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Oscar Ewolo, dernier avatar d'un "christianisme sportif"

Unknown.jpegLe lien entre protestantisme et sport est ancien, et bien documenté. Il a été nourri, au XVIIIe siècle, par Jean-Jacques Rousseau dans l'Emile; puis, au XIXe siècle, l'Angleterre et les Etats-Unis ont particulièrement mis en valeur le lien entre effort corporel et spiritualité biblique.

Clifford Putney a très bien montré, pour le XXe siècle, combien ce "christianisme musclé" (ou sportif) a été (et reste encore en partie) une composante importante de l'identité protestante américaine, notamment dans les milieux évangéliques.

Le livre de Putney est intitulé Muscular Christianity: Manhood and Sports in Protestant America, 1880–1920.

0674006348.01.LZZZZZZZ.jpgIl a été publié aux éditions Harvard University Press (2001). Mais il s'arrête dans l'entre-deux guerres.

 

Quid de l'époque plus contemporaine?

En attendant des thèses à venir, force est de constater que le sport actuel n'est pas exempt d'une influence religieuse, en particulier du côté protestant évangélique.

Le footballeur Kaka, ancien ballon d'or, en est un bon exemple pour le Brésil. Mais en France?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, plusieurs sportifs de haut niveau, notamment dans le football, se sont signalés ces dernières années par leur affichage public de leurs convictions chrétiennes évangéliques.

 

Le dernier en date est Oscar Ewolo. Capitaine de l'équipe de Brest en Ligue 1, très apprécié de ses coéquipiers, c'est aussi... un pasteur évangélique, d'obédience charismatique, qui prêche tous les dimanches à Lorient dans une église.

D'origine congolaise (Congo Brazzaville, pays qui compte 15% d'évangéliques), Ewolo s'est parfaitement acclimaté en France, tout en refusant de mettre "sa foi dans sa poche".

Son témoignage est démonstratif et percutant, au point d'attirer l'attention de la mythique émission Téléfoot, sur TF1, qui lui a consacré un reportage, que l'on peut voir en cliquant ci-dessous.

 

Oscar Ewolo, capitaine de Ligue 1 et pasteur évangélique

Commentaires

  • À quand les championnats de foot entre églises évangéliques, pour savoir laquelle dieu bénit le plus !??

    Décidément je trouve que les athées sont de bien meilleurs guides pour comprendre la parole de dieu que toutes ces inepties évangéliques... Par exemple Agassi, lorsqu'il se fiche des prières de Chang ("Tennis : Agassi passe ses anciens adversaires à la moulinette" à http://www.lemonde.fr/sport/article/2009/11/09/tennis-agassi-passe-ses-anciens-adversaires-a-la-moulinette_1264502_3242.html).

    Enfin bon j'ai rien dit, on m'a pas vu, je sors.

  • Mais si, mais si, on vous a bien lu, cher Ista, et on veut même en savoir plus!
    Mais ô frustration, votre lien internet ne marche pas.
    Y'a un moyen d'accéder autrement?

  • La faute au système de blog qui fait passer le ")." dans l'URL ! Donc, soit vous cliquez sur le lien, et vous prenez la peine d'effacer le ")." à la fin manuellement, soit vous utilisez ça : http://goo.gl/CI7R6

    Et au risque de me faire condamner au titre de copie de droit d'auteur sans avoir demandé l'autorisation à cet auteur, je vous copie/colle le passage, comme ça même plus besoin de cliquer :

    >
    A propos de Michael Chang, Agassi ne se montre pas non plus d'une grande tendresse. "Il remercie Dieu, crédite Dieu pour la victoire, ce qui m'offense. Que Dieu puisse choisir son camp dans un match de tennis, que Dieu se range contre moi, que Dieu soit dans le coin de Chang, me semble ridicule et insultant. J'ai battu Chang en savourant chaque coup blasphématoire."
    >

    Certes Agassi n'est pas un pasteur, chacun l'aura compris :-) Mais il est exact que, habituellement, Dieu ne choisisse pas son camp dans un match de tennis.

    L'approche évangélique, qui associe souvent la réussite sociale à une bénédiction, même si elle peut se défendre (il faut bien que Dieu se manifeste d'une façon ou d'une autre ! ), est très fragile devant les enjeux du sport business, et notamment devant les enjeux humains. Il n'est pas possible de faire autrement que de choisir César, et, si cela peut se comprendre et se respecter dans le choix d'une vie (après tout, Jésus n'a pas formellement condamné le jeune homme riche, ni Pilate, ni même César, et beaucoup de personnes ayant de gros comptes en banque ne sont condamnables en rien), cela ne peut mener qu'à des catastrophes dans le cadre d'un engagement chrétien télévisé.

