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Incendie de Charlie Hebdo et pseudo "fin de l'islam politique"?

79067_charlie-hebdo.jpgLes coupables de l'incendie perpétré contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le 1er novembre 2011, n'ont pas encore été arrêtés.

Mais un faisceau de présomptions (menaces, piratage du site internet etc.) suggère que certains éléments musulmans fanatiques n'y seraient peut-être pas tout à fait étrangers, en raison de la provocation assumée du journal, qui représente, dans son édition courante, le prophète Mahomet (ce que la plupart des musulmans -pas tous- considèrent comme un sacrilège).

Face à ce méfait, une seule posture est possible pour les héritières et héritiers de 1789, la solidarité avec Charlie Hebdo et la défense sans condition de la liberté d'expression, blasphème compris!

Dans une démocratie, on doit pouvoir se moquer de la religion, de ses chefs et symboles, tout comme on doit pouvoir se moquer aussi des athées ou des agnostiques, la seule limite étant l'incitation à la haine et à la violence.

Défendre Charlie Hebdo, c'est un devoir national pour toutes celles et tous ceux qui restent attachés aux valeurs républicaines et laïques qui ont affranchi notre pays des cléricatures imposées!

 

Triple aveuglement

Au-delà de cette position de principe, qu'il n'est jamais superflue de rappeler, l'événement apparaît comme le résultat et/ou le symptôme d'un triple aveuglement. 

1. D'abord, l'aveuglement des tueurs de liberté, incapables d'accepter qu'une société pluraliste puisse critiquer et moquer des convictions religieuses.

gilles képel,olivier roy,charb,luz,charlie hebdo,mahomet,islam,islamisme,liberté dexpression,blasphème,france,laïcité,pluralismeDans ce cas, il s'agit de musulmans, mais certains intégristes catholiques, récemment, se sont distingués sur un registre assez proche, quoique moins violent, à Paris et à Toulouse... 

De toute évidence, l'inculcation de la laïcité et des valeurs démocratiques (qui incluent la liberté d'expression, jusqu'au blasphème) a du pain sur la planche, y compris en France. Un conseil, lire et relire le magnifique ouvrage de Jean Boulègue sur les débats français autour du blasphème ! 

 

2. Ensuite, l'aveuglement de bobos libertaires tellement imbibés des certitudes de leur micro-milieu qu'ils passent à côté de l'essentiel.

L'étonnement des journalistes de Charlie Hebdo face à ce qui leur arrive est... surréaliste. Dans quel monde vivent-ils? Que leur métier (exercé avec talent) soit la gaudriolle anticléricale et la moquerie graveleuse ne devrait pas les empêcher de se rappeler que pour des millions, voire des milliards de croyants, on ne se moque pas de Dieu, ou de la religion.

Le faire n'est pas anodin, ça va plus loin que se gausser des politiques ou des "pipoles", et ça expose à des risques face auxquels il est sage de se préparer (ce qui ne veut pas dire qu'il faut cesser de critiquer les religions, au contraire!).

gilles képel,olivier roy,charb,luz,charlie hebdo,mahomet,islam,islamisme,liberté dexpression,blasphème,france,laïcité,pluralisme,jean boulègueIl serait temps que nos amis de Charlie Hebdo cessent de confondre la "vraie" religion et la Bibliothèque rose. Quand Luz affirme sur TF1 que les auteurs de l'attentat "ne croient pas en Dieu", on comprend certes son émotion, mais enfin..., ce type de propos est pathétique d'ignorance et de prétention.

La religion, comme toutes les activités sociales, peut EVIDEMMENT générer de la violence, notamment lorsqu'on recourt soi-même, contre la religion, à une violence symbolique forte (représenter un prophète, par exemple, alors qu'une religion en interdit formellement la représentation, ou couvrir d'immondices un portrait du Christ, alors que ses fidèles voient, derrière ce portraits une représentation du Fils de Dieu).

L'islam, comme d'ailleurs le judaïsme et le christianisme, entretiennent un rapport complexe avec la contrainte, la guerre, la mort. Croire en un dieu, "croire en Dieu" au sens monothéiste n'est pas nécessairement synonyme de paix et de "tout le monde il est beau"!

Quand cessera-t-on d'entendre ces bondieuseries Rive Gauche et dalaïlamesques sur "la vraie foi" forcément pacifique? Ou tel monothéisme, forcément "religion de paix"! Non, non, non et non!

