N'étant pas journaliste, je me garderai de donner un compte-rendu exhaustif à chaud de la convention inaugurale du CNEF (Conseil National des Evangéliques de France) qui a tenu hier, à Montreuil (région parisienne), sa première journée, devant les caméras.
En revanche, voici quelques premières impressions de terrain, pierres d'attente en vue d'analyses ultérieures plus complètes.
La journée de lancement de la convention 2012 du CNEF m'a semblé dessiner trois confirmations, trois chantiers, trois interrogations.... et une "surprise du chef".
Au registre des confirmations, tout d'abord, une identité protestante aux spécificités évangéliques affirmées, autour d'un accent sur l'offre de salut en Jésus-Christ (rappelée le matin par l'orateur et bibliste Jacques Buchhold, ci-contre).
Tout au long de la journée, les nécessités du témoignage ont été rappelées, étayant l'image d'un christianisme de conversion qui considère le titre d'évangéliste (spécialiste de l'évangélisation) comme un honneur.
Seconde confirmation, les relations désormais apaisées avec la Fédération Protestante de France, qui demeure la principale organisation interprotestante française.
Au cours des années 2010 et 2011, l'actuel président du CNEF, Etienne Lhermenault (ci-contre), avait dû gérer, avec ses collègues, des tensions compréhensibles avec la "maison commune du protestantisme", à savoir la FPF, forte de ses 100 ans d'histoire, laquelle considérait l'initiative CNEF comme un peu intempestive au vu de son souci rassembleur préexistant (La FPF compte en effet en son sein certaines unions d'Eglises évangéliques).
Quelques mois de discussion et de pédagogie mutuelle plus tard, on a assisté, en ce 26 janvier 2012, à un échange chaleureux, marqué par une prise de parole fraternelle de Claude Baty (ci-contre), actuel président de la FPF et lui-même protestant de type évangélique, venu spécialement en dépit d'un voyage imminent prévu à Kinshasa (Congo RDC).
Troisième confirmation, au sein du vaste paysage religieux français, le CNEF rassemble bel et bien la grande majorité de la diversité protestante évangélique, bien qu'entre 150.000 et 200.000 évangéliques environ (sur 600.000 pratiquants) n'en fassent pas partie.
Le rendez-vous de Montreuil a fait salle comble (et la salle était grande!), pour un public vaste et attentif (dont ci-contre, mon collègue Jean-Paul Willaime).
La diversité représentée était impressionnante, à la fois en matière confessionnelle (variétés charismatiques, pentecôtistes, piétistes, baptistes etc.) et géographique (France métropolitaine, outre-mer).
Trois chantiers
Trois chantiers ont par ailleurs été dessinés lors de la première journée de la convention CNEF 2012.
Le premier chantier est celui de la francophonie. Daniel Bourdanné (ci-dessus), secrétaire général de l'IFES et figure de l'évangélisme africain francophone (natif du Tchad), a développé à ce sujet, en début d'après-midi, un discours de haute tenue (salué ensuite, pour sa qualité oratoire, par le député de la circonscription), soulignant à la fois l'ampleur de la francophonie évangélique, ses besoins et ses spécificités (par rapport aux évangélismes anglosaxon et sud-américain, l'un marqué, dit-il, par le conservatisme politique, l'autre par la théologie de la prospérité).
Il a, au passage, vanté la culture française et sa "poésie", plaidé pour l'intelligence de la foi, et pour une incarnation "décomplexée" de l'identité évangélique francophone, qui pondère le sentiment de minorité par l'assurance de la foi en Jésus-Christ.
Fait notable, il a été applaudi y compris au cours de son exposé, lorsqu'il a insisté sur le rôle, dans cet espace francophone évangélique, des jeunes et des femmes (largement oubliés.... y compris dans cette convention CNEF, surtout dans le cas des femmes, voir plus bas).
Le second chantier a été celui de l'implantation d'Églises locales, traité avec fougue et précision par Daniel Liechti, vice-président du CNEF et expert reconnu du sujet.
