Les sondages ont beau, pour le moment, indiquer Nicolas Sarkozy perdant aux prochaines élections présidentielles françaises 2012, rien n'est joué. Et surtout : rien ne dit que la gauche (même si elle s'imposait dans les urnes) remportera la bataille culturelle.
Valéry Rasplus, sociologue et essayiste de talent, dont je reçois la newsletter, a publié à ce sujet une note pertinente, à l'occasion de la sortie du livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin intitulé Voyage au bout de la droite, Mille et une nuits, 2011.
Brustier et Huelin soulignent ceci : le mouvement des droites serait sorti de sa marginalité culturelle par «sa force et sa capacité à faire face, mieux que tout autre idéologie, aux effets de la mondialisation néolibérale sur ces mêmes sociétés».
Elle serait parvenue aussi à intégrer dans son arsenal idéologique une dimension contestataire jusque-là plutôt préemptée par la gauche.
A l'inverse, la gauche française actuelle se montre à la fois incapable de se faire le "porte-parole des contestations populaires" (mais ça, c'est pas nouveau...) et inapte à prendre le réel à bras le corps.
Ringardisation des "grands récits"
C'est là que la voix des sciences sociales des religions peut apporter sa "petite musique" propre, en soulignant que la gauche française, 30 ans après l'élection de François Mitterrand, n'a toujours pas réussi à faire le deuil d'une idéologie messianique ("changer la vie", etc...) totalement ringardisée.
Le temps des "grands récits" de la modernité, étudiés par Charles Taylor et tant d'autres, est pourtant derrière nous, laissant place à une ultramodernité (Willaime) nettement plus pragmatique, désenchantée, et attentive au concret des individus.
La triste affaire DSK, où l'on s'interroge toujours sur la place de la gauche socialiste française (pas sûr que ce soit toujours du côté de la femme de ménage africaine...) n'a rien fait pour changer la tendance à la décrédibilisation des "beaux discours", surtout s'ils sont démentis par les faits.
Stupeur et tremblement
Avec l'élévation du niveau d'étude des citoyens et la multiplication des moyens d'information, la démagogie du "grand soir" ne paye plus.
Sauf au PS français ? A regarder le programme proposé pour 2012, on est partagé entre stupeur et tremblement. Au-delà d'un effort de réflexion parfois authentique et d'un souci apparent d'un ton plus mesuré, le constat reste assez accablant.
D'un côté, une nostalgie réactionnaire appuyée (il s'agit de "revenir", "rétablir", "retourner", "replacer", etc.... bref, en arrière-toute, et "vivement hier").
De l'autre, des propositions labellisées "Père Noël", surréalistes dans le contexte économique actuel (rétablissement de l'âge légal de la retraite à 60 ans, 300.000 emplois jeunes créés etc...).
Même un Arnaud Montebourg n'échappe pas au marasme. Pourtant moins gangréné que d'autres par les "mille petits dégoûts de soi" (Cyrano de Bergerac, Acte 5) qui ont conduit Aubry & cie à soutenir Jean-Noël Guérini à Marseille, il vient de sortir de son chapeau un projet de "démondialisation (sic)", ni plus ni moins.
Voilà certes un joli mot-valise (involontaire?) qui imbrique "mondialisation" et "démon". De là à voir Montebourg et consorts en exorcistes de nos peurs des grands horizons... La religion n'est jamais très loin.
Après le Golgotha de la mondialisation (méchante, naturellement), la résurrection de la démondialisation (sic)?
On comprendra qu'avec un prêchi-prêcha socialiste incantatoire aussi peu en prise avec le réel, la droite a de beaux jours devant elle, n'en déplaise aux sondages actuels.
Commentaires
La "démondialisation" de Montebourg ?
Zut alors ! dans ma courte phrase il y a deux fois "démon" ! (la deuxième fois sans accent).
Le temps des grands récits de la modernité est peut être derrière nous, mais le temps des grands récits, c'est moins sûr. La mondialisation n'en est elle pas un ?
Quand au pragmatisme, à une attention au concret des individus... vous avez vu ça où ? qui ?
(Je rappelle que je ne place pas les sondages dans le domaine du concret, mais dans celui de la chimère).
Reste le désenchantement, c'est vrai.
J'aimerais que vous développiez un peu plus le "C'est là que la voix des sciences sociales des religions peut apporter sa "petite musique"... vous le faites déjà, continuez encore. Merci pour votre travail.
Cordialement.
Excellente analyse
Il faut dire qu'à gauche la réflexion intellectuelle médiatique semble se résumer a un slogan "indignez vous" c a d le néant
Une droite moins ringarde, une gauche larguée ?! Voila un titre un commentaire qui ne fait aucun doute de son appartenance idéologique droitière .Que certains élus de gauche ne remplissent pas leur mandat par un engagement proges social , c'est malheureusement vrais !. Il faut leur retirer notre confiance .Qu'il soient largués.
Que la gauche soit larguée?! je ne pense pas .De quelle gauche est-il question; il y à la vraie fausse
gauche ( les multiples égoistes, profiteurs , ségrationnistes,...........) connus, reconnus !.
Il existe à gauche de vrais humanistes, pour ma part ce sont ceux qui doivent se dévoiler, monter au créneau de l'engagement politique, pour la mise en place d'une gestion rationnelle équitable à l'attention du plus grand nombre .
Il n'est pas question d'indignation" molasse" Il s'agit d'un combat au quotidien par l'action socio culturelle laique ; De pourfendre les diverses manipulations de certains médias , de certains groupes , de certaines associations dogmatiques .
Je suis à l'écoute de tout et de tous; afin d'etre mieux éclairé !...............