Même si elle a été "montée en épingle" par ses promoteurs, la fusion de l'Eglise Réformée de France et des luthériens de l'EELF au sein de l'EPUF (Eglise Protestante Unie de France) est assurément l'événement protestant du mois, et l'un des faits majeurs de l'année au sein des Eglises issues de la Réforme.
Actée en ce moment au cours du synode national constituant de Lyon (8-12 mai 2013), elle donne l'occasion à Romain Blachier, pertinent blogueur protestant et élu municipal lyonnais (ci-contre), de se laisser découvrir dans la dernière page du numéro de Réforme 3511 (2 mai 2013, p.20).
Très bien réalisé, le portrait vaut le détour, ainsi que le blog de Romain Blachier (lien). J'ai sursauté cependant sur un point: sa spiritualité est présentée comme "bien dans l'air du temps"...
Je n'en suis pas si sûr. Vrai non-conformiste, l'intéressé n'hésite en effet pas à sortir des sentiers battus de l'air du temps. Romain Blachier se montre notamment d'une authentique ouverture d'esprit vis-à-vis de la diversité des protestantismes évangéliques.
Préempter l'identité protestante française
Pas si "air du temps" à l'heure où la constitution de l'EPUF ravive à toute allure la tentation, jamais démentie chez les protestants français réformés, de préempter l'identité protestante à leur profit, en vertu d'une étrange spécificité nationale qui fait sourire dans bien d'autres pays, où l'on sait fort bien que le protestantisme se conjugue au pluriel.
En témoigne par exemple le long entretien en trois parties accordé à Sophie Gherardi sur l'excellent site Fait-religieux.com par Laurent Schlumberger (ci-contre).
Le futur président de l'EPUF, que l'on a connu mieux inspiré, ne dit rien sur le caractère minoritaire de l'EPUF au sein du protestantisme français actuel. Même si ce n'était pas le sujet central, beaucoup auraient attendu de ce brillant esprit, a minima, un mot sur les autres protestants, et notamment la diversité évangélique.
Quant à l'AFP, sa dépêche du 8 mai 2013 présente carrément l'EPUF comme un rempart contre le chaos présumé du néopentecôtisme. Rempli de clichés à ne pas remettre entre toutes les mains (espérons que Marine Le Pen ne tombe pas sur la dépêche), on lit notamment:
"Il y a le souci de faire face au développement, spontané, pour ne pas dire échevelé, d'églises "d'un autre type", relevant d'un "néo-pentecôtisme" exubérant, syncrétique, non soumis à une institution, apparu au Brésil et en Afrique et qui fleurit parmi les populations immigrées."
On comprend l'idée. Des éléments de dérégulation et de recomposition interrogent effectivement les institutions existantes.
Mais le ton utilisé ici va bien au-delà de la neutralité descriptive que l'on attendrait d'une agence de presse sérieuse. Cet extrait est à faire figurer en bonne place dans une future anthologie des fantasmes antiprotestants, cumulant peur du migrant, "souci" devant l'expressivité, mythe de la spontanéité échevelée (sic), et surtout, angoisse de cet "autre type", "non-soumis à une institution", ce qui, dans l'impensé catholico-jabobin français, équivaut à la Chienlit...
Ciel! Des insoumis qui ne se rendent même pas compte que de bienveillantes institutions sont là pour penser pour eux, prévenir ce qui décoiffe (échevelés s'abstenir) et alimenter l'AFP en savoir éclairé!
Espoir pour les échevelés :-)
"Ou c'est moi, ou c'est le chaos"
L'EPUF ou la FPF ont-elles envoyé un correctif à l'AFP pour atténuer la caricature dont sont victimes ici les "néo-pentecôtistes" et migrants "échevelé(s)"? Il semblerait bien que non.
"Ou c'est moi, ou c'est le chaos", on connaît la chanson...
Mais il est un peu surprenant qu'en 2013, après tant de travaux académiques de tous horizons, on en soit encore à caricaturer à ce point la diversité du protestantisme actuel, au sein de laquelle l'EPUF représente une belle minorité dynamique de pratiquants, et une minorité fidèle de lieux de culte....
Cette minorité unifiée s'inscrit au sein d'un ensemble bien plus vaste et diversifié, où maintes voix osent affirmer cette provocation à méditer: chacun peut apprendre de l'autre (shocking: même des migrantes évangéliques sans papiers et un peu échevelées auraient donc des choses à dire et à enseigner à l'EPUF, la FPF et autres institutions labellisantes?)
Last but not least, ces réflexions autour des recompositions du protestantisme français à l'occasion de la fusion de l'EPUF rappellent les propos hautains et condescendants, et surtout bien mal informés, tenus il y a quelques mois par le futur président de la FPF (Fédération Protestante de France), le pasteur et théologien réformé François Clavairoly.
Diversité évangélique: "on verra comment elle peut s'intégrer dans le grand récit"
Celui-ci déclarait confortablement dans Réforme (n°3497, 24 janvier 2013, p.20), qu'il importe qu'au sein du CNEF (Conseil National des Evangéliques de France), les évangéliques "peuvent se raconter leur histoire les uns aux autres", poursuivant d'un royal voeu pieux: "Une fois qu'elle sera racontée, on verra comment elle peut s'intégrer (nous soulignons) dans le grand récit du protestantisme français".
