L'actualité récente, venue du Kenya, nous le rappelle : l'épouvantable drame de la secte de Shakahola, intitulée "Église internationale de la Bonne Nouvelle", invite à la vigilance. En attendant l'enquête, les premiers éléments de ce dossier révèlent des logiques d'emprise écrasantes, doublées d'une forme de clôture de la communauté, et de prescriptions ascétiques extrêmes (jeûne jusqu'à la mort "pour rencontrer Jésus"). Autant dire que la lutte contre les dérives sectaires est une exigence citoyenne, qui peut sauver des vies.
sectarisme
-
Décolonisons la lutte anti-secte
-
Usages staliniens de la Révolution numérique
Certains croient voir dans l'affaire Benjamin Griveaux (démissionnaire de la campagne pour la mairie de Paris) une "américanisation" de la vie politique française.
Erreur de perspective. Trump, aux Etats-Unis, est toujours au pouvoir, malgré un passif sexuel compromettant plus lourd que celui de Griveaux.
En France, on assiste au contraire au nouvel effet d'une influence russe post-soviétique très active sur les réseaux sociaux... et dans la rue (activisme radical anti-Macron), alliant:
1/ stalinisme new look (extrême-gauche sectaire)
2/ populisme ("anti-mondialisme" primaire et démagogie)
3/ outils de la Révolution numérique (réseaux sociaux d'internet en particulier)
La synthèse en anglais sur Ordre social et répression sous Staline, par David Shearer (Yale Univ Press, 2009), est à relire, notamment son chapitre "Cataloguer la population" (p.158 et suivantes).
Grace à des protocoles d'espionnage numérique et de collecte assez simples, ce catalogage est à la portée, aujourd'hui, de nombreux acteurs de déstabilisation.
Le melenchoniste mégalomane Juan Branco était déjà auteur de l'outing forcé de Gabriel Attal (lien).
On retrouve Branco aujourd'hui avec Pavlenski, divulgateur de la vidéo qui fit tomber Griveaux, qui affirme: "cela va donc continuer" (Spoutnik).
D'autres gêneurs politiques doivent ainsi s'attendre à subir le même déballage crapoteux (qui évoque la méthode russe du KOMPROMAT).
On discerne, au-delà de la menace lancée, une tendance. Celle d'un mariage monstrueux entre les promesses d'une libéralisation de la communication et de l'information, grâce à internet, et le catalogage généralisé d'une population à des fins de contrôle politique sectaire, éliminant tout gêneur grâce aux données privées stockées.
Ce que Staline, avec les moyens qu'il avait, a tenté durant des années.
Et ce que Xi JingPing, dans la Chine actuelle, pratique à l'échelle de plus d'un milliards d'habitants (lien).
-
Interreligieux : la conférence de la honte
En France, dans un palais parisien et devant les caméras, des responsables religieux, dont le Grand Rabbin de France, le président de la Fédération Protestante de France, et deux archevêques catholiques, ont cru bon de participer, le 17 septembre 2019, à une sinistre mascarade en compagnie du bourreau de Raif Badawi, blogueur martyr.
Ils ont involontairement légitimé, par leur présence, le sectarisme le plus meurtrier, incarné par le dignitaire wahhabite Mohammed Ben Abdul Karim Al-Issa, dont le palmarès ferait passer Poutine pour un saint.
Organisée par Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'Islam de France, la Conférence en question (quels financements?) a déroulé un festival d'hypocrisie, et affiche, évidemment, tous les poncifs d'une bonne volonté interreligieuse vidée ici de toute substance.
Paix ! Amour ! Fraternité !
Pendant que le bloggeur saoudien Raif Badawi, condamné à 1000 coups de fouets, continue depuis 7 ans de croupir dans sa geôle, la Ligue Islamique Mondiale, organisation wahhabite saoudienne, fait sa publicité en plein Paris, avec la participation de certains responsables religieux français.
Last but not least, la France continue à vendre des armes à un régime assassin et misogyne qui a fait découper vivant en morceaux, il y a quelques mois, en Turquie, un journaliste trop curieux.
Soutien à #EnsafHAIDAR
-
Dénoncer le "décolonialisme" (sic)? Recadrage par Ludivine Bantigny
Une éclairante controverse traverse actuellement le champ des sciences sociales (et de l'intelligentsia) en France. Tout est parti d'une charge violente et argumentée, au ton alarmiste, contre le "décolonialisme" (sic). Elle a été signée par 80 intellectuels, et non des moindres (lien). L'idée vise à alerter sur la nocivité supposée des rhétoriques post- ou décoloniales, dont on estime que les stratégies "attaquent frontalement l'universalisme républicain" (sic).
La mouvance ainsi attaquée n'a pas répondu sur le même mode.
Mais une historienne, Ludivine Bantigny, a apporté une réponse vigoureuse, argumentée (elle aussi).... et nettement plus convaincante à mes yeux (lien). En-dehors de quelques nuances, je souscris au texte de Ludivine et je la remercie.
A partir de mon long parcours intellectuel d'historien du contemporain, mais aussi éclairé par mon itinéraire personnel, je suis profondément convaincu, comme cette collègue, qu'on ne pourra mieux réaliser les promesses de la République, si souvent trahies, qu'en passant par le décentrage décolonial et postcolonial. Et il y a encore du boulot!
Cet exercice provoque certes des dérives, parfois graves, dont il convient de combattre le sectarisme. Mais le décentrage lui-même est salutaire, nécessaire, et porteur d'espoir.
A suivre...