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Femmes, Nobel de la Paix et protestantes ferventes

afrique,libéria,baptistes,femmes baptistes,méthodistes,méthodisme,united methodist church,luthériens,luthéranisme,prix nobel de la paix,ellen johnson-sirleaf leymah gbowee et tawakkul karmanEn tant que chercheur CNRS spécialisé sur les protestantismes, mes écrans radars se sont allumés à l'annonce du Prix Nobel de la paix 2011, décerné à trois femmes, Ellen Johnson-Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman.

En effet, pour deux d'entre-elles, la foi chrétienne, en version protestante, a joué un rôle fondateur dans l'engagement militant pour la paix, récompensé par les Nobel. A tel point qu'on peut souligner ceci: sans leur élan religieux, ces femmes n'auraient pas réalisé ce pour quoi elles ont été reconnues dignes du Nobel.

Ces deux femmes sont Ellen Johnson-Sirleaf et Leymah Gbowee, toutes deux de nationalité libérienne.

afrique,libéria,baptistes,femmes baptistes,méthodistes,méthodisme,united methodist church,luthériens,luthéranisme,prix nobel de la paix,ellen johnson-sirleaf leymah gbowee et tawakkul karmanLa première, Ellen Johnson-Sirleaf, est une protestante très pratiquante, de confession méthodiste (United Methodist Church).

Femme politique de haute volée, "dame de fer" militante pour la paix et la réconciliation, elle est aussi une chrétienne engagée, qui fonde explicitement son action sur les valeurs de l'Evangile.

Première femme présidente d'un pays africain, c'est sur la base d'une espérance ancrée dans le christianisme qu'elle a redressé un pays, le Libéria, traumatisé par une des guerres civiles les plus dures des 30 dernières années.

Ellen Johnson-Sirleaf a mis en avant cette foi chrétienne dans d'innombrables discours, comme lors de sa Keynote address au congrès des femmes baptistes d'Afrique, tenu au Libéria le 15 novembre 2010 (texte téléchargeable ici).

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"Paul nous enseigne l'importance, pour les enfants de Dieu, d'être conduits par le Saint Esprit, soulignant que l'Esprit conduit et guide l'Eglise dans toute la vérité. Nous devons tous être guidés par l'Esprit si nous voulons être efficaces et avoir du succès dans notre mission" ("Paul teaches us of the importance for God’s children to be led by the Spirit, noting that His Spirit leads and guides the Church into all truths. We must all be guided by the Spirit if we are to be effective and succeed in our mission.").

Il y a naturellement une part de rhétorique convenue là-dedans... mais l'ensemble du propos dénote, a minima, nombre de valeurs chrétiennes partagées entre la présidente et son auditoire (ses "soeurs").

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Mrs Johnson-Sirleaf et Gbowee, deux lauréates libériennes et protestantes

 

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Convaincue que la paix passe par l'unité dans la prière, elle a mis en place un vaste mouvement pacifique de prière commune sur une base inter-religieuse (musulmans et chrétiens). A noter que ce dernier point l'éloigne des évangéliques (qui refusent la prière interreligieuse).

Ce mouvement de prière de masse, porté par les femmes, a fait l'objet d'un remarquable documentaire, sorti en 2008, intitulé Pray the Devil Back to Hell ("fait repartir le démon en Enfer par la prière").

 

afrique,libéria,baptistes,femmes baptistes,méthodistes,méthodisme,united methodist church,luthériens,luthéranisme,prix nobel de la paix,ellen johnson-sirleaf leymah gbowee et tawakkul karmanDiplômée de la Eastern Mennonite University, institution académique marquée par la tradition protestante mennonite (axée sur la défense de la Paix comme principe évangélique), Leymay Gbowee n'a jamais mis de côté ses convictions chrétiennes en version luthérienne, présidant même la Lutheran Church in Liberia, Eglise luthérienne du Libéria.