Comme si les évangéliques n'étaient pas "intégrés" depuis longtemps dans le "grand récit" d'un protestantisme séculairement pluriel... Ils sont certes très loin d'être irréprochables en matière de collaborations, d'expression commune ou de mise en récit. Mais qui peut prétendre être irréprochable en la matière? Même si la FPF l'était, du haut de son expertise (respectable) est-il pour autant justifiable de lui confier implicitement, à elle ou à l'EPUF, la propriété du "grand récit" protestant?
Avec le "on" de majesté qui va avec? Et le regard en surplomb, façon Bonaparte tirant l'oreille du p'tit: "on verra bien mon brave"... "Hein, un jour, tu t'intégreras!" Mais faudra valider ton récit mon p'tit bonhomme!"
Et si la question de l'intégration se pose, qui doit s'intégrer? Celles et ceux qui construisent ce récit sur le terrain depuis longtemps, au contact des réalités populaires? Ou les hommes d'appareil qui, du haut de leurs certitudes (parfois maquillées en "doute" et "ouverture" à géométrie variable, Télérama-compatible), croient décerner des bons ou mauvais points d'intégration, oubliant que l'intégration commence par soi-même?
On a pu parler, il y a quelques années, d'une certaine "suffisance réformée" franco-française.
Cet objet sociologique (ou élément d'histoire des représentations) demeure décidément d'actualité, le rideau de fumée des bonnes intentions unitaires et oecuméniques cachant une réalité anthropologique beaucoup moins lénifiante, notamment bien décrite par René Girard: la tendance millénaire à s'unir contre un tiers exclu, regardé de haut.
Commentaires
Ne soyez pas si susceptible et n'attachez donc pas autant d'importance à quelques apparatchiks. Les luthero-réformés pensent par eux même et les propos de leurs "responsables" n'engagent qu'eux. En plus ici, il y a davantage du silence que du rejet. On ne va pas quand même être responsable des conneries écrites par les journalistes !
Je peux vous dire que sur le terrain paroissial réformé, le mépris pour les évangéliques n'est pas rare non plus, ce n'est pas réservé à quelques apparatchiks.
Quant à l'AFP, c'est vrai, son discours n'est pas celui des institutions protestantes... Mais mezzo voce, la maladroite caricature produite par l'AFP est souvent reproduite par les instances protestantes.
Encore une fois, il y a du vrai dans la description des dérégulations néopentecôtistes. Mais il y a aussi beaucoup de jugement de valeur et, souvent, de mépris.
J'y ai moi-même cédé il y a quelques années, mais depuis que je fais plus de terrain, je suis très sensible à éviter le discours généralisant et méprisant de celui qui "sait" contre le "néo" échevelé vu comme "non soumis" à l'institution (AFP).
Eh bien moi j'ai une vision tellement négative ( mais elle est peut-être fausse lol ) de la façon dont certains réformés et certains luthériens regardent les évangéliques que je me suis même demandé si, effectivement, la création de l'EPUF n'avait pas pour but de combattre l'expansion du protestantisme évangélique et, surtout, d'éviter qu'on prenne ces gentils luthériens et réformés pour des évangéliques "échevelés" ..
Comme vous le dites : on s'unit contre un tiers ...
Bon en plus, elle est spéciale, cette union entre luthériens et réformés : ils gardent quand même chacun leurs spécificités, que ce soit en Alsace-Moselle ( sous le nom d'Union des Eglises Protestantes d'Alsace Lorraine ) ou ailleurs en France ...
et en Alsace, tous les réformés ne sont pas d'accord : depuis quelque temps, à Mulhouse, il y a une "église réformée libre" .. et certaines fois au moins, c'est du moins ce que je vois dans le journal, ils font leur culte à .. l'église luthérienne libre ... ( ce qui indique que même s'ils ne veulent pas de cette union, ils n'ont rien contre les luthériens ... ) ...
Ca fait penser un peu à cette histoire : quand on essaye d'unir deux églises protestantes, il y a finalement trois .. l'église unie, et .. les deux autres, qui existaient déjà avant ...on raconte d'ailleurs cette histoire en prenant des dénominations différentes, du coup là on pourrait faire comme ça :
un pasteur réformé discute avec un collègue d'une autre ville et lui dit : chez nous, l'église réformée et l'église luthérienne se sont unies ...
enthousiaste, son collègue lui dit : chouette, il n'y a plus qu'une église alors ?
et l'autre répond : bin non, il y en a trois : l'église unie, l'église réformée et l'église luthérienne lol ...
Merci pour ce recadrage nécessaire !
Alors là oui!
Sur le terrain, le mépris pour les évangéliques, par les "historiques", est encore plus fort que chez leurs chefs.
