La situation française aujourd’hui est assez simple: nous sommes confrontés aux effets des rééquilibrages internationaux inévitables produits par la globalisation:
-entrée dans l’Europe de pays comme la Roumanie, où la main d’œuvre coûte 4 fois moins cher qu’en France,
-concurrence de nouveaux géants manufacturiers comme la Chine,
-avec en prime, l’allongement inexorable de la durée de la vie qui allourdit d’autant le fardeau des retraites.
Dans ce contexte, dans un pays endetté, marqué par les délocalisations et le chômage des jeunes, nous n’avons plus les moyens de maintenir tel quel notre système de retraites et de protection sociale.
A moins que….
A moins que l’on sacrifie la jeune génération, ce qui prolongera le statu-quo pendant 10-20 ans supplémentaires, avant un naufrage obligé. Comme l'observe le sociologue Louis Chauvel, cette génération de moins de 40/45 ans cumule les handicaps:
-un pouvoir d’achat souvent inférieur à celui des parents (pour mémoire, le pouvoir d’achat des enseignants a baissé de 20% entre 1981 et 2004, et ça continue depuis)
-une arrivée sur le marché du travail bien plus tardive que dans le cas des parents
-une stimulation à la consommation bien plus forte (et bien plus précoce) que dans le cas des parents (avec à la clef des frustrations démultipliées: plus de tentations et moins d'argent en poche)...
-des cotisations sociales bien plus élevées que la génération du dessus
-des perspectives de retraite bien plus incertaines et lointaines que dans le cas de la génération des babyboomers
Pour résumer : les moins de 40 ans se font «avoir» de tous les côtés. Moins de pouvoir d’achat, plus de cotisations et faibles retraites en perspective.
Dans cette configuration le choix politique est clair:
-ou réajuster vigoureusement le système (MAIS sans le casser, car il reste structurellement bon) pour sauver la génération montante et l’avenir du pays, ce qui veut dire (entre autres) rogner sur les avantages acquis, les régimes spéciaux et le confort d’un mode de protection sociale désormais au-dessus de nos moyens.
-ou continuer à faire l’autruche, se rengorger dans la supériorité de notre «modèle français» momifié dans sa splendeur passée, et tuer l’avenir de la France en sacrifiant cyniquement les moins de 40 ans (déjà nombreux à partir à l’étranger).
Le gouvernement de Nicolas Sarkozy et de François Fillon a commis bien des erreurs de méthode, et parfois des fautes (abolition des droits de succession, discours de Dakar etc.). Mais en matière de protection sociale et de retraites, il a le mérite d’aller dans le sens du courage, du parler-vrai, du pragmatisme et du réajustement nécessaire.
En "Républicain d'autorité" qu'il est (dixit Max Gallo), Nicolas Sarkozy agit sur le réel, quitte à aller parfois trop vite (négocier prend du temps), mais au moins, il ne se contente pas de se gargariser de mots convenus tandis que le bateau tangue.
Au nom de la République (loi la même pour tous, primauté de l'intérêt général), il est temps de freiner ce processus de retour à l'Ancien Régime où les intérêts catégoriels font la pluie et le beau temps (voir à ce sujet l'article pugnace -mais caricatural- de l'historien Jacques Marseille).
La réforme des universités (qui touchent souvent le fond en matière de misère déprimante) et la remise à plat des régimes spéciaux de retraite, il faut les faire sans tarder et Sarkozy l’a fait, même si on peut discuter sur telles ou telles modalités contestables.
Démagogie racoleuse
La gauche ? On attendrait d'elle un positionnement fort, courageux, fondé sur ses valeurs et ancré dans une lecture lucide du réel (sans quoi aucune vraie réforme n'est possible).
Mais elle désespère ses électeurs.
Si elle ne se ressaisit pas, ne resteront bientôt que les jusqu’au-boutistes démagos, ou les paresseux ancrés dans leurs habitudes, ou les mal-informés, qui se satisfont d’un discours «anti» qui ne mène à rien et qui refuse de dire la vérité aux Français.
Dernier exemple en date de démagogie consternante (ci-dessous), cette publicité racoleuse du Parti Communiste, qui exploite l’image de Guy Môquet (qui ne fut pas résistant anti-nazi mais otage, aux ordres d’un parti à l’époque aligné sur le pacte germano-soviétique) pour recruter la jeunesse d’aujourd’hui….
Une affiche placardée sur le place de la Mairie de ma commune, et de beaucoup d’autres aussi j’imagine
C'est encore pire que si l’UMP s’appuyait sur le de Gaulle de juin 1940 pour recruter en 2007…. Car de Gaulle, au moins, fut un immense résistant, un vrai modèle. Guy Môquet n'était lui qu'un courageux otage foudroyé trop jeune, qui n'avait rien d'un authentique résistant comme le PC en compta plus tard dans ses rangs.
