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"Laïcité Roquefort" à Bobigny: sentier d'Allah ou Jésus-Christ?

mosquee-bobigny-en-projet.jpgVous préférez une "laïcité fromage blanc 0%", sans goût, décolorée par la peur, ou une "laïcité Roquefort" au lait cru, pleine de saveurs et de débat? Voici un exemple concret de cette dernière via une petite histoire vécue hier (samedi 19 mars 2015). La scène se passe vers 18H au terminus de la ligne de métro n°5 à Bobigny (préfecture du 93): au pied du Centre commercial Bobigny 2 se tient, depuis plusieurs mois, un stand religieux animé par deux musulmans.

Leur but est double: proposer aux passants qui le souhaitent des éléments de présentation de l'islam, à des fins prosélyte ("le sentier d'Allah"), et collecter des fonds pour la "mosquée et centre culturel de Bobigny".

Paisibles et affables, ils ne gênent personne.

Et voilà que marchant dans leur direction, j'entends une harangue au micro ou porte-voix. Une sono portative amplifie manifestement le discours, qui dit la chose suivante: "Il existe un chemin vers le Paradis et le seul chemin porte un nom, c'est Jésus-Christ!" Je lève le regard vers la source de ce prêche public et je vois alors un jeune prédicateur de rue africain, installé très en surplomb sur l'esplanade du centre commercial BOBIGNY 2, à une trentaine de mètres du McDo local.

Ce prédicateur évangélique zélé, au timbre clair et plein d'enthousiasme, est installé.... juste en face du stand musulman vantant les mérites de l'islam...

 

"Il peut rester jusqu'à la nuit s'il veut!"

Saisi par l'originalité de la situation, je m'approche alors de mes deux concitoyens balbyniens musulmans, et observe brièvement leur attitude. Le premier, plus âgé, est impassible. Le second, plus jeune, arbore un sourire goguenard et filme le prédicateur africain avec son téléphone portable...

Je leur adresse alors la parole et leur fait remarquer que le prédicateur évangélique s'est visiblement mis en face d'eux volontairement (à une trentaine de mètres, en surplomb). Je leur demande si cela les gêne: le plus jeune me dit, grand sourire, "oh-là-là non pas du tout, on laisse, ça ne nous fait rien", et le second, qui tient le stand, sourit aussi en me répondant: "il peut rester jusqu'à la nuit s'il veut!".

De toute évidence, la prédication de rue ne gêne guère les deux "fund-raisers" de la mosquée locale (et du centre culturel, élément qui permet souvent d'obtenir quelques subventions municipales). Ils s'en amusent! Se montrent très à l'aise. Et reconnaissent spontanément le droit du prédicateur à la liberté d'évangéliser dans la rue.

 

Une Agora où l'on débat

Le prédicateur africain, quant à lui, se tait bientôt. Je suis arrivé au moment où il finissait son topo, et le voilà qui range son matériel (porte-voix, ampli). Des passants l'abordent. Je n'entends pas ce qui se dit, je suis trop loin, et pas de plein-pied avec eux (l'esplanade du centre commercial ne communique pas directement à cet endroit avec la rue où je me trouve). Mais le tout s'est passé paisiblement. Pas de mouvement de foule, pas d'agacement, pas de poing levé.

roquefort-fromage-bebe.jpgOn est dans une logique d'agora, de place publique où l'on parle, où l'on débat, où la compétition des idées peut se faire, sans que cela ne dégénère en pugilat.

Tout cela est-il toujours du meilleur goût? Peut-être pas. N'y-a-t-il pas parfois de la provocation, des maladresses? Sûrement!

Mais on peut choisir de préférer cette version d'un espace public de débat, d'offres différentes, y compris religieuses, à une stérilisation de tout ce qui dérange, qui laisserait la place libre aux seuls marchands et nourrirait les peurs en prétendant les combattre.

Vous reprendrez un peu de Roquefort?

 

 

Commentaires

  • "Et reconnaissent spontanément le droit du prédicateur à la liberté d'évangéliser dans la rue." En serait-il de même à Roubaix dans les quartiers à majorité musulmane ou même dans les cités de votre chère Bobigny ? Votre naïveté me surprend. Une telle situation mériterait une analyse bien plus profonde pour en tirer ne serait-ce que la moindre analyse. Seriez-vous en campagne électorale par hasard ? "Une (certaine) agora où l'on débat...."
    Jean Raspail : "La politique pourrit les meilleurs..."

  • Mon propos n'était nullement généralisateur, cher Phax34.
    C'était une petite "scène vue", ouvrant sur des éléments de réflexion, pas un article de fond.
    En me faisant dire ce que je ne dis pas, vous éliminez tout débat, je suis condamné d'avance.
    Si vous me connaissiez ne serait-ce qu'un tout petit peu, vous ririez aux éclats en vous relisant. Moi, en campagne électorale? Hahahahahaha

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