Contrairement au commentaire précédent (on se demande d'ailleurs qui est susceptible dans l'affaire?), je crois que les déclarations des responsables engagent, c'est d'ailleurs pour cela qu'on les nomme . Je trouve votre analyse Mr FATH , exceptionnellement lucide sur l'orientation que prend cette "branche du protestantisme". Dans l'interview à laquelle vous faîtes référence de Mr Schlumberger, il n'est d'ailleurs question que de deux branches historiques de la Réforme. Quid de la réforme radicale? Quid des anabaptistes? Quant à la manière de voir les évangéliques de type pentecôtiste ou charismatique, il n'y a rien de nouveau: Ce sont tous des abrutis!
A Michel Le Borgne
Je crois que vous faites allusion au commentaire d'Authueil. Merci pour le compliment....
Cela dit je ne prétends pas être exceptionnellement lucide, et ma blognote est cette fois-ci plus sur le mode du "coup de gueule" éclairé que de l'analyse top niveau.
Mais je crois ce "coup de gueule" utile car les commentaires que je cite "engagent" effectivement les institutions, et ces commentaires sont objectivement soit ignorants, soit méprisants, soit les deux.
Je crois enfin que leurs auteurs (hommes remarquables) valent mieux que les commentaires cités, rappelons que l'erreur est humaine....
On attend d'autant plus, de la part de responsables qui lisent, voyagent, rencontrent, une hauteur de vue et un sens pédagogique plus aiguisés: ils en sont capables, mais encore faut-il les secouer un peu de temps en temps quand ils s'enlisent, c'était le but de cette blognote "engagée".
Échevelé ?
L'AFP ne fait que recopier ce qui lui est dicte
Bien lire cet interview
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/05/11/01016-20130511ARTFIG00270-les-protestants-doivent-aller-a-la-rencontre-de-leurs-contemporains.php
D'accord avec Autheuil... Je pense vraiment que le discours des autorités de l'EPUF n'est pas le reflet du terrain, même si, SF a raison, des opinions du même type peuvent se retrouver dans les paroisses luthéro-réformées.
Néanmoins, j'ai aussi vu l'inverse : paroisse luthéro-réformée cherchant le contact avec des églises évangéliques locales et refus méprisant de ces dernières : on ne mélange pas multitudinistes "apostats" avec confessants fidèles. En gros, des obtus, il y a en partout.
On peut regretter un manque de dialogue et des incompréhensions comme par exemple sur le rebaptême exigés par des églises évangéliques ou néo-pentecôtistes à l'égard de personnes issues du milieu luthéro-réformés (exemple local véridique).
On peut aussi regretter l'impact médiatique des prises de position peu réfléchies citées par SF. Plus stupide que grave.
En un mot, dommage mais pas définitif. La situation évolue favorablement depuis plusieurs années. Je ne pense pas (n'espère pas) que les autorités puissent inverser cette tendance souhaitable de dialogue compréhensif et respectueux entre vétéro et néo.
VF
Coup de gueule intéressant, mais ne manque-t-il pas un clin d'oeil sympathique à une composante, certes minoritaire dans l'EPUF, qui reste sympathique vis-à-vis des plus "échevelés"?
oui c'est bien à lui que je faisais allusion.
Réponse groupée:
Merci pour le renvoi à l'interview du Figaro, où Laurent Schlumberger souligne notamment: "on n'est pas toujours très à l'aise dans les débordements échevelés. Nous avons une spiritualité intérieure".
Quant au terrain, oui ne généralisons pas. Et de la fermeture côté évangélique, oui il y en a, et ce blog s'en fait d'ailleurs régulièrement l'écho (cliquez sur "dérive sectaire évangélique" et vous verrez!).
Il se trouve qu'ici je réagis à un événement labellisé EPUF, et que ce "coup de gueule" est donc focalisé sur l'événement et des prises de parole, commentaires, etc. liés à l'événement.
Mais cela ne remet pas en question les échanges respectueux qui ont lieu par ailleurs, et dont ce blog s'est AUSSI fait l'écho. Tout à fait d'accord pour dire qu'il y a eu des avancées en matière de compréhension réciproque, mais attention, aucune évolution n'est linéaire, et des retours en arrière sont possibles. Enfin, d'accord avec "Nussbaumer", à ceci près que mon clin d'oeil n'est pas absent, puisque ma blognote commence même par là en rendant hommage à l'ouverture de Romain Blachier, réformé de son état, et attentif, sans mépris, vis-à-vis des réalités évangéliques!
Plus encore que le nécessaire coup de gueule, c'est l'immense travail de recherche que tu accomplis, doublé d'une pédagogie expérimentée, qui attire mes remerciements. Tu es de ceux qui contribuent à ce que les "petits récits" aient leur place dans le grand ; tant pis pour ceux qui ne s'en rendent pas compte ou veulent continuer à entretenir le mépris - toutefois réciproque - que tu dénonces.
Il est tout de même très remarquable qu'aucune des réactions dissonantes provoquées par le sujet, n'invoque des différences de foi pour se justifier. Un observateur neutre, extérieur au christianisme, ne pourrait qu'en conclure que ce que croient les Réformés, les Luthériens, les Évangéliques, n'a aucune importance dans les tensions qui les opposent ici. Car il ne s'agit pas de savoir quelle confession, quelle église, s'approche au plus près de la pensée de Dieu, mais de savoir laquelle est en droit de prétendre à la première place médiatique :
-- C'est moi, parce que je suis la plus respectable, dit l'une.
