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Tireurs d'élites : le dernier Brighelli

9782259212625FS.gifLe déclin de l'école républicaine est une des principales causes de la crise du modèle français, qui couve depuis près d'un demi siècle. Il a des conséquences dans tous les domaines, y compris sur le terrain laïque et religieux.

 

Des apprentis-sorciers de tous bords, confondant égalité des droits (qui tire vers le haut) et égalité des conditions (nivellement par le bas), ont conduit à ce qu'il faut bien décrire comme un lent effondrement, qu'il n'est plus possible aujourd'hui de continuer à masquer.

Ce très vaste débat, je le résume ici brièvement, mais nous y reviendront au cours de l'année 2010-2011. Une nouvelle "catégorie" thématique a d'ailleurs été créée pour mieux suivre le débat sur ce blog.

 

Pour le nourrir, un petit coup d'oeil au dernier livre de Jean-Paul Brighelli ne peut pas faire de mal. Je suis loin d'être d'accord avec tout ce qu'écrit Brighelli, notamment sa dénonciation sans nuance et injuste de ce qu'il appelle le "pédagogisme" (à suivre...). 

 

Mais sur l'essentiel, à savoir le choix de la médiocrité généralisée et du nivellement par le bas (avec dévaluation croissante des diplômes, etc.), ses analyses sont imparables, n'en déplaise aux défenseurs, nombreux, du désastreux système qu'ils ont contribué à instaurer.

Un coup d'oeil sur son blog permet d'avoir une idée du personnage: un auteur qui décape!

 

N'ayant pas encore eu le plaisir de le lire in extenso, je vous en propose ci-dessous, le résumé, tel qu'il est présenté sur le site Decitre

 

Qui sont les " tireurs d'élites " ? Tous ceux qui tirent à vue sur la méritocratie républicaine.
Leur première cible : les grandes écoles et les classes préparatoires qui y mènent. Leur arme : la démagogie. Leur objectif : substituer à l'égalité des chances l'arbitraire des quotas. Leur prétexte : une sélection sociale qui, dans une école laminée par trente ans de réformes mortifères et de coupes budgétaires, est de plus en plus impitoyable. Leur deuxième cible : ces enseignants qui, contre le système même, s'acharnent à tirer leurs élèves au plus haut de leurs capacités.
Qui refusent l'égalitarisme pseudo-démocratique, pour mieux promouvoir la vraie égalité - celle du droit à l'instruction. Qui contestent le déterminisme social, prêchent l'ambition et poussent tous ceux qui le peuvent vers les voies d'excellence. Les grandes écoles, les classes préparatoires ne sont pas les survivances d'un passé obsolète. Elles sont, en aval, le modèle de tout ce qu'il faudrait faire en amont - du cours préparatoire à l'université.
Elles sont le remords permanent d'un système à la dérive. L'auteur analyse en détail les mauvaises intentions des uns, le dévouement des autres. La méritocratie, dit-il, c'est la République - et la démagogie n'est pas la démocratie, mais la fin de la République.

 

Commentaires

  • J'avoue avoir Brighelli en horreur, ne serait-ce que pour son ton qui varie entre l'insulte et la bétise (comprise comme une absence totale d'argumentation), qui ne fait guère honneur au système éducatif qu'il prétend défendre... Je n'évoquerais même pas sa haine des sciences sociales et de la sociologie à qui il attribue, comme d'autres néo-conservateurs français, à peu près tout ce qu'il lui déplaît et qu'il ne veut pas comprendre.

    Mais rien qu'en lisant le résumé que vous donner, j'ai le poil qui se hérisse. On ne "conteste" pas le déterminisme social, sauf à être idiot ou aveugle. On lutte contre, mais on ne peut pas le contester. Ou plutôt lorsqu'on le fait, lorsqu'on prétend qu'il n'existe pas ou que l'on peut ignorer les enchaînements qui le produisent, on en vient à y contribuer largement.

    Quant à faire des classes prépa et des grandes écoles le modèle de ce qu'il faudrait faire "en aval", je me gausse... Peut-être est-il question des écoles de commerce comme HEC où l'on entreprend de "descolariser" le plus possible les étudiants en les aidant à afficher le plus grand mépris possible pour les cours et les savoirs... Ou peut-être est-il question des ENS et des khâgnes et hypokhâgnes, comme si l'on pouvait seulement envisager de travailler de la même façon à tous les niveaux de l'enseignement, ne serait-ce que parce que l'on a des élèves qui ont un but clair, ce qui n'est pas le cas de 90% des adolescents... Sans compter ce que certaines prépa, notamment économique, peuvent promouvoir comme rapport utilitariste au savoir (travailler n'importe quoi pour avoir le concours, une attitude courante...).

    Bref, toujours pas envie de lire ces livres...

  • Réponse à "Une heure de peine"

    Merci pour ces réflexions. Je partage votre méfiance vis-à-vis de la capacité de débat (faible) de Brighelli. Par ailleurs, ses dérapages péremptoires et sa haine des sciences sociales sont effectivement problématiques. J'ajouterai que je suis en total désaccord avec lui sur l'évaluation des réformes pédagogiques post-1968, et là, vous touchez juste en pointant la question du déterminisme social: la pédagogie pré-1968 ne tenait presqu'aucun compte de cela. Après 1968, on a essayé de s'y attaquer, même si on s'y est mal pris.

    Mais je suggère d'utiliser Brighelli comme du piment rouge: trop de Brighelli "tue" le festin des idées. Du Brighelli utilisé avec discernement apporte beaucoup.

    Ayons le courage de reconnaître qu'une critique pugnace des sciences sociales est parfois nécessaire. Que les meilleures intentions post-1968 ont parfois produit, en milieu scolaire, des résultats catastrophiques. Et que l'école est aujourd'hui plus inégalitaire (et plus hypocrite) qu'elle ne l'était il y a 40 ans, ce qui est tout de même un comble quand on voit le nombre de réformes grandiloquentes qui se sont succédées.

    Bref, Brighelli est certes horripilant et excessif.... Mais sachons faire le tri et y prendre ce qui bouscule les fausses évidences.

    Il dit ce que personne ne veut entendre, et on le déteste à cause de cela, du coup, il en rajoute et en fait des tonnes.

    Mais en dépit de ses excès, il soulève de vraies questions et pointe du doigt une réalité que des millions de Français ressentent confusément : l'école a nivelé par le bas, beaucoup de diplômes sont aujourd'hui de la fausse monnaie, et la massification mal négociée provoque aujourd'hui un surcroît d'inégalités (les riches évitant TOUS l'école publique républicaine: cours part', boîtes privées, répétiteurs à domicile etc.).

  • Très bonne idée de dédier un post a Brighelli, pour ma part je trouve que c'est un auteur qui vaut vraiment le coup.

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