Cette "che-guevarisation" opportuniste de Guy Môquet par un parti sans scrupules est pathétique, d’une démagogie à peu près du niveau (grossièreté en moins) de l’ignoble affiche de l’UNEF placardée il y quelques semaines dans les Facs françaises.
Ces dernières semaines, on serait bien en peine de relever une parole de gauche responsable, qui explique aux Français que sur l’adaptation de notre protection sociale et de notre système de retraite, il faudrait aujourd’hui une forme d’union nationale, et un effort de tous.
On est bien en peine aussi de retrouver une gauche fidèle à sa mission traditionnelle: la justice sociale effective (pour toutes les générations) plutôt que les privilèges d'une partie de la population.
Faute de faire face aux problèmes, on préfère rester dans la démagogie, dans le discours négatif et le maintien conservateur de tous les avantages acquis des babyboomers, sans avoir le courage de dire qu'en agissant ainsi, on plombe l'avenir de la jeunesse.
Un pamphlétaire (Philippe Vasseur) publia il y a quelques années un ouvrage intitulé La droite la plus bête du monde. Je crains qu’aujourd’hui, on puisse retourner l’invective sur la gauche française, «gauche la plus bête du monde» (1)…. A moins que ce soit la plus lâche.
Lent suicide
Les grèves massives et coûteuses qui s’annoncent dans les Facs, à la RATP et à la SNCF sont en partie dues aux maladresses ou manœuvres du gouvernement Fillon (loi Pécresse votée en catimini).
Mais elle sont surtout explicables par ce manque de courage d’une gauche conservatrice et démago qui trop souvent méprise le peuple et prend les gens pour des imbéciles (souvenons-nous des sarcasmes essuyés par Ségolène Royal, qui avait eu le mérite d'aller longuement à la rencontre de la population avec ses débats participatifs).
Une gauche qui a renoncé à affronter le réel,renoncé à relever ce défi: appeler les Français à des efforts communs, cesser de caresser dans le sens du poil, afin de sauver du naufrage une jeune génération en voie d’être sacrifiée sur l’autel des avantages acquis des babyboomers.
Il n'est pourtant pas trop tard. Les 'fondamentaux' de la société française restent plutôt bons. Mais pour combien de temps? Chaque année de réformes perdues, notre avenir se rétrécit.
Ces grèves à venir (qui vont accessoirement entraver le travail de millions de Français, dont le mien, qui dépend beaucoup d’une SNCF et d’une RATP qui fonctionnent) sont une forme de lent suicide qui ne devrait réjouir personne, à commencer par des responsables politiques de Gauche incapables d’assumer leurs responsabilités, préférant, quand ils parlent devant les caméras (2), la fuite-en-avant d’un conservatisme radoteur plutôt qu'une pédagogie de la réforme à la hauteur des enjeux du XXIe siècle.
(1) Formule à prendre un peu au second degré quand même.... Car tout bien considéré, des gauches comme celle de la Corée du Nord conservent quelques belles longueurs d'avance sur le PS et le PC français...
(2) Car en voix off ou en comité restreint, ces mêmes responsables savent souvent à quoi s'en tenir... mais n'osent en parler clairement aux électeurs: c'est sûr, face à la gangrène, le sédatif fait moins mal que l'opération. Mais à la fin, pour quel résultat?
Commentaires
quand on mets ces idées sur la place publique, on a au moins l'honnêteté intellectuelle de savoir ce qu'on raconte. par votre blog vous vous croyez cultivé et intéressant (tant mieux pour vous). le problème c'est que c'est une masse de bovins qui va vous lire. une personne au fait des choses ne peut adhérer à vos propos simplistes.
Réponse à taris
"Une masse de bovins", dites-vous, pour qualifier les internautes? Ce mépris n'engage que vous, et disqualifie votre point de vue. Dommage.
Je suis tout a fait d'accord avec votre analyse, j'en conclus que je dois être un bovin, Meuh!
