Dans le petit monde syndical français, aussi prétentieux que freluquet (en comparaison des robustes syndicats de la plupart des pays voisins), François Chérèque, à la tête de la CFDT, a longtemps fait figure de père La Vertu.
En dépit de diverses controverses, il avait su, jusqu'à très récemment, conserver une forme de crédibilité morale, fondée sur une impression de sincérité, et un fonds de valeurs pas (trop) frelatées.
Hélas, le gentil François Chérèque vient de plomber (définitivement ?) son image.
Dans un entretien surréaliste au quotidien Le Monde, publié le 13 décembre 2011, on lui a notamment demandé de réagir au fameux rapport de la commission parlementaire sur le financement des syndicats.
Il faut préciser que ce rapport parlementaire, certes critiquable, comme tout document de ce genre, est le résultat d'un travail suffisamment rigoureux pour être parvenu à décaper la rhétorique cosmétique des uns et des autres, et mettre en lumière de graves disfonctionnements, connus depuis longtemps de l'ensemble de la classe politique au pouvoir, mais inconnus de la plupart des Français.
C'est la raison pour laquelle des arrangements politiciens de dernière minute ont conduit au blocage de la diffusion de ce rapport, qui dérange beaucoup de monde, à gauche et à droite.
Quand la température est mauvaise, on casse le thermomètre?
Chargé du rapport sur le financement des syndicats, Nicolas Perruchot, député du Loir et Cher (ci-contre), effectue pourtant des constats utiles, et formule des propositions qu'on gagnerait à méditer. En dépit de la non-publication du rapport, de nombreux organes de presse en ont donné un aperçu, synthétisé ci-dessous.
CONSTATS: un syndicalisme français peu rassembleur, mais méga-subventionné
Parmi les constats, une certaine opacité persistante des comptes, en dépit de la réforme de 2008 (loi du 2 août, qui oblige les syndicats à publier leurs comptes, et, au-delà d'un certain seuil, de les faire certifier).
Il rappelle aussi cette réalité bien connue, qui veut que le syndicalisme français est caractérisé par ce paradoxe: tandis qu'il est particulièrement peu représentatif de la population (seulement 8% de la population est syndiquée, contre 29% en Allemagne et 29% en Grande-Bretagne), il est aussi particulièrement subventionné.
Moins de 5% des ressources syndicales françaises proviendraient des cotisations des adhérents. Le reste? L'argent public, sous diverses formes.
Tableau ci-dessous à partir de données 2004 de l'IGAS (Wikipedia)
En cumulant les divers échelons de subventions (d'argent des citoyens), le total des subventions reçues par les syndicats français avoisinerait, selon le rapport, entre 3 et 4 milliards d'Euros par an. Oui, on a bien lu: entre 3 et 4 milliards d'Euros par an.
Ceci contribuerait à expliquer pourquoi la France est le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de permanents syndicaux par rapport aux nombre de syndiqués.
En clair : non contents de demander des cotisations souvent élevées, c'est avec l'argent des citoyens ("protégés", mais aussi "victimes" des grêves syndicales, je sais de quoi je parle, en tant qu'usager SNCF...) que les syndicats financent leurs activités multiples et variées... et assurent le train de vie de leurs responsables.
Tout se passe comme si une caste de syndicalistes mangeait au double râtelier des syndiqués (sommés de cotiser et de "faire masse") et de l'Etat (qui crache au bassinet), dans un étrange mélange des genres fort éloigné de la vertueuse rhétorique des "valeurs des salariés" défendues, soi-disant, par Thibault, Chérèque et Cie.
100 millions pour les syndicats britanniques, 3-4 milliards pour les syndicats français
Pour information, les syndicats britanniques (pourtant plus nombreux qu'en France) auraient reçu, en 2010, un peu plus de 100 millions d'Euros de subventions publiques (cf. ce document PDF, où les montants sont en livres sterling). En France, le montant dépasserait les 3 milliards d'Euros.
Pourquoi ne réduirait-on pas ces subventions gargantuesques? Et pourquoi ne développerait-on pas davantage le timide processus de certification amorcé depuis la loi de 2008, processus appliqué beaucoup plus rigoureusement et systématiquement chez nos voisins britanniques?
