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Bref aperçu du Gospel francophone au Cameroun (2)

essoka, sébastien fathEn tant que genre musical, le Gospel francophone camerounais (écouté au Cameroun mais aussi dans les réseaux diasporiques) est né dans les années 1960. Ce Gospel francophone a connu un développement lent, puis très accéléré depuis les années 1990, suivant une courbe parallèle à l'essor de l'évangélisme (en particulier dans ses variantes pentecôtistes et charismatiques).

Même voulu très "bref", l'aperçu de ce genre musical se doit d'intégrer ces expressions les plus contemporaines, sans oublier de rappeler le contexte de cette créativité renouvelée.

Une variable qu'il faut comprendre, pour apprécier ces évolutions thématiques, est l'essor spectaculaire, au Cameroun comme dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne, de ce qu'on appelle "l'Evangile de la prospérité" (Health and Wealth Gospel), formule qui recouvre plusieurs offres religieuses différentes (attention aux amalgames), dont le point commun est de mettre l'accent sur une dynamique contractuelle qui conditionne les rétributions divines (santé, succès, aisance matérielle) à une vie pieuse.

"Si tu es un bon chrétien, les bénédictions que Dieu a pour toi seront libérées dans ta vie".

 

homepageImage.jpgCe message a particulièrement fait florès depuis le début des années 2000, et a été très bien étudié, dans le cas camerounais, par Robert Mbe AKOKO, dans un article universitaire intitulé "From Asceticism to a Gospel of Prosperity: The Case of Full Gospel Mission Cameroon", Journal for the Study of Religion, Vol. 17, 2004, p.47 à 66.

 Dans ma très grande bonté (et grâce surtout à la générosité de l'Université de Leiden et au JSR lui-même), voici même un lien pour se procurer gratuitement le PDF intégral de l'article (en anglais):

lien théologie de la prospérité Cameroun article 2004


Désir de changement

Cette irruption de l'Evangile de la prospérité (un peu vite snobé en bloc par certains caciques des vieilles facultés de théologie européennes dont le salaire est garanti chaque mois) se double aussi, rappelons-le, de l'essor d'une jeunesse dynamique et créative et d'une petite classe moyenne camerounaise qui revendique de plus en plus bruyamment sa part du gâteau (dans un pays rongé par la corruption), et souhaite participer à une croissance économique réelle, mais encore insuffisante.

 

 ESSOKA, créé en 2009

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C'est en intégrant tout ce contexte social, culturel et économique qu'on peut maintenant mieux comprendre l'essor de nouveaux groupes de Gospel francophones comme le groupe ESSOKA, aujourd'hui très populaire.

Initié par Hervé Moussima, ce jeune groupe Gospel né en mars 2009 est parvenu (fait rare) à devenir propriétaire de son propre studio d'enregistrement. Ancré dans la réalité sociale de la jeunesse camerounaise d'aujourd'hui, les chantres de ce groupe Gospel à succès (qui maîtrise plusieurs langues) "conjuguent les sons de la forêt, les rythmes de la savane et ceux de Douala" (dixit un article publicitaire).

ESSOKA (qui signifie secret) martèle aussi le désir de s'en sortir, l'espérance d'un lendemain meilleur, notamment dans ce titre en français, "Je reste accroché", dont la vidéo, assez récemment postée sur Youtube (fin août 2010 seulement) n'a pour l'instant été visionnée qu'environ 200 fois à dater du 4 février 2012... mais il s'agit-là d'un groupe encore tout récent, sans la notoriété numérique des Jeunes Moissonneurs pour Christ (cf. blognote précédente).

 

Groupe ESSOKA sur Youtube, "Je reste accroché"

Avant de clore ce trop bref survol du Gospel camerounais, il faut rappeler la quasi absence de politique culturelle au Cameroun, et par conséquent l'absence d'aide financière, quelle qu'elle soit, de la part des pouvoirs publics. Comme le rappelait Julius Essoka en 2010 (homonyme du groupe), l'artiste au Cameroun "meurt souvent dans l'indigence" (Tribune 2 l'artiste).

