L'excellent site de débat communautaire qu'est Oumma.com a commencé hier à évoquer le sujet, ainsi que d'autres journaux, mais nul doute qu'il va s'amplifier dans les prochains jours: une jeune-fille, Khadija, a été priée de retourner chez-elle et de se changer avant de pouvoir entrer dans son lycée, l'établissement Edmond Rostand de St-Ouen l'Aumone (dpt 95, France).
Motif: sa jupe gitane, jugée trop longue, apparaît comme un signe religieux. Vade retro!
Se pourrait-il que l'identité musulmane de la jeune-fille, qui se rend jusqu'aux grilles du lycée avec un foulard sur la tête, y soit pour quelque chose?
"Une tenue qui rappelle une croyance" (dixit l'Inspection)
Certes, «elle enlève son voile avant d’entrer dans l’établissement, détaille l’Inspection. Mais cela fait partie de l’éducation de faire des remarques aux élèves dont la tenue est provocante, comme pour une jeune fille qui vient à l’école le ventre à l’air. Ici, c’est plutôt une tenue qui rappellerait une croyance. Notre rôle est aussi de rappeler un certain nombre de principes comme la décence, le respect des personnes qui nécessitent une tenue correcte. C’est vraiment dans un but éducatif.» (Le Parisien, voir plus bas).
Une jupe longue, "tenue qui rappelle une croyance", serait donc, si l'on suit bien, contraire au "respect des personnes", et ne rentrant pas dans la catégorie de la "tenue correcte". Le Parlement sera saisi pour légiférer sur le nombre de centimètres à découvrir. 7,5cm 12? Ou 30 centimètres? Une chose est sûre, il faudra donc désormais montrer ses chaussettes ou ses bas. Ce sont les marques DIM et KINDY ("les chaussettes ne se cachent plus") qui vont sponsoriser de plus belle notre laïcité modernitsée?
Suite à l'émoi provoqué, il semble que les autorités scolaires louvoient et noient le poisson (comme souvent), mais Khadija et sa maman (convoquée au sujet de la jupe!) sont très claires: c'est bien la longueur de la jupe, associée aux convictions musulmanes de la jeune-fille, qui poserait problème, en vertu d'une interprétation extensive de la loi sur les signes religieux dans l'espace scolaire. En cause, en particulier, le proviseur et une conseillère d'éducation, intraitables.
Dérapage laïciste, sexiste et discriminatoire
Si ces faits sont confirmés, on se trouverait ici en plein dérapage laïciste (qui piétine la laïcité au nom d'une surenchère discriminatoire). Depuis quand la longueur d'une jupe est "signe religieux"?
La laïcité est suffisamment menacée par ailleurs, pour qu'on évite de se tromper aussi lourdement de combat. Refouler une jeune-fille pour une jupe?
A ce compte là, la longueur des cheveux, la manière dont on se taille ou on se vernit les ongles, la longueur des manches, les chaussures, etc.... tout peut se prêter à interprétation. Et quid d'un garçon mal rasé (ci-contre)? Qui sait si ce n'est pas pour motif religieux?
Mais comme par hasard, c'est une jeune-fille, ici, qui fait les frais du soupçon...
Comme toujours, dès lors que la loi, mal faite au départ, favorise les interprétations subjectives et extensives, ce sont les minoritaires qui trinquent. Car une "coupe au carré", un col claudine et un foulard Hermès, bien en vogue dans la bourgeoisie catholique des rallies, ne passeront jamais pour un signe religieux (quoique...). Encore moins, évidemment, un teenager habillé de pied en cap de sa "marque" préférée, véritable objet d'adulation, de distinction et de violence symbolique (malheur au gamin aux basquettes ATEMI, il aura droit à l'Inquisition Reebok et Nike!). Les signes renvoyant à l'univers dominant ne sont guère questionnés. Mais une jupe gitane portée par une musulmane, vade retro!
Ne nous y trompons pas: dans l'affaire Khadija, si les faits se confirment, ceux qui bafouent et menacent la laïcité ne sont pas ceux qu'on croit: c'est bien le lycée public qui piétine l'esprit laïque, et envoie un très mauvais message aux millions de Français, ou de résidants sur le territoire, qui entendent vivre paisiblement selon leurs convictions, y compris religieuses, en s'inscrivant dans le projet scolaire, républicain et laïque que la France propose à toutes et à tous.
