Le sociologue français du catholicisme et de la laïcité Emile Poulat nous a quittés.
C'est un intellectuel de premier plan, mais aussi un grand monsieur qui tire sa révérence. Il avait conservé jusqu'au bout ce regard espiègle et pénétrant de l'insatiable curieux qu'il était. Il laisse derrière lui une oeuvre considérable et féconde.
Pour avoir eu l'occasion de croiser plusieurs fois son sillage au cours du dernier quart de siècle, je conserve le souvenir d'un passionné, habité par le désir de comprendre et d'éclairer. Auteur prolixe, d'une culture rare, il ne s'interdisait rien, ce qui lui permit, notamment, d'accorder une vive attention au phénomène protestant, y compris dans ses déploiements africains francophones d'Eglises de migrants déshéritées (cf. sa collaboration avec Dominique Kounkou).
Le quotidien La Croix lui a consacré une notice de qualité (lien).
Commentaires
bjr, triste nouvelle, en effet, tant pour la qualité du chercheur qui avait une vision globale de son "objet", la culture catholique, et qui se considérait comme témoin d'une évolution. Son traitement de la laïcité fait par ailleurs pâlir bien d'autres approches qui la désamorcent en diluant la fameuse "exception française". Sans en faire une idole ou un blason, Emile Poulat avait saisi le rapport singulier de celle-ci à l'exigence d'universalité. Une universalité qui n'éteint pas l'exigence, qui l'habite, de singularité, et qui, en conséquence, nécessite qu'on saisisse la référence et le vécu "religieux" (spirituel?) à fleur d'expérience.
Très bel article de La Croix. Cordlt, gef
Notamment auteur d'un ouvrage complet sur la loi de 1905 (Scruter la loi de 1905) dont la lecture serait profitable avant toute considération et discussion sur la laïcité.