Le congrès américain a donné hier (28 septembre 2006) son accord à un texte que les historiens appelleront peut-être plus tard la "loi de la honte". On dit souvent que la plus grande victoire d'un tortionnaire, c'est de rendre sa victime à son image. De ce point de vue, on peut dire qu'Al Qaeda, nébuleuse terroriste qui piétine les droits de l'homme, a remporté hier une très grande victoire aux Etats-Unis, en conduisant l'Administration Bush à faire passer un texte qui constitue, du point de vue des Droits de l'Homme, un scandale et une honte.
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Rapport Machelon sur la laïcité: le pompier pyromane
«La République, c’est l’abolition des privilèges, pas la distribution clientéliste de ceux-ci»
Sébastien Fath, CNRS, Groupe Sociétés Religions Laïcités (GSRL)
Tout le monde est d’accord pour dire que la laïcité française est un bien fragile. Depuis les émeutes urbaines de novembre 2005, on a le sentiment que le feu couve. Pour réfléchir à des solutions, le rapport présidé par Jean-Pierre Machelon (ci-contre), réalisé à l’aide de bons spécialistes, était une idée judicieuse. Hélas, le pompier attendu s’est transformé en pyromane. Au lieu d’éteindre la braise, ce rapport pourrait bien carboniser notre tradition laïque. Voici pourquoi. -
Une note sur William Seymour
A noter cette semaine, dans l'excellent supplément "Les Essentiels" du magazine La Vie (du 21 au 27 septembre 2006), un article, auquel votre serviteur a largement participé, sur le pasteur afro-américain William Seymour (1870-1922). Seymour est à l'origine du fameux réveil d'Azuza Street (Los Angeles) qui a lancé, aux Etats-Unis, le mouvement pentecôtiste proprement dit.
Le pentecôtisme, qu'on rattache habituellement au protestantisme évangélique (pour une définition, cliquer ici), a connu un développement foudroyant, qui l'a fait passer de zéro à plus de 200 millions de fidèles en à peine plus d'un siècle. William Seymour a joué un rôle clef dans le démarrage du phénomène. 100 ans après le réveil pentecôtiste multi-ethnique d'Azuza Street (1906), voilà l'occasion de se renseigner sur ce fils d'esclave entré aujourd'hui dans le panthéon des grands fondateurs.
NB: à noter dans le même numéro de La Vie une enquête et un sondage éclairants sur l'islam en France, pour déboulonner quelques clichés.
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Quand Ingrid et Nathalie répondent à Benoît
Vu les réactions à ma note précédente (sur mon blog ET sur mon courriel), je voudrais préciser ici quelques points. D’abord un préalable: je persiste et signe, je ne laisserai jamais dire que l’islam se résume à une religion violente. On ne peut pas laisser passer cela, car c’est faux, et source d’intolérance active. Je crains qu'en France et ailleurs, certains supporters d’occasion de Benoît XVI se laissent entraîner par de tels sentiments, alors je dis STOP. Ce n’est pas juste. La grande majorité des musulmans, et des prêches musulmans, n’appellent pas à la violence, gare aux effets de loupe médiatique. Je ne dirai jamais non plus que l’islam se réduit à une religion de paix. Comme je l’ai indiqué, l’islam contient les deux, paix et violence, comme toutes les religions.
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La triple faute de Benoît XVI
Suite au 11 septembre 2001, quand deux télévangélistes protestants fondamentalistes américains (Pat Robertson et Jerry Falwell) ont assimilé le prophète Mahomet à un terroriste ou un homme habité par le mal, tous les journalistes de France et de Navarre ont poussé des hauts cris, et à juste titre.
On est loin des mêmes réactions aujourd’hui après les propos de Benoît XVI sur l’islam, tenus le 12 septembre dernier.
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Quand Bush invoque Lincoln au mépris de l’histoire
Peter Baker, du Washington post, n’a pas pris beaucoup de risques. En commentant les récentes déclarations de George W.Bush sur Lincoln et la conviction d’un troisième «Grand Réveil», il a évité toute critique. Comme il a manqué à son travail, je voudrais souligner ici deux erreurs flagrantes dans la manière dont le président américain envisage le rôle de la religion dans l’histoire américaine.
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SCOOP : Les Américains encore plus religieux qu’on ne le pensait?
Une enquête novatrice rendue publique hier par l’université de Baylor (Texas) révèle des résultats surprenants. Alors qu’en France, on a facilement tendance à sous-estimer la différence religieuse états-unienne avec l’Europe, voire même à affirmer, comme Camille Froidevaux il y a quelques années dans la revue Le Débat, que la pratique religieuse américaine, en déclin, ne serait guère différente de celle… de la Belgique, cette étude de grande ampleur jette un pavé dans la mare.
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La révolution des megachurches (2): les dernières statistiques
Deux énormes enquêtes quantitatives sur les megachurches nord-américaines ont été conduites puis publiées en 2000 et en 2005-2006 par le Hartford Institute for Religion Research.
Dans le cadre de ma recherche actuelle sur les megachurches (Eglises géantes de plus de 2000 fidèles physiquement présents), ces données me sont précieuses. En voici une analyse très partielle, extraite du cours que j'ai donné en Sorbonne en 2005-2006. Vous trouverez ci-dessous des éléments de comparaison entre les données 2000 et 2005, ce qui permet d'apprécier les évolutions les plus récentes.
NB: mes excuses, chers internautes, pour le piètre rendu des tableaux ci-dessous. Ce n'est pas un brouillage volontaire exigé par mon futur éditeur! La vérité est que je n'arrive pas pour l'instant à dépasser cette limite technique sur mon blog.
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Décès d'Yves Lambert (1946-2006)
La sociologie des religions vient de perdre un de ses très grands représentants français. Yves Lambert, chercheur au CNRS et membre du GSRL depuis de longues années, vient de nous quitter. Il s'est éteint le lundi 28 août 2006, après une lutte de douze ans contre le cancer des os. Je me souviens avoir croisé Yves Lambert depuis 1997, mais c'est depuis 1999 (année de mon intégration au CNRS) que j'ai eu l'occasion plus régulièrement de le côtoyer, et de l'apprécier. Spécialiste des mutations contemporaines de la religion (et particulièrement du catholicisme), mais aussi du terrain des valeurs, Yves Lambert avait des qualités et des intérêts multiples.