Son approche contextualisée du sujet, qui le conduit à écarter la stratégie de l'essaimage (en raison de la trop petite taille moyenne de la plupart des assemblées évangéliques françaises), s'inscrit dans une vision prospective portée par le slogan : "une pour 10.000". Derrière la formule, il y a cet espoir du CNEF: une assemblée pour 10.000 habitants, contre une assemblée pour 30.000 habitants actuellement.
Scoop: un site internet très élaboré, intitulé 1pour10000, a été présenté à cette occasion par l'orateur, proposant des outils aux implanteurs d'Eglises.
Daniel Liechti présentant une perspective prospective sur l'implantation d'Eglises ("1 pour 10.000")
(fin d'après-midi du 26 janvier 2012, CNEF, Montreuil)
Le troisième chantier perceptible lors de cette première journée de la convention nationale 2012 du CNEF a été celui de l'amélioration du foncier cultuel, évoqué à la fois, en filigrane, au cours des échanges avec le député Jean-Pierre Brard (ci-contre avec Daniel Liechti), et à l'occasion de la présentation de la commission juridique du CNEF, avec Nancy Lefevre; il est vrai qu'après la période de l'islam des caves, dans les années 1980, on fait désormais parfois face à un évangélisme des caves en mal de mètres carrés cultuels, avec toute la question des modalités (égalitaires et transparentes, ou pas) d'accès à des espaces décents pour des fidèles qui souhaitent pratiquer leur culte.
Trois interrogations
Enfin, trois interrogations se dégagent au terme de cette première journée.
La première porte sur l'oecuménisme et l'interreligieux. Si l'évangélisme français tel qu'il se donne à voir au travers du CNEF a effectué, en matière d'oecuménisme, des pas de géant (en particulier ENTRE tendances évangéliques qui ne se parlaient pas il y a 20 ans), il s'affirme manifestement comme très en retrait sur d'autres axes oecuméniques, sans parler de l'interreligieux.
Ce qui n'est pas très surprenant, compte tenu de l'accent traditionnel des évangéliques sur l'offre de salut, préférée aux échanges interconfessionnels!
Si Daniel Liechti, en particulier, a tenu à rappeler que ni le CNEF ni les évangéliques ne prétentent être les seuls chrétiens, on a cependant bien perçu le très peu de place accordée, dans l'organisation, aux "autres" chrétiens (en-dehors de ceux de la FPF), et encore moins aux "autres religions", à peine mentionnées.
Mais il ne s'agit cette année que de la première convention CNEF. Qu'en sera-t-il par la suite sur ces enjeux? Fruit d'une démarche d'ouverture interne, le CNEF débouchera-t-il aussi sur des passerelles ou des invitations ad extra plus affirmées, ou non? La question est ouverte.
La seconde interrogation porte sur le rôle donné (ou pas) aux femmes. L'absence de présence féminine sur l'estrade était frappante, lors de la première journée CNEF. Ni pour l'enseignement, ni pour les informations (en-dehors de 2 minutes chrono données à Nancy Lefevre), ni même pour la musique de louange (100% assurée par des hommes, cf. ci-contre), les femmes n'ont été invitées à participer. Cette marginalisation des femmes n'est, en soi, pas très surprenante non plus.
Outre qu'on la retrouve aussi (à des degrés divers) chez les juifs, les musulmans et les catholiques, elle répond aussi, chez les évangéliques, à des argumentaires doctrinaux (appuyés sur une lecture de l'apôtre Paul). Cependant, même par rapport aux réalités de beaucoup d'églises locales, le CNEF tel qu'il s'est donné à voir est apparu plus en retrait en matière de valorisation des dizaines de milliers de femmes qui peuplent les églises évangéliques.
Phénomène ponctuel ou tendance durable? On sait qu'historiquement, les sédimentations institutitionnelles ont toujours eu tendance à marginaliser les figures féminines, tandis que les dynamiques locales, au contraire, les valorisent. Le CNEF confirmera-t-il cette tendance, ou s'en démarquera-t-il?
Là encore, l'interrogation reste entière, même si la programmation 2012 donne déjà un indicateur.