 

Au travers de ces deux itinéraires de femmes militantes, c'est tout l'impact des convictions religieuses qui se trouve rappelé. Loin de se limiter à une dimension privée, la foi chrétienne (en version protestante ici) revêt un rôle structurant et militant qui n'en a pas fini de marquer l'actualité internationale.

Commentaires

  • On se réjouit de cette annonce. Merci d'avoir signalé que deux d'entre elles étaient de confession protestante. Il y a de quoi être fier. Espérons que Dieu sera glorifié encore une fois au travers de leur travail et de ce prix.

  • Beau message de paix envoyé au monde entier en effet. Et beau témoignage protestant.
    Participe présent du verbe protester, emprunté au latin d'époque impériale protestari « déclarer hautement, protester, affirmer; attester, témoigner » composé de pro- « devant, en avant » et de testari « témoigner, attester », dérivé de testis « témoin ».
    Cela nous rappelle aussi une autre personnalité Prix Nobel de la paix en 1984, l'archevêque anglican sud-africain Desmond Mpilo Tutu, lui aussi figure emblématique pour la paix, l'attitude pacifique et la non-violence, et dont l'influence fut déterminante aux côtés de Nelson Mandela pour cheminer vers l'abolition de l'apartheid et la réconciliation en Afrique du Sud. Ce qui n'est pas rien.
    "Faites le bien, par petits bouts, là où vous êtes ; car ce sont tous ces petits bouts de bien, une fois assemblés, qui transforment le monde." (Desmond Tutu)

  • Je "proteste", surtout pour ce qui concerne Leymah Gbowee (je connais moins l'autre) (déjà que je ne connais pas beaucoup Leymah Gbowee... ) sur "la foi chrétienne (en version protestante ici) revêt un rôle structurant et militant qui n'en a pas fini de marquer l'actualité internationale" :

    - pourquoi "chrétienne" ? pourquoi pas "la foi" tout court ? En effet, et comme vous le soulignez, ses appels à la prière concernent toutes les femmes, de quelque religion, et ce qui est structurant ici, aussi bien personnellement que socialement, c'est premèrement qu'elles sont femme, secondement la foi, et la foi tout court, puisque... c'est inter-religieux.

    - à partir de là, et à partir de là seulement, peut être, si la foi "revêt un rôle structurant et militant qui n'en a pas fini de marquer l'actualité internationale"", peut être pourrait-elle aussi en revếtir aussi pour l'actualité scientifique ?


    Enfin, il me semble que, éblouï par l'engagement chrétien, vous ne parlez pas beaucoup du principal : ce qui motive, structure, conçoit, etc leurs engagements, c'est surtout qu'elles... sont femmes, et pas chrétiennes. Le christianisme n'en est qu'une composante, composante notable, mais composante seulement.

    C'est particulièrement net me semble-t-il pour Leymah Gbowee : son appel à la prière prétendue inter-religieuse n'est pas du tout inter-reliegieux, mais il est entre "femmes" partageant de mêmes souffrances, qui motive cet appel à la prière, et certainement pas qu'il est inter-religieux. L'inter-religieux est un "bonus". L'enjeu principal est de faire l'union entre femmes, et moins entre religions.

    Certes, ce qui nous éblouit chez nous, c'est l'inter-religieux. Et en plus, qu'elles sont chrétiennes. (la troisième prix nobel de la paix ne semble pas l'être, dommage). (pourtant ça pourrait peut être faire réfléchir les nuées d'évangéliques qui veulent convertir les musulmans ? ) (mais non, je rêve).

    Cordialement.

  • Moi-même engagée dans une organisation internationale, je vois bien ce dont vous parlez.
    Oui la foi chrétienne porte ces femmes, même si bien sûr, il y a d'autres facteurs. Il faut les écouter. Les lire. La foi ça compte, et d'ailleurs, elles fréquentent beaucoup les églises.
    Il faut aussi arrêter cette schyzophrénie à la française qui fait qu'on oublie toujours la motivation religieuse.
    Quand on parle de Martin Luther King dans les écoles, dans ce pays, c'est tout juste si l'on mentionne qu'il était pasteur.
    Alors que sa foi, chez lui aussi, était fondamentale.
    C'est la même chose ici.
    Merci de rappeler à beaucoup d'internautes que cet élément, la foi, joue un rôle explicatif fort.