-- C'est moi, au contraire, parce que je suis la plus nombreuse, répond l'autre.
De même que lors des élections présidentielles, la grande préoccupation des candidats et de leurs partis, reste de parvenir au pouvoir, et non celle de comprendre quel programme peut réellement marcher, la préoccupation des protestants évangéliques est manifestement celle de la visibilité, et non celle de la vérité . Autrement dit il s'agit de joutes "politiques", dans un contexte religieux.
Malheureusement une si courte vue ne saurait mener bien loin. Le candidat le plus habile en communication réussira certainement à se faire élire, mais s'il s'avère ensuite qu'il ne comprend rien à l'économie, le résultat final de son ambition sera un échec. Parallèlement, parmi les diverses branches du protestantisme, que l'une gagne la prééminence sur les autres, à quoi cela lui servira-t-il, in fine, si elle ne sait pas ce que Dieu veut pour la génération présente ? Aller à la rencontre de nos contemporains... et pour leur offrir quoi ? des banalités plates et démagogiques.
Les français, du moins c'est ce que disent plusieurs voix, se sentent aujourd'hui "un peu perdus". Ils ne comprennent pas où les hommes politiques prétendent les mener, mais ils ont plutôt l'impression que leurs capitaines naviguent à vue.
Les sommités religieuses du monde protestant évangélique semblent ne pas comprendre qu'un même sentiment désagréable de confusion les séparent de leurs ouailles. Tandis qu'ils se gargarisent de comités, de conseils, de réseaux, d'acronymes laids et boiteux à n'en plus pouvoir, la masse des "simples croyants" se désintéresse d'eux, et ressemble de plus en plus à un troupeau sans berger.
Gédéon.
Mr Gédéon, votre com est intéressant, mais vous faites partie de ceux qui n'ont pas compris que Mr Fath ne fait pas dans la théologie. C'est un sociologue, je pense qu'il confirme.
Alors pour la doctrine allez ailleurs, et commentez ici dans l'axe des choses.
Si je puis ajouter, je dirais que du point de vue neutre (je suis agnostique), je trouve amusant de voir que chez les protestants aussi, on tire la couverture à soi finalement. Les protestants sont divers, mais ils n'aiment pas les têtes qui dépasse ou les brebis galeuses. Influence catho? Je me demande
Mme AnneD,
Je vous remercie de vous être intéressé à mon commentaire, cependant il ne contient rien qui s'adresse spécifiquement à Mr. Fath : j'y fais état de mon étonnement de que plusieurs réagissent si vivement et si abondamment sur les rapports entre diverses "tribus" du peuple protestant sans expliquer ce qui au fond constitue la raison de leur existence.
Je connais bien l'argument qui interdit de parler de théologie sous prétexte que l'on fait de la sociologie, puisqu'on me l'a déjà plusieurs fois servi. Cependant je pense continue de penser qu'il est mauvais. Ce serait un peu comme interdire à un entomologiste d'apprécier les fables de La Fontaine, sous prétexte que son métier doit se limiter à décrire le comportement des fourmis. Il a quand même le droit de chercher ce qui motive foncièrement les fourmis et les cigales, non ? Ou encore, comme si vous empêchiez un agrégé de grammaire de commenter la vérité ou la fausseté d'une phrase parce que sa spécialité concerne le rapport que les mots soutiennent entre eux, et non leur signification.
Je ne crois pas que l'on puisse sérieusement étudier les protestants évangéliques sans la conviction absolue que l'objet de leur foi est bien réel, et que cet objet est connaissable. Sinon, cette étude-là ne sera qu'un jeu d'esprit, une statistique vaine ; autant décrire les mœurs des sélénites, des martiens ou des joviens. Le fait qu'ils n'existent pas n'a pas empêché certains savants du dix-huitième siècle d'écrire des livres sur eux.
Gédéon.
Pour ma part, je salue l'union des Eglises Reformees et Lutheriennes. Quant aux Eglises evangeliques, beaucoup refusent d'etre considérées comme "Protestantes" sous le pretexte "que les protestants ne sont d'assez bon chretiens" (sic). On entend beaucoup de ces dicours radicaux dans les eglises evangeliques. Le CNEF est aussi une forme de refus par les Evangeliques d'etre consideré comme "protestants".
Meme minoritaires, il n'en demeure pas moins que les reformés et les lutheriens representent le Protestantisme dans la Republique et en sont le porte voix le plus credible.
Les relations fraternelles peuvent parfois passer par des querelles familiales, l'article et les commentaires le laissent entendre. Après 20 ans de ministère pastoral et de travail inter-protestant, j'ai effectivement constaté parfois un orgueil luthéro-réformé vis à vis des évangéliques ("des adolescents pubères" m'a t-on déjà affirmé) et de l'orgueil évangélique vis à vis des luthéro-réformés (des "inconvertis" et d'affreux libéraux). Toujours est-il que chacun doit bien comprendre qu'historiquement comme théologiquement (dans les bases minimales du sola scriptura, fide etc...) nous sommes une même famille spirituelle, et que comme nous ne choisissons ni nos parents, ni nos frères et sœurs, il en va de même pour notre famille spirituelle, une belle exigence de vie commune, voilà bien l'humour de Dieu, non ?