Enfin, une dernière interrogation, apparue en filigrane de la présentation, par Clément Diedrichs (ci-contre) et Thierry LeGall des commissions du CNEF, est celle de l'articulation entre institutionnel national, régional, et Église locale. Très clairement posée aussi par Daniel Bourdanné, cette problématique renvoie à un vieux classique de la sociologie des organisations: l'organisation existe-t-elle pour servir une cause, ou la cause finit-elle par devenir un simple prétexte pour servir l'organisation?
On ne peut s'empêcher de se demander si les nombreux efforts de structuration en cours, à partir de commissions et d'outils parfois déjà très performants (cf. le site internet du CNEF, très enrichi en matériaux), passeront dans chaque département "les fourches caudines" de la culture arnarcho-locale des évangéliques, très jaloux de leur autonomie de terrain. Les choses semblent, à ce stade, suivre le cours d'une réelle implantation et crédibilisation du CNEF en tant qu'institution, mais tout cela est à suivre...
La surprise du chef
On clôturera cette note à chaud (dont les matériaux demanderont plus ample analyse) par la "surprise du chef".... l'exposé improvisé (mais remarquable) du député et ancien maire communiste (puis apparenté communiste) de Montreuil Jean-Pierre BRARD (ci-dessus), figure bien connue de la lutte anti-secte.
Au lieu de lire son texte, le député BRARD s'est senti "inspiré" (a-t-il affirmé lui-même), partant dans des considérations fort bien dites sur la laïcité républicaine et le "vivre-ensemble".
Avec tous les accents de la sincérité, cet agnostique s'est déclaré sensible à celles et ceux qui s'engagent au service de l'autre sur la base de valeurs (y compris religieuses), et a souligné son rôle dans la mise en place, depuis juillet 2011, d'une jurisprudence plus favorable aux cultes, dans l'obtention de baux emphytéotiques (c'est-à-dire permettant d'accéder à un terrain, pour 99 ans, pour une somme symbolique).
Last but not least, il a débuté son propos... par des regrets concernant une vieille affaire à Montreuil, où un culte évangélique avait été perturbé suite à son intervention, se soldant par un procès (2005)... Revenant sur l'incident, Jean-Pierre Brard a convenu que plus de dialogue aurait permis d'éviter ce regrettable épisode. L'ensemble de l'intervention du député, a priori peu réputé pour une sympathie débordante pour l'évangélisme, a fait forte impression.
Beaucoup pensaient qu'ils ne répondrait pas à l'invitation, et que s'il y répondait, ce serait du bout des lèvres.
Egalité et refus du clientélisme
Non seulement le député Jean-Pierre Brard s'est déplacé en ce 26 janvier 2012, mais il a effacé symboliquement, et avec panache républicain, le contentieux de 2005 qui avait attaché son nom à une affaire de culte évangélique perturbé. Enfin, il a livré un vrai plaidoyer, percutant et pédagogique, pour une laïcité française honnête et franche, fondée sur le principe d'égalité réelle (d'où le bail emphytéotique pour ceux qui n'arrivent pas à se loger) et le refus du clientélisme (J-P.Brard a cité "une autre religion" dont les représentants étaient venus négocier un terrain avec lui... en échange de leur soutien électoral).
Pour une surprise, cette intervention de Jean-Pierre BRARD était une surprise.
Le député s'est dit, au terme de son propos, "inspiré"...
Si quelqu'un prononce un "amen" pas trop clérical, qui sait s'il n'aura pas l'absolution de Jean-Pierre Brard?
Commentaires
Fantastique ; qu'est-ce que j'aime ce blog !
Merci pour cette analyse très fine et bien menée.
Bonjour,
merci pour ce bon compte rendu !
Merci pour cette première analyse ! De quoi me faire regretter - un peu - de ne pas être allé à cette "première" du CNEF...
J'ai trouvé vraiment honteux l'absence des femmes.
A croire que les musulmans sont plus ouverts!
Grand merci pour ce retour tonique et mobilisant !
