Saluons ce soir l'héritage laissé par Bell Hooks, intellectuelle et militante qui a tiré sa révérence il y a quelques jours.
Auteure d'une oeuvre majeure, elle est très largement reconnue comme une pionnière de l'extension du périmètre intellectuel et social du féminisme contemporain aux femmes noires (longtemps mises de côté par la plupart des féministes blanches).
Publié en 1981, son Ain't I a Woman? Black Women and Feminism, est un ovni pour l'époque, qui a ouvert la voie à une, puis deux générations de féministes. Parfois excessive, comme dans ses critiques de Beyoncé sur le terrain de la sexualisation du corps, elle n'en a pas moins laissé un héritage majeur, considéré comme à la source du féminisme intersectionnel.
Entre autres influences, Hooks était très marquée par l'enseignement de Martin Luther King sur la communauté bien-aimée, soulignant qu'une société affranchie des discriminations ne peut fonctionner sans amour. Par amour, elle n'entendait pas le "narcissime" individualiste, type New Age, mais un amour qui se structure et se donne dans un contexte communautaire (cf. All about love, New Visions, Harper, 2000, p.76).
Fervente partisante des mouvements d'éducation populaire, elle estimait qu'il était du devoir des intellectuels d'aller parler "dans les églises et dans les maisons" (lien).