En sciences sociales des religions, l'interaction des acteurs étudiés avec la société globale est au moins aussi importante à prendre en compte que leur mode d'action, d'engagement et de relation dans le milieu religieux. De ce point de vue, en France, il est très important, pour comprendre l'essor des Eglises issues de l'immigration, mais aussi l'essor de la recomposition multiculturelle des autres Eglises, d'évaluer le contexte global de l'accueil des étrangers. Et si l'attractivité considérable des Eglises évangéliques s'expliquait en partie par le fait que beaucoup de migrants s'y sentent mieux accueillis que dans le reste de la société française?
A l'appui de cette hypothèse, il faut lire le dernier rapport de Jacques Toubon, défenseur des droits. Il s'intitule « Les droits fondamentaux des étrangers en France » (305p), et pointe une banalisation et une aggravation des discriminations contre les étrangers en France. Il observe notamment que « L’idée de traiter différemment les personnes n’ayant pas la nationalité française, de leur accorder moins de droits qu’aux nationaux est si usuelle et convenue qu’elle laisserait croire que la question de la légitimité d’une telle distinction est dépourvue de toute utilité et de tout intérêt ». Lien.