Maurice André (1933-2012), considéré comme le plus grand trompettiste du XXe siècle, nous a quittés le 26 février dernier.
Ce cévenol, fils de mineur, était un génie, mais aussi un travailleur acharné, et un homme qui savait réunir "culture" et "peuple". On lira la dépêche AFP et les multiples hommages qui lui sont consacrés, mais aussi le site dédié, en collaboration avec le Ministère de la Culture, où l'on découvre notamment des citations fort savoureuses, loin de tout "culturellement correct".
A la question, posée par Jacques Chancel, de savoir s'il aimait la musique contemporaine, Maurice André répondait par exemple: "Ah non, pas du tout... C'est un bruit qui me rappelle trop la mine".
Il disait aussi: "Ce qui m'a forgé, c'est le travail dans la mine, à 14 ans, où je chargeais 17 tonnes par jour". Et encore: "La clé de tout, c'est le travail journalier. C'est le fondement".
Catholique cévenol interprète de Bach
Ce catholique cévenol avait reçu avec son épouse, le dimanche 1er juin 2008, un message du pape Benoit XVI ainsi que la bénédiction apostolique du pontife romain lors la messe d'action de grâce célébrée dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Alès.
Par ses racines cévenoles, terres marquées par l'histoire de la Réforme, Maurice André connaissait aussi le protestantisme. Interprète de Jean-Sébastien Bach (le plus grand compositeur de l'histoire du protestantisme), il avait ce don de susciter cette émotion où l'art se fait prière, au-delà des mots et des étiquettes confessionnelles.
Commentaires
Merci à Sébastien Fath pour cette note (de musique !) sur Maurice André. La photo de l'album qui illustre cet article rappelle en effet que ce musicien fut un flamboyant interprète des œuvres de Johann Sebastian Bach pour trompette et orchestre. Et aussi un interprète magnifique de tant de chefs-d’œuvre baroques et classiques. Bref, une mine d'art, au sens noble du terme.
Il avait aussi un peu chopé la grosse tête le père Maurice. Un truc de cévenol aussi quoiqu'on en dise
Quand j'étais dans ma Cevenne à Besseges, en vacances, j'accompagnais ma tante, infirmière de la mine, dans les villages, un peu en dehors de la route, où vivaient encore quelques retraités. Et, puis, encore plus jeune, à 5h le matin, j'étais réveillé par le passage des cars qui conduisaient les mineurs à la Grand Combe. Maurice André, a appris pendant deux ans le solfège, avant de commencer à jouer, avec son grand père, la trompette pour devenir, ensuite le Maurice André qui a annobli son instrument. Mais, avant de suivre son destin,sa passion il l'a cultivé tout en descendant dans les puits de mine, de 14 à 18 ans, et on peut deviner la dureté de la tâche, donc, la force de sa volonté. Maurice André était de la Cevenne, il était de la mine, il fait partie des gens qui me rendent fier de mon pays et fier des gens qui ont su porter haut les forces télluriques du pays cévenol. So long Maurice.