Tout cela me parait bien et bon. Dès que les évangéliques abandonneront l'idée que la bible est la parole de dieu et l'évangélisation est fondamentale, alors certainement que je les rejoindrai :-)
Sinon, mes Petits Commentaires Interessants :
- Je suis heureux qu'il soit officiellement constaté que les relations avec les protestants s'apaisent, et même s'enrichissent, c'est ce que j'observe sur le terrain ; d'où le fait que j'ai trouvé votre vidéo comparant les lectures bibliques protestantes et évangéliques pas très en phase avec ce qui se passe. Et même avec les catholiques, d'ailleurs, la situation au moins se régularise. (il faut dire aussi que, si on regarde les choses objectivement - comme moi - les évangéliques ont des positions beaucoup plus proches des catholiques que des protestants).
- Sur les chantiers, je pense que les évangéliques peuvent effectivement énormément apporter à la francophonie.
- Sur l'oecuménisme, ou, disons pour faire plus général, la communion avec d'autres chrétiens... que les évangéliques croient que l'offre de salut en Jésus Christ est leur spécificité montre à quel point ils ignorent les autres confessions chrétiennes ! Sans commentaires sur ce plan, réjouissons-nous qu'il y ait des progrès.
- Sur les femmes, la situation est préoccupante, comme partout, ou presque. Mais je ne comprends pas si votre texte relate vos idées, ou si ce sont celles du milieu évangélique présent ?
- bravo au maire de montreuil, et pour avoir foutu le bordel chez les évangéliques, et pour s'être excusé :-)
Cordialement.
Merci pour ce survol de la première conventions du CNEF
Dommage de n'a pas avoir cité l'intervention d'Etienne Lhermenault en fin de convention
Toujours ce mépris pour les femmes, cela ne passera pas devant notre Dieu. Ce rassemblement me fait penser à l'oecuménisme (prudence donc).
Merci pour ce compte rendu tres juste Sebastien. J'ajouterai juste une volonte d'etre present dans l'engagement social, par exemple a travers le defi Michee ou a travers un reel souci evangelique pour les plus pauvres et exclus de nos societes.
J'apprécie la structuration du contenu de ce rapport prudent et déclaré non journaliste.
Puisque, par son histoire, la France est en fer de lance de cette "laicité", ses chrétiens peuvent et doivent "sortir" de leur discrétion voire de leur anonymat. Leur rattroupement pour affirmer leur essentiel, citoyen, sociétal et humanitaire ne doit pas se perdre de vue. Actuellement, il va devoir endurer des débats internes et intenses qui reporteront son Conseil national dans le délai. Pendant ce temps, chaque chrétien ne doit pas négliger ce que l'Eternel demande et attend de lui .....
Merci à l'équipe en place.
Merci pour ce compte rendu interessant et clair. Beatrice d'Avignon (chretienne catholique) engagee aussi en eglise protestante evangelique...meme que !!!
Oui comme c'est étrange cette obstination à écarter les femmes .... alors que Jésus était entouré de femmes !!!!
De plus le problème existait déjà au temps de Paul puisqu'il doit se justifier pour que les apôtres aient le droit de voyager en mission avec leur épouse !!!
Ce qui me fait dire que + les serviteurs de D.ieu sont charnel + ils ont peur de tomber et font le vide autour d'eux pour se protéger deeeeeeeeeeeee toutes tentations .......qui sont forcément produites parrrrrrrrrrrrr LA FEMME !
Après avoir placé à sa tête un pasteur évangélique (dont le mandat s'achève cette année), il ne reste plus à la FPF qu'à y mettre une femme, afin de montrer combien elle est en avance sur d'autres.
Gédéon.
Merci pour ce compte rendu très vivant,
J'ai été particulièrement heureux dela "surprise du chef"
J'étais en 2005 dans l'Eglise de montreuyil investie par JP Brard où je m'étais interposé.
quel chemin!
JM DUPEUX
MErci beaucoup pour ce compte rendu Sébastien! Au passage : j'apprécie énormément votre blog.
Le monde évangélique français présente en effet plusieurs défis...
Etant moi même une femme, jeune (moins de 30ans), ayant une vision du monde plutôt charismatisante, et avec un appel à la mission/au leadership, il m'est difficile de trouver des lieux de culte ou familles d'églises où je serais parfaitement à l'aise, et non discriminée car je suis jeune ou car je suis du sexe dit faible, ou parce que je crois à la continuité des miracles.
