Situé au Caire, non loin de Midan At Tahrir (la place principale),l'Institut de géographie d'Egypte (Institut d'Egypte) doit sa naissance de l'Expédition d'Egypte de Bonaparte, en 1798.
Ce lieu d'érudition, de savoir et d'échange a été incendié et dévasté ce week-end, dans le contexte des affrontements entre l'armée (qui s'accroche au pouvoir et freine le processus de démocratisation) et manifestants exaspérés. Des milliers de documents inestimables ont disparu à jamais.
C'est un désastre culturel majeur.
Reste, non loin de là, l'IFAO, dont j'ai cru, à tort, qu'il avait été visé lui aussi. Par décret de Jules Ferry signé le 28 décembre 1880, l'IFAO (Institut Français d'Archéologie Orientale) a nourri, durant plus d'un siècle, le meilleur de la présence française en Egypte.
Comme beaucoup de chercheurs, j'ai eu moi-même l'occasion de bénéficier de l'accueil de l'IFAO, après avoir eu l'occasion, entre 1993 et 1995, de le fréquenter de temps à autres, à l'époque de ma coopération en Egypte (professeur au lycée jésuite du Caire).
Voici ci-dessous, en hommage, quelques photos que j'avais prises au début du mois d'avril 2008, à l'occasion d'un séjour de recherche en Egypte où j'avais été invité pour un séminaire doctoral, animant notamment une table ronde avec Jean-Pierre Filiu.
Hamdullilah, ce que l'on voit sur ces photos a aujourd'hui n'a pas été endommagé, ou détruit, par les flammes, contrairement à ce qui vient d'arriver à l'Institut d'Egypte.
Souhaitons que l'ambassade de France au Caire ait pris les mesures exceptionnelles qui s'imposent pour protéger ce fleuron. C'est le coeur même de l'histoire passionnelle entre l'Egypte et la France, depuis l'Expédition d'Egypte et Jean-François Champollion, qui est en jeu.
L'IFAO propose des logements temporaires tout à fait accueillants et fonctionnels, dont j'avais pu bénéficier moi-même en 2008, photo SF
Un Institut comme l'IFAO concentre beaucoup d'archéologues....qui ont besoin de 4X4 pour circuler dans le désert (photo SF)
Ainsi se présentait l'entrée de l'IFAO au printemps 2008. Havre de paix... à l'époque, photo SF
Celui par qui les hiréoglyphes ont repris vie: Jean-François CHAMPOLLION (1790-1832), photo SF
Plaque commémorative apposée à l'entrée de l'IFAO, photo SF
A l'ombre du portique d'entrée de l'IFAO, photo SF
La salle d'entrée.... Que de boiseries ouvragées! (risque incendie majeur); photo SF
Pour prendre un "Chai" (thé); photo SF
Le grand escalier monumental de l'IFAO (photo SF)
... Et votre serviteur (2008), pour donner l'échelle du fameux escalier
L'IFAO comporte aussi imprimerie et atelier de reliure, comme l'illustre cette photographie qui vient d'un autre blog, cliquer ici
Cette photo de la somptueuse bibliothèque de l'IFAO de 82500 volumes (qu'on espère sous haute protection) vient aussi d'un autre blog, intitulé PROTEGYPTE
Commentaires
C'est pour cela que la numérisation est si capitale. Imaginez ce que serait le bonheur des historiens aujourd'hui si Google avait existé à l'époque de la bibliothèque d'Alexandrie...
Gédéon.
Tout cela est pathétique et pitoyable
Mais les révolutions arabes sont une extraordinaire expression de démocratie et de modernité, non ?!
Schtroumpfs, si la modernité est d'incendier des trésors de l'humanité et si la démocratie s'exprime de cette façon, alors, il faudra réviser les définitions du Larousse !
Obscurantisme ! on s'en prend aux femmes, aux coptes, aux minorités, et au patrimoine de l'humanité. Ce sont des cibles qui se révoltent peu ou pas, et pour cause !
Pour ceux que ça intéresse il y a aussi "Ancient World Bloggers Group (AWBG)" à http://ancientworldbloggers.blogspot.com/2011/12/fire-at-institut-degypte-cairo.html et "L’incendie du Caire " (tout le monde semble savoir que l'incendie du caire est celui de l'institut d'égypte et pourtant, dieu sait s'il doit y en avoir des incendies, au caire, en ce moment) http://actuhistoire.blogspot.com/2011/12/lincendie-du-caire.html
Cordialement.
Quand la violence aveugle débouche sur la soif de détruire, voilà à quoi on assiste. Un vandalisme, entraînant des pertes irrémédiables et qui me rappelle ce qui était arrivé lors des destructions et des vols commis dans le musée d'Irak et la bibliothèque de Bagdad pendant les événements contemporains du début de la seconde guerre du Golfe.
Je ne suis qu'un obscur amateur et admirateur de l'Egypte et de sa prestigieuse histoire. J'étais un admirateur de la révolution égyptienne. Ce pays qui nous a tous forgés est en train de sombrer. Il ne me reste qu'une immense tristesse.