Certes nos autorités ont toujours l'impression que les réformés sont seuls et que parfois ils le laissent croire, et ne savent comment aborder les évangéliques qui donnent aussi le bâton pour se faire battre. Je peux en parler en connaissance de cause, comme aumônier militaire et comme président de pôle régional de la FPF, mais aussi CNEF. Mes frères réformés ont parfois du mal à comprendre qu'un évangélique peut être amené à les représenter, et que l'évangélique doit parfois apprendre le jeu fédératif, et les compromis qui vont avec.
En tout cas cher aes, si je partage avec vous la satisfaction de l'union luthéro-réformée, que je souhaiterais voir dans les autres branches du protestantisme (mais il faudrait expliquer pourquoi, comment et dans quel but) je ne suis pas du tout d'accord dans l'affirmation que "beaucoup d'évangéliques" refusent d'être considérés comme protestants, ceci est faux, ces "isolationnistes" représentent une minorité, et encore moins au sein du CNEF qui revendique sa pleine identité protestante (cf leur charte). Quant à prétendre que les réformés et luthériens sont les seuls crédibles et seuls représentants du protestantisme envers la République, c'est au mieux de l'ignorance du paysage protestant, au pire de l'orgueil à tendance ségrégationniste.
La FPF représente, dans l'ensemble de sa diversité, le protestantisme pour la République, ainsi l'aumônerie protestante aux armées composée pour moitié d'évangéliques et pour moitié de luthéro-réformés, travaillant fraternellement et intelligemment. C'est oublier que notre actuel président de la FPF est un évangélique est-il moins légitime pour autant ?
Il se trouve que dans ma région (la Champagne-Ardenne) comme dans d'autres régions, les pastorales FPF et CNEF se connaissent, se rencontrent et même travaillent ensemble. Les éventuels frottements sont en général bénéfiques et interpellent chacun à mieux se situer et se connaitre. Tout cela est une affaire d'intelligence du cœur, de placer les valeurs comme le respect et la fraternité, d'assumer ce que nous sommes pour être au service de l'Evangile comme de notre prochain.
PS : je suis né luthérien, grandi chez les pentecôtistes, passé au banc de repentance de l'armée du salut, baptisé chez les réformés, pasteur de la fédération baptiste, et en tant qu'aumônier militaire, j'assure mes cultes devant des luthériens-baptistes-assembléededieu-réformés-libristes-adventistes et autres istes. Je suis fier et comblé de ce métissage.
Je voudrais m’insérer dans ce débat, que j’estime, en effet, assez essentiel. D’abord pour dire, effectivement, qu’il ne faut pas raisonner en termes de blocs religieux à propos des luthéro-réformés et des évangéliques. Les ouvertures, les refus et les incompréhensions sont également partagés des deux bords selon les individus, leur cadre intellectuel et les réalités locales du terrain.
Il me semble également que la mise en place de la démarche unitaire de l’EPUF renvoie à un autre moment historique dont je m’étonne qu’il ne soit pas plus évoqué, à savoir la création de l’E.R.F. en 1938. Rappelons, que c’est à Lyon (déjà), sous l’impulsion de Marc Boegner, que (pour faire simple) les réformés libéraux et évangéliques, divisés depuis 1879, s’unissent en une seule Église. La dynamique suscitée par cette création absorbe alors une grande partie du monde évangélique, puisque la majorité des méthodistes et une grande partie des libristes adhèrent à l’ERF naissante. A l’époque, il est vrai, les situations étaient très différentes d’aujourd’hui : les « indépendants » étaient en relatif échec et en situation financière délicate. Il est possible que ce précédent ait suscité quelques espoirs, peut-être parfois inconscients, chez certains. Par ailleurs, il me semble constater un certain raidissement dans les relations Réformés-Évangéliques sur le plan local depuis quelque temps. En même temps, je remarque que le protestantisme historique essaie de retrouver un certain nombre de ses fondamentaux. Le contexte l’y pousse : l’œcuménisme n’est plus ce qu’il était et le christianisme social est en phase de doute sur sa traduction politique. Un retour identitaire me semble inévitable, et j’y suis, à titre personnel, favorable dans la mesure où il dynamiserait l’ensemble luthéro-réformé.
Concernant quelques discours malheureux de quelques responsables protestants dont ce blog se fait opportunément l’écho (ce dont je remercie vivement SF), je pense qu’il faut les resituer dans un moment de relative euphorie propre à la création de l’Église Unie. Ils seraient pourtant inquiétants s’ils se confirmaient sur le long terme.
Je ne sais pas ou vous en etes. Mr Fath. Certains disent que vous avez fait un sale coup au protestantisme avec cette note. Jespere que vous n'êtes pas decouragé. Je suis réformé moi-même et je trouve très protestant votre maniere de faire.
