis de leurs mentors américains.
Aux US les pasteurs ont surtout la trouille que Clinton soit élue, parce qu'elle songe à supprimer les avantages fiscaux dont jouissent les églises et eux-mêmes, et il ne s'agit pas de bouts de chandelle. Si jamais, contre toute attente, Trump passe (et cela pourrait arriver si tous les red necks qui n'ont jamais voté s'y mettent), on va bien rigoler des médias.
En attendant vous ne nous avez toujours pas dit pour qui les évangéliques français devraient voter. Curieuse cette faconde, quand il s'agit de conseiller les américains, et cette aphasie soudaine quand il s'agit de son propre pays... ah ! c'était avant qu'il fallait le dire... après ça ne compte pas.
Cher Raymond,
On est ici sur un blog orienté sciences sociales, qui essaie de faire le lien entre la production de la recherche (signalement des revues et ouvrages utiles) et le débat social. On n'est pas ici dans un discours prescripteur. Je ne suis ni imam ni pasteur. Et évitons les généralisations à la Donald Trump....
Concernant les élections en France, si on lit bien ce blog régulièrement, on découvrira des éléments de débat utiles, et on va en redonner prochainement. Les discours démagogiques qui dénaturent la laïcité ou jouent sur la peur du migrant, l'analphabétisme économique de certains leaders y seront, à nouveau, mis en perspective et décryptés. A chacun, ensuite, de se faire une opinion.
Mon cher Raymond,
Mon commentaire ne vise personne en général ou en particulier, j'émets juste une constatation concernant les contradictions de personnages "en vue", que ce soit "avant" ou "après". Je ne suis au passage ni "pour" ni "contre" Wayne Grudem dans cette affaire ; quant aux sombres marécages de ce qu'il est convenu de nommer le débat électoral américain actuel, je ne m'en sens participant en aucune manière. Je ne suis ni conseilleur ni payeur en l'occurrence. Et pour être bien clair et ne pas faire de jaloux, j'ajouterai qu'en ce qui concerne les élections françaises, c'est pour ma part la même chose, d'autant que depuis 2014, on peut manifester pacifiquement et légalement dans les urnes sa stricte neutralité. Cela s'appelle le vote blanc.
Trop de hargne dans ces affaires... Et que chacun se fasse son opinion, comme le dit bien Sébastien Fath.
Bonne continuation.
Mon cher Eric,
Ma réponse ne visait pas non plus votre personne, mais une idiosyncrasie regrettable des français, dont ils ne se rendent pas bien compte, mais qui saute aux yeux, quand on la voit de l'extérieur ; vous l'avez très bien résumée en sept mots : "Je ne suis ni pour ni contre."
C'est bien ça le drame des critiques de France : ils attendent pour savoir s'il faut être "pour" ou "contre", selon ce que dira l'Idole médiatique ; vieux travers gallican, que La Fontaine a plusieurs fois raillé. Laissons-là l'engagement politique de Grudem qui fâche. Ce petit bonhomme, au demeurant fort sympathique, se voit aujourd'hui embarrassé d'une autre casserole, théologique pour le coup, qui a commencé à faire du bruit aux US. Il s'agit de l'EES, la question de l'Eternal Submission of the Son.
Grudem à tout à fait raison dans ce qu'il en dit, mais nos "néocalvinistes" français (qui avant-hier étaient de bons arminiens prétrib Scofield et Cie) attendent, de savoir s'il faut être "pour" ou "contre", selon ce que dira la cour... Je suis oiseau : voyez mes ailes... Je suis souris : vivent les rats!
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Une chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid de belettes ; et sitôt qu'elle y fut,
L'autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
«Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N'êtes-vous pas souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l'êtes, ou bien je ne suis pas belette.
- Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n'est pas ma profession.
Moi souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l'auteur de l'univers,
Je suis oiseau : voyez mes ailes.
Vive la gent qui fend les airs ! »
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu'on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre belette, aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La dame du logis, avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
« Moi, pour telle passer ! Vous n'y regardez pas.
Qui fait l'oiseau? C'est le plumage.
Je suis souris : vivent les rats!
Jupiter confonde les chats ! »
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.
Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants ,
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue .
Le sage dit, selon les gens,
«Vive le Roi ! vive la Ligue ! »