C'est une passionnante source sur le protestantisme colonial à Madagascar qui nous est proposée grâce au remarquable travail de Claire-Lise Lombard et Faranirina Rajaonah.
De Tananarive, où il dirige, de 1924 à 1927, le « Foyer », une section des Unions chrétiennes de jeunes gens, Jean Beigbeder écrit à son père en France. Docteur en droit, protestant aux racines béarnaises, il est convaincu des vertus du scoutisme dans la formation du citoyen. Une correspondance conservée dans son intégralité (132 lettres), à la croisée de l'individuel et du social, dont l'intérêt réside entre autre dans ce qu'elle dit du moment colonial dans une capitale où les Européens doivent prendre leurs marques, alors même que les Malgaches subissent la discrimination. Les années 1924-1926 d'embellie économique sont aussi celles de la montée de la contestation anticoloniale, s'exprimant d'abord dans la revendication de l'égalité. Dans ce contexte, l'expérience du Foyer paraît exceptionnelle. De fait, Jean Beigbeder est un médiateur culturel, qui ne remet pas en cause la colonisation, mais dont l'intérêt pour Madagascar est manifeste.
La photographie à Madagascar, particulièrement à Antananarivo sa capitale, est aujourd’hui une pratique très répandue. Depuis son introduction en 1856 par le révérend William Ellis (1794-1872) de la Mission de Londres à la cour de la reine Ranavalona Ière (1828-1861), des institutions et des particuliers se la sont appropriée et en ont diffusé l’usage. (...). De cette photographie sans cesse en évolution, des traces sont restées, qui progressivement se sont muées en un véritable patrimoine.