Vous démystifiez les paroles d'autorité quand elles ne correspondent pas a la réalité. Vous critiquez les "grands" sans avoir peur de leur titre, et vous le fete avec des arguments, pour débattre et convaincre, sans volonte de nuire. Alors même si sur un point ou deux je ne vous suit pas comlpetement, je vous demande de continuer. Vous ne trahissez pas le protestantisme, au contraire. Alors courage
Hugues Note
D'accord pour dire que l'événement du synode de l'Eglise protestante unie à Lyon a d'abord été une opération de communication. Pour ce qui est de la "suffisance réformée", elle est certes toujours observable mais liée à l'histoire du monde réformé français : longtemps majoritaire dans le protestantisme national. Ce monde réformé change tout de même peu à peu.
Pourtant, le message de Laurent Schlumberger (http://synodelyon2013.fr/discours/MessageLaurentSchlumberger.pdf) me paraît avoir souligné d'autres enjeux qui mériteraient le débat, en particulier sur les questions d'identité. Il a notamment déclaré : "Nous refusons les postures identitaires. elles procèdent de la peur et de l'illusion... nous confessons que notre Eglise et que toute l'Eglise est un des visages - un des visages seulement - de l'unique Eglise du Christ. Et nous nous réjouissons de la pluri-appartenance ecclésiale de certains chrétiens... Nous récusons aussi les postures identitaires dans le champ social...".
Dans le champ ecclésial, religieux et plus largement social, comment prendre en compte les identités sans les réduire à des postures, de surcroit supposées procéder de la peur ou de l'illusion ? Si les postures identitaires peuvent être des moyens de pouvoir et d'instrumentalisation, leur négation peut aussi être une posture de la peur et de l'illusion, elle est souvent la signature des pouvoirs centralisateurs. Mais alors comment joue légitimement la diversité au sein du protestantisme ? La vision d'une Eglise déclarée "protestante unie", comprise comme forum d'individualités (ou de courants) est-elle tenable au vu des différences de sensibilité ? Les dynamiques d'identification et de différenciation continueront tant au sein du christianisme qu'au sein du protestantisme et plus largement dans la société. Ce serait une erreur de les occulter et de ne pas les prendre en compte.
Marc Frédéric Muller
Merci pour votre compliment. Je ne savais pas que vous m'aviez repéré. Pour le reste comme Authueuil je ne pense pas qu'on puisse voir en l'EPUF une création en vue de contrer qui que ce soit mais une envie d'être ensemble.
Merci à vous Romain Blachier.
Sur le fond je suis largement d'accord avec vous, et avec Authueil. L'EPUF n'est pas une machine à contrer les évangéliques, mais l'expression d'une envie d'être ensemble.
Raison de plus pour que la communication externe, côté réformé, soit claire. Or, elle laisse souvent la porte ouverte à l'interprétation hégémonique. Être une grande Eglise (et l'EPUF est une grande Eglise protestante) donne des responsabilités vis-à-vis des autres, ce que la sociologue Grace Davie appelle la fonction "vicaire" (vicarius role). Rappeler que l'EPUF n'est pas tout le protestantisme fait partie de ce rôle, tout comme il est normal de rappeler aussi que l'EPUF représente environ un tiers du protestantisme français d'aujourd'hui. On peut être protestant, échevelé ou non, hors de l'EPUF, et des protestants non luthériens ou réformés, il y en a eu sur sol français depuis le 16e siècle (anabaptistes de l'Est et des Flandres).
Les réflexions de S.Fath me paraissent assez justes. Je trouve très prétentieux la nouvelle dénomination qui se prétend "l'église protestante unie" alors qu'elle n'est plus qu'une minorité du protestantisme français.
En tant que luthérien confessionnel, je me sens tout-à-fait étranger à cette réunion de gens qui semblent faire bon marché des différences doctrinales, mais il est vrai que le modernisme et le libéralisme ont fait depuis longtemps des ravages dans ces deux églises.
Mr Muller, est-ce vous qui étiez pasteur à l'Illberg? :)
Le pasteur Laurent Schlumberger n'a nullement tenu les propos que semble lui prêter la dépêche AFP à propos du pentecôtisme. C'est avec beaucoup de surprise que celui-ci a découvert ce paragraphe. Même à l'AFP, les journalistes ne sont pas exempts d'accrocs au devoir de rigueur et d'une forme de neutralité. LS a à maintes reprises souligné les transversalités entre les différents mouvements protestants.
Aucune Eglise ne peut se penser "seule" au sein du protestantisme et plus largement au sein du christianisme. C'est sûr qu'on a toujours à renouveler cette prise de conscience. Nous sommes dans une période où des identités ont besoin nécessairement de s'affirmer. Ne perdons pas de vue les fruits portés en commun et ceux en cours de maturation...
Chère Muriel,
Ma blognote n'a nullement attribué la dépêche AFP à Laurent Schlumberger. Et je sais combien ce dernier est globalement attaché à la diversité protestante. Qu'il ait oublié de la souligner dans certains interviews ne change rien à cette réalité.
