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La France sans les Juifs ? C'est le titre de l'essai percutant et argumenté du sociologue Danny Trom, que nous avions invité en février 2020 en séminaire interne du GSRL (lorsque j'en étais directeur).
Martine Cohen, du GSRL, dans un beau livre récemment paru, brosse à son tour une analyse sans concessions des recompositions difficiles du judaïsme dans la France d'après-guerre, jusqu'au XXIe siècle.
Mais tout en n'évacuant pas le débat sur le nouvel antisémitisme, ses conclusions tirent moins vers l'hypothèse d'une lente disparition de la minorité juive, et davantage du côté du scénario d'un nouveau franco-judaïsme sur les ruines de l'ancien.
Plus communautaire, plus solidaire.
Une thèse très stimulante, fruit de son HDR (dont j'avais eu le plaisir d'assister à la soutenance), à lire aux Presses Universitaires de Rennes.
Professeur émérite de droit public à l' l’Université de Paris-Créteil, brillant spécialiste des questions de droit des religions, Patrice Rolland (1946-2022) s'en est allé.
J'ai déjà eu l'occasion rendre hommage à cet homme remarquable ici (lien), et via un texte d'hommage collectif (lien), publié par mon laboratoire GSRL.
Patrice était en effet ce collègue d'exception qui, "au cours des deux dernières décennies, .. a apporté, aux débats du GSRL, sa grande capacité d’écoute, sa culture juridique exceptionnelle, sa rigueur dans la définition des termes et notions, son sens de la répartie et son goût de l’argumentation. Dans la réflexion collective, son apport a démontré à quel point le regard du juriste est irremplaçable pour éclairer les analyses en sciences sociales sur le religieux et la laïcité".
Il nous laisse de très nombreux travaux sur Droit et Religion, qui contribueront longtemps à enrichir nos réflexions, consultables notamment sur sa page GSRL (qui sera mise à jour). Lien.
Du 19 au 23 avril 2022, les locaux de l'EHESS sur le Campus Condorcet (Aubervilliers) ont été l'objet d'une occupation accompagnée de nombreuses dégradations. Ce qui a entraîné, en cascade, la fermeture de tout le campus, dont de nombreux bâtiments de recherche qui n'étaient pas a priori affectés par cette occupation.
Retour sur ces événements sur Le Club Mediapart, et soutien à ce très beau Campus où je travaille.
La laïcité française est un bien commun, sous tension, comme l'illustre encore dernièrement la campagne de publicité bien maladroite lancée par l'Education Nationale (lien).
D'où cette contribution à la réflexion en vue de l'année 2021-22 (campagne présidentielle), et au-delà.
Quatre vidéos courtes, l'une pour présenter le sujet, et les trois autres pour décliner 9 propositions (3 sur l'axe de la liberté, 3 sur l'axe de l'égalité, 3 sur l'axe de la fraternité).
Par votre serviteur, Sébastien Fath, citoyen français, historien, chercheur au CNRS
(Laboratoire Groupe Sociétés Religions Laïcités, EPHE-PSL/CNRS)
Isabelle Saint-Martin (EPHE-PSL) publie chez Albin Michel un ouvrage plus que jamais d'actualité !
Il aidera à décrypter le débat actuel sur éducation et laïcité. Intitulé Peut-on parler des religions à l'école ?, ce livre important pose les questions relatives à l'enseignement des faits religieux à l'école de la République, et propose pour cela une approche originale par l'Histoire de l'Art, spécialité de l'auteure.
Professeur agrégé de physiques en classes préparatoires, pasteur bénévole, Benoît Hébert a marqué le paysage protestant français des vingt dernières années par un engagement public en faveur du dialogue entre science et foi.
Il s'était investi en faveur d'une meilleure compréhension des sphères propres de la science et de la foi chrétienne en matière de connaissance du monde physique.
En 2002, le rapport Debray affirmait l’importance de reconnaître et d’enseigner le fait religieux. Pourtant, plus de quinze ans après, alors que la question a resurgi avec les attentats de 2015, le sujet revient à échéance régulière dans les discours politiques et l’on s’affronte encore sur les manières de s’y prendre ou sur le risque d’une atteinte à la laïcité.
Au-delà de la chronique du débat sur l’enseignement des faits religieux, le bel ouvrage d'Isabelle Saint-Martin (directrice d'études à l'EPHE) propose une lecture distanciée des résistances et des difficultés mais aussi des avancées réalisées au fil des réformes successives des programmes.
La loi du 9 décembre 1905, séparant les Eglises et l'Etat, constitue le cœur de la laïcité en France. Pourtant relativement peu d'ouvrages ont été consacrés à cet événement historique.
