La semaine prochaine, du 1 au 4 octobre 2008 auront lieu en banlieue parisienne Nord "4 jours de gloire, de victoire et succès, de guérisons miracles".
Comment décrypter cette rhétorique?
Pour cela, je vous invite à déguster l'étude mise en ligne sur son blog le 6 septembre 2008 par mon collègue Baptiste Coulmont.
Elle porte sur un corpus d'affiches collectées dans le quartier de la Goutte d'Or, à Paris, au métro Chateau Rouge, un espace urbain Mosaïque et populaire, bien cerné par Maurice Golding.
Collecte méthodique des affiches évangéliques africaines
Cette étude tout à fait remarquable est partie de l'album que j'avais posté sur ce blog en février 2007.
Mais elle va beaucoup plus loin que les remarques rapides que j'avais postées à l'époque pour accompagner les affiches. Basée sur une collecte méthodique des affiches religieuses africaines (évangéliques de style charismatique 'nouvelle vague'), elle décrypte avec une grande finesse sociologique la rhétorique, mais aussi les non-dits que véhiculent ces affiches.
Comme l'auteur le souligne à la fin de sa note: "Il est trop tentant d’utiliser ces affiches comme simple illustration, en laissant de côté ce qu’elles disent (parfois malgré elles)"
Exploitant au maximum les informations affichées, Baptiste Coulmont propose notamment une cartographie des lieux de prédication, et ouvre des pistes de recherche accessibles à tout enquêteur parisien prêt à collecter et relever, pendant quelques semaines, les publicités africaines charismatiques qui fleurissent aujourd'hui dans certaines rues de nos agglomérations.
Une étude exemplaire, à lire et à poursuivre!
Commentaires
Ne touchez pas aux oints ....
Réponse à Nordine M.
Que voulez-vous dire?
Si votre brève remarque signifie qu'il faut s'interdire de faire l'effort de connaître et de comprendre ce phénomène social et religieux nouveau que sont les prédicateurs africains dans nos banlieues, je pense que vous faites fausse route.
Car une société se porte mieux quand elle se connaît, et qu'on arrête de reléguer certains dans l'ombre. Notre boulot, à nous autres chercheurs, c'est cela: donner des outils à nos concitoyens pour mieux connaître la société dans laquelle ils vivent AUJOURD'HUI, avec ses héritages et ses mutations.
Après, chacun fait ses choix, établit ses hiérarchies de valeur.
Je voulais juste dire à ma manière qu'il faut arrêter d'être condescendant envers les mouvements évangéliques charismatiques africains. Dans ces églises, j'y ai vécu des grands moments et le Saint Esprit agit de manière très forte. Il est vrai aussi que des charlatans sont venus se greffer à ce phénomène. Pour certains ces églises ne sont pas respectables car elle ne donnent pas dans l'oecuménisme (85 millions de morts ?) ni dans le relativisme et la grâce à bon marché.
Merci pour votre réponse.
Pour vous rassurer, je précise que vous ne trouverez aucune condescendance dans ce que j'écris au sujet des églises charismatiques africaines.
A la limite, on pourrait même comprendre la curiosité scientifique que j'exprime comme une manière de déjouer cette forme subtile de condescendance qu'est.... le silence. Circulez, y'a rien à voir!
Moi je pense au contraire que ces églises méritent l'intérêt des observateurs. Ceci étant dit, la curiosité ne saurait idéaliser son objet.
Les églises charismatiques africaines ont beaucoup d'atouts sociaux (que j'évoque d'ailleurs -brièvement il est vrai- dans ma synthèse 'Du ghetto au réseau', 2005, p.226), mais elles peuvent aussi faire l'objet, comme toutes les autres églises, de dérives diverses. C'est pourquoi, lorsqu'on m'écrit de "ne pas toucher aux oints", je fronce les sourcils. Après "l'infaillibilité pontificale", inventerait-on "l'infaillibilité des oints", inaccessibles à la critique?
Si votre injonction signifie fermer les yeux sur ce qui gêne, sur ce qui dérape, ne comptez pas sur moi, car un chercheur digne de ce nom doit porter son regard sur TOUT le social.
Merci beaucoup du lien ! Tu m'as apporté des lecteurs différents.
Je comprends le 2e message de Nordine M. Le risque existe toujours de folkloriser un groupe dominé et socialement éloigné de l'auteur. Le format du "blog" (avec les commentaires) aide à comprendre la réception instantanée de ce qu'on écrit... et nous rend plus vigilant.