Ma note traite de trois sources différentes: l'interview de L.Schlumberger à Fait-religieux.com, la dépêche AFP, et la réflexion du futur président de la FPF sur le "grand récit" à partager. Ces trois sources convergent pour illustrer une forme de "suffisance réformée" certainement minoritaire, mais en large écho avec une "attente sociétale" (qui nourrit le stéréotype des "bons" et des "mauvais" protestants, ces derniers étant les convertis échevelés naturellement...). Il est de mon devoir d'analyser ceci, comme j'analyse aussi sans complaisance diverses dérives sectaires évangéliques.
Quant à la "tension structurante" entre réaffirmation identitaire et rapprochements inter-églises, on est effectivement en plein dedans. Il ne m'appartient pas de distribuer les bons ou mauvais points, mais d'analyser, sans enjeu confessionnel, les discours et les actes, les fruits et les pépins. :-)
"Je trouve très prétentieux la nouvelle dénomination qui se prétend "l'église protestante unie" alors qu'elle n'est plus qu'une minorité du protestantisme français."
Ceci aurait été vrai si elle avait choisi la dénomination d'église protestante uniQUe :)
Factuellement, l'EPUF est bien l'union de deux églises protestantes françaises. Attention aux procès d'intention !
D'accord pour relever avec SF les travers qui se font jour dans la communication de l'EPUF à cette occasion. Mais OK aussi pour souligner avec lui qu'elle ne se veut sûrement pas une machine à "casser" de l'évangélique.
VF
Pasteur de l'Eglise Protestante Unie et de sensibilité calvinienne et évangélique (mon cas est loin d'être isolé), je peux attester que j'y ai pleinement ma place, et que le regard des réformés sur les Eglises évangéliques (y compris pentecôtistes) a beaucoup évolué. Il y a parfois certes encore un peu d'arrogance ici ou là (certainement pas de la part de Laurent Schlumberger et François Clavairoly, et il faut voir dans le côté choquant de tel propos soit une déformation journalistique soit une maladresse). Reconnaissons aussi qu'il y a eu aussi parfois des propos et jugements blessants à l'égard des réformés et autres protestants "historiques" (le terme, je le reconnais, est largement abusif).
La création de l'Eglise unie n'est pas le fruit d'un relativisme doctrinal puisque les différences (symboles, discipline, ministères...) subsisteront dans les textes constitutifs de l'union. Je recommande vivement la lecture du tout nouveau hors-série de la Voix Protestante "95 questions sur le protestantisme" qui fait la part belle à notre diversité protestante.
Eglise protestante unie de France... Je suis étonné, pour ma part, que la Fédération protestante de France (FPF) ait laissé faire sans rien dire. En 1948, elle avait contraint les Eglises réformées évangéliques à ajouter le I de 'indépendant' à leur appellation (EREI). Une sorte de bonnet d'âne qui a été porté pendant 60 ans. Comment le maire d'une ville, le directeur d'un hôpital, le journaliste ou le paroissien catholique vont-ils faire la différence entre la Fédération protestante de France et l'Eglise protestante Unie de France ? A croire que c'est fait exprès. Quel 'message' est donc envoyé, avec ce choix ? Aux catholiques, aux évangéliques, aux membres de l'EPUdF eux-mêmes ? Je ne vois pas que ce soit un message porteur de respect et de considération, quand bien même on fait du respect d'autrui le fer de lance de son message...
Il est possible que l'EPUB (Eglise protestante unie de Belgique) ait servi de modèle. Mais la Belgique n'est pas la France et l'EPUB n'est pas constituée comme l'EPUdF.
Il est possible que l'ensemble luthéro-réformé européen constitue une perspective rassurante, en terme d'effectifs en tout cas. Ce serait alors bel et bien la constitution d'un bloc. Qu'adviendrait-il alors de la FPF ? Or, c'est elle qui est garante de l'existence des aumôneries, normalement...
Contrairement aux apparences, je crains que le choix de cette appellation traduise une crainte de regarder vers l'avant. Pour une Eglise (on devrait dire Union d'églises, en Protestantisme) progressiste, c'est étonnant.
Je passerai rapidement sur les superbes fautes d’orthographe contenues dans les articles de presse cités dans cette note (Le Figaro, cité par James dans son commentaire : «… entre 400.0000 et 500.000 qui FONT APPELLENT aux services de l'Église protestante unie pour des baptêmes, mariages, enterrements.» | «France 3 Rhône-Alpes, dépêche AFP du 8 mai 2013, article cité par Sébastien Fath : «Les protestants français SERAIT 400 000 à se reconnaître en l'EPUF.» ) Mais il est vrai qu’en matière de texte, il n’y a pas que l’orthographe de la langue française qui est malmenée par les temps qui courent. Tout doit aller «vite» désormais, on ne prend même plus le temps de se relire. Sur ce plan là, je trouve que l’article évoqué à partir du site «fait-religieux.com» est quand même de meilleure tenue. Bref.