On rejoint ici un débat qui vaut aussi pour le champ associatif, et sur lequel quelqu'un comme Pierre-Patrick Kaltenbach (et, avant lui, feu Philippe Séguin) se sont beaucoup investis.
PROPOSITIONS: certification, représentativité, contrôle démocratique
Parmi les propositions, justement, qui ont "fuité" dans la presse, Nicolas Perruchot préconiserait dans son rapport de donner aux employeurs, la possibilité de contrôler les dépenses des comités d’entreprise par le biais de l’Inspection du travail, en particulier pour ceux de la SNCF et d'EDF (dont la gestion a été récemment épinglée).
Il propose aussi de soumettre leurs achats à des procédures d’appels d’offres (transparence). Sur le site de Marianne 2, par la plume de Laurence Dequay, on peut lire aussi: "Téméraire, il entendait également ramener rapidement auprès de leurs employeurs, ces délégués syndicaux qui s’éternisent dans les bureaux de leurs organisations, en limitant la durée de leur détachement. «On imagine l’effet boomerang sur les personnels politiques si on imposait une telle mesure aux syndicalistes!» s’émeut Jean Mallot député (PS).
Surtout Nicolas Perruchot lançait un sacré pavé dans la mare. Il proposait de jauger la représentativité des organisations patronales, à commencer par celle du Medef, par des élections. Un scoop et une revendication de longue date des syndicats de salariés !"
En clair, Nicolas Perruchot proposait un effort de transparence, de certification, de représentativité, afin de corriger la douloureuse impression de double langage, voire de dérive mafieuse et népotique, qui ressort de l'examen du fonctionnement actuel des grandes organisations syndicales françaises.
Tout ceci n'apparaît pas scandaleux, bien au contraire, d'autant plus, comme le fait observer le CREF (syndicat des TPE et PME, très petites entreprises et petites et moyennes entreprises), "le candidat François Hollande a justement lancé sa campagne sur le thème de la démocratie sociale qu’il souhaite renforcer en donnant plus de pouvoir aux syndicats grâce à une réforme constitutionnelle.
Donner plus de pouvoir à des organisations dont on se refuse à contrôler le financement est choquant, et permet de s’inquiéter pour la démocratie et le devenir de la République". Le rapport Perruchot, dans ce contexte, vient d'autant plus à point, tant dans son descriptif, que dans ses suggestions de réformes.
"Circulez, y'a rien à voir"
Face à ce double volet de constat et de propositions, que répond François Chérèque ? On aurait pu attendre, d'un homme réputé intelligent et relativement intègre (jusqu'à preuve du contraire), un minimum d'autocritique. Que nenni ! Il crie au "poujadisme", agite l'épouvantail du Front National, multiplie les raccourcis démagogiques, les défenses corporatistes, et il botte en touche. "Circulez, y'a rien à voir". Il menace même de l'arme du procès (porter plainte).
C'est tout juste s'il n'atteint pas le point Godwin (évoquer la Seconde Guerre Mondiale, faute d'arguments massue). Ce sera peut-être pour la prochaine interview?
Sa non-réponse aux questions gênantes posées, entre autres, par le rapport parlementaire, mais aussi par d'autres instances (Cour des Comptes) est proprement sidérante dans son déni du réel, et son arrogance tranquille. On n'attendait certes pas de l'enthousiasme, ou un mea-culpa retentissant, mais au moins, une ou deux concessions, une ou deux pistes d'autocritique?
François Chérèque finit certes par admettre que "la réforme de la représentativité doit nous amener à des pratiques plus en proximité avec les salariés et à plus de transparence sur nos modes de fonctionnement, y compris financiers. Il nous faut redonner du sens au syndicalisme, développer son utilité, renforcer l'intérêt des salariés." Mais comment croire à une telle profession de foi si les questions gênantes sont balayées avec mépris, du revers de la main?
