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Nicolas Sarkozy chez les protestants

ipt.jpgJeudi 27 mai 2010, les locaux de la Faculté de théologie protestante de Paris, situés Boulevard Arago, ont reçu un visiteur de marque: le président de la République Française en personne, Nicolas Sarkozy, venu participer à l'inauguration du nouveau Fonds Ricoeur et des locaux (magnifiquement) rénovés.

 

Ce fut notamment l'occasion de deux discours présidentiels: celui de Nicolas Sarkozy, et celui de Claude Baty, président de la Fédération Protestante de France (FPF).

 

En tant qu'historien du protestantisme et enseignant occasionnel (ravi de l'être) à l'Institut Protestant de Théologie (qui intègre en son sein la Faculté de théologie protestante parisienne), j'avais reçu un carton d'invitation pour l'événement (voir ci-dessous).

 

Inauguration IPT rénové.JPG

 

Réforme Coup de neuf à la faculté.jpgAprès avoir réglé des questions d'agenda, j'avais a priori prévu de me rendre à l'événement, annoncé comme il se doit par l'hebdomadaire protestant Réforme, qui a consacré trois pages intéressantes à ce "coup de neuf à la Faculté".

 

Mais les circonstances en ont décidé autrement, la principale étant la grève de train (dans le mouvement plus large du "mouvement social" du jour sur les retraites). Cette grève m'a carrément empêché de me rendre à Paris (j'ai dû aussi annuler ma participation à une réunion du programme que j'anime avec Martine Cohen).

 

 

Locaux superbement relookés

 

Quel dommage! D'autant que le Fonds Ricoeur est remarquable, tandis que les nouveaux locaux de l'IPT Paris ont été superbement relookés, comme j'avais déjà eu l'occasion de le signaler à l'occasion d'un petit album photo publié dans ce blog en août 2009. Le carton d'invitation que j'ai reçu propose un plan "up to date" de ces bâtiments.

 

Plan IPT.JPG

 

A noter qu'il sera possible demain de visiter ces locaux dans le cadre d'une "Journée découverte et reconnaissance":

Journée découverte.JPG

 

Discrétion des médias

 

N'ayant pu me rendre à cet événement, c'est donc au travers des médias que j'ai pu finalement avoir un écho de la double visite présidentielle à l'IPT (Nicolas Sarkozy, président de la République, et Claude Baty, président de la FPF).

 

Du côté de la presse dite "de gauche", à noter un article sarcastique de Libération, qui résume la visite présidentielle à une opération politicienne: "Sarkozy drague les protestants", titre le quotidien (28 mai), avec une finesse toute relative.

Du côté de la presse dite "de droite", Le Figaro est à la fois un peu plus détaillé, plus informatif, et moins idéologique. On y reprend la dépêche AFP, qui souligne le 27 mai que "Sarkozy invite les religions à parler" (cf. la fin de son discours).

Quant à l'Express, il retient surtout le fait que le président de la République "promet la reconnaissance des diplômes protestants", en reprenant une dépêche Reuters (27 mai 2010). On y relève notamment cette citation de Nicolas Sarkozy:

 

"Ce n'est pas faire injure au principe de laïcité que de reconnaître dans le protestantisme une pensée de liberté et de responsabilité humaines, une éthique forte, rigoureuse, ô combien exigeante, un esprit d'indépendance, une volonté de résistance et, en même temps, une fidélité sans faille à la Nation et à la République"

 

 

Baty Sarkozy.jpg

 

France 2 et Le Monde : silence radio sur l'événement

 

Quant à l'audiovisuel, rien, ou presque! Serait-ce la faute au "mouvement social" de "défense des retraites"? Peut-être. Sur France 2, au journal de 20H du 27 mai 2010, on a pourtant pu voir quelques images de la fameuse visite présidentielle à l'IPT, mais à l'intérieur d'un sujet (les retraites) qui n'avait absolument rien à voir.

 

Le quotidien Le Monde n'a pas fait mieux: en dépit de l'importance assez considérable revêtue par cette visite aux yeux des protestants (qui représentent entre 3 et 4% de la population française), rien. Rien sur le discours des présidents Sarkozy et Baty, rien sur l'IPT, rien sur le Fonds Ricoeur. Le Monde peut certainement faire mieux la prochaine fois, histoire d'être à la hauteur de sa réputation de sérieux...

 

Dans la presse régionale, à noter un article de L'Alsace qui reprend, en titre, une citation présidentielle: "Le protestantisme fait partie de l'identité nationale".... Mais dans le corps du texte, on estropie le nom du doyen de la Faculté protestante: le théologien Raphaël PICON y devient... "Raphaël Picart" (sic).

 

Finalement, en-dehors des médias protestants (Réforme, qui y consacrera des développements, et le portail de la FPF qui a posté aujourd'hui des infos), c'est bien le quotidien La Croix qui a été le plus détaillé et le plus intéressant sur le sujet.

 

 

Très bonne couverture de La Croix

 

images.jpegFidèle à sa réputation d'excellence et d'ouverture, La Croix a non seulement consacré un article à décrire la visite (d'après l'AFP), mais ce quotidien propose aussi, sur son site, la version intégrale du discours de Nicolas Sarkozy, ainsi que la version intégrale du discours de Claude Baty.

 

Je ne commenterai pas ici ces discours, me limitant à souligner qu'ils dépassent, de mon point de vue, les discours de circonstances.

 

On voit notamment un Claude Baty engagé sur les questions d'accueil du migrant,  et attentif aux contours de la "famille recomposée" du protestantisme, et un Nicolas Sarkozy d'abord peu impliqué dans son discours (consacré surtout à Paul Ricoeur), mais qui s'empare ensuite vraiment de son sujet, en terminant par un "vous pouvez compter sur moi" qui fait écho au rappel de la "dette" que la République doit aux protestants.