Je partage votre point de vue sur la gauche actuelle et sur la campagne stupide des communistes sur Guy Moquet .Quelles sont les valeurs de gauche ?Au 19 e elle était colonialiste, l'extrême gauche était anti sémite et dans les années 30 les idées écologistes étaient portées par la droite.La gauche était pour le progrés et de nos jours elle est conservatrice ! Protestant, fils de résistant déporté à Mauthausen mon pére m'a souvent parlé de ses camarades communistes, libéraux, conservateurs , libéraux et des collaborateurs qui venaient de la gauche souvent pacifistes pour finir avec les hitlériens.Pour évoquer la gauche BHl parle des dreyfusards, de Vichy, des colonialistes . .Qui était le plus progressiste de Gaulle
ou Mitterrand, décoré de la francisque et ami de Bousquet.Et si l'erreur de la gauche n' a pas été de choisir Mitterrand plutôt que Mendés France .Et si Mendés
avait réussi à s'entendre avec de Gaulle !
Tombé sur ce blog par hasard, je trouve votre analyse particulièrement pertinente! Ca change des propos extrémistes des uns et des autres... C'est une analyse critique de la gauche mais teintée des erreurs du gouvernement actuel. Bref tout en modération et objectivité bravo!
En ce qui concerne taris... je lis sur votre commentaire "savoir ce que l'on raconte", "propos simplistes", admettons.
Mais vous, taris, quels arguments apportez vous? il n'est pas très long votre commentaire pour une critique et en plus pas non plus très poussé... on aurait tendance à croire que ce billet seriat facilement contestable en vous lisant! Eh bien que neni, 6 patites lignes et puis s'en va. C'est bien dommage d'accorder du crédit aux propos que l'on réfute: contester oui, oui je suis contre la critique des positions que je tiens!!! Mais alors quelles sont ces positions? Vos arguments ils sont où? La critique est toujours constructive, elle fait avancer les choses, mais seulement dans la mesure où elle est appuyée par une construction logique...
C'est dommage taris, vraiment dommage de discréditer le mouvement que l'on défend... en fait je vous plains dans l'attente d'un commentaire peut être plus structuré et progressiste!
L'espoir fait vivre...
je ne pense pas que la gauche soit bête, mais je crois qu'elle est engluée dans ses contradictions et dans le fait que les changements nécessaires comme vous le soulignez touchent aujourd'hui en priorité sa "clintèle" traditionnelle
Du coup, elle a tendance à s'accrocher à des schémas dépassés depuis plus de 30 ans
j'ai essayé d'en faire l'analyse dans une série qui commence ici:
http://verel.typepad.fr/verel/2007/05/gauche_et_droit.html
Il est vrai que la France est endettée, et j'ai l'impression que l'on tape toujours sur les mêmes : les salariés. Les riches deviennent de plus en plus riches, la classe moyenne s'appauvrit d'année en année. Vous le dites justement : les enseignants (mais pas qu'eux) perdent en pouvoir d'achat d'année en année. Pendant ce temps, le président de la république s'octroie une augmentation de 140 %, 170 % selon certaines sources ! Les parachutes dorés se multiplient en toute impunité. Est-ce pour acheter le silence sur des pratiques peu orthodoxes ? Les compagnies pétrolières augmentent et confortent leurs bénéfices en profitant de l'augmentation du prix du pétrole. Les médecins, chirurgiens, anesthésistes pratiquent des dépassement scandaleux qui ne sont plus pris en charge par certaines mutuelles. Les spéculateurs de tout poil peuvent déduire de leurs impôts des sommes importantes et accumulent les stock-options. Mais on tape sur le "petit" salarié qui ne peut pas se défendre sous peine de se retrouver au chômage. Mais qu'il s'estime donc heureux d'avoir un emploi !!
Parce que si on touche aux riches, ils partent à l'étranger ou mettent leurs fortunes dans les paradis fiscaux.
Et maintenant, même les "baby-boomers" sont touchés par les coupes sombres sur les retraites. Je fais partie de ceux qui travailleront au moins jusqu'à 62 ans, alors que des collègues plus âgés de quelques années seulement sont partis à 55 ans avec 75 % de leur salaire !
En même temps, nos jeunes ne trouvent pas d'emploi stable, sont ballottés dans les intérims. Bref, j'ai l'impression que nous retournons à l'esclavage et la misère...
Réponse à Patrick B.
Vous avez totalement raison, on assiste à une crise massive du salariat, annoncée déjà depuis une quinzaine d'années par les économistes.
En France, les salaires constituent toujours l'assise principale des prélèvements sociaux (RDS, CGG déductible et non-déductible...), ce qui grêve d'autant ce que le salarié touche vraiment, et contribue à pousser lentement vers la "misère" (je vous cite) des salariés qui ne gagnent plus de quoi vivre dignement.
D'où la nécessité de repenser le système intelligemment, au lieu d'enfoncer le pays avec des discours passéistes et des grèves coûteuses.
Sur Thalassa vendredi soir, un reportage passionnant montrait les chantiers navals de Busan, en Corée du Sud. Devinez le salaire d'une soudeuse sud-coréenne? 4500 Euros par mois (50.000 Euros par an). Comme quoi la crise des salaires n'est pas inéluctable.