Rhétorique du déni qui nourrit le Front National
Critiquer l'opacité financière des syndicats et leur mode de représentativité, c'est faire le lit du Front National, voilà ce que nous semble nous expliquer le brave François.
Si on a bien compris, toute revendication d'un meilleur contrôle du financement des institutions (syndicales en particulier) c'est faire le jeu des extrêmes. Inversement, que tout le monde continue ses petites combines, si possible loin des regards indiscrets, avec un bon peuple prié d'applaudir devant l'estrade de Guignol (ou des Guignols de l'Info), et tout ira bien?
C'est Marine Le Pen qui doit bien se marrer!
On répondra au triste François que ce n'est pas le rapport Perruchot, mais sa propre rhétorique du déni, et celle de ses collègues et copains, qui nourrit le Front National (quasi assuré non seulement d'accéder au Second Tour des prochaines Présidentielles françaises, mais peut-être même d'être en tête au Premier Tour).
Société civile en trompe-l'oeil
Du point de vue des sciences sociales, on remarquera par ailleurs que ce dossier du financement des syndicats confirme une singulière spécificité française, dont il faudra bien finir par guérir sous peine d'implosion: une société civile en trompe-l'oeil, composée d'associations de terrain et de communautés locales vivantes, portées par leurs membres, mais aussi d'associations subventionnées envahissantes (MRAP, Armée du Salut, Secours Catholique, SOS Racisme, CRAN, culture bobo perfusée et compagnie) et de syndicats biberonnés d'argent public, (CGT, CFDT et tutti quanti) dont la vitalité est sujette à caution, et dont la puissance contre-culturelle est stérilisée (la subvention publique noie la subversion et l'utopie dans la lait tiède des compromis et des appétits d'appareil).
Lorsqu'on étudie de près ce théâtre d'ombre, on est bien loin de cette société civile comme force alternative, "non étatique", vecteur d'expression des dynamiques sociales, "à base bénévole", dont Jürgen Habermas (ci-contre) délimitait les contours dans Droit et démocratie (1).
Ce jeu de dupe, qui fait croire à un débat démocratique et au jeu des contre-pouvoirs, alors qu'il s'agit d'un accommodement d'intérêts réciproques (les assoc' et syndicats n'ayant aucune indépendance véritable, puisqu'ils ont besoin de leur petit sandwich d'argent public pour exister), entretient confusion et logiques de copinage (mafieuses?) au détriment d'un débat social en prise avec le REEL des citoyens.
Un spectacle social qui ne dit pas la vérité
C'est ce déficit de relais crédibles, honnêtes et représentatifs avec le pays réel qui contribue largement au fait que des millions de Français ont aujourd'hui plus que jamais le sentiment que le spectacle social qu'on leur montre ne les représente pas, et ne dit pas la vérité.
Ils n'ont hélas pas tort, même si le vote extrême qui tente beaucoup d'entre-eux n'est qu'un dangereux pis-aller.
Pour aller plus loin, on lira avec profit Roger Lenglet, Jean-Luc Touly, Christophe Mongermont, L'argent noir des syndicats, Fayard, 2008.
(1) Voici comment Jürgen Habermas définit la société civile:
« (...) ce qu’on appelle aujourd’hui société civile n’inclut plus (...) l’économie régulée par les marchés du travail, les marchés des capitaux et des biens et constituée par le droit privé. Au contraire, son cœur institutionnel est désormais formé par ces groupements et ces associations non étatiques et non économiques à base bénévole qui rattachent les structures communicationnelles de l’espace public à la composante «société» du monde vécu. La société civile se compose de ces associations, organisations et mouvements qui à la fois accueillent, condensent et répercutent en les amplifiant dans l’espace public politique, la résonance que les problèmes sociaux trouvent dans les sphères de la vie privée. Le cœur de la société civile est donc constitué par un tissu associatif qui institutionnalise dans le cadre d’espaces publics organisés les discussions qui se proposent de résoudre les problèmes surgis concernant les sujets d’intérêt général». Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie, Paris, Gallimard, 1997, p.394.