C'est très pesant.
J'ose croire que les "jeunes" et les femmes trouveront de plus en plus leur place dans nos églises, souvent coincées dans un certain état d'esprit moyen-ageux quand il s'agit de donner leur chance aux plus jeunes, ou de reconnaître qu'une femme PDG peut aussi avoir une responsabilité dans son assemblée...(par exemple!)
Enfin, bref, j'arrête de râler..et prie pour du changement!
Bonsoir,
Hum. Voilà un point de vue un peu FPF me semble t-il.
Les évangéliques sont ... des évangéliques et il faut attendre d'eux qu'ils agissent comme tel. Pour ma part, je pense qu'ils ne tiennent pas tant de Luther et Calvin que de la réforme radicale du 16ème siècle, contrairement à ce qu'à déclaré M. Bourdanné.
Ils ne peuvent pas s'aligner en tout sur les positions des protestants. Je pense que ce qui fait leur succès n'est pas leur proximité avec le protestantisme classique (même si il faut le reconnaitre certains essaient d'en tirer une certaine respectabilité). Un sociologue pourra dire que leur succès, c'est telle ou telle méthode, telle mise en phase avec leur époque, avec une attente de leur contemporain ... Certes, sans doute. Mais je crois personnellement qu'il y a plus que simplement ce que nous voyons au niveau sociologique (je comprends bien que vous n'allez pas répondre à ce niveau puisque ce n'est plus votre terrain d'étude mais j'avoue, je serais curieux de vous entendre sur le sujet lors d'une conversation privée). Je crois qu'il y a une action de Dieu qui fait du bien à des femmes et des hommes qui trouvent là ce dont au fond ils ont besoin.
Concernant la convention, elle était un subtil mélange des différentes composantes du monde évangélique. Toutes les tendances ont pu y trouver leur place et on a visiblement (je n'étais pas dans l'organisation) chercher à ménager les uns et les autres, à la fois dans les prises de parole (louange comprise) et les façons de faire.
Il s'agissait bien d'une convention évangélique et vos "reproches" (je trouve qu'il s'agit de ça) ainsi que certains commentaires de vos lecteurs laissent à penser que vous aimeriez des évangéliques ... Moins évangéliques ! Oui mais voilà, ce ne serait plus des évangéliques, ils en perdraient leur sens et d'autres prendraient la place pour tenir le rôle qu'ils auraient abandonnés (mais vous pourriez bien sûr aussi étudier ces nouveaux venus ;-) )
J'aimerai cela dit apporter quelques précisions.
Vous n'avez apparement pas assisté à la 2ème journée. C'est lors de cette journée qu'une femme a rejoint sur l'estrade le groupe de louange (certes pas pour le rôle de leader que vous auriez certainement voulu lui confier). Par ailleurs, cette même 2ème journée s'est conclu par une "sainte cène" lors de laquelle des femmes ont pris part à la distribution. C'est surement sans signification pour vous, et pour quiconque ignore ce contexte évangélique. Mais c'est loin d'être une pratique générale des églises évangéliques, certaines réservant cela aux hommes (on peut discuter cela bien sûr et on le fait chez les évangéliques d'ailleurs mais on doit respecter les choix des uns et des autres). Quand à regretter qu'il n'y ait pas eu une femme parmi les enseignants, c'est bien une remarque teintée FPF. Au passage, je précise que l'absence de femme qui enseigne (les adultes) dans beaucoup d'églises évangéliques n'est pas appuyé uniquement sur Paul mais sur d'autres passages de l'Ecriture également y compris dans l'Ancien Testament. Et pour "fripouille", je précise que Paul n'essaie pas de justifier "pour que les apôtres aient le droit de voyager en mission avec leur épouse" mais au contraire fait remarquer qu'ils le font déjà (1Corinthiens 9:5).
Sans doute sur ce point, vous souhaiteriez les évangéliques plus américains ? Mais désolé, là aussi, ils sont bien de chez nous.
