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Laïcité inch'Allah, ou blasphémateurs au pilori?

blasphème,jean boulègue,nadia el fani,dalaï lama,laïcité,liberté dexpression,tunisie,islamismeFeu Jean Boulègue, dans la magistrale étude qu'il a consacrée au débat juridique et social autour du blasphème dans la France laïque, l'avait prévu: en dépit d'une jurisprudence finalement favorable au respect intangible de la liberté d'expression (même si celle-ci salit et profane la religion), le débat n'est pas clôt, et les chasseurs de blasphémateurs ne désarment pas.

Ce débat a encore rebondi très récemment autour de plusieurs affaires.

Dans l'édition numérique de L'Express de cette semaine, on lira par exemple l'interview de Nadia El Fani, auteure d'un documentaire intitulé Laïcité Inch'Allah.

 

"Je suis accusée de blasphème"

Le sujet "sensible" de son documentaire, et la manière dont elle le traite, lui valent aujourd'hui des menaces de mort de la part d'islamistes tunisiens, tandis que son père a été averti publiquement qu'il pourrait bien être égorgé. A la question de savoir si elle retournera dans la Tunisie nouvelle, post-Ben Ali, elle répond:

"Je suis accusée de blasphème, d'atteinte aux bonnes moeurs et d'atteinte à un rituel religieux. Donc on peut très bien me confisquer mon passeport à mon arrivée sur place".

 

blasphème,jean boulègue,nadia el fani,dalaï lama,laïcité,liberté dexpression,tunisie,islamismeSur un autre front, notons par ailleurs qu'un site internet catholique conservateur (qui ne représente pas tous ces derniers) a publié ce mois-ci une dénonciation au vitriol de deux oeuvres blasphématoires contre le christianisme.

Le titre de ce libelle: "Blasphèmes publics, la responsabilité de l'Etat". Après avoir dénoncé l'offense faite, estime-t-on, aux chrétiens, on demande ni plus ni moins à l'Etat d'intervenir.... contre les blasphémateurs, appelant par ailleurs "d'autres chrétiens de sensibilités spirituelles différentes" à réagir, en-dehors des cercles catholiques.

Cette invitation musclée à sévir contre le "blasphème public" irait-elle jusqu'à tendre la main, par exemple, aux islamistes qui veulent la peau de cette autre "blasphématrice" (sic) que serait Nadia El Fani? Ou nos amis catholiques conservateurs souhaitent-ils seulement faire punir, par l'Etat, le blasphème anti-chrétien?

Il serait intéressant d'en savoir plus...

La question n'est pas de dire si les oeuvres en question sont offensantes, répugnantes, nulles... ou subversives. L'objectif est d'interdire le blasphème, soi-disant pour respecter les chrétiens (à qui on ne demande pas toujours leur avis).... sans se rendre compte que l'interdiction générale du blasphème a une portée liberticide qui va bien plus loin, risquant d'empêcher, à l'avenir, non seulement les provocations gratuites et pitoyables, mais aussi des oeuvres fortes, des discours structurés, des opinions controversées, des critiques essentielles, des documentaires engagés....

 

Interdiction du blasphème, nouveau Droit de l'Homme?

images.jpegA l'échelle internationale, on notera enfin qu'un congrès religieux mondial à Montréal a carrément demandé, le 17 septembre 2011, que l'interdiction du blasphème soit inscrite parmi les Droits de l'Homme.

Ce qui correspond à une stratégie déployée, depuis des années, par plusieurs grandes religions, à commencer par des représentants musulmans... et catholiques.

Le refus du blasphème, un Droit de l'Homme... Rien de moins! Nadia El Fani, prend garde à toi... Et le Dalaï Lama, présent à la conférence, n'a pas été le dernier à en faire la demande, s'attirant la sympathie de l'internationale des anti-blasphémateurs.

 

Alors, haro sur les blasphémateurs au nom d'une laïcité à l'aspartame, une laïcité dalaï-lamocompatible?