Commentaires
J'aime bien votre liste "d'associations subventionnées envahissantes" :-)
... et je suis moins optimiste que vous à propos de l'existence d' "associations de terrain et de communautés locales vivantes". Il y a là aussi bien des arrangements politiques, non pas forcément pour de l'argent, mais pour valoriser la morale individuelle des uns et des autres. (ce que vous appelez le bobo, peut être) (mais vous avez convenu je crois que le terme "bobo" n'était pas très scientifique).
La monnaie de la société civile, c'est la morale.
Merci M. Fath d'exprimer si bien une indignation (mot à la mode, mais je n'ai pas trouvé mieux) que vous n'êtes pas seul à ressentir et de mettre en lumière le gros problème qu'est cette "société civile en trompe l’œil". C. Guilluy parlait ce matin sur France Culture de la France périphérique, qui n'apparaît que très peu dans les médias; il y a là aussi un beau trompe l’œil quant à la réalité de notre pays.
M. Fath, vous mentionnez l'Armée du Salut comme association subventionnée envahissante. Je pense qu'il faut distinguer deux organismes :
- La Fondation Armée du Salut, laïcisée, vidée de sa substance spirituelle, riche comme Crésus,
- La Congrégation Armée du Salut, pauvre comme Job et qui essaie de survivre comme elle peut.
J'ai peur que sans ces précisions, la plupart des gens ignore qu'il y a les deux, et risque de ne plus soutenir la congrégation qui fait pourtant un travail remarquable.
Pour plus de renseignements : http://www.armeedusalut.fr/armee-du-salut/organisation-et-fonctionnement.html
Merci beaucoup pour ce billet fort intéressant.
Pour les associations cultuelles, une fois dépassés les 152 000 E (de "recettes" annuels), vos comptes doivent être certifiés par un Commissaire aux Comptes, qui vient éplucher absolument TOUTE votre comptabilité. En plus, même si vous n'avez dépassé cette somme qu'une fois, les contrôles sont obligatoires pendant 3 ans, et bien entendu à vos frais.
Quand on voit la somme astronomique que brassent les syndicats, on s'aperçoit qu'il y a également 2 poids, 2 mesures dans le domaine de la gestion financière. Lamentable.
Bonsoir,
Merci aux commentateurs.
Je tiens à préciser que la caractérisation d'associations "envahissantes" ne vaut pas critique sur le fond. Les associations citées font, pour la plupart, du très bon travail.
Ce que je souligne, c'est que ce très bon travail est l'objet d'un effet d'écho énorme, en raison d'une perfusion d'argent public très importante, qui aboutit parfois à un grand décalage entre la vitalité réelle de ces associations (notamment en matière de bénévoles, de "troupes de terrain"), et l'écho médiatique surdimentionné qu'elles enregistrent, grâce à leur manne étatique.
Et cela même, alors que dans le même temps, des associations plus "grass-root" (proches de la base populaire) occupent 10 fois moins d'espace médiatique, alors qu'elles sont pourtant davantage portées par une authentique impulsion locale et citoyenne.
Il ne faut pas non plus être naïf sur ces assoc grass root ce ne sont alors pas des subventions État astronomiques mais des aides encore plus opaques des collectivités territoriales
Quant à celles qui ne sont pas subventionnées, le soutien est indirect avec des avantages fiscaux énormes et un contrôle inefficace
Disons plutôt, que nous vivons un système à bout de souffle dont les symptômes se multiplient. Par ailleurs, rien n'est gratuit et personne n'est vertueux quelle que soit la structure (y compris les centres de recherche publics, pourquoi ne s'ouvre t il pas plus au mécénat privé ? Par idéologie ?)
Cependant, il faut souligner les mesures de transparence prises (pour votre info, depuis peu les comptes des syndicats doivent être publiés...)
Mais il est bien votre post !
Entièrement d'accord avec Schtroumpf (savant!) sur le fait que "personne n'est vertueux quelle que soit la structure". Mais il y a des degrés. Et il reste qu'en système "bottom-up" (contrôle démocratique par le bas) doublé d'une obligation de certification, on évite quand même pas mal de dérives.