Quant à Khadija, gageons que la laïcité (sans épithète superflu) l'accueille et l'accueillera toujours dans l'école de la République, quelle que soit la longueur de sa jupe. La laïcité n'a rien à voir avec la discrimination dont elle est victime! (en revanche, la bêtise et l'intolérance sont activement recherchées mais disposent visiblement de nombreuses couvertures).
En tant que citoyen et laïque, je me permets d'ajouter: Khadija je suis solidaire! Et j'attends, avec d'autres, les plates excuses des responsables du lycée Edmond Rostand, qui servent bien mal l'idéal laïque, républicain, mais aussi la tolérance libre qu'Edmond Rostand (qui a donné son nom au lycée) avait incarnée dans son personnage de Cyrano de Bergerac.
Face à la mesquinerie discriminatoire manifestée pour une jupe, quelle Marianne se lèvera, et répondra aux censeurs: "moi, c'est moralement que j'ai mes élégances" (E.Rostand, Cyrano de Bergerac, I,4)?
Une Marianne qui porte, Place de la République à Paris, une jupe/robe.... qui n'a rien à envier, en matière de longueur, à celle de Khadija! (voir ci-dessous).
Marianne et sa robe longue soudain suspecte ? (Place de la République, Paris, France)
On répondra que la signification derrière la robe ou jupe de Marianne n'est pas forcément la même que celle qui se cache derrrière la jupe de Khadija. Même si cette objection était fondée (ce qui n'est même pas certain), je réponds: et alors? Va-t-on passer un interrogatoire à chaque élève des écoles publiques, pour savoir si tel vêtement, telle manche, telle jupe, telle barbe a, ou non, une signification religieuse?
Jules Ferry, reviens, ils sont devenus fous!
A suivre...
Pour aller plus loin, on lira avec profit l'ouvrage très stimulant de Jean Baubérot, La laïcité falsifiée (Paris, La Découverte, 2012). Il n'est pas nécessaire d'en partager l'intégralité des thèses, pour apprécier un contenu très éclairant, décapant et engagé, appelant à bousculer les fausses évidences (fruits d'un rapport de force souvent discriminatoire) pour restaurer une dynamique laïque fédératrice, au-delà des instrumentalisations.
Pour en savoir plus, veinards, je vous propose par ailleurs, ci-dessous, le scan de l'article original à partir duquel toute l'affaire est partie: il s'agit d'un reportage d'Aurélie Foulon dans le supplément Val d'Oise du 29 mars 2012, de l'excellent journal populaire qu'est Le Parisien (qui me pardonnera, j'espère, cette diffusion).
Commentaires
A propos de "dérapage laïciste", vous avez vu cette histoire en Corse ?
http://www.al-kanz.org/2012/03/28/voile-maman-interdite-ecole/
Ca me paraît tellement énorme que je tente de me convaincre qu'il doit y avoir un aspect du problème qui est resté caché !
J'ignorais cette histoire corse...
Et je partage votre stupéfaction.
Si tout ce qui est relaté est vrai, c'est extrêmement grave pour les libertés et pour la laïcité.
Ce qui est le plus effrayant dans l'histoire, c'est que non seulement la population s'y met (discrimination sur l'apparence), mais les autorités elles-même semblent tergiverser, flotter.
J'estime que ce type d'épisode devrait être l'occasion, au plus haut niveau, d'un recadrage pédagogique simple, sur le mode: LA LAICITE N'EST PAS LA CHASSE AUX SORCIERES (ou la chasse au foulard des mamans).
Il faut voir la vidéo du lynchage... A voir vers 10 minute 30...
http://www.pluzz.fr/jt-19-20-corse-2012-03-27-18h59.html
et que font nos valeureux défenseurs de la laïcité Caroline Fourest, Catheroine kintzler et Henri Pena Ruiz ? Rien !
Et pourquoi ?
Eben c rare.
Venez aussi écrire à oumma.com.
Les cretiens ne parlent pas beaucoup sur ces sujets.
Merci de le faire. C tout le monde qui est concerne!
A.B
Moi ces deux histoires m'allucinent complet.
Autant je suis pour une neutralité stricte de tous les intervenants en contexte scolaire - et en particulier pour les mamans accompagnatrices, puisqu'on en avait discuté - autant je trouve qu'on marche sur la tête avec ces histoires de jupes trop longues et de machin truc musulmans, je veux dire que tout ça me parait non seulement complètement autorisé, mais encore bénéfique et positif.
(même si de mon opinion perso, pour ce qui est de l'espèce de sac noir qui couvre toute la femme... enfin bon je dis rien).
