Le décès de la chanteuse France Gall, le 7 janvier 2018, dépasse largement le cadre de la variété. Muse de Michel Berger, lequel avait grandi dans une famille judéo-protestante (Haas-Hamburger), France Gall avait su dépasser le simple "divertissement" pour traiter, dans ses chansons populaires des années 1980, d'enjeux de développement, d'interculturalité, d'écologie.
Avec Michel Berger, elle portait une attention toute particulière pour l'Afrique subsaharienne, qu'elle avait appris à connaître en profondeur, au travers de titres comme Babacar ou Azima.
N'hésitant pas à questionner les évidences consuméristes (chanson "Résiste", 1981), elle interrogeait ainsi ses contemporains: "Tant de libertés pour si peu de bonheur".
Lire en complément ce bel article du Monde, "France Gall et l'Afrique flamboyante" (lien), et cet interview à La Voix du Nord de Bertrand Dicale, par ailleurs excellent maître d'oeuvre de l'émission "Ces chansons qui font l'actu", sur la radio France Info (lien).
Commentaires
Globalement, nous devrions lire, sous les apparences du showbizz, ces interpellations d'ordre critique, voire spirituel, qui, quoi qu'on en dise, "travaillent" aussi le cœur et la pensée des "stars", au lieu de les "consommer". Souvent, un rigorisme d'allure religieuse les expulse du champ de nos préoccupations et de nos prières, par mépris. C'est occulter le fait qu'aucune star n'existe sans que nous ne l'ayions crée, de concert, si l'on peut dire, avec toutes les logiques de rentabilité qui animent les officines, les paparazzis, et les managers appelés "agents"...
A l'inverse, pour avoir entendu hier un fan de Johnny demander une statue de l'artiste sur le parvis de La Madeleine, au prétexte que "pour nous, c'est comme Jésus", révèle l'extrême danger des "idoles".
France Gall, si éprouvée par le malheur, y a trouvé la force de distinguer l'essentiel, le fond, de l'écume des choses. Sa lucidité nous préserve de ces excès.