Mais pour augmenter ces salaires, il ne suffit pas de dire "faut augmenter les salaires de tant".
C'est tout le système qu'il faut d'abord repenser, afin que les entreprises AIENT LES MOYENS d'augmenter les salaires sans mettre la clef sous la porte. Et si les allègements de charge et l'assouplissement du marché du travail, diabolisés par une certaine gauche, n'étaient pas seulement "donner aux riches", mais permettaient justement de relancer la machine, avec, à la clef, des hausses de salaire? Mais voilà, pour que l'Etat ait les moyens d'alléger les charges (donc se priver de ressources), il faut que l'Etat dépense moins.... Or le système de protection sociale coûte horriblement cher à l'Etat. Alors, que faire? Nous revoilà plongés dans la problématique du moment.
La répartition de la valeur ajoutée entre capital et salarié est restée stable en France (à de faibles variations autour de la moyenne près) depuis la fin du plan Mauroy Delors, c'est à dire 1985
Le vrai problème est lié à une croissance anémique et à une productivité de l'Etat qui ne progresse pas (voire qui baisse): voir à ce sujet le rapport Pébereau
les solutions sont connues:
stratégie de Lisbonne (investissement massif dans la recherche en lien avec les entreprises) d'une part comme l'a fait la Finlande par exemple,
rationalisation de l'Etat comme l'ont fait le Canada et la Suède il y maintenant plus de 10 ans
« La France a la droite la plus bête du monde. » ce n'est pas de Philippe Vasseur mais de Guy Mollet...
(Et franchement, j'espère qu'on ne considère pas le gouvernement de la Corée du Nord comme étant de gauche)
Je ne sais pas si votre modèle est les états unis, mais un pays ou les pauvres sont obligés de cumuler deux boulot pour pouvoir s'en sortir ne constitue pas pour moi un objectif... on est bien mieux en france.
Moi je milite plutôt pour une gauche vraiment à cauche ;)
Réponse à "musculation"
Non, mon modèle n'est pas les Etats-Unis. Ce n'est pas non plus mon repoussoir du reste. Je ne milite pas pour le cumul de boulots mal rémunérés, pas plus que je milite pour le chômage ou le RMI élargis à des millions de Français.
La "gauche vraiment à gauche", je comprends qu'elle vous séduise, surtout en regardant le PS. Mais à bien y réfléchir, pour moi, cela ne veut rien dire. La vraie gauche favorise l'amélioration concrète des conditions des plus démunis, refusant de se payer de mots.
Cette "vraie gauche" passe aujourd'hui par le courage de remettre à plat un système dont nous n'avons plus les moyens, pour les causes démographiques que j'ai décrites.
En revanche, l'extrême gauche est pour large part une fausse gauche. Elle est en réalité le meilleur allié de l'ultralibéralisme et des sarkozystes les plus durs. Car avec sa démagogie et son refus d'affronter le XXIe siècle, cette pseudo-gauche radicale conforte les partisans d'une vraie "rupture" thatchérienne, sous prétexte qu'il n'y a pas de compromis possible avec des gauchistes. OR le compromis existe, mais il passe par le courage, la négociation, la prise en compte des temps nouveaux.... Choses que la gauche française d'aujourd'hui a bien du mal à faire....
Cf. ce constat lucide de Julien Dray au "Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien" ce dimanche 11 novembre 2007, je cite: "si le PS ne change pas, François Bayrou et l'extrême gauche prendront sa place", c'est-à-dire en clair que sur les décombres socialistes s'imposeront deux alliés objectifs de Sarkozy:
-Bayrou, car le centre a toujours fini par lorgner à droite,
-l'extrême gauche parce qu'elle fait peur à la grande majorité des Français par sa démagogie dangereuse, précipitant les électeurs dans les bras des conservateurs comme après 1968.
Bonjour
Les grèves commencent dans une heure et après avoir lu cet article de Sébastien Fath, je me dis que ça ne m'aurait posé pas beaucoup de problèmes de le signer, du moins par rapport à ce qu'il contient, j'aurais juste ajouté aux alternatives aux réformes actuelles que l'on peut aussi réfléchir à d'autres moyen de faire fonctionner une société que ceux employés actuellement et à d'autres idéaux que ceux en cours.
