Jean-Paul Willaime, croisé il y a quelques heures au GSRL, vient de me signaler un entretien passionnant donné par Susana Szabo dans le quotidien Le Monde, dans son supplément du jeudi 27 octobre 2011 (page VIII), où elle répond aux questions de Julien Dupont-Calbo.
Susana Szabo (ci-contre) est initiatrice de l'Année européenne du bénévolat. Attentive aux décalages culturels entre pays d'Europe, elle pointe ce qui constitue d'après elle la raison principale de ces décalages: la tradition religieuse.
Manque de chance pour les non-abonnés, l'entretien n'est pas en accès libre online. Alors, tout en me refusant à reproduire en entier l'article, je me contente ici, en forme de teaser, d'en proposer quelques petits extraits, en rapport avec nos réflexions sur le rôle du religieux et l'enjeu des sociétés civiles.
Elle souligne en particulier ceci: "La pauvreté est une faute pour les protestants et une clé vers l'au-delà pour les catholiques. La religion pousse, dans les pays protestants, les individus à s'engager; dans les pays catholiques, à la charité".
Elle pointe par ailleurs des rapports différenciés à l'Etat, entre "pays libéraux" (qui donnent une grande place à la société civile et les pays "où l'Etat prend en charge beaucoup de domaines".
"On m'a regardée avec des grands yeux"
Et donne un exemple personnel:
"Citoyenne britannique, quand je suis arrivée en France, ma fille a été scolarisée dans une école primaire publique. La cour était dans un état lamentable. A la première réunion de parents d'élèves, j'ai proposé de venir tous ensemble un week-end pour la rénover. On m'a regardée avec des grands yeux... Pour les parents français, c'était à l'école et aux pouvoirs publics de le faire".
Problème... le modèle catholique et le modèle étatique sont confrontés à la crise budgétaire en Europe. Voici les réflexions qu'en tire Susana Szabo:
"En pays protestant, la reconnaissance de la société civile et l'absence d'Etat-providence ont déclenché une longue tradition de quêtes, de mécénat, de fondations et de partenariats avec les entreprises. Ces modes de financement n'existent que depuis quinze ans en France. Mais, globalement, le secteur reste financé par les Etats. Ce qui pose problème, puisque les fonds se raréfient, et les grandes férérations sont partout à la peine". (Le Monde, édition du 27 octobre 2011)
Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, soulignons pour finir que dans La nouvelle France protestante (2011), le chapitre 12 traite du sujet suivant: "Engagement social et solidarités", pointant notamment les 20.000 emplois à plein temps générés par ce secteur en France dans la sphère associative protestante.
(pages 194 à 205 de La nouvelle France protestante)
Commentaires
Et... donc la notion de "état providence" viendrait du monde catholique ?