Ou laïcité qui laisse s'exprimer et vivre ensemble le mystique, le prêcheur,  l'athée et le blasphémateur?

Nul doute que le débat national et international sur le blasphème constitue aujourd'hui un analyseur crucial des enjeux laïques de demain, c'est pourquoi on lira et relira l'ouvrage essentiel ci-dessous, qui décrypte le débat franco-français:

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Commentaires

  • Le jugement du "profanateur de coran" est à nouveau d'actualité.
    Le parquet avait fait appel de la relaxe et le prévenu se retrouve devant la cour d'appel de Colmar.
    La presse régionale du 28/09 dit : "Le parquet brûle de faire condamner l’internaute
    Le parquet a de nouveau requis prison avec sursis et amende ferme hier à l’encontre de l’internaute qui a souillé le Coran à Bischheim."
    En somme, les plaignants (notamment Sos Racisme) veulent que l'acte soit qualifié de "raciste" puisqu'on ne peut pas condamner pour outrage à une religion. Pourtant, en brûlant et en urinant sur un coran, c'est bien une religion qui est outragée, et non une race ou une ethnie.
    Le jugement sera prononcé le 25 octobre prochain. A suivre donc...

  • Merci pour cette information qui m'avait échappé.
    L'acte de cet internaute est lamentable et islamophobe.
    Mais le qualifier de "raciste" est surprenant, car ce n'est pas une "race" mais une religion, comme vous le soulignez très bien, qui est attaquée.
    Il semble que par le biais du "racisme", SOS Racisme s'attaque plutôt à un blasphème.
    A suivre, en effet...

  • Bonjour,
    Je pense personnellement que si ce type de loi "anti blasphèmes" voit le jour dans l'espace européen, cela va donner lieu à des abus et à des dérives encore bien plus graves venant de tous bords. Sans compter sur l'instrumentalisation inévitable qui s'ensuivra. Pallier l'absence d'équilibre dans la sphère des rapports privés entre personnes d'une même société ne se règlera malheureusement pas par un accroissement de lois seulement ! On demanderait dans ce cas à l’État de jouer au gendarme du comportement et à l'éducateur des consciences ! Que certains provoquent ou blasphèment, ça les regarde, ça ne me dérange pas pour ma part, tant qu'il n'y a pas directement calomnie ou diffamation mensongères envers des personnes. La suppression des mauvaises tendances de la nature humaine ne se décrète pas par l'autorité publique. Et puis, au royaume de la "liberté d'expression" et des "droits de l'homme" (eh oui, c'est plus vendeur que "devoirs de l'homme"), chacun est libre de faire preuve d'intelligence ou de stupidité, tant envers soi-même qu'envers les autres, du reste... Et pour finir, méditons sur les abus qui se multiplient avec une loi anti blasphème dans un pays comme la Pakistan, et là, ça ne fait plus rire personne.

  • Faisant suite à mon commentaire précédent, je vous invite à consulter cette page sur Internet :
    http://www.aed-france.org/actualite/pakistan-une-jeune-chretienne-de-13-ans-accusee-de-blaspheme-pour-une-erreur-de-prononciation/
    C'est un article publié sur le site de l'Aide à l’Église en Détresse, une œuvre catholique dédiée au secours des chrétiens persécutés dans le monde.
    L'histoire est édifiante et a valeur d'exemple ; elle illustre exactement ce que j'explique ci-dessus.

  • Suite et sans doute fin de cette histoire de "profanation du coran": le prévenu est relaxé en appel.
    http://www.dna.fr/actualite/2011/10/25/relaxe-confirmee

  • Le lien "DNA" ne fonctionne plus. En voici un autre concernant la relaxe du prévenu ayant "profané" un coran : http://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/relaxe-confirmee-en-appel-pour-l-internaute-qui-avait-brule-un-coran_1044366.html

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