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"La France raciste est de retour" (Harry Roselmack)

Harry Roselmack.jpgChapeau à Harry Roselmack pour la salubre clarté pédagogique de son "coup de gueule", dans le quotidien Le Monde. Dans un billet intitulé "La France raciste est de retour" (lien), il explique dans quelle mesure la stigmatisation raciste est la cause, non la réponse, à la crispation communautariste.

Nourri d'idéal républicain, le journaliste explique qu'il ne se voit pas d'abord comme Noir. Mais il est renvoyé à cette représentation lorsqu'une élue du FN (exclue depuis) se vautre dans la stigmatisation raciste à l'encontre de Christiane Taubira.

 Tout l'enjeu, alors, est de savoir ce que l'on fait dans cette situation de souffrance et d'infériorisation par stéréotype.

 (1) L'identité blessée peut choisir de se positionner d'abord en minorité stigmatisée, au risque d'une  "condition noire" (cf. le livre de Pape Ndiaye) qui peut surfer sur la stigmatisation pour essentialiser (ou cimenter) une réalité pourtant diverse et plurielle.  

On s'affiche comme "noir d'abord", tout cela parce que des stéréotypes circulent et blessent. Diverses postures déploratives et militantes, y compris abritées parfois par les sciences sociales (influence de certaines cultural studies et études postcoloniales), choisissent cette option.

 (2) L'autre alternative est d'éviter le piège de l'assignation identitaire et de remettre en chantier, sur le terrain, le projet républicain universaliste, par définition toujours inachevé, mais non moins vivant.

Le début du texte de Harry Roselmack semble clairement plaider, avant tout, pour cette seconde option, non seulement conciliable avec la République, mais aussi en phase avec la réalité d'un monde aujourd'hui marqué par les "identités multiples", où l'on refuse de se laisser enfermer dans l'étiquette que nous collent les stigmates.

Commentaires

  • Pauvre Harry. Pauvre Christiane.
    On a sûrement menti aux "noirs" célèbres de la république. En leur disant que les positions de gens "normaux" qu'ils occupaient les déchromatisait. ...plus dure sera la chute.
    Je peine à saisir dans le billet de Monsieur Roselmack un saut épistémologique qui est si courant chez les gens qui opinent en république: on a dans la Chose Publique des classes sociales, des cultures et des couleurs différentes; et dans l'analyse du journaliste vedette de télévision, surgit un "racisme" sans "races" préalables. Intéressant hiatus.
    Pour une humeur "antisémite", vous prenez le maximum de la peine devant les tribunaux de la Chose Publique, et pour des faits d'injures, de mépris, de déconsidération à cause de la différence ethnique, on débat sur l'agora? Ah! République mensongère. Ah! monde sans Christ.

  • Réponse à ntjufen
    Je peine à saisir votre angle, sans doute un défaut épistémologique chez moi...

    Au sujet du racisme, Harry Roselmack a raison d'en parler même si les "races" humaines n'existent pas. Le racisme est justement basé sur un mythe, celui de "races" différenciées, comme il y a des races animales. Les races humaines n'existent pas mais le racisme, lui, existe!

    Quant aux injures racistes, , que je sache, elles sont sanctionnables en République.

    Evitons la concurrence des mémoires victimaires. Le billet de Harry Roselmack ne parle pas d'antisémitisme, il se focalise sur le racisme fondé sur la couleur de peau. Restons dans le sujet.

  • On est peut-être sur un sujet qui fait déparler, d'où mon attelage qui vous pousse à actionner l'alarme de la "concurrence des mémoires victimaires". Le propos de Roselmack est limpide et argumenté. Il a su comprendre qu'en France, un Corps social fluent pratique une fort invertueuse anthropoémie tandis que son Âme institutionnelle se targue d'être en constante phagie vis-à-vis de l'Autre.
    Pour revenir à mon attelage qui vous semble problématique, j'ai simplement songé au traitement médiatique de l'affaire Galliano, à une plainte que j'ai moi-même déposée au forceps (devant des policiers m'encourageant à la simple "main-courante") pour "injures 'raciales'" proférées à mon encontre devant témoin, et qui n'a jamais prospéré (j'ai d'autres témoignages accablants pour les tribunaux français avec de pathétiques lettres de magistrats); et je me suis dit: la France n'a pas de leçon à donner à l'Italie qui mortifie Cécile Kyenge, ministre du gouvernement.
    Pour ce qui est du "racisme", votre vertueuse requalification en "mythe" de cette attitude/idéologie est touchante, mais elle n'annule pas les définitions dictionnairiques dont la plus banale est celle-ci:
    " Ensemble de théories et de croyances qui établissent une hiérarchie entre les races, entre les ethnies".
    En labo, on peut bâtir sur des conclusions scientifiques une idée qui valide le propos scripturaire de Paul de Tarse aux Athéniens: "Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure; (Actes 17:26 LSG)"
    Mais hors des labos, il y a un air pernicieux qui dessèche les évidences qui ne sautent pas aux yeux. Et je suis fan des évidences éternelles qui ne sautent pas aux yeux.

  • "Quant aux injures racistes, que je sache, elles sont sanctionnables en République."
    Comme vous avez raison! Mais entre le sanctionnable et le sanctionné il y a tout un monde, celui, de l'Égalité qui est un des trois nuages où s'ébat l'idée républicaine. C'est haut, c'est loin.
    D'où vient-il que pour une personne lambda qui subit une avanie similaire dans un bar devant peu de témoins il y ait comparution immédiate pour le contrevenant ou le délinquant, et que pour une ministre de la République, Garde des Sceaux de surcroît, moquée sur la place publique, on reste dans la sphère du "sanctionnable"?
    Si "Rambam" Maimonides avait raison pour les Noirs et les Turcs, (Le Guide des égarés) qu'on le dise tout de go.

  • On en met des choses dans ce grand sac "four-tout" appelé racisme. C'est devenu la "marotte" des associations, des "minorités culturelles" qui savent bien utiliser les médias!
    Et en France on aime bien les médias, on s'en abreuve; je serais curieux de savoir quel pourcentage de la population ne prend pas sa dose de "grand messe du 20:00" et dit "amen" à la fin?
    Je crois personnellement que chaque être humain gère selon ses propres critères les relations qu'il peut avoir avec une autre culture que la sienne et ça peut varier selon l'intégration de cette minorité dans le pays ou la région dans laquelle il vit.
    Si vous vous sentez oppressé par une autre culture qui empiète votre zone de vie ou de confort ou encore votre intégrité intellectuelle, il y a des risques que vous soyez moins enclins à être compréhensifs avec l'autre.
    Je ne crois pas que les Français soient si racistes que ça, je les crois au contraire tolérants, très tolérants et peut-être même trop tolérants. Peut-être n'ont-ils pas sut gérer l'intégration des autres cultures?
    Enfin on parle peu du racisme des autres à l'égard du Français "classique" vivant dans sa tradition judéo-chrétienne, et qui voit son identité bafouée par ceux qui veulent lui imposer une autre identité, c'est un sujet tabou?
    Je crois aussi qu'en période difficile comme la crise économique actuelle nos critères d'intégration ne sont plus les mêmes. C'est moi et les miens d'abord.
    Bref, j'arrête là je m'éparpille un peu dans ce vaste sujet.
    Signé un français marié à une étrangère, vivant à l'étranger et qui , sans renier son identité, ne se balade pas avec le béret et la baguette sous le bras.

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