Mais s'il faut réagir dans la légalité à ces histoires, il ne faut pas imaginer que ce soit une solution suffisante : si, par exemple, on "autorise" la jeune gitane à continuer de mettre sa robe gitane normale, alors les autres parents mettront leurs enfants en école privée, provoquant ainsi des scolarités à deux vitesses.
Cordialement.
@ Ista
Je ne saurai trop vous conseiller d'écouter l'émission de France culture suivante :
http://www.franceculture.fr/emission-le-magazine-de-la-redaction-la-republique-le-voile-et-la-soutane-2011-12-16
Cordialement.
Décrétons l'uniforme pour tous, et la question vestimentaire sera réglée.
Cela se vit dans certaines écoles, et les résultats sont plutôt satisfaisants.
Voilà qui va relever le niveau
http://femen.livejournal.com/202879.html#cutid1
On est le premier avril tout de même (la manif est véridique)
@david weber
Bonjour,
Pourriez-vous m'expliquer un peu plus avant pourquoi vous me conseillez d'écouter une émission de 45mn ?? Certes, France Culture, c'est bien, Jean Bauberot c'est génial, mais je n'ai pas encore trouvé le moyen d'écouter tous les gens géniaux en ma pauvre existence. J'en dois être aujourd'hui à plusieurs centaines d'ouvrages qu'on me conseille de lire (à la suite de tout de ce que je raconte), et je ne parle même pas de tous les psychiatres que l'on me conseille de consulter, aussi, je sélectionne, excusez.
Bon, je vais prendre mon café, à bientôt.
Bonsoir ista,
Je comprends votre réaction. Moi-même, je devrais, un de ces quatre, me mettre à lire tous les livres que je conseille de lire à mes amis. LOL !
Ceci écrit, dans le reportage de France culture, il y un passage consacré aux témoignages des mamans portant un voile qui se sont vues refuser le droit d'accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires. Ces témoignages sont bien plus parlant qu’un long discours.
Très cordialement.
Ps : si vous allez jusqu’à la bout du reportage, la dispute qui a lieu, à la fin de l’émission, entre jean Baubérot et Henri Pena Ruiz est au sujet de la proposition de loi de la sénatrice Laborde.
Bon, ok, j'ai écouté l'émission :-) Evidemment, c'est très intéressant :-) Le débat des specialistes l'est moins, je trouve ; il me semble que Jean Bauberot, malgré sa valeur, se trompe dans son combat pour les signes religieux, du coup il se radicalise, du coup il faut compter le temps de parole qui lui serait réservé... un peu dommage.
Comment est-ce que je comprends ça personnellement ?
Dans le reportage, les mamans musulmanes défendent leur comportement vestimentaire par référence à leur foi. Les catholiques qui s'offusquent de la pièce de théâtre, eux, livrent un combat spirituel.
Etonnament, les spécialistes laïcs semblent livrer eux aussi un combat d'ordre spirituel pour la laïcité : ainsi, M. Pena-Ruiz dit que la loi sur les signes religieux a été "stigmatisée"... comme la catholique qui se dit "stigmatisée" parce qu'elle porte une croix. La laïcité a un aspect sinon religieux, au moins spirituel, et je pense que c'est une des raisons des difficultés de la laïcité "à la française" que de ne plus savoir exprimer ce plan là.
D'abord, en tant que croyant, je n'ai aucune sympathie pour la foi exprimée par les signes religieux, ou pour le combat spirituel à travers des défilés machin trucs. La foi est plutot une projection de soi qu'un truc qu'on devrait faire ou pas faire. La foi n'a rien à voir avec la boucherie halal, et encore moins avec la croix, que ce soit pour les musulmans, les chrétiens, les boudihistes ou les garagistes. Et quand au combat spirituel... je ne sais pas ce que c'est ; mais, apparemment, même les laïcs le pratiquent, donc ça doit être quelque chose.
un point, tout de même pour défendre les femmes musulmanes : elles se défendent sous l'angle de l'intimité ("je porte un voile pour protéger mon intimité" disent-elles). J'admets que en France, la publicité, et donc les grandes sociétés capitalistes, entretiennent une confusion permanente entre la sphère intime et la sphère publique. Ceux qui ont du fric compensent la frustration ainsi générée en achetant ce qu'on leur suggère d'acheter, mais ceux qui n'ont pas d'argent ?... Une religion avec des signes hostensibles peut être une solution. J'admets.
Ensuite, concernant la scolarité, il apparait dans ce reportage un point intéressant. Si moi (et d'autres, il me semble) je pense que tous les intervenants en situation scolaire doivent présenter une attitude neutre, certains dans le reportage disent que seulement ceux en situation d'enseignement y sont contraints. Et donc, de fait, les accompagnateurs pourraient mettre tous les voiles.
