Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Centrafrique (RCA): le drame oublié des femmes "sorcières"

afrique,centrafrique,bangui,république centrafricaine,catherine samba-panzaAlors que les feux des projecteurs continuent à se braquer sur le cycle des violences/représailles qui embrase la République Centrafricaine depuis deux ans, un drame oublié continue, dans l'indifférence, à se jouer: la "chasse aux sorcières".

Si la peine de mort pour sorcellerie a été abolie en RCA, le code pénal de 2009 stipule toujours que la sorcellerie ou la magie constituent un crime passible de cinq à 10 années d'emprisonnement, et d'une amende de 200 à 2.000 dollars (de 100.000 à 1 million de francs CFA). 

De facto, les femmes, surtout célibataires et d'un certain âge, payent un très lourd tribut. L'accusation de "sorcellerie" ne repose pas sur des critères normalisés et objectivés. Dès lors, les dérapages sont légion, jusqu'à l'horreur (lien). L'arrivée à la tête de l'Etat d'une femme, Catherine Samba-Panza, permettra-t-elle de ralentir ces dérives? 

Rien n'est moins sûr, tant la situation du pays reste désastreuse, et hors de contrôle. Mode d'explication des conflits, la grammaire sorcellaire est sans nul doute sollicitée, plus qu'à son tour, dans les réglements de compte actuels, et il y a fort à craindre que de très nombreuses femmes en font les frais. 

Les dernières données fiables dont on dispose sur le phénomène nous viennent.... du Département d'Etat américain, dans son rapport sur la liberté religieuse (lien vers une traduction en français).

On y apprend notamment ceci: 

À la fin 2009, les responsables de l'administration pénitentiaire de Bangui estimaient que les femmes accusées de sorcellerie et condamnées pour ce crime représentaient de 50 à 60 % de la population carcérale féminine. On a bien lu: plus d'une femme sur deux incarcérée à Bangui l'était pour accusation de sorcellerie! Une page bien oubliée de l'histoire religieuse locale, dont les acteurs humanitaires et les missions chrétiennes parlent très peu, voire jamais, mais qu'il serait bon de regarder de plus près.

Commentaires

  • bjr,
    La redoutable efficacité de l'accusation de sorcellerie s'éclaire utilement de la lecture de l'œuvre maîtresse de Jeanne Favret-Saada "Les mots, la mort, les sorts", un classique.
    L'effondrement de l'objectivité et de la justesse au cœur de l'argumentaire juridique est désastreux. Exemple à méditer où l'"évidence" renforcée par émotion et idéologie devient mortifère, sans capacité de distanciation et avec la fascination de l'efficacité performative de certains termes qu'il suffit de proclamer pour déclencher des passages à l'acte.
    Calomnier, discréditer l'adversaire procède, en général et en tout contexte, de la même logique, hélas. Ici, il n'est pas insignifiant que les femmes en soient la cible.
    Puisse la Présidente entrevoir l'Ouvre d'éducation nécessaire sur ce point, effectivement négligé par les médias de toute obédience et tendance.
    Cordt, gef

  • Merci, Sébastien Fath, de dénoncer cette tragédie et l'injustice du silence collectif...

    Ce pays a vraiment sombré peu à peu dans le pire des obscurantismes, dans les ténèbres les plus épaisses et dans la confusion la plus extrême.

    J'espère que les gens là-bas - quel que soit leur arrière plan - reviendront à la raison, que Dieu les y incite ainsi qu'à la paix et à l'acceptation des autres avec leurs différences !

Les commentaires sont fermés.