Dans ce premier tome L'impossible loi de liberté (1902-1905), Jean Baubérot (avec la collaboration de Dorra Mameri-Chaambi) démontre qu’un conflit interne à la gauche républicaine elle-même s’est avéré décisif et que, fait non pris en compte jusqu’à présent, la libre-pensée elle-même a désavoué le projet de loi déposé par Combes, contribuant ainsi à sa chute. Il montre également le rôle joué dans les débats par nombre de personnalités de cette époque, dont Marcel Proust. Enfin, dans la lignée du grand ouvrage collectif L’histoire mondiale de la France paru en 2017 (sous la direction de Patrick Boucheron), l’auteur prouve qu’une vision franco-française de la loi de 1905 ne peut l’expliquer : des modèles étrangers (Mexique, Etats-Unis, Canada, Suisse,…) ont inspiré les auteurs de la loi et la situation internationale, fortement marquée par la guerre russo-japonaise et la crainte de son expansion , a joué un rôle. Lire la suite ici (lien)
En France, le transfert annoncé de compétences de la MIVILUDES (mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires) au Ministère de l'intérieur inquiète certains milieux mal informés.
En réalité, c'est une bonne nouvelle pour la nécessaire lutte contre les dérives sectaires en France.
La MIVILUDES, de plus en plus décrédibilisée, souffrait en effet de sévères dysfonctionnements. Cette structure coûteuse et peu efficace s'appuyait, d'une part, sur une définition trop restrictive et trop laxiste des dérives sectaires (excluant de nombreux creusets idéologiques et religieux, notamment l'islam, une large part de l'Eglise catholique, et la militance politique radicale). D'autre part, elle s'était mis à dos, depuis 2005 (démission de Nathalie Luca) la quasi totalité du milieux des chercheurs, par un certain amateurisme opportuniste qui laissait craindre une politique approximative de la chasse aux sorcières, plutôt qu'une expertise républicaine maîtrisée et éclairée.
Doté d'une forte expérience de terrain, d'un pragmatisme lucide (moins d'idéologie, plus de données fiables) et d'un spectre d'intervention plus large, gageons que le Ministère de l'Intérieur (et des cultes) reprendra, avec plus d'efficacité et de justesse, le flambeau de la prévention et de la lutte nécessaire contre les dérives sectaires tous azimuts.
Des dérives toujours actuelles, dans tous les milieux, qui peuvent broyer les personnes, les familles, et conduire au pire: que la République soit vigilante est une bonne chose!
Des jeunes de milieux populaires accédant à une thèse de doctorat, des enfants de migrants qui intègrent Sciences Po, des dyslexiques qui réussissent à l’université… Quels sont les ingrédients de ces victoires qui déjouent les statistiques?
Selon l’enquête triennale Pisa, le système éducatif français reste l’un des plus inégalitaires des pays industrialisés : il tend plutôt à conforter les inégalités sociales et culturelles de départ qu’à les réduire. Pourtant, certains élèves déjouent les pronostics...
Pour lire la suite de cet article de Judith Chetrit et Denis Meuret, consulter le dernier opus du mensuel Sciences Humaines, consacré à la réussite à l'école (lien).
La première femme à obtenir, en France le poste d'inspecteur d'Académie (1966), était aussi protestante. Il s'agit de Geneviève Robida, protestante réformée engagée dans sa paroisse des Ardennes. Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques et chevalier de la Légion d’honneur, elle était une figure unanimement respectée.
Jean-Paul Willaime, qui l'a très bien connue, lui rend un joli hommage dans l'hebdomadaire Réforme de cette semaine.
Il n'est pas trop tard pour saluer l'engagement de plus de vingt ans du sociologue des religions Jean-Paul Willaime à la tête du Conseil d'Administration de l'hebdomadaire protestant français Réforme.
Sous sa houlette, l'hebdomadaire a su entrer dans le XXIe siècle en résistant à la crise de la presse écrite par une offre convictionnelle de qualité, qui plaît au-delà des cercles protestants.
Objet d'un portrait intellectuel finement écrit par Jean Hassenforder au sujet du très beau livre d'entretien qu'il a accordé à Martin Meunier (lien), Jean-Paul Willaime a a choisi de passer la main cet été, relayé par David Guiraud (lien).
Il continuera, sur d'autres terrains, un engagement intellectuel et citoyen au service d'une société apaisée et ouverte, où les apports constructifs, y compris religieux et spirituels, riment avec intelligence, confiance et bienveillance.