A regarder, la vidéo du discours présidentiel, sur le site de l'Elysée.

 

sarkozy sur Ricoeur.jpgL'info la plus marquante?

Peut-être l'engagement présidentiel à s'orienter vers la reconnaissance des diplômes décernés par les institutions académiques protestantes. Une évidente "mise en cohérence", après avoir lancé le chantier, il y a quelques mois, de la reconnaissance des diplômes des institutions académiques catholiques.

En effet, si on donne aux uns, pourquoi ne pas donner aux autres? Reste que la confirmation et l'extension de ce processus, qui met fin au fameux monopole de la collation des grades conféré aux universités publiques et non-confessionnelles, va alimenter, n'en doutons pas, le débat sur la laïcité.

 

Commentaires

  • Bon article ; cependant aux silences radio de France 2 et du Monde, vous auriez tout de même pu ajouter ceux des :

    Centre National des Etudiants Francophones (cnef.org)
    Centre National d'Etudes et de Formation (interieur.gouv.fr)
    Confédération Nationale des Etudiants de France (cnef.fr)
    Club de Nutrition Equine Français (royal-horse.fr)
    Creating New Economies Fund (ressourcefulcommunities.org)
    Colts Neck Education Foundation (colts_neck.net)
    Container Nursery Efficiency Forum (ovs.com)
    Ced Nolen Education Foundation (cnef.biz)
    Cadastro National de Estadios de Futebol (cbf.com/cnef)
    Cross National Equivalent File (en.wikipedia.org)

    Il est vrai que comme l'a écrit Paul Ricoeur :
    "Il ne peut y avoir de totalité de la communication. Or la communication serait la vérité si elle était totale."

    Martine Maniter.

  • Oui bon......

    Entre Le Monde et le club de nutrition équine français, je soupçonne une légère, légère, nuance...

    Mais Ricoeur (et Lao Tseu, COnfucius et j'en passe) a bien raison: la com a toujours ses ratés, c'est normal...

    Cela n'empêche pas qu'on attend tout de même des médias dits "de référence" une bonne couverture de l'actu.

  • Quel dommage, cher SF. Pour une fois, votre « finesse toute relative » a pris le dessus !
    Il fallait bien sûr lire entre les lignes (ou plutôt entre les lettres) et remarquer qu'une autre institution protestante − évangélique − en cours de formation n'avais pas réagi sur le sujet… :)

  • Voyons, cher SF,

    Ne faut-il être trop ingénieux pour y voir là une petite pique de notre chère Martine Maniter (un anagramme ?) envers les évangéliques du CNEF ( http://www.cnef.info ) dont Claude Baty est issu (les évangéliques, pas le CNEF, qui n'en n'est qu'à son éclosion) mais qui n'ont pas fait mention de cette visite présidentielle, faute, probablement, de posséder un organe de diffusion assez réactif et performant. (Ouf, quelle phrase, reprenez votre souffle !)

    Si l'on y ajoute la petite guerre des chiffres entre la FPF et le CNEF concernant le nombre de fidèles évangéliques qu'elles pèsent ( http://www.lafef.com/monde_evanglique_fin_2009.html ), il y a là encore anguille sous roche, et la citation de Paul Ricoeur sur la communication n'est guère anodine dans ce contexte polémique.

    Ceci dit, que peut-on reprocher à une instance qui ne sera inaugurée que fin janvier 2011 ? Ou bien est-ce un peu de provacation gratuite ? Mais peut-être ai-je l'esprit trop prompt à mal juger ?
    Bon, ce n'est pas bien grave, et cette recherche sur tous les CNEF est bien vue. Félicitations à Martine !

    Amusément,

    Chrisly

  • Ah, autant pour moi, je n'avais pas saisi l'allusion au CNEF.

    Oui, effectivement, le CNEF n'a pas réagi non plus. Mais "laissons le temps au temps". LE CNEF n'est pas encore officialisé.

    Il aura sans doute bien d'autres occasions, dans les années à venir, de réagir. Ce qui m'intéressait ici n'était pas les réactions ecclésiastiques, mais celles des grands médias.

  • Excellent discours du pasteur Baty. Les notions de laïcité d'abstention pour ce qui est de l'Etat et de laïcité de débat pour la société civile nous changent de la laïcité "plurielle" brandie par d'autres (et fort heureusement abandonnée et critiquée par la Ligue de l'Enseignement).
    "L'école est un lieu frontière": le problème est bien posé.
    Le silence du Monde: je n'imagine pas d'explication idéologique, n'est-ce pas simplement une baisse de qualité?
    Jean Boulègue

  • Mouais,

    je pense qu'il y a fondamentalement un problème dans la reconnaissance des diplome de l'IPT (institution que j'apprécie par ailleurs) : quel sens l'État peut-il avoir à reconnaitre des compétences en dogmatique et théologie pratique ? N'est ce pas des compétences qui sont au services de l'Église (et par là du Christ, quoique ...)

    Le problème des accords avec les catholique, c'est qu'ils mélangent deux choses :
    - accord sur des diplomes profanes. Qui posent la question de la reconnaissance du niveau et du fait que le Vatican est considéré comme un Etat, ce qui est très discutable juridiquement
    - accord sur les diplomes théologiques, qui sont proprement ecclésiaux.

    A la rigueur, si reconnaissance des diplomes de l'IPT il peut y avoir, cela ne peut passer que sur certaines matières : voir mon opinion détaillée ici : http://blog.maieul.net/Quelle-place-pour-les-facultes-de

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