Alors que le Tour de France cycliste fait halte à Mulhouse, où il est arrivé le 13 juillet 2014 pour en repartir au 14 juillet au matin, c'est l'occasion de rappeler qu'une des singularités fortes de cette belle cité alsacienne est.... sa présence protestante.
Longtemps République autonome, Mulhouse a connu jusqu'à son rattachement à la République française (1798) deux siècles de présence exclusivement protestante...
Il en reste quelque chose aujourd'hui. Cette marque confessionnelle s'exprime d'une part au travers d'un protestantisme luthéro-réformé notabilisé, très peu pratiquant, mais toujours au bénéfice, pour l'instant, des douillets privilèges des dispositions concordataires pré-1905 (pastorat payé aux frais du contribuable).
Elle s'observe surtout par les recompositions évangéliques, en particulier via la Porte Ouverte Chrétienne (POC), megachurch évangélique très dynamique qui attire des milliers de pratiquants hebdomadaires.
Mais la majorité de la population mulhousienne est aujourd'hui non-protestante. Elle se subdivise principalement en quatre catégories: catholicisme, islam, judaïsme (historiquement très dynamique en cette ville libre) et agnosticisme/athéisme.
Le basculement confessionnel a commencé au rattachement à la France, en 1798.
Cette année 1798 constitue un moment clé, comme le souligne David Tournier dans la thèse de doctorat Université Paris IV Sorbonne qu'il a soutenue en 2007. Le rattachement français a ouvert une ère de profondes mutations: "mutations économiques et sociales, avec l’arrivée massive de migrants que réclame l’activité manufacturière, mutations religieuses, avec la dilution progressive de l’ancienne société protestante dans une marée catholique qui, si elle tarde à disposer des structures paroissiales et institutionnelles, l’emporte en revanche bien vite sur le plan strictement démographique".
Pour en savoir plus, on lira avec profit la "position de thèse" de David Tournier (lien), auteur de "L'église, le temple et la fabrique, relations sociales et interconfessionnelles à Mulhouse au XIXe siècle" (dir. Jacques-Olivier Boudon, thèse 2007).
On lira aussi sa contribution à l'ouvrage collectif sur les oeuvres protestantes en Europe, issu d'un colloque, dirigé par Céline Borello et paru en 2014 (déjà signalé dans ce blog).