Dans un pays économiquement riche, cette absence de soutien peut être une chance (la culture n'a pas besoin d'un Ministère spécialisé), ou en tout cas, elle peut être facilement compensée par l'aide privée... ou les tickets d'entrée payés par les consommateurs de culture.

 

Cantiques de Sion (Hortence Colombe)

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Ceci explique l'immense "cimetière numérique" d'oeuvres Gospel camerounaises sans lendemains... pas toujours faute de talent, pas toujours faute de courage ou de persévérance, mais tout simplement parce que sans ressources, à la longue, c'est intenable. On en présentera juste une (parmi tant d'autres), pour mémoire, ci-dessous, avec cette prestation des Cantiques de Sion.

Ce groupe camerounais, aujourd'hui en sommeil prolongé, recourt ici aux talents vocaux d'Hortence Colombe, protestante "convertie" en l'an 2000. Cette dernière, après avoir chanté pour les Cantiques de Sion, a poursuivi en solo, et s'en est mieux sortie que son groupe d'origine, mais sans complètement "percer" le mur de la grande notoriété en dépit d'un talent reconnu par de nombreux fans. Présentée comme l"incarnation de l'ingéniosité artisanale divine", elle est toujours présente sur le site GK productions, et (aux dernières nouvelles) elle chante toujours. Mais que c'est dur de percer...

Dotée un temps d'un site internet, celui-ci a fermé, comme beaucoup d'autres sites d'artistes dans la même situation précaire.

Ci-dessous, dans une vidéo postée sur Youtube en 2007, on découvre un style beaucoup moins bondissant que celui d'ESSOKA, sur le mode de la mélopée (francophone), avec écho à la référence esclavagiste, dans la pure tradition des grands thèmes Gospel.

Les Cantiques de Sion (Hortence Colombe), "Il viendra"

(mis en ligne en 2007, 28.920 visionnages sur Youtube à dater du 4 février 2012)

Commentaires

  • Beaucoup d'émotions en écoutant ces personnes, je leur souhaite beaucoup de courage.

    Et bravo pour cette série sur la musique francophone. Je dois reconnaître que les évangéliques donnent quelques éléments favorisant la culture de tous.

    Sur le Cameroun, il y a également Sally Nyolo : http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/69067/date/2011-08-25/article/sally-nyolo-album-magique/

    Dieu seul sait si elle est évangélique (je veux modestement dire par là que je ne le sais pas), mais, si elle ne l'est pas, vu les paroles de ses chansons, elle devrait au moins intéresser les moins obtus d'entre eux. S'il s'avère qu'elle est évangélique, évidemment, elle les intéressera tous.

    Je pris le Seigneur pour que vous abandonniez votre série sur la nouvelle france protestante, et continuyiez plutôt celle-ci.

    Cordialement.

  • Merci cher Ista pour cette référence bienvenue à Sally Nyolo, fierté du peuple Eton du Sud-Cameroun.

    Outre son talent intrinsèque et son succès en Europe, elle est réputée oeuvrer pour encourager la production musicale locale (http://www.live.mboa.info/musique-biographie-people/fr/people/rubrique/7281,sally-nyolo.html?rubrique=qui-est-qui).
    Je ne pense pas qu'elle soit évangélique mais comme vous dites, "Dieu seul sait"?

    Sinon je suis touché par vos prières.... Mais je crains fort qu'il vous faille subir prochainement les 3 dernières vidéos sur "La nouvelle France protestante". Je sais, je sais, c'est moins fun que le Gospel francophone d'outre-Méditerranée, mais malheureusement, quand je m'engage à quelque chose, j'ai la désagréable habitude de toujours m'y tenir. Mon nom caché serait-il "pitbull"?....
    En tout cas je ne lâche pas l'affaire.
    Courage!

  • parfait

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