    Même si les évangéliques peuvent trouver mille justifications à faire des prières ostentatoires avant match, ou jurer que le culte n'est pas un entraînement sportif, c'est complètement ingérable pour expliquer ça aux jeunes qui prennent ces champions pour des idoles.

    Niveau sportif on ne peut trouver Dieu que dans le respect de l'adversaire, me semble-t-il et sous toute réserve. Et comme les évangéliques horrifiés parlent de l'Adversaire à tout bout de champ... la aussi leur position est pas facile à expliquer.

    Il me semble qu'il vaut mieux jouer la discrétion, et suivre les sportifs qui font un signe de croix rapide, ou juste qui touchent l'herbe. C'est presque de la superstition, mais ça me parait mieux.

  • Merci beaucoup pour ce très intéressant apport au débat.

  • Mon fils (7 ans), qui va avec nous chaque dimanche à l'église (évangélique baptiste), s'est fendu de son commentaire au moment où Oscar Ewolo a mentionné la remontée de Brest à la troisième place (rapport réussite sportive/bénédiction de Dieu): "ça, c'est un petit peu bête!". Je crois que tout est dit.

    Ce footballeur m'a quand même l'air bien sympathique, même si je préfère la théologie de mon fils!

    NB: attention tout de même à ce genre de reportages télévisés. Les coupures, montages, etc., ont pu faire dire tout et n'importe quoi à ce pauvre Oscar...

  • Oui, et je re-précise que je n'ai absolument rien contre ce monsieur, mais je considère que c'est aux églises de préciser leur position par rapport à la prière "efficace", et que la position des églises évangéliques me parait très fragile sur ce sujet dans le cadre des enjeux du foot de compétition.

    Si on prie pour une guérison, et la guérison réussit, qu'est-ce que ça veut dire, est-ce une action de Dieu, etc ? Et si on prie pour gagner un match de foot et qu'on gagne, qu'est-ce que ça veut dire, est-ce que Dieu nous a entendu, etc ? Si c'est un supporter qui prie, si c'est une église qui prie ? Il y a plein de questions très intéressantes (je m'envoie des fleurs), il y a la question que pose Agassi aussi (pareil) ; c'est relativement facile d'y répondre pour le sport dans la rue, c'est plus difficile pour le sport business, avec tout le fric, toutes les passions, tous les enjeux politiques qu'il entraîne et qu'il n'est pas question de condamner pour tels (de mon opinion) (mais j'admets que je les condamne quand même, mais seulement après réflexion).

    Oscar Ewolo est pasteur, et il est aussi champion de foot ; c'est aux églises à tenir compte de son témoignage et de son histoire, qui sont porteurs de la parole de Dieu, c'est aux églises à dire l'intelligence de la foi, non l'inverse.


    @ Sebastien Fath : je vous remercie de qualifier mon intervention d'intérressante, surtout sachant que j'ai traité la position évangélique "d'ineptie", hum hum hi hi.

    Enfin bon encore une fois j'ai rien dit je ressors tout de suite.

  • Une des choses que j'essayais d'exprimer, certes très implicitement à travers la réaction de mon fils (qui me correspond), c'est justement que "la" position évangélique sur le sujet de la prière efficace n'existe pas. Les questions que vous posez sont effectivement très intéressantes (et méritent réflexion) mais beaucoup de réponses différentes seraient apportées selon les évangéliques. Un tour d'horizon de ces réponses (dans une perspective sociologique, par exemple), serait d'ailleurs fort apprécié, j'en suis sûr...

    De manière générale, je pense quand même qu'il ne viendrait pas à l'esprit de la majorité des évangéliques de prier pour la victoire lors d'un match de foot... Mais je me trompe peut-être.

  • Déjà en 2001, lors de l'épopée amiénoise en coupe de France (la finale, les tirs au but...), Oscar Ewolo avait fait la une des medias pour sa foi revendiquée et assumée.

    Heureusement que le simple fait d'être chrétien n'automatise pas la victoire. Imaginez deux chrétiens affirmés s'opposant.

