Lu cette semaine, grâce à la "Matinale" de l'hebdomadaire La Vie, la chronique de Gérard Daucourt, évêque catholique du diocèse de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui oppose "l'athéisme pieux" et la "prostituée chrétienne".
Selon lui, l'athée pieux "défend des valeurs" rattachées au christianisme, entre véhémence et générosité, mais ne croit pas que "Christ est vivant".
La prostituée chrétienne, en revanche, "commet des péchés", peine à s'en sortir, mais espère et croit au Christ. (PDF du texte ici).
Y aurait-il un lien quelconque avec le débat sur le mariage gay?
L'évêque Gérard Daucourt n'effectue pas ce lien, aussi me garderai-je de risquer de déformer sa pensée.
En revanche, on notera que la typologie hardie faite par l'évêque (ci-contre) renvoie à une grille d'analyse classique en sociologie des religions:
-une approche "identitaire" du religieux et du catholicisme en particulier, englobée dans un kit de "valeurs", ce qu'Emile Poulat appelle la "christianitude",
-et une approche spirituelle où la foi, l'expérience personnelle d'un lien avec l'invisible (pour le chrétien, le Christ) surplombe les "valeurs".
Ces deux attitudes ainsi typifiées ne résument pas la diversité des attitudes catholiques face au débat sur le mariage gay et l'adoption par des couples unisexes (ou monogenrés).
Mais on peut se demander si l'on ne retrouve pas, en filigrane, deux stratégies différenciées, récemment mises en oeuvre dans les manifestations hostiles au mariage gay:
-d'un côté, l'optique de Civitas, réseau identitaire "arc-bouté sur la défense de la civilisation chrétienne", comme l'écrit Jean Mercier sur son blog (lien), au risque de s'en prendre avec une violence physique inadmissible aux provocations outrancières et blasphématoires des Femen (lien);
-de l'autre, l'optique "manif pour tous", interconfessionnelle, où le "sel" des chrétiens se mêle à d'autres saveurs; une manif qui n'oublie pas les "valeurs", mais qui ne les idolâtre pas non plus au point de piétiner la pécheresse, Femen ou pas.
Militante FEMEN brutalisée à Paris le 18 novembre 2012
(incidents dûs au clash entre la manif autorisée de Civitas et la contre-manif (non autorisée) des FEMEN, groupe féministe qui utilise l'ultra-provocation pour "bouger les lignes")
Commentaires
Il y a aussi toutes celles et tous ceux que l'on n'entend guère en ce moment et qui pensent que leur fidélité au Christ les invite à cheminer avec plutôt qu'à marcher contre (avec ou sans slogans discutables), à accueillir plutôt qu'à craindre ...