L'actualité nous rappelle tous les jours que l'on peut croire en un dieu et user de violence, y compris contre un journal, même si c'est certainement dommage et regrettable. N'en déplaise à Luz, et sa posture de curé bobo expert autoproclamé en diplômes de croyance en Dieu (il n'est pas le seul à Paris), il y a  de très fortes chances pour que les auteurs de l'attentat croient en Dieu, et beaucoup beaucoup plus que Luz! 

 

3. Enfin, le funeste incendie de Charlie Hebdo ne doit pas nous faire oublier que le contenu même de l'hebdomadaire portait, d'ailleurs non sans finesse, sur le triomphe.... d'un islam politique conquérant, notamment en Tunisie et en Libye. Or, s'il est bien une chose dont nos islamologues-politiologues médiatiques que sont Gilles Képel et Olivier Roy martèlent depuis plus de 20 ans, c'est l'échec, la fin, le déclin irréversible... de l'islam politique.

L'échec de l'islam politique.jpgRaté sur toute la ligne! Dès 1992, Olivier Roy, brillant esprit toujours partant pour "épater le bourgeois" par son esprit de contradiction, prophétisait L'échec de l'islam politique (titre de son livre de l'époque aux éditions du Seuil). Il annonçait l'effritement du FIS en Algérie.... quelques mois avant la surenchère des GIA et dix ans de bain de sang...

En 2000 (voir ci-dessous), Gilles Képel, emboîtant le pas à Roy, récidivait, et se voyait recensé dans le mensuel Sciences Humaines (cliquer ci-dessous, c'est un collector!). Gilles Képel affirmait alors grosso modo que l'islamisme était "has been", et qu'on exagérait le rôle d'un certain Ben Laden. Un an plus tard, c'était le 11 septembre 2001... Pas mal pour un mouvement "has been"...

Depuis, on ne cesse de nous dire que l'islamisme politique re-décline, voire se meurt... Cela finira probablement par arriver un jour (nos politologues ou leurs descendants pourront alors dire qu'ils avaient raison trop tôt...) Mais Charlie Hebdo et son impertinent rédacteur en chef enturbanné nous rappellent aujourd'hui que pour l'instant, il n'en est rien.

Contrairement aux prophéties toujours démenties de nos "spécialistes" de l'islam (admirablement fins dans le détail et la formule-choc, inexplicablement à côté de la plaque sur le terrain des conclusions), l'islam politique est même sans doute plus fort que jamais, en tout cas pour la période du dernier demi-siècle.

 

gilles képel,olivier roy,charb,luz,charlie hebdo,mahomet,islam,islamisme,liberté dexpression,blasphème,france,laïcité,pluralisme,jean boulègueIslam politique, recours solide pour les temps de démocratisation

Et à vrai dire, c'est tout sauf une surprise: face à l'effondrement des idéologies séculières (nationalisme, pan-arabisme socialiste etc), l'islam englobant (dîn wa dunyia wa dawla) est un recours solide, et depuis longtemps.

Avec la démocratisation des sociétés de Méditerranée du Sud, il est tout à fait normal que cet islam investisse enfin le politique au plus haut niveau, car il est largement porté par l'élan populaire (si l'on veut bien cesser de confondre le Club Med de Djerba avec la population tunisienne dans son ensemble!). 

Les démocrates doivent respecter cette expression musulmane, plutôt que d'être tenté d'annuler les élections et de réinstaller un dictateur, comme on l'avait fait en Algérie en 1991, avec les dramatiques conséquences que l'on sait. La démocratie n'est pas réservée aux peuples sécularisés, elle est faite aussi pour les peuples religieux, y compris quand l'islam politique est de la partie!

Reste à savoir comment cette déclinaison politique de l'islam sud-méditerranéen, désormais incontournable, va gérer l'enjeu du pluralisme.... Comme disait de Gaulle, "vaste programme"!

 P1180061.jpg

 "Vie et déclin de l'islamisme" (sic), "l'islamisme semble disparaître"...