    2001, pour les Picards, quels bons souvenirs... les pieds dans l'eau dans la vallée de la Somme !

  • Il y aurait beaucoup à dire sur les athlètes chrétiens. Qu'ils témoignent de leur foi, fort bien, après tout, Jésus demande à ses disciples de témoigner. Pour ce qui de prier pour la victoire, cela me paraît ridicule, surtout (mais pas seulement) dans le sport-business où des sommes colossales sont en jeu.
    Par ailleurs, comme le souligne NF, "la position évangélique sur le sujet de la prière efficace n'existe pas". Les évangéliques, c'est comme en politique : cela va de l'extrême droite à l'extrême gauche, et entre les deux il y a une multitude de nuances. La prière ostentatoire ? Jésus la rejette : il reproche à certains religieux de se mettre en vue aux coins des rues pour y faire de longues prières.
    Un témoignage chrétien digne de ce nom passe (c'est en tout cas mon avis) par un jeu exemplaire en respect de l'adversaire et des règles du jeu, et du fair-play.

  • Que "la" - notez les guillements, s'ils jamais ils ne sont pas assez visibles - position évangélique sur le sujet de la prière efficace n'existe pas ne change rien à ce que la notion existe fortement bel et bien, qu'elle est pratiquée et usitée, et ce de façon très courante dans les milieux évangéliques.

    Et la multiplication des nuances - à défaut de pouvoir multiplier les pains on multiplie les nuances - n'empêche pas qu'il y ait beaucoup d'approximations sur le sujet, si je puis me permettre.

    Voyez une recherche "prière efficace" sur top chrétien : http://goo.gl/o76Q4

    Certains blogueurs font même des feuilletons sur le sujet. Entre mille, sur la pensée du jour de Samuel Peterschmitt, qui n'est pas un inconnu que je sache :

    > Mes amis ! Quelle déclaration ! "Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera !"

    Voir, pour ceux qui ignoreraient la chose, à http://topchretien.jesus.net/topmessages/view/8345/prier-avec-efficacite.html

    Et chaque fois que je vais au culte dans une église évangélique, c'est l'un des sujets majeurs. On peut même le qualifier de fond de commerce de ces églises.

    Trouver un boulot, guérir d'une maladie, trouver l'âme soeur, se raccommoder avec ses voisins, réussir ses examens, et même faire pousser ses tomates dans le jardin, ai-je une fois entendu (pas trouvé pareil sur top chrétien, je l'admets), tout est bon pour la prière. Et ceci dans TOUTES les églises évangéliques que je connais, il existe juste une variabilité (un concours ? ) dans l'ardeur mise.

    Enfin bref je me moque un peu, je l'admets, mais enfin je trouve que c'est un des sujets fragiles des milieux évangéliques. Mais le sujet est intéressant, je vous retourne le compliment. Il y a les qualités des défauts, ou l'inverse : les milieux évangéliques sont des milieux où l'on prie beaucoup, et je le vois comme une qualité.

    Existe-t-il des évangéliques qui prieraient pour obtenir la victoire dans un match de foot ? Partout, oui. Cela vient forcément à l'idée. C'est humain, si l'on peut dire. Moi même il m'arrive de prier pour que le bus soit à l'heure, et pourtant je ne suis pas évangélique ; alors on ne me fera pas croire qu'un évangélique qui fait du foot ne prie pas pour gagner le match.

    La situation se vrille lorsqu'on accole le terme "efficace" à cette pratique, comme le font bel et bien les évangéliques. Et que l'on multiplie les nuances est pire. Je trouve que la position des églises - et je dis bien des églises, pas des personnes - est pas claire du tout sur ce sujet.

    Cordialement.

  • Ce que tu dénonces là Ista est un cancer des milieux évangéliques, qui a pour non "l'évangile de la prospérité". Le théologien Chris Wright n'y est pas allé de main morte pour dénoncer ce cancer lors d'un congrès évangélique en Afrique du Sud. "Nous sommes un scandale et une pierre d'achoppement pour la mission de Dieu" dit il, avant d'appeler à une nouvelle Réforme pour les églises évangéliques, coupables des mêmes dérives que les protestants dénonçaient dans l'église médiévale.
    Un compte-rendu de son intervention :
    http://www.christianpost.com/article/20101024/idolatry-is-biggest-problem-to-world-mission-says-uk-theologian/
    Son intervention complète :
    http://conversation.lausanne.org/en/conversations/detail/11556

  • Ah, je suis heureux de voir que ce que je dis a un nom, je ne le savais pas :-)

    Toutefois, même si j'ai repéré que ce problème est grave dans le contexte des églises évangéliques, que même peut être le terme de "cancer" peut se comprendre, il n'en reste pas moins vrai que la pratique, ou la recherche, ou la demande, d'une prière efficace reste une démarche fondamentale de la vie chrétienne.

