Hier soir, pour cause de retard, je n'ai pu entrer dans le théâtre du 11e arrondissement où j'avais réservé une place (ce qui m'arrive très rarement!). Du coup, je me suis balladé entre 21H30 et 22H30, en particulier Avenue Ledru-Rollin; au début de ma ballade, je me suis arrêté un moment à l'angle de la rue de Charonne.
C'est là, à un moment précis, que j'ai entendu une série de déflagrations. Tac tac tac tac tac... Avec les passants près de moi, nous nous sommes dit que c'était des pétards chinois. Je me souviens avoir levé la tête pour voir si ce n'était pas plutôt des feux d'artifice, tout en me disant: quelle drôle d'idée, des feux d'artifice un 13 novembre? Autour de nous, la vie continuait, enjouée comme un samedi soir à Paris par une belle soirée de novembre.
Puis place de la Bastille, avant de reprendre le métro ligne 5, beaucoup d'effervescence. Des policiers très armés. Une ambulance qui passe.... Ambiance.... Dans le métro, nous n'avons pas marqué l'arrêt Oberkampf, ni l'arrêt République, ni l'arrêt Jacques Bonsergent. Etrange! Et des SMS ont commencé à m'arriver.
C'est alors que j'ai réalisé. A 200 mètres près, j'aurais pu essuyer une balle, mais ce n'est pas ce qui m'a frappé le plus. C'est l'absurdité stupide et inhumaine de la violence terroriste, le contaste maximal entre la haine meutrière et aveugle, et l'insouciance paisible des familles, couples et célibataires venus prendre un verre et se délasser, dans l'ambiance détendue d'un samedi soir de novembre à Paris.
Alors que la France fait le décompte des dizaines de morts tombés cette nuit et réalise qu'elle vient de vivre, en sa capitale, la pire attaque terroriste multi-sites de l'histoire de France, n'arrêtons pas de vivre. De sortir. De rire de tout.
De penser. Et d'oser.
"La France n'a pas peur".... Chiche?