Quand Sciences Humaines recensait Képel, un an avant le 11 septembre 2001

Commentaires

  • "Malgré des succès notables de partis islamistes légaux en Turquie, en Malaisie ou au Pakistan, cette radicalisation des franges jihadistes internationales atteste, pour G. Kepel, que le mouvement révolutionnaire commence à décliner"... Sûr, ça fait mal !
    Je signale juste que le compte-rendu du livre de G. Kepel est gratuitement accessible en ligne (comme tous les comptes-rendus publiés dans Sciences Humaines, d'ailleurs), ce sera peut-être plus facile à lire :
    http://www.scienceshumaines.com/vie-et-declin-de-l-islamisme_fr_710.html

  • Merci pour ce lien internet!
    Et moi qui perd mon temps à scanner du papier alors que Sciences Humaines nous mâche généreusement le travail!

  • Ce n'est pas le fait de représenter Mahomet qui est "sacrilège". Cela doit être accepté au nom de la liberté d'expression mais ce qui est bien plus grave et beaucoup moins acceptable c'est de faire de Mahomet le représentant des intégristes violents alors qu'il représente plutôt l'islam tout court et donc tous les musulmans. Choisir cette figure plutôt que celle d'un Ben Laden par exemple c'est dire que l'islam et l'ensemble des musulmans représentent une menace. C'est un amalgame inacceptable et c'est pourquoi beaucoup de musulmans sont blessés. Le précédent était les caricatures de 2006, notamment celle représentant Mahomet coiffé d'une bombe : ou comment dire que tous les musulmans sont des terroristes alors que, rappelons-le, les 1ères et les plus nombreuses victimes du terrorisme sont des musulmans, et de très très loin. Ces amalgames sont inacceptables et devraient être condamnés. On doit combattre les intégristes violents et pour cela il faut bien viser ! Taper sur l'ensemble des musulmans est une erreur fondamentale et ne fait qu'attiser l'incompréhension et la haine. Ceci-dit rien n'excuse la violence des criminels-incendiaires, bien évidemment. Mon petit texte cherche juste à expliquer le malaise des musulmans face à ces amalgames répétés qui, je le répète, doivent être condamnés. Ne mélangeons pas tout : il y a les intégristes violents d'un côté et les musulmans de l'autre. En choisissant Mahomet pour traiter de l'intégrisme Charlie Hebdo n'a pas fait la différence et c'est très regrettable...

  • Je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'amalgame.

    Et je comprends parfaitement que les musulmans soient blessés.

    Charlie Hebdo a commis une bévue qui risque, au final, d'attiser l'islamophobie et de nourrir le Front National.

    Mais il faut préciser tout de même que Charlie Hebdo a fait le même genre d'amalgame sur le Christ, etc...

    Condamner l'amalgame stupide et méchant, OK, mais à condition qu'on ait le droit de continuer à dire des choses stupides et méchantes sans risquer l'attentat.

  • @Reda : Un journal comme Charlie Hebdo est issu d'une vieille tradition anti-cléricale. Il critique autant les modérés que les intégristes (même si ce sont pour des raisons différentes). Et leurs caricatures peuvent aussi être vu comme une dénonciation de l'instrumentalisation du prophète par une partie des minorités.

    @Sebastien Fath: Je suis plutôt d'accord avec votre article, mais certains raccourcis me dérangent.
    J'ai du mal à voir dans un attentat qui n'a conduit qu'à des dommages matériels un acte plus violent que de s'attaquer directement aux corps des personnes comme l'on fait deux intégriste cathos en renversant de l'huile de vidange sur des spectateurs au théâtre de la ville.
    Pour un chercheur en sciences sociales utiliser le concept de "bobo" (accentué par l'adjectif libertaire) est assez surprenant. On a assez de pseudo-intellectuels médiatiques utilisant de faux concepts pour que les chercheurs n'aient pas besoin de le faire. D'autant plus pour la pseudo démonstration que vous faites. Charlie Hebdo, comme d'autres, s'attaque depuis très longtemps à toutes les religions. A ma connaissance, on ne brûle pas leurs bureaux toutes les semaines. Au-delà de la gravité de l'acte, celui-ci choque car il est extrêmement rare. Enfin, la vision d'une religion d'amour et de paix n'est pas une spécificité des V° et VI° arrondissements. Elle est partagé par de nombreux croyants, en tout cas par ceux que je connais : des catholiques ruraux, classes populaires, ancien des JOC et lecteurs de La Vie (journal qui défend d'ailleurs très largement cette vision de la religion).