Après l'affiche de l'UNEF, ces réactions de la gauche, des syndicats français et des étudiants bloqueurs extrémistes à ces réformes nécessaires pour que la France puisse bien se porter à l'avenir dans le système actuel montre pour moi aussi toute la vacuité et la malhonnêteté intellectuelle de cette opposition. Il me semble que pour pouvoir contester sérieusement ces réformes, il faut demander un changement total du système, sortir de l'économie de marché et redéfinir des nouveaux principes de civilisation pour les êtres humains vivant en locurence en France (ou ailleurs si affinités), personnellement je serai plutôt enclin à tout cela, mais toutes les gauches du monde des plus modérées aux plus extrêmistes (je ne parle pas d'autres gauches qui sont devenues carrèment folles et pathétiques comme la Corée du Nord ou la Birmanie) le veulent elles? Il me semble que non, elles n'ont aucun moyen de pratiquer de tels changements et elles n'en veulent absolument pas, elles essaient à différents degrés de se dépatouiller le mieux possible avec le capitalisme, certains y arrivent très bien, Royaume-Uni, Chili, Argentine, Allemagne, Espagne... En France le résultat est jusqu'à présent assez calamiteux.
Alors voilà nous nous retrouvons avec cette pauvre opposition complètement perdue, qui attaque sur tout et n'importe quoi, et surtout sur n'importe quoi, et qui doit au final être bien contente de ne pas être aux manettes pour avoir à réformer le pays. Je crois que Sarkozy sortira vainqueur haut la main de tout cela car l'opinion publique se rend bien compte du réalisme nécessaire qui doit être à l'oeuvre en France, ce n'est pas non plus par hasard qu'il a été élu.
Tout cela ne pourraît être qu'un épisode à déplorer si ça ne portait pas à conséquence sur le futur dans des domaines que je juge au moins aussi important que l'économie.
En effet, si les réformes économiques nécessaires à la bonne santé de la France dans le monde actuel vont sans doute avoir lieu, je trouve préoccupant l'effet que pourrait avoir cette stupide bataille sur la démocratie. Quand l'opposition se discrédite de telle manière, elle montre que le débat démocratique n'est finalement pas si important que ça et que l'on pourraît s'en passer au profit de l'autoritarisme triomphant mettant fin aux petites querelles mesquines et malhonnêtes, sans parler des étudiants bloqueurs qui bousillent haut la main le vote à bulletin secret. La démocratie c'est le débat, quand le débat n'est pas respecté, c'est la démocratie qui n'est pas respectée. Il est question dans l'article de Sebastien Fath des moins de 40-45 ans, ayant 24 ans et voyant comment ma génération à d'autres préoccupations que la qualité du débat démocratique (voir mon premier commentaire dans le sujet sur Harry Potter) je trouve ce gâchis démocratique assez irresponsable.
Même si comme je l'ai déjà dit je suis loin d'aimer le système actuel je crois qu'il faut savoir agir avec responsabilité, surtout quand on est sensé incarner la responsabilité comme sont sensé le faire les hommes politiques.
Il ne reste plus qu'à espérer que la gauche se rende compte au plus vite de sa bêtise.
Le pire dans tout ça étant que les seules personnalités d'opposition qui restent crédibles sont Bertrand Delanoë et Ségolène Royal. Bertrand Delanoë a l'handicap de bien s'entendre avec Sarkozy et je pense que ça lui jouera des tours à l'avenir pour la prise et la rénovation du PS. Il reste Ségolène Royal, que je vois bien prendre la tête de l'opposition à l'avenir. Malheureusement en ce qui me concerne nous avons à faire là à une personne qui n'a aucun problème pour jouer sur l'irrationel des gens et qui se présente à eux enveloppée de ces draps là. Je vois là une autre préoccupation à avoir quant à l'avenir de la qualité de la démocratie.
Pour courroner le tout, et je finirai là-dessus, Sarkozy est en train de droguer la France à sa présence, il est en train de l'habituer à l'homme providentiel omniprésent qui peut régler tous les problèmes à partir du moment qu'il s'en occupe. Personnellement, je ne doute pas qu'il fasse du bon travail quant à inscrire la France de belle manière dans l'époque actuelle. La France, cette société vieillissante et jusqu'à présent très figée, donc fragile, qui n'en finit plus actuellement d'être bousculée psychologiquement. Si elle résiste à ce choc de modernité tant qu'il est au pouvoir et qu'il prend ce pays à bras le corps, dans quel état psychologique se retrouvera la France quand il partira? Cette camée à l'homme providentiel en voudra-t-elle un(e) autre à tous prix peu importe le goût ou la couleur?
Et tout cela se passe à une époque les mouvements de nouveaux chrétiens évangéliques sont sur une dynamique ascendante.
Franchement, je crois que tous ceux qui tiennent à la démocratie feraient bien de se saisir de tous ces éléments.