Enfin, je vous signale que j'ai bel et bien écrit, dans ma note, que les comptes des syndicats devaient être publiés depuis 2008. Relisez, et vous verrez que sous la photo de Nicolas Perruchot, j'écris: "en dépit de la réforme de 2008 (loi du 2 août, qui oblige les syndicats à publier leurs comptes, et, au-delà d'un certain seuil, de les faire certifier)."
On observera qu'attendre 2008 pour que les syndicats français publient leurs compte est "hénaurme".... On remarquera aussi que la certification n'en est qu'à ses balbutiements.
Au "pays des droits de l'homme", où "tous les hommes naissent libres et égaux en droit", cela fait vraiment désordre. Vous avez raison, le système est "à bout de souffle". Godard, nous voilà :-)
Vous savez SF je crois qu'il faut ressituer tout cela dans le contexte de l'essouflement du modèle administrativo-republicano-jacobin, moi c'est ma "grille de lecture" de pas mal de sujets
les syndicats font parti de cette mécanique et là ça chute et ça se voit
Entièrement ok avec vous sur vos propos et complétants
En somme, le libéralisme au sens noble c'est pas mal du tout !
Serait bien qu'on arrête de penser que l'argent du privé c'est forcément mal et l'argent public forcément bien... Dépendre des subventions c'est être faible et c'est dependre du contribuable, diversifier les financements privés c'est être fort...
Schtroumpf alias James pas très savant mais aime bien réfléchir en lisant Sf (-:
Grâce aux commentaires j'aurai appris quelque chose sur l'armée du salut, merci :-)
Je ne crois pas que ll'argent soit le problème. La diversification des ressources pourrait être un début de solution, mais c'est souvent déjà le cas : il y a plein d'entités privées qui subventionnent, et même quand c'est "l'état seul" qui subventionne, on peut quasiment considérer que c'est diversifié, à cause de toutes les structures étatiques ; c'est à chaque fois un dossier différent, des personnes différentes, etc.
Tout cela a commencé à m'interpeller lorsque j'ai appris que le dopage dans le monde amateur était aussi pire que dans le monde professionnel. Beaucoup d'assoss amateurs dopent leurs sportifs. Et toutes sont "grass-root", autant que je puisse comprendre ce terme. Encore mieux : la plupart reçoivent déjà des fonds privés diversifiés.
Pourquoi le font-elles ? Pourquoi des personnes comme vous et moi acceptent de se doper ?
Mon explication générale est la fascination de la morale. Nous subissons une perte d'identité, et nous essayons de nous rattraper par une morale irréprochable, et bien visible.
Par exemple le sport est un modèle de dépassement de soi, de responsabilisation, etc, et donc chacun essaie de "se prouver".
Les syndicats, qui concrètement ne sont plus visiibles que par le biais des comités d'entreprises (et les grèves ! ), financent x activités des salariés, style gardes d'enfants, vacances, loisirs, au motif que comme ils travaillent, ils méritent.
Et les assoss caritatives... alors là n'en parlons pas question morale visible elles ont le pompon.
Il y a aussi sans doute un "essouflement du modèle administrativo-republicano-jacobin" comme dit un commentateur, mais quoi plus précisément ? Dans le administrativo-republicano-jacobin il est facile de trouver quelque chose qui va pas, tellement l'idée est large... (surout en France ! )
Cordialement.
Quand on voit ce que le pouvoir politique (peu importe d'ailleurs de quel bord il est) ose financer en matière de "spectacles", plus rien ne m'étonne personnellement, et depuis longtemps. D'une certaine manière, il s'agit là aussi de "spectacle", qui pourrait s'intituler "le bal des hypocrites" ou "chronique d'un simulacre annoncé".
Le temps est aux appâts rances, cependant gardons la pêche.
"Le communisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme ; le syndicalisme, c'est le contraire." (dixit Michel Colucci dit Coluche).
C'est une boutade, bien sûr, mais par les temps qui courent, mieux vaut encore recourir à l'humour, toujours... En fête, euh...
Sextidi, 26 Frimaire an 220 (SLDCR, Syndicat Laïque de la Défense du Calendrier Révolutionnaire).