    Mais beaucoup d'églises en ont fait leur fond de commerce au sens le plus commercial du terme, et c'est regrettable. La chose peut se récupérer, je pense. En effet, la pratique concrète de la prière dans les églises évangéliques me semble dans l'ensemble très bonne, si tant est que je puisse me permettre d'en juger.

    C'est plutôt le discours que les évangéliques font d'eux mêmes sur cette prière que je trouve mauvais, et c'est assez paradoxal, je le reconnais. Habituellement, on a plutpt des problèmes de réalisation, et moins de raisonnement. Les évangéliques font l'inverse, à ce que je peux voir autour de moi.

    D'où le fait que je respecte autant que je peux Oscar Ewolo, et que je bombarde à qui mieux mieux les positions dites non-officielles sur le sujet : accumulations de citations bibliques prétendant former preuve, accumulations de témoignages personnels prétendant former réalité, confusion généralisée entre foi et bêtise, et j'en passe et des meilleures.

    Excusez moi. Donc, ça s'appelle "l'évangile de la prospérité". C'est pas encore à la télé, mais c'est déjà en anglais, donc c'est quasi vrai :-)

    En attendant de trouver une solution, que les évangéliques continuent à prier, même pour gagner un match de football. Mais qu'ils écoutent plutôt Agassi que La Parole De Dieu.

    Cordialement.

  • Personnellement, je comprends la réaction d'Agassi, dans sa recherche de cohérence, d'authenticité et d'amour, et je pense que sa réaction est bien plus proche de la Parole de Dieu que celle de Chang.
    La bénédiction que nous offre Dieu est d'abord relationnelle, et cette bénédiction relationnelle n'a aucun prix par rapport à toutes les autres bénédictions que nous pourrions imaginer. Seulement, comme nous avons tendance nous autres êtres humains à ne pas voir plus loin que le bout de notre lorgnette...Nous avons du mal à l'imaginer.
    Premièrement, Jésus est venu dans l'humilité et la misère (Voir Esaïe 53), et a promis souffrances et persécutions sur cette terre pour ses disciples.
    Deuxièmement, un bon texte pour voir la primauté de cette bénédiction relationnelle qui prime sans aucune mesure sur toutes les autres, c'est dans l'évangile de Marc au chapitre 2. On amène un paralytique à Jésus. On s'attend à ce qu'il le guérisse sur le champ. Mais que fait-il? Il commence par lui pardonner ses péchés...La paralysie relationnelle avec Dieu est le vrai problème avec cet homme (et avec tout homme). La guérison physique que Jésus effectue ensuite n'est qu'un signe de cette guérison relationnelle qui n'a aucun prix par rapport à toutes les autres, parce qu'elle est gage d'une réconciliation éternelle avec Dieu.
    Troisièmement, il y a la parabole du pharisien et du collecteur de taxe (Luc18)...Ou l'on apprend que l'homme "bon" est aussi perdu que l'homme "mauvais". Jésus condamne la fierté et le mépris du pharisien. Il met en avant par contre l'honnêteté du collecteur d’impôts, qui reconnait qu'il est le pire des hommes et qu'il a besoin du pardon de Dieu. Je ne connais pas l'histoire Chang-Agassi, mais elle a des ressemblances avec cette parabole.
    Enfin, la prière est exaucée quand elle est conforme à la volonté de Dieu, et la volonté de Dieu pour nous est d'abord éthique, et se résume ainsi : "aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, et son prochain comme soi même". La bénédiction de Dieu pour nous est d'abord relationnelle, et même la vérité biblique est relationnelle. Elle s'incarne en Jésus-Christ :"Je suis le chemin, la vérité et la vie...."Jean 14.6
    Il y aurait encore beaucoup à dire. Le problème avec la bible, comme avec tout autre écrit ou discours, c'est qu'on peut dire tout et son contraire en tirant des éléments hors du contexte. Il faut donc vérifier si ce que je dis là est cohérent avec l'ensemble de cette bible.

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