Une éclairante controverse traverse actuellement le champ des sciences sociales (et de l'intelligentsia) en France. Tout est parti d'une charge violente et argumentée, au ton alarmiste, contre le "décolonialisme" (sic). Elle a été signée par 80 intellectuels, et non des moindres (lien). L'idée vise à alerter sur la nocivité supposée des rhétoriques post- ou décoloniales, dont on estime que les stratégies "attaquent frontalement l'universalisme républicain" (sic).
La mouvance ainsi attaquée n'a pas répondu sur le même mode.
Mais une historienne, Ludivine Bantigny, a apporté une réponse vigoureuse, argumentée (elle aussi).... et nettement plus convaincante à mes yeux (lien). En-dehors de quelques nuances, je souscris au texte de Ludivine et je la remercie.
A partir de mon long parcours intellectuel d'historien du contemporain, mais aussi éclairé par mon itinéraire personnel, je suis profondément convaincu, comme cette collègue, qu'on ne pourra mieux réaliser les promesses de la République, si souvent trahies, qu'en passant par le décentrage décolonial et postcolonial. Et il y a encore du boulot!
Cet exercice provoque certes des dérives, parfois graves, dont il convient de combattre le sectarisme. Mais le décentrage lui-même est salutaire, nécessaire, et porteur d'espoir.
Outil républicain de pédagogie et de formation contre les radicalismes prédateurs, d'où qu'ils viennent, l'Observatoire de la Laïcité conduit par Jean-Louis Bianco assure, depuis des années, un travail remarquable.
Ce lundi 10 décembre, dans le cadre de la Journée nationale de la laïcité, il propose un programme ponctué par la remise du Prix de la laïcité de la République Française, en présence de Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education Nationale et de la Jeunesse.
L'Université PSL se présente sur son site comme "une institution jeune créée en 2010 sous l'impulsion d'écoles et de centres de recherche eux-mêmes ancrés dans une histoire longue. Internationalisés depuis leurs origines, les établissements de PSL ont souhaité se regrouper pour participer pleinement à l'aventure académique du XXIe siècle".
L'objectif est de regrouper et mutualiser les forces pour mieux peser dans la recherche internationale. Forte de 17000 étudiants de l'enseignement supérieur, l'Université PSL est aujourd'hui 41e université au classement mondial du Time Higher Education World University Ranking2018-19. L'Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) est un des grands établissements qui fait partie de PSL.
Cinq questions à l'historienne Anne Ruolt (associée au GSRL).
Passionnée par la pédagogie et l'apport des acteurs protestants à l'éducation, elle a consacré sa thèse de doctorat aux écoles du dimanche, outils d'enseignement biblique des enfants.
Au seuil de la rentrée de septembre, signalons plus que jamais les ressources pédagogiques considérables proposées par l'Institut Européen en sciences des Religions (IESR), à Paris, au service de l'intelligence sociale et civique du fait religieux dans le contexte de notre société laïque.
Cours du soir, journées de formation, cycles et mercredis de l'IESR (avec présentation d'ouvrages, dont celui de Philippe Joutard le 26 septembre 2018).... Le menu est varié, copieux et savoureux.
Avec élégance, intelligence et profondeur, il a tendu la main aux catholiques (comme il l'a fait dans d'autres cadres aux juifs, musulmans et protestants) à partir d'un schéma de pensée conforme aux pères fondateurs de la loi de 1905, évitant aussi bien l'intolérance laïcarde et la tentation néo-concordataire.
Emmanuel Macron ose affirmer sereinement que les religions, quand elles sont dans leur rôle (respectant la République laïque et le principe de séparation, sans volonté hégémonique) peuvent AUSSI faire du bon boulot, y compris par leur apport spirituel. Beaucoup de Françaises et de Français sont prêts à l'entendre, et Emmanuel Macron tient peut-être là un sésame pour refroidir les tensions identitaires et nourrir le "vivre-ensemble"!
A noter ce riche colloque organisé le mardi 17 octobre 2017 par le Centre Thucydide (Université Paris II) et le Centre d'Histoire du XIXe siècle (Université Paris Sorbonne): il s'intitule "Le principe de laïcité dans la tourmente".
Scandé par quatre tables rondes, il revêt une dimension internationale et comparatiste.
On ne le sait pas toujours, mais Ferdinand BUISSON, une des figures tutélaires de la mise en place de l'école laïque pour tous en France, était originaire d'un milieu protestant.
106 écoles portent aujourd'hui son nom, mais le connaît-on?