Encore une précision concernant les relations inter-religieuses : je précise pour vos lecteurs que plusieurs prêtres étaient présents dont au moins un qui a participé aux travaux pratiques par département (il était à ma table). Et à aucun moment, il n'a été dit lors de cette convention que les évangéliques se considéraient comme les seuls détenteurs de la vérité (si certains l'ont entendu, c'est peut-être qu'ils l'attendaient impatiemment ;-) )
Ceci dit, je crois que ce n'était pas le lieu de l'inter-religieux mais plutôt les retrouvailles de la famille évangélique enfin réconciliée, apaisée et heureuse de partager entre frères et soeurs.
Voilà, j'espère ne pas vous avoir trop choqué ni ennuyé.
Cordialement, votre serviteur et le sien,
Eldy
Réponse à Eldy
Merci pour vos précisions, notamment sur la 2e journée.
Pour le reste, vous méprenez sur mon post. Il ne s'agit pas de "reproches", et vous me faites dire des choses que je dis pas, ce qui est un peu dommage. En revanche, il s'agit d'une analyse qui cherche à aller au-delà du "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", ce qui ne plaît pas à tout le monde, notamment sur la question de la prise de parole (hors cultuelle) des femmes.
@Eldy
Bonjour,
Merci pour cet autre point de vue.
Moi aussi il me semble que le mouvement évangélique n'est pas si proche du niveau "FPF" qu'on le croit au départ. Est-il proche de la réforme radicale du XVIème ? Peut être... de toutes façons, il n'est pas si éloigné ni de l'un ni de l'autre.
De ce que je peux observer actuellement, les conceptions évangéliques sont surtout proches des conceptions catholiques - je ne suis pas sûr que vous soyez d'accord, bien sûr.
On retrouve la même idée d'une église portée par Dieu, église organisée de façon pyramidale, l'importance de la transmission du témoignage, une vision de la bible très proche de la notion de relique ... cette bible est toute aussi importante dans les milieux évangéliques que dans les milieux catholiques de toutes façons.
Y a-t-il une action de Dieu ?.. Pas plus, ni moins, que dans un club de foot, de mon opinion.
Toutefois, c'est sur ce plan, je crois, que se distinguent les évangéliques : rendre visible, repérable, fiable, assurée, l'action de dieu. On peut les critiquer, bien sûr (et je le fais avec plaisir, comme vous voyez), je crois qu'ils touchent par là quelque chose de profond, à la fois du coté de dieu et du coté des hommes (et des femmes, hein).
Cordialement.
@ S.F.
Je crains que le "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" ne soit pas toujours là où on l'attend. Mais si je me suis mépris sur le sens de votre post et que j'ai été injuste, je vous pris de m'en excuser même si je ne suis pas forcement d'accord avec votre analyse.
@ Ista
"Y a-t-il une action de Dieu ?.. Pas plus, ni moins, que dans un club de foot, de mon opinion."
Et bien, cela a le mérite de l'honnêteté. Vous dites ce que vous pensez et c'est bien. Ceci dit, je ne suis pas sûr de ce que vous voulez dire ici mais si l'on est croyant, on peut penser que Dieu agit partout où on le sollicite, y compris dans un club de foot ... Mais ce qui intéresse Dieu, je pense, ce ne sont pas des résultats de match mais plutôt le message et le bien qu'il offre à ceux qui s'y trouve.
Je ne crois pas que les évangéliques sont si proche de l'église catholique. Les communautés évangéliques locales gardent souvent précieusement leur indépendance, non vis à vis de Dieu mais plutôt vis à vis d'une autorité ecclésiale qui se voudrait supérieure. Dans certains mouvements, le rôle pastoral est un rôle tournant. S'ils se rejoignent en apparence sur des questions éthiques, ce n'est pas forcement en partant des mêmes principes et du coup les solutions divergent parfois.
Vous soulignez que les évangéliques se basent sur la Bible. J'ose espérer que ce n'est pas encore dans une optique de relique dans la large majorité des cas. Mais pour ce qui est du catholicisme, les choses sont plus compliqués : l'église romaine se basent sur la Bible mais également sur la tradition quitte, selon moi, à opter plutôt pour la seconde en cas de contradiction. L'idée, développée par le Théologien catholique anglais John Henry Newman, est que la tradition est comme un arbre qui se développe à partir de la graine originale, celle-ci ayant tout contenu dès le départ.
