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Grand discours d'Emmanuel Macron aux Bernardins: le texte

catholicisme,église catholique,les bernardins,conférence des évêques,conférence des évêques de france,emmanuel macron,laïcité,religion,politique et religion,république,séparation des religions et de l'etatLe président français Emmanuel Macron, invité le 9 avril 2018 aux Bernardins par la Conférence des Evêques de France, a livré un discours très brillant sur la laïcité et les relations entre l'Etat et les religions.

Avec élégance, intelligence et profondeur, il a tendu la main aux catholiques (comme il l'a fait dans d'autres cadres aux juifs, musulmans et protestants) à partir d'un schéma de pensée conforme aux pères fondateurs de la loi de 1905, évitant aussi bien l'intolérance laïcarde et la tentation néo-concordataire.

Emmanuel Macron ose affirmer sereinement que les religions, quand elles sont dans leur rôle (respectant la République laïque et le principe de séparation, sans volonté hégémonique) peuvent AUSSI faire du bon boulot, y compris par leur apport spirituel. Beaucoup de Françaises et de Français sont prêts à l'entendre, et Emmanuel Macron tient peut-être là un sésame pour refroidir les tensions identitaires et nourrir le "vivre-ensemble"!

A condition d'éviter les fausses notes sur ce sujet ultrasensible... Une maladresse d'expression, relevée et analysée par l'édito du quotidien Le Monde (lien), a pu donner l'impression d'une ambiguïté autour de l'enjeu de la séparation religions/Etat, fondement de la loi de 1905. Beaucoup l'ont relevée, ce qui était nécessaire, mais certains en ont profité, sans attendre plus ample information, pour tomber dans le procès d'intention, voire le lynchage médiatique.

Le cercle élyséen a su corriger le tir dans le "SAV" du discours. Aucune remise en cause de la séparation des religions et de l'Etat en vue! Le président Macron a parfaitement compris le pacte laïque actuel, un gage de liberté qu'il apprécie et entend renforcer. Pour ce faire, il manifeste une volonté lucide et réfléchie de ne pas exclure les religions des forces vives qui nourrissent le débat et le lien national. Il importe, dans cette perspective, de lire et relire à tête reposée ce remarquable exposé présenté aux catholiques de France, ici en version complète.

Lien (La Croix).

Commentaires

  • Bonjour M. Fath,

    je remercie de nous partager votre ressenti sur ce discours d'Emmanuel Macron, que vous qualifiez de "très brillant sur la laïcité et les relations entre l'Etat et les religions". Une façon de le percevoir, bien sûr, car un autre blogueur le qualifie de "drôle de discours", dans lequel le président manifeste sa volonté de "réparer le lien abîmé entre l’Église et l’État". Mais s'agit-il vraiment d'un problème de lien entre l’Église et l’appareil d’État ? A moins qu'il ne s'agisse d'un problème de lien entre l’Église et la société ? Là est la nuance.

    Voici, en complément de votre opinion sur la question, cette intéressante analyse d'un blogueur sur https://phylloscopus.wordpress.com/2018/04/10/eglise-la-drole-doffre-demploi-de-macron/, dont la pensée peut se résumer ainsi :
    "Emmanuel Macron n’a pas cherché à dialoguer avec l’Église. Il lui a transmis une offre d’emploi, sans cacher le moins du monde le rapport de subordination qui s’ensuit. Il attend une Église « En Marche », adhérente et soumise à la discipline de son parti. Il a proposé [le 09/04] à l’Église un poste de Chief Humanisation Officer dans la startup France. Ce poste, c’est un job, ou plutôt un stage non rémunéré, sous l’autorité du Président de la République, consistant à lubrifier sa politique en lui assurant un vernis d’humanisme qui servirait à faire taire les râleurs d’un côté et de l’autre. Le service d’humanisme-washing « dont sa politique a besoin »".

    En clair, selon le blogueur, ce discours serait celui d'un "commercial" ou d'un "manager", seule réalité connue par E. Macron. Cela me rappelle l’exemple de « Huguenau », personnage du roman « Les Somnambules » d’Hermann Broch : dans ce roman, les hommes y sont établis dans des systèmes de valeurs différents, aucune entente n’est finalement possible entre eux. Certes, le personnage d' Huguenau converse encore avec autrui, mais il y a cette lettre qu’il envoie, à la fin du livre, à un autre personnage, la veuve Esch, où il s’exprime entièrement dans son langage propre : le langage de l’individu entièrement commercial (https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2016/12/09/lavenir-est-il-de-vendre-ce-qui-est-aujourdhui-gratuit/ )

    Qu'en pensez-vous ?
    Je vous remercie par avance pour votre réponse.

    Cordialement,
    Pep's

  • Bonsoir,

    Merci beaucoup pour cette utile contribution au débat. Vous avez raison de souligner le risque d'instrumentalisation du christianisme par le Politique. C'est une tentation que l'on retrouve régulièrement dans la vie politique française. Mais la lecture du discours du président Macron me semble inviter à une interprétation diffférente. J'ai le sentiment que le président Macron accepte le fait que la politique n'est pas d'ordre divin, et qu'elle a besoin d'être interpellée de l'extérieur (par les Eglises). C'est un changement que je trouve, à titre personnel, très salutaire. Une rupture avec le messianisme politique creux dont François Hollande a été le dernier (?) représentant. A suivre...

  • Bonjour M. Fath,

    je vous remercie pour votre réponse et votre ouverture à la discussion.
    Néanmoins sur quels critères affirmez-vous qu'il n'y aurait aucune once de "messianisme politique" (ou même de tentative d'instrumentalisation du Christianisme par le politique) chez Emmanuel Macron ? Pourquoi vous en persuadez-vous ?
    Après nous avoir partagé votre "sentiment" de citoyen à ce sujet, nous partageriez-vous votre analyse d'historien ? ;-)

    Je vous remercie par avance.
    Bien à vous,
    Pep's

  • En réponse à Pep's, un extrait du discours :
    "Je suis, comme chef de l’Etat, garant de la liberté de croire et de ne pas croire, mais je ne suis ni l’inventeur ni le promoteur d’une religion d’Etat substituant à la transcendance divine un credo républicain."

  • Merci A.H., pour cette citation du discours. Effectivement. Il ne pouvait pas moins dire....Si l'on part du principe que le libéralisme actuellement promu n'est pas une religion.
    A noter qu'« et en même temps » ;-), il s’adresse à « une église dont (il) n'attend pas des leçons mais plutôt cette sagesse d'humilité »…

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