Pour mieux découvrir cette figure, qui entretient des rapports riches et complexes avec le protestantisme (qu'il a quitté), il faut lire, de Patrick Cabanel (EPHE), le magistral Ferdinand Buisson, père de l'école laïque (Labor et Fides, 547 pages).
Éduquer, éduquer, éduquer sans cesse. Parce qu’il vise à mettre en relation chaque fidèle avec la 'Parole de Dieu', le protestantisme s’est caractérisé, dans l’histoire du christianisme, par son accent sur l’éducation populaire. Ce n’est pas un hasard si c’est l’Ecosse presbytérienne, dans l’Europe moderne, qui est le premier territoire à avoir atteint le taux de 50% d’alphabétisés parmi sa population. Car le Sola Scriptura (l’Ecriture Seule) n’a de sens que si l’on sait lire!
La pensée de Charles Gide, théoricien francophone de l’économie sociale et solidaire, a été profondément marquée par cette valorisation très protestante de l’éducation pour tous, comme moyen d’échapper au «c’est comme ça» de l’autorité arbitraire.
Qu'on se le dise! Dans le cadre des «Mercredis de l’IESR», en partenariat avec le Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL, CNRS-‐EPHE), Philippe Portier (EPHE, GSRL) présentera son dernier livre L’État et les religions en France. Une sociologie historique de la laïcité le 9 novembre 2016 à 18h30.
Le discutant sera Jean-‐Paul Willaime. Cette conférence-‐débat aura lieu à Paris au bâtiment «Le France», dont voici l'adresse: 190 avenue de France, Paris 13e aile B, 1er étage, salle 123
C'est un ouvrage monumental, une somme incontournable pour comprendre un des creusets majeurs de l'acculturation de la laïcité dans la société française.
J'ai eu la chance d'avoir ce livre en main cette semaine, lors du séminaire interne du GSRL, et on ne peut dire qu'un mot: chapeau! Chapeau à Jean-Paul Martin (GSRL)pour cette référence magistrale de plus de 600 pages qui retrace 150 ans d'histoire politique de la Ligue de l'Enseignement.
En prenant pour objet l’un des plus importants réseaux associatifs français, à mi-chemin d’un parti, d’un syndicat, d’une société de pensée et d’une entreprise d’économie sociale, ce livre éclaire les enjeux passés et présents de la laïcité dans notre culture politique et l’histoire d’un militantisme d’éducation populaire confronté aujourd’hui à la professionnalisation, à la baisse drastique des subventions, et au « tout marchand ». Il se veut ainsi une contribution à une connaissance renouvelée du champ politique et de la société française.
Philippe Portier est directeur du GSRL et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (Paris-‐Sorbonne), où il occupe la chaire Histoire et sociologie des laïcités. Auteur de L’Etat et les religions en France. Une sociologie historique de la laïcité(PUR, 2016), il revient sur les fondements de la civilisation française, bâtie entre traditions chrétiennes et cultures plurielles, sans oublier l’apport des Lumières et de la laïcité.
Le Prix de la laïcité de la République française distingue et encourage des actions de terrain et des projets portant sur la protection et la promotion effectives de la laïcité, dans l’esprit de l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de l’article 1 de la Constitution et des lois du 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire laïque et obligatoire et du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État.
Le prix, d'une valeur de 5 000 euros, est attribué au premier candidat désigné par le vote du jury constitué du président de l’Observatoire de la laïcité, de deux autres membres de l’Observatoire de la laïcité et de deux personnalités extérieures, afin de développer son action ou son projet de promotion de la laïcité.
DATE LIMITE DE DEPÔT DE CANDIDATURE: le 31 octobre 2016.
Étonnant paradoxe: alors que les médias en parlent constamment, la laïcité est encore très mal connue!
Sujette à des interprétations divergentes, parfois instrumentalisée ou consciemment falsifiée, elle apparaît par moments comme un principe nébuleux, ce qui place les enseignant(e)s, les élèves et leurs parents dans une situation difficile.
Cherchant à clarifier le débat, un collectif d’enseignant(e)s s’est réuni autour de Jean Baubérot, historien et sociologue spécialiste de la laïcité, pour répondre aux questions concrètes du personnel éducatif et des usagers de l’Éducation nationale. Le fruit de ces réflexions nous donne un livre à mettre entre toutes les mains.
En moins de quatre minutes, voici une excellente vidéo, irréprochable du point de vue historique, qui retrace ce qu'est la LAÏCITÉ FRANÇAISE. Réalisée en ce début de mois par l'association Coexister, elle devrait être montrée d'urgence à tous ceux et celles (politiques compris) qui agitent l'idée de laïcité sans toujours savoir de quoi ils parlent.