Nous sommes là encore une fois dans la problématique des dénominations : qu’elles le veuillent ou non et quelles que soient les intentions de départ de leurs initiateurs et participants, elles sont restrictives et séparatrices, de par le fait que consciemment ou non, leurs appellations sont la manifestation d’un phénomène identitaire et la matérialisation de choix, même si ceux-ci déclarent laisser libre cours à la pluralité interne (au libéralisme principalement). Voilà le paradoxe.
Cette «raison sociale» d’ «Église Protestante Unie de France», malheureuse dans la formulation quasi subliminale, possède PAR DÉFAUT un caractère «exclusif», car elle laisse subsister le malentendu, ou plutôt le sous-entendu qu’il s’agirait de l’union de TOUS les groupes et communautés se réclamant par héritage culturel et spirituel de la mouvance chrétienne protestante issue de la Réforme et de la Réforme radicale.
Et que dire alors de l’UNEPREF (Union Nationale des Églises Protestantes Réformées Évangéliques de France), anciennement UNEREI (Union Nationale des Églises Réformées INDÉPENDANTES, sic) ? Cette fédération est pourtant aussi membre à part entière de la FPF (Fédération Protestante de France) ! D’un point de vue strictement spirituel, il me semble que ce serait pourtant l’UNEPREF qui donne l’image la plus exacte de l’héritage chrétien protestant sur le plan de la continuité historique : déclaration de foi de 1872 réaffirmant la validité de la confession de foi dite de La Rochelle (1571), qui entérinait elle-même et rétablissait dans son intégralité et son exactitude le texte voté en 1559 au premier synode constitutif des Églises Réformées de France à Paris, texte qui avait bénéficié des conseils de Jean Calvin lui-même, faut-il le rappeler.
Par rapport à ce qui précède, le parcours de l’ERF (constituante principale de l’actuelle EPUF) après 1872 et encore plus après 1938 procède plus d’une rupture que d’une continuité historique ! En ce sens, on peut dire que l’emploi du terme historique pour l’EPUF est certes abusif. Son unité procède plus du compromis dans les objectifs que de la communion dans la vocation.
Le «vrai» motif, à mon avis, le voici (je cite) :
« On a contesté aux Églises Réformées Évangéliques, non unitaires, le droit de conserver ce titre, et on leur a ajouté cet adjectif [pendant 60 ans, NDLR] : «indépendantes». Les anciennes Églises Réformées Évangéliques, a-t-on dit, subsistent quoiqu’elles aient accepté d’entrer dans l’ «Unité», puisque c’est autour d’elles que s’est reconstituée l’ Église Réformée de France [1938, NDLR].
Ne nous fions pas aux apparences ; pas d’équivoque ; soyons vrais. Historiquement et moralement, ces Églises n’existent plus. Elles ont abandonné les principes qui ont été ceux des Églises Protestantes de France depuis 1559. Ce n’est plus la Confession de Foi de La Rochelle qui est leur base. Elles ont beau la rappeler dans leur Déclaration de 1938, elles sont, désormais, régies par cette Déclaration, et la Loi a sanctionné cette nouvelle constitution ecclésiastique. Qu’on le veuille ou non, il demeure vrai qu’elles ont consenti à ce que soient inscrits dans cette déclaration, nouveau Drapeau de l’ Église unie, ce mots qui permirent aux libéraux de se rallier : …«Sans vous attacher à la lettre des formules»… (1) Ils légitiment toutes les tendances dogmatiques au sein de l’ Église Réformée de France.
Nous comprenons qu’un Synode national veuille changer les expressions vieillies de sa Confession de Foi. Seul, il en a le droit, et les synodes réformés admettaient cette éventualité. Mais ce qu’il s n’auraient jamais admis, c’est que les fondements de la Foi soient ébranlés sous prétexte d’adaptation à des conceptions nouvelles…»
«Sans vous attacher à la lettre des formules… Contre cette phrase protestent trois siècles d’histoire protestante. Et si elles pouvaient l’entendre, les mânes de Calvin en frémiraient d’indignation dans leur tombeau.»
(Émile Caldesaigues, pasteur honoraire, dans «Le Protestantisme en France – Coup d’œil rapide sur les Églises Réformées», pages).
L'espoir dans cette aventure réside pour moi dans le fait qu'il existe encore heureusement dans l'EPUF, bien que minoritaires, des croyants chrétiens qui demeurent tout de même et en dépit de la déferlante libérale les dépositaires fidèles à l'authentique héritage historique du christianisme protestant.
Cordialement,
Un chrétien "protestant évangélique" parmi tant d'autres, de sensibilité non dénominationnelle.
Disons les choses clairement.Il faudra bien un jour que ces braves Réformés réalisent que la très grande majorité des Evangéliques qu'ils méprisent les considèrent comme un club qui n'a plus rien de protestant, ni de chrétien d'ailleurs, composés de nostalgiques romantiques totalement étrangers à l'idée et naturellement à l'expérience de la conversion.Tant qu'ils n'auront pas expérimenté la nouvelle naissance, aucun dialogue ne sera possible, vous le savez bien.Faites un sondage sérieux Mr Fath parmi les évangéliques et vous verrez, et surtout, pour mettre fin à toute hypocrisie, publiez le.