  • Réponse à sociosauvage
    1. L'acte des deux intégristes cathos est très grave aussi!
    Je ne pense pas avoir effectué de hiérarchie entre les actes, mais si c'est le cas, merci de m'avoir corrigé.
    2. Sur l'usage du terme de "bobo", je concède que ce n'est pas hyper-scientifique, et je m'en excuse. Je suis ici victime du "genre littéraire" propre au blog. Je n'écrirais pas, dans une revue scientifique ou un livre, comme j'écris ici. J'essaie d'adopter un angle intermédiaire entre les sciences sociales "pures" (qui jargonnent et peinent à communiquer ad extra, il faut bien l'avouer) et le langage de l'homme de la rue. Je n'y arrive pas toujours très bien, OK.
    3. Sur le fait que la religion n'est qu'amour et paix, c'est peut-être répandu aussi ailleurs que dans les arrondissements parisiens, d'accord, mais il n'empêche que cette vision reste fausse, et constamment démentie depuis les origines de l'Histoire. Cela ne veut pas dire que la religion ne peut pas être porteuse de paix. D'accord, même, pour dire qu'elle vise la paix, en ré-agençant les mécanismes de violence mimétique qui fondent le lien social (cf. René Girard). Mais cet horizon est plus un défi, un "idéal régulateur", qu'une réalité empirique. Dans les faits, la religion, en France comme ailleurs, a souvent été accompagnée d'un cortège de violences.
    Et quand certains, comme les anabaptistes-mennonites, ont voulu expérimenter une non-violence radicale, au nom du Christ, on les a persécutés.... au nom de la "bonne" religion! Gandhi en est mort aussi, tué par un fanatique religieux.
    Alors, pitié, arrêtons de bêler "croyance en Dieu"=non-violence! La réalité est un peu plus compliquée que cette version Bibliothèque Rose.

  • Le raccourci "bobo" me convient tout à fait; il permet d'épargner au lecteur lambada (que je suis) d'avoir à parcourir l'énumération et la hiérarchisation des catégories sociales qu'il englobe aujourd'hui lesquelles ne se limitent pas seulement aux bourgeois-bohème; je pense notamment à la "gauche caviar".

  • @SF Entièrement d'accord avec le 3. Je soulignais plutôt le petit dérapage de l'usage de bobo et ses conséquences ;)

  • Le site de Charlie Hebdo demeure inaccessible en raison de menaces de mort :
    http://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/le-site-de-charlie-hebdo-demeure-inaccessible-en-raison-de-menaces-de-mort_1047251.html?actu=1

    "Le site internet de Charlie Hebdo, qui avait été piraté mercredi matin avant d'être mis hors service, demeurait inaccessible jeudi, en raison de menaces de mort adressées à l'hébergeur, a-t-on appris auprès de Valérie Manteau, journaliste et responsable du site."

    Honnêtement, il y a du souci à se faire ! Nos libertés sont menacées jusque dans nos pays occidentaux par ces islamistes.

  • "défendre la liberté d'expression , blasphème compris " ...

    alors il faudrait s'occuper très sérieusement du cas de l'Alsace et de la Moselle : dans le "droit local" de ces régions, il existe encore officiellement un délit de blasphème ....
    est-ce une conséquence de la non application de la loi de 1905 ?

  • Concernant la liberté d'expression, même si je suis d'accord avec vous, je crois inadapté, en cet évènement, de la placer comme principe intangible.

    En effet, par rapport à Dieu, les croyants considèrent que c'est Dieu le principe intangible. Aussi, la liberté d'expression doit être argumentée, justifiée, par rapport à ce que l'on considère être "Dieu" - et ce n'est pas parce qu'on est athée que le terme "Dieu" n'est pas significatif.

    Pour moi, d'abord, elle n'est pas aussi intangible que cela dans les milieux occidentaux ; en particulier, elle dépend fortement d'une compétitivité économique. Charlie Hebdo, dans son refus d'intégrer de la publicité, dans son objectif de vivre de ses propres recettes et donc du seul talent de ses journalistes et de la fidélité des lecteurs, est, je pense, un bel exemple.

    Elle se défend, me semble-t-il, surtout par le fait que les termes et concepts que l'on emploie sont toujours en transformation, en évolution, décrivent incomplètement la réalité... Dieu, je crois, dans les milieux musulmans, est nommé de cent noms, pour manifester qu'aucun ne convient, et que d'autres aussi peuvent convenir.

