Le livre de l'année sur la laïcité et la liberté d'expression?
Fort possible!
Son titre est: Le Blasphème en procès. L'Église et la Mosquée contre les libertés (1984-2009) Paris, ed. Nova, 2010 (210p)
Cet ouvrage qui vient de paraître est à lire de toute urgence. Il s'agit d'une magistrale synthèse sur 25 ans de débats autour du blasphème en France.
Synthèse magistrale
Signé par Jean Boulègue, ancien professeur à l'Université de Paris I (dont j'avais eu le privilège, il y a 20 ans, de suivre les cours), il apporte des éléments factuels et analytiques qui combinent rigueur irréprochable et force d'exposition, pour le plus grand bonheur de tous les lecteurs attachés à approfondir leur compréhension et leur analyse de la laïcité.
Sur le sujet, désormais, c'est LA somme de référence, le tout sans lourdeur, dans une clarté limpide qui honore Boileau ("ce qui se conçoit bien s'énonce clairement").
Nous en reparlerons plus longuement dans ce blog (j'espère poster une note de lecture). En attendant, histoire d'effleurer le sujet avant d'acheter l'ouvrage, on peut jeter un oeil à deux entretiens de l'auteur, accordés aux quotidiens Métro et Sud-Ouest.
Entretien avec Jean Boulègue, Sud Ouest (dimanche 31 janvier 2010)
Entretien avec Jean Boulègue, Métro (29 janvier 2010)
Commentaires
Je suis entièrement d'accord avec cette personne, mais je regrette que le débat soit surtout vu sous l'angle "religion vs laïque". Il me semble que le débat peut aussi être vu sous un angle propre à la religion.
Un religieux est-il supposé être celui qui dit la bonne conduite ? Peut-on vraiment blasphémer Dieu ? Et, symétriquement, comment respecter Dieu ?
Quelles affirmations constituent une personne, au point que si je me moque de ces affirmations, cette personne en est traumatisée ? Et même si cela existe, pour autant dois-je me l'interdire ?
Dans une église que j'ai connue, j'ai vu des gens pleurer parce que l'un de "leur" jeune se mariait avec un athée ; pour eux, l'église perdait l'un des leurs. Un vrai mariage, selon eux, se fait entre chrétiens. J'avais envie de leur dire que, même d'un point de vue chrétien, à mon opinion, cela n'avait aucune importance. Mais je n'ai rien dit : j'avais peur de les traumatiser encore plus. Ai-je bien fait ?
Et puis, la croix est une forme de blasphème, non ? Les religieux - tient, les revoilà - chrétiens insistent sur le coté "mort" de la Croix, mais la Bible, avec notamment l'évangile de Marc, insiste énormément sur le coté blasphématoire ("ils lui crachaient dessus, ils lui mettaient la pourpre et se mettaient à genou..."). Si Jésus a rescucité de la mort, il ne l'a pas été du blasphème ?