Après, qu'il y ait des ressemblances, c'est un peu obligé quand on part des même écrits sacrés. Mais même là, on est parfois surpris quand les uns et les autres utilisent les mêmes terme sans mettre le même sens derrière.
En tout état de cause, je vous remercie de vos remarques.
Cordialement à tous deux,
Eldy
Comment va se faire la représentativité des Eglises au CNEF ? ( pasteurs - délégués d'Eglise ect.) Qui est invité aux conventions ? Le CNEF n'est -il pas une instance écclésiastique suplémentaire - décalé de la vie réelle des Eglises? Comment va être organisé la communication vers les Eglises? A quand un journal de liaison CNEF ? Je suis ancien et responsable d'Eglise. Le mot CNEF n'a jamais été prononcé dans notre communauté alors que notre mouvement ( ADD) en fait partie...
@Eldy
Bonjour,
Excusez pour ma réponse tardive : j'étais parti loin d'internet quelques jours.
Sur le foot, je ne comprends pas très bien la tournure de votre phrase "Mais ce qui intéresse Dieu, je pense, ce ne sont pas des résultats de match mais plutôt le message et le bien qu'il offre à ceux qui s'y trouve." Si "ceux qui s'y trouve" sont les joueurs du match, je suis bien d'accord. Et donc, j'ai raison ?... (c'est ça qui m'étonne).
Concernant la ressemblance catholique / évangélique, ce n'est pas forcément une ressemblance voulue, c'est juste une observation de ma part, observation que je peux me tromper bien sûr.
Bible = relique ? Oui : chez les évangéliques la Bible est souvent considérée dans le texte même, texte qu'iils croient directement inspiré de Dieu, dont la Parole a des pouvoirs par elle même (c'est écrit quelque part dans la bible), etc... comme une relique qui vient directement de tel saint, ou du christ, et comporte en elle des "pouvoirs". Et notez que la conception catholique des reliques n'est pas du tout la caricature que l'on imagine chez les évangélico-protestants : une relique peut parfaitement "inspirer" un être, par le simple regard, par exemple... comme la simple lecture de la bible.
La tradition ? Elle n'est jamais très loin dans les milieux évangéliques. La position sur les femmes, par exemple, c'est de la bible ou c'est de la tradition ?... "De la Bible", que tout le monde répond. Hum.
Mais rassurez-vous : je ne veux pas démontrer que les évangéliques sont identiques aux catholiques, mais seulement que, dans les milieux évangéliques français, bien des conceptions sont finalement proches.
Cordialement.
Y a-t-il une évolution du CNEF vis-à-vis des adventistes du 7ème jour (membres de la FPF, mais considérés comme hérétiques par beaucoup d'évangéliques) ?
Pasteur FEEBF, j'étais présente à la première convention du CNEF et j'ai plus que regretté cette absence frappante des femmes... Lorsque mes collègues masculins me demandaient des informations sur ma place dans l'église, lors des tables rondes ou autres rencontres, les mêmes réactions se sont systématiquement fait sentir: rejet, mépris suivis d'un mutisme quasi unanime, un peu comme si tout à coup j'étais devenue transparente et ce, jusqu'au plus haut niveau des cadres (de certains cadres!) du Cnef... Aurais-je transmis l'impureté???... Il reste beaucoup de chemin à parcourir, ne serait-ce que pour obtenir un minimum de respect lorsque les interprétations de certains textes ne sont pas partagées. Dommage! Je ne sais toujours pas s'y j'y retournerai...
Cependant le président même du CNEF n'est pas contre le pastorat féminin, puisqu'il est rattaché à la FEEBF, qui a voté en 2005 l'admission des femmes pasteurs. Le pôle FEF, de son côté a beaucoup évolué ces dernières années sur la question, plusieurs de ses cadres appuient les thèses du Dr Bilizékian, militant de longue date pour une évolution de la place des femmes dans l'Eglise.
En réalité il semble que l'opposition à une représentativité féminine au sein du CNEF provient surtout du pôle ADD ; mais les choses peuvent rapidement changer...
Léa.