    Elle vient aussi par exemple du "Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat" : vu que le sabbat est la plus grande manifestation religieuse dans le contexte de Jésus, s'il est fait pour l'homme, alors l'homme est libre devant la religion.

    Il vient de là que l'on peut parfaitement se moquer de Dieu lui même, puisque on ne l'aborde que par un concept humain. Et, que je sache, le christianisme est allé très loin dans cette idée : jusqu'à la mort de Dieu. Personne n'a été condamné pour avoir craché sur Jésus Christ que je sache. (enfin... sauf par ces tarés d'inquisiteurs). (qui existent malheureusement partout).

    La liberté vient de ce que l'homme et la femme en rendent compte dans leur vie, et de ce qu'aucune autorité ne peut rendre compte de cela.

    Dans les milieux juifs, la liberté vient de Dieu lui même ; dans les milieux chrétiens, elle vient aussi de la grâce. Dans les milieux laïcs, elle vient de la confiance en l'homme et en la femme.

    Et à part ça, moi aussi je trouve qu'il y a des fois dans votre blog des approximations style "bobo", regrettables pour un scientifique. Mais si vous en êtes conscient, c'est bien, et puis vu que dans l'ensemble votre blog est très bien, ç'est très bien. La liberté, c'est aussi pouvoir faire des approximations injustes et irresponsables. Je vous approuve entièrement.

    Cordialement.

  • Pour répondre à Françoise.
    La loi de 1905 ne s'applique pas à l'Alsace-Moselle, en fait aux 3 départements : Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle. Cette région a été cédée à l'Allemagne de Bismarck lors de la défaite de la France en 1871. La région est restée allemande jusqu'à la fin de la 1ère guerre mondiale, en 1918, soit pendant environ 47 ans. Or la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat date de 1905. L'Alsace-Lorraine n'était donc pas concernée. En 1924, soit 6 ans après la fin de la guerre, le gouvernement français voulut étendre cette loi à la région. Du nord au sud de la région, l'on a fait sonner le tocsin en guise de protestation. Dans la même période, l'Etat avait fort à faire avec des autonomistes qui n'acceptaient pas le rattachement à la France. Par souci d’apaisement, l'Etat a renoncé à imposer la loi. Ainsi le Concordat de Napoléon (pour les catholiques) et les Articles organiques (pour les protestants) sont restés en vigueur. Par conséquent il y a quatre "cultes reconnus" : catholique, luthérien, réformé, israélite.
    En 1981, avec l'arrivée de Mitterrand au pouvoir, le gouvernement socialiste a tenté lui aussi de supprimer ce régime, mais devant les levées de bouclier, il a abandonné.
    Ainsi, il y a toujours des cours de religion au programme scolaire. Si les parents ne veulent pas y envoyer leurs enfants, il faut qu'ils signent une dispense.
    Les évangéliques ne font pas partie des "cultes reconnus", mais des pasteurs et des laïcs évangéliques donnent des cours de religion dans des écoles et sont payés comme vacataires. Seule condition : avoir suivi une formation de catéchète dispensée par les instances religieuses.

    Le droit local contient par ailleurs d'autres dispositions : loi sur les associations, sur les dons et legs pour les associations, régime de sécurité sociale etc. Toucher au droit local signifie toucher à la prunelle des yeux. Alors gare...

  • Charlie, charlots, boum! Le bateau

    Les candidats au suicide-mode-de-vie ne manquent pas qui trouvent que leur heure est venue: nous n'avons plus rien à perdre, on va tout péter! En fait, ils devraient dire: jeter la confusion, nous avons tout à y gagner! Mais les sans-grades de l'explosion télécommandée et autres détonations publiques n'ont pas la hauteur de vue que confère une vie de pacha, semblable à celle de leurs commanditaires directs ou non. Ces rois-là, quand il est question d'égalité, sont plus que modérés, attentistes actifs à l'extrême. Ils font tout ce qu'ils peuvent pour miner leur propre espace public. Car ce sont eux, au fond, les faiseurs de lois qui les mécontentent. Et par conséquent, la police ne leur fait absolument pas peur. Pour la simple raison qu'aucune n'est politique. Ce qui supposerait une capacité à se séparer de l'état qui les fonde. Et il en va de même des soit-disant extrémistes, traditionalistes et autres fondamentalistes qui ne sont rien d'autre qu'une police de réserve ou, dès qu'ils obtiennent la place au soleil qu'ils convoitaient, une armée de supplétifs. Ayatollah, mollah, pasdaran, sont les noms que se donnent les nouveaux riches en Iran. Et combattants de l'islam, des produits dérivés du pétrole. Quant aux extrémistes occidentaux, ils ne sont rien d'autre que des ministères de l'intérieur, grouillant de bonnes intentions, in partibus infidelium, c'est-à-dire une police populaire qui attend sa légalisation. Cette police-là passe rarement par la case prison et toujours épisodiquement.