  • Cher Ista,

    Merci pour votre commentaire. Il semble que ma spécialisation vous ait échappée... Si je parle de l'engagement protestant de ces femmes, ce n'est pas parce que je suis "ébloui", au risque d'oublier les autres religions ou les autres facteurs (comme celui du genre, qui attire d'ailleurs régulièrement mon attention, cf. le tag "christianisme et rôle des femmes").
    Si je l'évoque, c'est que je suis spécialisé dans l'étude des protestantismes. Et qu'il n'est pas anodin que ces deux nobellisées soient par ailleurs des femmes très investies sur le plan de leur foi chrétienne en version protestante.
    Libre à vous, pour finir, de renvoyer ces militantes à leur nature de "femme", et de considérer que c'est leur féminité qui explique l'essentiel. Pour ma part, sans sous-estimer la composante féminine (qui joue certes un rôle que vous avez raison de souligner), je vois, au-delà des femmes, des êtres humains qui se mobilisent sur la base de valeurs partagées.... Et ces valeurs incluent ici, de toute évidence, une composante chrétienne et protestante qu'il était de mon devoir d'analyser.

  • M. Fath,

    Oui, me semble-t-il, je peux reprendre vos termes (en les inversant) : c'est la féminité, ici, qui joue un rôle essentiel, et non des êtres humains qui se mobilisent sur la base de valeurs partagées.

    Par exemple, pour ce qui est de la prière inter-religieuse, la féminité joue le rôle d'unité, tandis que les valeurs partagées ne le sont pas du tout puisque c'est plusieurs religions... le partage se fait à partir de la situation de femme, pour vaincre le séparation induite par la religion et d'autres, et être capable de prier ensemble.

    Que Leymah Gbowee soit protestante très engagée, ok, mais il n'empêche que l'unité à travers laquelle elle a agi est la personne "femme". Les valeurs partagées n'existent pas, au départ.

    En tous les cas c'est comme ça que je comprends ce que je lis de l'histoire de Leymah Gbowee. Ou alors vous prenez les choses dans un autre sens ?

    Cordialement.

  • Bonjour,

    "La première, Ellen Johnson-Sirleaf, est une protestante très pratiquante" : je suis croyante. A partir du moment où on croit, on pratique. Si on ne pratique pas, on ne croit pas. Pratiquer c'est : lire la Parole et la pratiquer, c'est écrit dans la Parole. Ceux qui lisent et ne pratiquent pas ne sont pas considérés croyants et donc, pas aimés de Dieu.

    Jésus s'est montré à une femme en premier (Marie de Magdala dans Jean ch 20 au verset 18) et lui a demandé de le dire aux disciples.

    Mais je remarque qu'on fait mention de leurs diplômes. Heureusement que Dieu ne regarde pas à cela pour qu'on évangélise.

    Il est vrai que la prière est la meilleure façon de faire fuir l'ennemi (le diable).

    La foi est propre à la personne qui est en communion constante avec Dieu. Il est vrai qu'on fait des choses qu'on n'aurait jamais pu faire sans la foi. Le résultat de la foi ne se voit pas toujours ; là, elle se voit au travers de ces femmes. Le tout est qu'elles le fassent réellement pour Dieu et non pour elles.

    Je vois que vous êtes chercheur au CNRS sur les protestantismes. Vous savez, on a beau parler de tous ces mouvements "religieux" (pour moi Christ n'est pas une religion), le principal est de le vivre.

    Je vous invite donc à appeler Jésus et à vivre avec lui. Soyez béni.

    Mes versets préférés sont sur l'amour dans 1 Corinthiens 13. Sans l'amour, on est rien, amen.

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