Cette distinction est intéressante, et pourrait être une "solution". Mais je ne l'aime pas.
En effet, la plupart des "petits métiers" - accompagnateurs, femmes de ménages, chauffeurs de cars scolaires - qui opèrent dans l'éducation nationale considèrent être en situation d'enseignement. Si les professeurs revendiquent que eux seuls y sont, c'est par un abus de leur position professionnelle, c'est un abus corporatiste, il me semble.
Donc, dire "les personnes qui ne sont pas en situation d'enseignement peuvent mettre ce qu'ils veulent comme vetement" c'est pérenniser l'idée que seul les professeurs sont en situation d'enseignement dans une école, ce qui est faux, de mon opinion.
Je verrais plutot dire que l'on reconnait l'exercice de micro-démarches pédagogiques, par le serveur à la cantine, par la femme de ménage, etc. dans le cadre du travail du "petit métier". Et donc, une femme musulmane pourrait très bien revendiquer une démarche d'exemple pédagogique religieux à l'occasion d'un accompagnement scolaire, et donc, porter son machin au cours de l'un d'entrre eux.
Mais cette approche implique une évolution sur ce qu'est un "enseignement" dans un cadre scolaire. Impossible depuis 40 ans, je crois.
Aussi, s'il faut faire la part du feu, accepter l'idée que "ceux qui ne sont pas en situation d'enseignement" (beuark) ne seraient pas tenus à la neutralité.
Cordialement.
Bonsoir ista,
Merci pour cette réponse particulièrement étoffée. Je n'aurai pas le même courage que vous et vais me contenter, pour ce soir, à commenter un point seulement de votre réponse.
En ce qui concerne la dernière partie du reportage de France culture, vous avez effectivement remarqué qu'il y avait un affrontement. D’un côté, on avait un partisan de la laïcité dite « républicaine » avec Henri Pena-Ruiz, de l’autre, un partisan de la laïcité dite « historique » avec Jean Baubérot. Depuis longtemps les historiens (Emile Poulat, Le Goff, Julia) ont signalé que la théorisation dite « républicaine » de la laïcité était entachée de multiples contre-vérités historiques. Jean Baubérot et Micheline Milot, dans un ouvrage intitulé « laïcités sans frontières » ont, eux aussi, rappelé quelques erreurs qu’avait commises Henri Pena-Ruiz. Donc, dans cette émission, dès le départ, il y a avait un contentieux entre les invités. Ensuite, on a assisté à l’affrontement de deux conceptions de la laïcité au sujet d’un projet de loi concernant les crèches et centres de loisirs déposé au Sénat, où la gauche est maintenant majoritaire. Françoise Laborde, sénatrice PRG de Haute Garonne, voulait interdire le port de signes religieux à tous les professionnels de la petite enfance, publics ou privés.
Avec ce projet, il y aurait eu, officiellement deux structures : une avec interdiction de porter des signes religieux ou d'avoir CHEZ SOI des objets religieux, quand on accueille des enfants A DOMICILE, et l'autre (recevant également des fonds publics) considérée comme ayant un caractère confessionnel où cette obligation ne s'imposerait pas (par exemple les crèches Lubovicth). Alors que la loi Debré tenait compte du fait de l'existence d'un enseignement confessionnel, cette mesure allait développer un secteur confessionnel là où il n'existe que de façon marginale. On marchait donc sur la tète.
Alors, lors du débat, Jean Baubérot a abordé plusieurs points de cette loi :
- Qu’entend-on, dans cette proposition de loi, par signes religieux : un crucifix, une bible, un magazine comme « La Vie Catholique » ou « La Croix » etc. ? Bien sûr, ce qui était visé avec cette loi, sans le nommer, c’était le foulard islamique. Seulement voilà, nos chers laïques tendance républicaine ne savaient pas que les musulmanes ne portent leur foulard qu’en présence d’un étranger (je dis bien un et non une). Et donc, à leur domicile, elles ne portent pas de foulard. Mais Henri Péna-Ruiz, lui, ne le savait pas…
- Ensuite quoique Les organisations laïques revendiquent généralement « A établissement public, fonds publics, à établissement privé fonds privés », Henri Pena-Ruiz n’a pas vu, qu’avec cette loi, on allait subventionner légalement des crèches confessionnelles : seconde erreur de sa part.