    (lire la suite sur 1847.overblog.com

  • Vous avez raison Patrick B, je connais aussi ces aspects du droit local puisque j'ai vécu en Moselle et que maintenant je vis en Alsace, même si ce ne sont pas mes régions d'origine . cependant, l'application, dans ces régions, de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'état ne signifierait pas l'abandon de tout le droit local ...

  • La liberté d'expression a ceci de comparable avec le miroir qu'à force de réfléchir, elle finit par ne plus contempler que sa propre image (eïdolon en grec, devenu idole en français).
    Miroir, miroir, dis-moi que je suis la plus belle et que je vis pour me servir moi-même, parfois.
    Le problème avec le droit, c'est qu'on oublie souvent son corollaire, le devoir, et la liberté me paraît devoir être un équilibre subtil entre droit et devoir (bis repetita placent).
    Par exemple, le verbiage et la bêtise sont un droit, pas un devoir. Et peut-on parler de droit à la violence ? Qui fixe l'étalon des droits et des devoirs, de ce qui est bien et de ce qui est mal ?
    L'intelligence, elle, est un devoir, mais dont on ne peut user que si l'on s'en sert, comme aurait pu dire Monsieur de La Palisse. Et souvent l'homme varie, pas que la femme, remarque de passage.
    On parle du droit au respect, oui, mais alors pour celui qui en bénéficie, car pour celui qui l'exerce ça serait plutôt un devoir. Fonction réciproque donc, n'est-il pas ?
    Certains disent qu'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui.
    Je dirais plutôt de mon côté qu'on ne devrait ni rire de tout, ni de n'importe qui. Et on devrait surtout s'exercer à rire de nous-mêmes, Coué qu'on en dise. Ceci n'engage que moi bien sûr et en m'efforçant de respecter l'intégrité (et non pas l'intégrisme, ah les isthmes, qu'est-ce qu'on aime) de ma propre conscience à ce sujet, l'impulsion de nuire à mes détracteurs disparaît. J'ai le droit d'avoir ma propre opinion, mais le devoir de concéder ce droit à l'autre, je n'ai pas à le juger, il est responsable de sa propre vie devant Qui-De-Droit, pour utiliser un des cent pour cent, ou des mille et un de Ses Noms. C'est drôle d'ailleurs de voir à quel point ceux qui ne "croient" pas à Son existence en sont obnubilés et dérangés. Une anti méthode Coué, pourrait-on dire, un comble... Faut-il être Lui pour nous supporter avec une telle patience...
    Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, nous a laissé en partage comme réflexion Celui qui nous a offert le salut et le droit d'être justifiés, mais qui nous a aussi mis face à nos devoirs et au fait qu'il reviendra un jour pour juger ce monde. Droit à la défense, mais devoir de nous en montrer dignes.
    Sinon, mieux vaudrait encore et plutôt nous moquer de nous-mêmes, ce serait là une belle manifestation de liberté d'expression.
    Mais ça, c'est une autre histoire, et puis faut pas charrier tout de même.
    Bonsoir, le marchand de sable va passer... Et lui, il est quotidien, pas hebdromadaire.

  • Merci pour ce papier lucide et courageux,et l'usage du terme Bobo,convient parfaitement ,qualifiant les nouveaux "pharisiens" (au sens du XIX° siècle) ,c'est à dire les bien-pensants du temps, ceux(et celles)que Jack London appelait les "well-to-do" dans "Martin Eden".

    La sociologie (savoir souvent trop idéologisé) est simplement en retard sur l'observation nécessaire et ordinaire.

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