Signé : Shreck
en utilisant la formule de la fin du modèle administrative-républicains-jacobin, je cherche à qualifier la crise de l'Etat, de son administration et de ses satellites
Cette culture ou idéologie de l'Etat qui se veut l'incarnation d'un intérêt général trascendant qui ne veut plus dire grand chose, l'obsession de l'intervention pour l'intervention, l'incapacité à abandonner les chimères jacobines d'un État central, l'incapacité de l'administration à sortir de ses cloisonnements corporatistes, les baronnies persistantes, les liaisons dangereuses de l'Etat concédées dans une logique de soi disante paix sociale, ce déni permanent de la réalité des finances publiques, cette nostalgie permanente pour un passé républicain fantasmé
Cette histoire c'est le paroxysme des liaisons dangereuses, d'un mode de gestion des relations sociales obsolètes, d'un paritarisme chimerique
et puis il faudra un jour écrire l'histoire du naufrage du système social français et se rappeler du rôle des ces syndicats qui ne représentent qu'eux mêmes et qui sont avant tout les gardiens de leurs places
Il faudrait relire les événements de 1995 et ce pauvre Juppe qui avait osé engager une réforme sociale...
A contre-sens de beaucoup de commentaires, je m'inscrirai en faux par rapport à cet article et à l'analyse du rapport Perruchot. On peut on l'on doit critiquer le syndicalisme français, faible et émietté. Mais cette situation n'est que l'écho d'une conception française de la démocratie ou l'on a facilement recours à la délégation. Voyez les partis politiques, qui n'ont jamais été de masse.
La question du financement de la démocratie est depuis longtemps posée, elle a trouvé un début de réponse il y a 20 ans pour les partis, et récemment pour les syndicats. Ses effets sont encore renforcé par la loi sur la représentativité qui devrait à terme (je l'espère) aboutir à une recomposition syndicale et à une vraie démocratie sociale.
Comme Sébastien le note, la CFDT a fait la première des efforts de transparence financière, notamment sur la certification des comptes, démarche particulièrement exigeante pour les responsables de syndicats. Il est d'ailleurs regrettable que ce blog reprennent les stéréotypes quand à l'image des syndicalistes français qui, s'il n'est pas faux (on a partout des apparatchiks) est loin de recouvrir la réalité.
Pour en venir enfin au rapport Perruchot, il faudrait être naïf pour ne pas y voir une stratégie politique de la part du parti majoritaire, ou au moins de certains en son sein. A pau près tout les syndicats sont aujourd'hui opposés à la politique gouvernementale, et, oh surprise, un rapport les accablant apparait. Foin de hasard à 6 mois de la présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy entame une stratégie de reconquête de l'électorat de droite.
Bien sûr, tout n'est pas à jeter dans le rapport (notamment la représentativité du patronat).
Mais nous ne devons pas oublier que ces syndicats et associations que Sébastien voit biberonné d'argent public, ne vivent aussi que grâce à un nombre certain de militants qui assurent des tâches d'intérêt général.
@Vincent SOULAGE
Bonjour,
Mais comment expliquez-vous qu'on ne sache pas comment sont financées des choses qui existent depuis plus d'un siècle ? Surtout que ce sont ces gens (partis, syndicats) qui sont censés établir les règles ou être modèles en ces domaines.
Il n'y a pas de naïveté, enfin j'espère pas trop ; je sais que c'est Mitterand qui a établi le financement des syndicats par les comités d'entreprise, ce qui revenait à acheter leur coopération. Et le syndicat d'EDF est un des moins "actif" de france, alors qu'il détient un sacré pouvoir. Que la droite envoye des infos vérolées, juste au bon moment, oui, ok...
Mais j'ai l'impression que vous êtes conscient que le syndicalisme français est malade, et que peut être même qu'il est devenu une force sans vraiment de rapport avec les intérêts des travailleurs, aussi je vais arrêter de vous taper dessus :-) Le syndicalisme fait parti des choses essentielles, aussi, j'espère que vous trouverez des solutions, puisque vous avez l'air de vous occuper de ce problème.
Cordialement.