- Enfin, cerise sur le gâteau, Jean Baubérot a demandé à Henri Pena-Ruiz comment cette loi prévoyait de contrôler, dans un domicile privé, l’absence de signes religieux. Allait-on avoir recours, pour cela, à des forces de police ? Henri Pena-Ruiz a trouvé que cela serait normal ; ce qui ne manque pas de piment sachant que les laïques dénoncent régulièrement, à juste titre du reste, la police religieuse de pays comme l’Iran…
Et donc, contrairement à ce que vous croyez ce n’est pas Baubérot qui se trompait mais Henri Pena- Ruiz.
Pour terminer l’histoire, le projet de loi a été « brillamment » voté au sénat …qui s’est ainsi couvert de ridicule. Toutes les organisations laïques, même celles de tendance « républicaine », ont fini par comprendre leur bêtise. On n’en a guère parlé mais le candidat François Hollande s’est empressé d’affirmer que ce projet de loi ne parviendrait jamais à l’assemblée nationale. Cependant, à quatre mois des élections et malgré les propos de la majorité, il a réussit à s’attirer la suspicion de la part des musulmans.
Cordialement.
Bonjour Ista,
Vous écrivez : "La foi est plutot une projection de soi qu'un truc qu'on devrait faire ou pas faire. La foi n'a rien à voir avec la boucherie halal, et encore moins avec la croix, que ce soit pour les musulmans, les chrétiens, les boudihistes ou les garagistes. "
C'est votre conception de la foi. Mais il y a des centaines de façons différentes d'exprimer sa foi. Traditionnellement elle s'accompagne de rituels et de pratiques essentielles. Je crois que ce sont les protestants qui se sont détachés le plus des rituels pour réfléchir à ce qu'est la foi. Peut-être êtes-vous protestant ?
"La laïcité a un aspect sinon religieux, au moins spirituel, et je pense que c'est une des raisons des difficultés de la laïcité "à la française" que de ne plus savoir exprimer ce plan là."
C'est un point de vue original que je n'avais jamais lu. C'est peut-être très juste, mais j'ai du mal à comprendre. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce point ?
Merci,
OK, merci M. Weber.
Tout de même, si un laïc historique et un laïc républicain n'arrivent même pas à s'entendre au cours d'une émission de France Culture, je ne vois pas comment ils peuvent prétendre discourir sur la paix sociale !
Sur la question des crèches privées, M. Baubérot a peut être raison. Là où je pense qu'il a tord, c'est sur la question de l'accompagnement scolaire où les femmes pourraient rester voilée, selon lui. Un laïc historique peut avoir raison sur un plan, et tord sur un autre, il me semble ? (et un laïc républicain tord partout). (et moi aussi).
Cordialement.
Bonjour ista,
"Tout de même, si un laïc historique et un laïc républicain n'arrivent même pas à s'entendre au cours d'une émission de France Culture, je ne vois pas comment ils peuvent prétendre discourir sur la paix sociale !", écrivez vous. C'est une excellente remarque critique, Ista ! Ceci écrit, en France, on a la chance d’avoir des lois qui garantissent la liberté d’opinion. Nos deux protagonistes l’utilisent...
"M. Baubérot a peut être raison. Là où je pense qu'il a tord, c'est sur la question de l'accompagnement scolaire où les femmes pourraient rester voilée, selon lui.", continuez vous. J’espère avoir le temps de vous répondre ce soir. A ce sujet, il me semble que vous avez fait quelques confusions dans votre long commentaire du 03.04.
Cordialement.
@ Sébastien Fath
Bonsoir,
Peut-on vous demander ce que vous avez pensé du dernier livre de Jean Baubérot ?
N’y a-t-il pas deux fautes page 86 ?
-p86 : « L’universalisme abstrait a été sexiste ». Faute ? De quel universalisme parle-t-on ? Universalisme républicain, religieux ou philosophique ?
-P86 : « le passage d’une Déclaration des droits particulariste ». Particulariste est un adjectif, ne devrait il pas s’accorder avec le nom ?
Cordialement
Désolé David Weber mais je ne puis vous répondre en détail.
On reviendra, cela dit, sur les enjeux "laïcité" (dont sur les travaux de J.Baubérot), et d'ici-là, n'hésitez pas à poser vos propres impressions de ce livre, sur ce blog ou sur celui de Jean Baubérot!
Quant à vos remarques sur la page 86, c'est aussi à JB qu'il faudrait les adresser. Mais pour l'accord de "particulariste", je crois que JB n'a pas commis d'erreur. Il n'accorde pas avec "droits", mais avec "déclaration" (au singulier), ce qui est grammaticalement justifiable.